Coucou... Je fais une petite infidélité à mon Donnie pour passer ma frustration de la fin bizarroïde dont nous ont gratifié les scénaristes des bleus...
Et si j'ai le temps, je crois que ce petit OS risque d'avoir une suite d'ailleurs... Parce qu'en l'écrivant j'avais déjà quelques chapitres en plus, mais j'ai eu peur de ne pas aller au bout, alors pour le moment juste un OS et pour le reste on verra (d'ailleurs vous allez peut-être tellement m'éreinter sur celui-là que je ne risque pas de récidiver... Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de: Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Yann - Kévin
Genre : Romance
Résumé : Reprise directe du dernier épisode de la saison 4. Et si Yann était revenu sur ses pas après avoir laissé Kévin seul dans l'appartement après son agression?Une question de confiance
Il entendit la porte se refermer et se laissa aller dans le fauteuil, s’efforçant de retenir ses larmes.
Ainsi c’était tout ce qu’il représentait aux yeux de son compagnon ? Il avait juste suffi qu’il prononce le nom de Recht pour que Yann se dresse à nouveau contre lui, Yann qui aurait dû le soutenir, envers et contre tout, envers et contre tous ?
Est-ce que c’était ça qui l’attendait désormais ? La suspicion de tous, l’impossibilité de prouver ses dires, la morgue d’un flic ripoux protégé par sa réputation jusque dans son propre couple !
Son couple ! Un sanglot lui monta à la gorge. Mais il n’avait plus de couple ! Par sa faute ! Parce qu’il avait couché avec Tiago sans même savoir s’il s’agissait d’une simple histoire de fesses ou de quelque chose de plus profond. Yann aurait peut-être pu comprendre si lui-même avait été capable de lui apporter des réponses. Pourquoi n’avait-il pas su lui dire ? Pourquoi n’avait-il pas cédé ce soir où il était revenu vers lui ?
Pourtant il savait que, fier, comme il était, la démarche avait dû lui coûter : il aurait dû se rendre compte de l’intensité de l’amour que lui portait son amant et il n’avait rien vu, trop perdu par ses propres réactions.
Et pourtant c’était lui qu’il avait appelé : lui parmi d’autres. Il aurait pu téléphoner à Alex ou même Lyes, Franchard serait sans doute venu aussi ou Duval sur lequel ils avaient tous toujours pu compter, malgré leurs conneries de débutants. Mais non, il avait choisi d’appeler Yann parce qu’à ce moment précis, gisant sans forces sur le sol de son appartement, c’était lui dont il avait eu besoin, lui qu’il voulait avoir à ses côtés pour se rassurer dans ses bras, se réconforter dans son odeur…
Et tout ce que Yann avait su lui dire c’est qu’il se trompait, que Frecht ne pouvait pas être coupable ! Après tout ce temps c’était donc là toute la confiance qu’il avait en lui ! Bien sûr, il s’agissait d’un flic de la BAC, comme lui, mais pour autant il aurait dû écouter son point de vue à lui, Kévin, lui auprès duquel il s’était engagé, pour le meilleur et pour le pire.
Pour le pire…
Un nouveau sanglot douloureux lui monta à la gorge et il gémit en portant une main tremblante à ses côtes sensibles.
La confiance… pour le pire… Les mots dansaient la sarabande dans sa tête endolorie sans qu’il sache pourquoi, comment. Qu’est-ce qu’il faisait-là, seul, dans cet endroit où il avait été si heureux, cet endroit qui représentait tout ce à quoi il avait toujours aspiré depuis le jour où il s’était perdu dans les prunelles sombres de Yann.
Yann… la confiance…
Yann…
*****
- Bordel Kévin, tu peux dire ce que tu veux. Tu peux me cogner même, mais je ne te laisse pas ! Pas comme ça !
Il ouvrit les yeux, égaré. Il ne l’avait pas entendu revenir.
- Yann ?
- Ben oui… Qui veux-tu ? répondit son compagnon d’une voix bourrue, ses yeux trahissant l’inquiétude qui le taraudait à la vue du visage meurtri de l’homme qu’il aimait, se reprochant les larmes qui maculaient ses joues et dont il se sentait responsable.
Bien sûr il lui en voulait toujours de l’avoir trompé, bien sûr il ne pouvait pas croire que Frecht trempait dans une affaire de prostitution, et la colère l’avait submergé quelques instants. Mais lorsque la porte s’était refermée sur lui, lorsqu’il avait déboulé sur le trottoir, le cœur battant la chamade, ulcéré par l’attitude de son compagnon mais effrayé de le laisser seul dans son état, il avait soudain compris qu’il ne pouvait pas partir ainsi. Pas comme ça.
Kévin se trompait peut-être, il se trompait même sûrement. Mais le fait était qu’on l’avait agressé et qu’il avait besoin de lui plus que jamais. Même s’il l’avait trompé, il restait l’homme qu’il aimait, l’homme pour lequel il se serait jeté au feu, l’homme qu’il ne pouvait pas abandonner alors qu’il avait besoin de lui.
Il avait fait demi-tour et était retourné à l’appartement : Kévin n’avait pas bougé, toujours prostré dans le fauteuil et, durant un bref instant, il s’était demandé avec angoisse s’il n’avait pas perdu connaissance.
Mais quel con il faisait ! Etant donnée la raclée qu’on lui avait flanquée, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que le jeune policier ait des blessures internes. Et lui ne trouvait rien de mieux que de s’emporter et de le laisser seul, juste parce qu’il avait osé prétendre que, peut-être, non, sûrement, le commissaire Frecht était ripoux . Frecht ! Frecht qui l’avait formé, qui l’avait mis en garde contre les tentations de toutes sortes auxquelles il serait confronté, Frecht qui était l’un de ceux qui l’avait soutenu lorsqu’il avait enfin osé faire son coming-out. Mais Frecht était une chose et Kévin en était une autre.
- Merde Kévin ! Je t’emmène à l’hosto.
- Non ! Fous le camp ! Je n’ai pas besoin de toi !
- Tu m’emmerdes Laporte ! Je t’emmène à l’hosto que tu le veuilles ou non ! Et s’il le faut je t’en colle une pour t’obliger à me suivre !
Un pâle sourire vint distendre la lèvre tuméfiée de son amant :
- Tu crois que je n’en ai pas eu assez ? articula-t-il d’une voix enrouée.
- J’en sais rien. C’est justement pour ça que je veux que tu vois un toubib. Et inutile de protester ! Pour le moment le reste peut attendre, mais il faut s’assurer que tu n’as rien de grave.
Kévin ouvrit la bouche puis la referma, comme s’il se rendait compte que, quoi qu’il puisse dire, la décision de Yann était irrévocable. Il se laissa aller en arrière, ferma les yeux, se sentant incroyablement soulagé : avec son compagnon à ses côtés, il ne risquait rien.
*****
Trois heures plus tard les deux hommes sortaient de l’hôpital :
- Tu vois, ce n’était pas la peine de jouer les mères poules. Je n’ai rien de grave.
- Oui, et bien il valait mieux s’en assurer. Tu as quand même trois côtes fêlées et une fissure de l’orbite je te signale ! Huit jours d’ITT ce n’est pas rien…
- Huit jours parce que je suis flic ! Si j’avais été gratte-papier on m’aurait renvoyé à mon bureau dès demain.
- Ben voyons… Tu n’es pas superman Kévin, tu n’es pas indestructible !
Au son de la voix de Yann, le jeune homme se tourna vers lui et son cœur se serra en voyant les larmes qui perlaient à ses paupières.
- Yann…, s’inquiéta-t-il. Qu’est-ce qui t’arrive ?
Il se trouva emprisonné dans les bras musclés de son compagnon, pressé contre son torse ferme et il réprima difficilement un gémissement tant ses côtes douloureuses protestèrent à l’étreinte, mais paradoxalement, il se sentit mieux à se retrouver ainsi tout contre l’homme qu’il aimait. Dans ces bras-là il était en sécurité plus que dans n’importe quels autres bras et il le savait.
- Tu m’as foutu la trouille Kévin ! Ne recommence jamais un coup comme celui-là !
Sans se soucier des badauds qui s’arrêtaient sur leur couple, certains complices, d’autres indifférents et quelques-uns visiblement outrés, Yann posa ses lèvres sur celle de son amant, amorçant un baiser prudent pour ne pas rouvrir l’entaille de sa lèvre. Mais il sentit son amour répondre fiévreusement à son invite et il approfondit le baiser, s’émerveillant de pouvoir enfin avoir de nouveau accès à cette intimité qui lui avait tant manqué.
Puis, soudain conscient d’être le point de mire des passants, lui si pudique et si peu démonstratif, il s’écarta du jeune homme et passa la main dans ses cheveux avant d’appuyer son front contre le sien.
- Ne me refais jamais ça…, répéta-t-il d’un ton plus calme.
- Pas de problème, rétorqua Kévin sur un ton sous lequel il décela un peu d’amertume. Il suffit de demander à ton copain Frecht de me foutre la paix ! Ou mieux tiens, de se dénoncer pour que je puisse tourner la page !
Ian recula d’un pas et son visage se durcit. Pourquoi fallait-il que le jeune flic remette ça sur le tapis ?
Et puis il le regarda : il semblait si fragile avec son visage meurtri, si perdu…
Pour le meilleur et pour le pire…
Le meilleur ils ne l’avaient pas vraiment eu, mais il ne voulait pas connaître le pire ! Ils avaient toute une vie devant eux dont ce jour était le premier jour et il ne laisserait personne se mettre en travers de ce futur.
Il prit le visage de Kévin entre ses mains, le sentit trembler à son contact. Tout son corps semblait se rétracter, comme s’il avait peur de ce qu’allait lui dire l’homme qu’il aimait. Parce que de ces quelques mots dépendait sans doute leur avenir commun.
- Kévin, écoute… Je n’arrive pas à y croire, vraiment…
Il vit les larmes affleurer à nouveau dans les yeux bleus de son amour tandis qu’un frémissement presque imperceptible agitait son maxillaire, signe de tension qui lui aurait peut-être échappé s’il n’avait pas eu ses paumes sur ses joues.
Avant que Kévin ait pu protester, il enchaîna.
- Mais je sais que tu es sincère, forcément. J’ai confiance en toi Kévin. Alors si tu me dis que Frecht est mouillé je te crois. Je vais creuser… Et si tu as raison, je t’assure que je lui ferai payer ce qu’il t’a fait !
Le soulagement qu’il ressentit fit chanceler Kévin. Yann ne pensait sans doute toujours pas Frecht coupable, mais il arrivait malgré tout à l’envisager, juste parce qu’il lui faisait confiance.
La confiance…
- Je ne te décevrai plus Yann, murmura-t-il en se lovant dans les bras de son amant.
Yann lui saisit le menton, le forçant à croiser son regard pour qu’il voit dans ses yeux sa sincérité tandis qu’il déclarait :
- Tu ne m’as jamais déçu Kévin… Tu m’as parfois énervé, souvent amusé, quelquefois gêné et une fois tu m’as fait souffrir comme un damné… mais tu ne m’as jamais déçu, jamais !
- Yann…
- Chut… Ne dis-rien, je t’aime.
- Je t’aime aussi.
Leurs prunelles restaient soudées les unes aux autres et leurs yeux parlaient plus encore que leurs mots.
- Rentrons, décida Yann en entraînant Kévin vers la voiture.
- Tu ne dois pas aller bosser ?
- J’ai posé ma journée. Je ne te quitte pas.
Les deux hommes montèrent en voiture et la main de Kévin vint se poser sur la cuisse de Yann qui frémit à ce contact, sentant son désir s’éveiller. Il lui semblait qu’il y avait des mois qu’ils n’avaient pas fait l’amour.
Lorsqu’il se gara devant leur immeuble, Kévin tourna la tête vers lui :
- Yann ?
- Oui ?
- Qu’est-ce qu’on va faire ?
Un sourire amusé étira les lèvres minces :
- Et bien, si tu es assez en forme, je crois qu’on pourrait…
Kévin lui rendit son sourire avant de reprendre son sérieux :
- Non… je voulais dire… pour Frecht.
Le sourire de Yann s’éteignit.
- On verra Kévin. D’abord tu vas me dire ce que tu as et ensuite… on verra…
Le jeune policier savait qu’il devrait se contenter de ces mots, mais il savait aussi qu’ils étaient un véritable engagement. Yann acceptait d’envisager la culpabilité de son mentor et ça lui suffisait, parce qu’il savait que, dès qu’il lui présenterait le dossier, le commandant Berthier prendrait la place de l’apprenti policier Yann Berthier formé par le commissaire Frecht.
La confiance…
Tout n’était qu’une question de confiance.
Main dans la main, les deux hommes entrèrent dans leur appartement.
FIN