Anniversaire 2010 de Jennifer 222... ça n'en finit plus ce reclassement...
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Yann & Kévin
Genre : romance - songfic
Résumé : Kévin est parti... Que va faire Yann
Si tu t'en vas
Il était parti. Yann restait figé, regardantAlex dont les yeux, clairement accusateurs, le rendaient en partie responsable de ce départ. Et il n’avait pas tort. Pour lui Kévin avait tout supporté : il avait été patient à cette époque où il refusait d’admettre son homosexualité,il l’avait veillé après son agression, il s’était occupé de lui comme le ferai une mère.
Il lui avait tout donné et en retour que lui avait-il offert ? Juste l’incompréhension, le déni, à un moment où son compagnon avait besoin de lui plus que jamais. Il ne l’avait pas écouté et l’avait laissé seul avec sa douleur. Il s’était détourné de lui…
Alors certes ce n’était peut-être pas son attitude seule qui avait conduit Kévin à cette extrémité, mais ça avait au minimum été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase… Ce vase plein d’eau sale que Kévin, dans sa naïveté et son enthousiasme, croyait pouvoir un jour vider et remplacer par une eau pure…
J'ai suivi le temps, qui passe,
Que voulez-vous, que je fasse d'autre
Quand tu es là, je suis à ma place
La vie fait du bien, elle efface nos chagrins
Où était-il maintenant son amant ? Où errait-il, désespéré sans doute, se sentant abandonné de tous ? Etait-il parti rejoindre Tiago là-bas, au fin fond du Mexique ? Donnerait-il de ses nouvelles ?
Yann sentait son cœur s’alourdir d’instant en instant… Il ne pouvait pas imaginer la vie sans Kévin. Il avait souffert comme un damné quand celui-ci lui avait avoué l’avoir trompé. Mais au fond de lui, il gardait l’espoir que ce ne soit rien qu’une passade, une affaire de fesses, une manière pour le jeune policier de décompresser un peu, de se retrouver alors qu’il se perdait petit à petit entre une hiérarchie aveugle et des collègues pourris.
Mais maintenant…
Si tu t'en vas, si tu t'en vas
Je lâche tout, j'abandonne, là
Si tu t'en vas, si tu t'en vas
Je sombre et je déraisonne, voilà
Il tournait en rond dans son appartement. Tout ici lui parlait de Kévin, de son enthousiasme, de son soin un peu tatillon pour leur intérieur, qui lui avait fait dire une fois qu’il devait arrêter de jouer les femmes au foyer. Si seulement il revenait, comme il serait heureux de le voir jouer ce rôle désormais.
Chaque mot, chaque phrase qu’il lui avait dits résonnaient dans sa tête comme autant de reproches qu’on lui aurait jeté au visage. Et plus que tout, le regard de Kévin lorsqu’il avait pris la défense de Recht le hantait.
Mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Faire passer sa loyauté de flic avant ses sentiments personnels ? Qu’est-ce qui n’allait pas chez lui ?
Et si c'est ça l'amour
De piller et voler
Si c'est ça l'amour
De souffrir, détruire, aime moi
Son regard s’attarda sur quelques gouttes de sang qui maculaient le sol et son cœur se serra. Il était le dernier des salauds ! Kévin avait eu besoin de lui, plus que jamais et tout ce qu’il avait su faire c’était partir, partir sans se retourner, sans même se demander si son compagnon n’était pas gravement blessé.
Qu’aurait-il pensé si les rôles avaient été inversés ? Qu’aurait-il dit ? Qu’aurait-il fait ?
Au fond de lui il savait ce qui l’avait poussé à agir ainsi : ce reste d’amertume, de rancune qu’il lui vouait pour son infidélité, pour n’avoir pas cédé ce soir où il était revenu vers lui, prêt à tout pardonner à tout reprendre à zéro, lui qui se faisait un point d’honneur de ne jamais rien demander à personne.
Et maintenant, que lui restait-il ? Qu’avait-il gagné par son attitude machiste et stupide ?
Si tu t'en vas, si tu t'en vas
Le monde entier s'écroule, sur moi
Si tu t'en vas, si tu t'en vas
Je sens la mort qui me touche, du doigt
Il entendait encore les mots d’Alex, revoyait son visage fermé et il le comprenait. Lui au moins avait toujours été là pour Kévin. Il l’avait soutenu, jusqu’au bout, et encore maintenant. Et il ne lui avait pas envoyé dire ce qu’il pensait de son attitude, de son égoïsme, de son indifférence… Il n’avait rien répondu parce qu’il n’y avait rien à dire.
Le désastre était consommé et par sa seule faute il avait fait son malheur. Et dans cet appartement désormais vide qui lui semblait déjà sans âme, il tournait et retournait dans sa tête toutes ces heures, tous ces jours où il aurait pu choisir d’autres options et où il ne l’avait pas fait.
Notre vie dure ce qu'elle dure
Et les grands moments se mesurent bien
Le bonheur avait pris figure
Mais je ne suis plus vraiment sûr, de rien
Yann se laissa tomber sur le lit, ce lit qui avait abrité leurs étreintes parfois torrides, parfois douces, toujours tendres. Ce lit où ils avaient partagé tant de bons moments : les confidences, les fous rires,les plateaux repas préludes à des desserts charnels dont ils ne se lassaient pas.
Il enfouit sa tête dans l’oreiller de Kévin, humant son odeur, retrouvant la fragrance de son eau de toilette. Et déjà il se sentait dévasté par l’absence alors qu’il n’y avait que quelques heures qu’il savait que son compagnon était parti.
Quelques heures… Quelques heures…
Le tic-tac de la pendule du salon parvenait jusqu’à lui et semblait envahir tout l’espace, comme s’il y avait quelque chose à entendre dans le martèlement monotone qui devenait lancinant, obsédant.
Si tu t'en vas, si tu t'en vas
Je suis vraiment seul au monde, sans toi
Si tu t'en vas, si tu t'en vas
Ma vie en une seconde, s'arrête là, s'arrête là
Yann se releva. Son visage avait pris cet air de détermination inébranlable qu’il avait lorsqu’il savait ce qu’il devait faire.Quiconque le connaissant qui l’aurait vu à cet instant aurait su que rien de ce qu’on pourrait dire ou faire ne parviendrait à le détourner de la décision qu’il venait de prendre.
Il se dirigea vers la penderie et en sortit son sac de voyage dans lequel il jeta pêle-mêle quelques sous-vêtements, des tee-shirts, deux pulls et autant de jeans. Puis il se rendit à la salle de bain et tout aussi rapidement il enfourna dans sa trousse de toilette un gel douche, de la mousse à raser, un rasoir jetable, une brosse à dent et du dentifrice avant de saisir trois ou quatre serviettes et autant de gants de toilettes qui s’en allèrent rejoindre les vêtements dans le sac.
Il ferma celui-ci rapidement, le jeta sur son épaule et,après un dernier regard circulaire à ce qui aurait dû être le nid de leur bonheur, il verrouilla la porte. Tout en descendant l’escalier, il forma un numéro sur son portable :
- Oui… C’est moi… Non… Ecoute… Je ne viendrais pas… Non…Demain non plus… Je pars… Quoi ? … Je n’en ai rien à foutre ! Je me barre ! Quand ? Tu verras bien… Peut-être jamais… A plus mon pote.
Il coupa la communication et héla un taxi. Dans la voiture qui l’emmenait vers l’aéroport, il se laissa aller sur le siège. Il ne savait pas s’il avait raison mais en tout cas, il allait essayer.
Kévin était parti, il le rejoindrait et pour le reste il aviserait quand il le tiendrait à nouveau dans ses bras.
FIN
Chanson de Véronique Sanson