Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Kévin/Yann
Genre : Songfic – Romance
RésuméBasée sur une scène de l’avant-dernier ou dernier épisode où Yann embrasse
Kevin qui le rejette. Cela aurait pu se terminer autrement.
Finir l’amour
Yann l’avait coincé contre le réfrigérateur et il commençait à faire courir ses mains sur lui. Kévin sentait le désir monter en lui, irrésistiblement. Il avait envie que son homme l’aime à nouveau, faire comme si rien de tout ça n’avait existé : les tensions, les tromperies, Tiago…
Mais soudain il se déroba à la caresse : non… Il ne voulait pas, il refusait de se donner à lui ainsi dans ce qui ne serait pas de l’amour, mais du sexe.
- Yann… Ca ne sert à rien…, articula-t-il péniblement.
Sa tête refusait, mais son corps, lui criait oui…
L'amour est mort alors tant mieux
Il est mort parce qu'il était vieux
Allume un feu
Un feu géant
Invitons nos amis d'avant
Et puis quand ce feu s'éteindra
Glissons-nous dans les mêmes draps
Et faisons-nous l'amour pour la dernière fois
- Kévin… Tu en meurs d’envie, toi aussi…, gémit Yann en cherchant sa bouche.
Il détourna la tête.
- Pas comme ça non…
- Tu aimes ça pourtant, insinua son amant en le ramenant à lui, glissant ses mains sous sa chemise avant de commencer à suçoter son cou, à cet endroit qu’il savait si érogène.
Un gémissement sourd franchit les lèvres de Kévin qui, malgré sa résolution, se sentait fondre dans l’étreinte du capitaine. Il retrouvait avec la même ferveur son odeur, son corps musclé, presque sec, ses gestes précis et sensuels et ce désir…
Ce désir surtout…
Finir comme on a commencé
Avec en plus quelques années
Finir comme on a commencé
S’il restait ainsi, entre ses bras, il ne répondait plus de rien !
- Non ! Yann ! Non !
Le capitaine de la BAC recula d’un pas et il lut la blessure dans son regard. Jamais auparavant il ne l’avait repoussé. Il avait toujours su le faire céder, même lorsqu’il n’était pas spécialement d’humeur folâtre.
Alors soudain Yann avait peur… Peur comme il n’aurait jamais cru pouvoir ressentir ce sentiment. C’était bien plus fort que cette crainte qu’il avait eue que son homosexualité soit découverte, bien au-delà de la terreur qu’il avait ressentie lorsque ces hommes s’étaient acharnés sur lui et qu’il avait pensé mourir.
Cette peur là elle coulait dans ses veines et le liquéfiait sur place, lui enlevant toute cette pseudo assurance qu’il s’était forgée au fil des années.
Et si vraiment il avait perdu l’amour de Kévin ?
L'amour est mort assassiné
Et je connais celui qui l'a tué
Il te guettait depuis longtemps
Il attendait le meilleur moment
Dis-lui de nous laisser encore
Jusqu'aux lumières de l'aurore
Le temps de faire l'amour pour la dernière fois
- Tu ressens donc vraiment quelque chose pour ce mec ? questionna-t-il d’une voix blanche.
- Je n’en sais rien…, répondit Kévin d’un ton désabusé.
La morsure de la jalousie étreignit alors son cœur comme les crocs d’un loup se refermant sur sa gorge pour l’étrangler. Un brouillard rouge passa devant ses yeux, comme s’il allait suffoquer.
- Qu’est-ce qu’il a de plus que moi ?
La question stupide, mesquine, qui ressemblait si peu à l’homme qu’il aimait, mit Kévin en colère.
- Ce qu’il a de plus que toi ? Il m’aime au point de tout braver pour moi, sans hésiter. Il est venu me chercher sans se cacher, sans m’imposer de me cacher. Il accepte mon aide et ne me ment pas !
- Il baise mieux ?
De nouveau la jalousie parlait, éteignant la raison, bâillonnant cette voix qui lui criait qu’en s’obstinant dans cette voie il allait creuser sa propre tombe. Ou plutôt la tombe de leur amour.
Il en eut la confirmation quand Kévin, ignorant la question vulgaire, se contenta d’articuler d’une voix blanche :
- Tu sais où est la porte Yann… Adieu !
L'amour est mort n'en parlons plus
Il y a longtemps qu'il était foutu
Allume un feu
Un feu géant
Invitons nos amis d'avant
Et puis quand ce feu s'éteindra
Je veux que toute la ville ait froid
Quand nous ferons l'amour pour la dernière fois
Les clochettes qui tintinnabulaient à ses oreilles se firent alors beffroi sonore tandis que le sang quittait son visage et semblait déserter chaque parcelle de son corps.
- Yann !
Kévin n’eut que le temps de le recevoir alors qu’il s’effondrait, cherchant son souffle…
- Yann !!! Yann !!! Qu’est-ce qui t’arrive ! Yann !! Bordel ! Réponds-moi !
Il l’avait allongé sur le sol, il ouvrait son col, desserrait sa ceinture, tapotait ses joues livides et les larmes commencèrent à rouler sur ses joues tandis que sa main tremblante montait à la carotide pour chercher un pouls qu’elle trouva rapide, heurté…
- Yann… Je t’en supplie, ne me fais pas ça… Dis-moi ce qui ne va pas…
Soudain il n’y avait plus rien d’autre au monde que cet homme qui gisait-là, sans réaction, comme s’il refusait de revenir dans un monde désormais désert pour lui.
Et Kévin sut alors que pour lui aussi le monde serait désert s’il laissait Yann partir. Bien sûr ça n’avait pas été facile entre eux, et ça ne le serait sans doute jamais vraiment. Mais ils étaient les deux moitiés d’un tout et rien de ce qu’ils pourraient dire ou faire ne changerait cet aspect des choses.
Yann l’avait trompé, il l’avait trompé en retour et après ?
S’ils arrivaient à ne plus se faire de mal… S’ils arrivaient enfin à se parler vraiment…
Finir comme on a commencé
Avec en plus quelques années
J'espère que c'est une bonne idée
Oh finir
Comme on a commencé
- Yann…
Il posa sa bouche sur les lèvres pâles de l’homme qu’il aimait….
L’homme qu’il aimait…
A cet instant précis il savait que cette phrase était l’expression de la vérité. Sans cet homme-là il serait à jamais une coquille vide et rien de ce qu’il vivrait ne serait vrai. Il aurait peut-être des succédanés d’amour dont il pourrait se contenter un temps, du sexe qui occuperait ses soirées moroses, mais jamais il ne sentirait son cœur battre comme à cet instant, jamais il ne serait autant vivant.
- Kévin… Ne me quitte pas…
Yann avait rouvert les yeux et s’agrippait à lui, désespérément. Pour la première fois Kévin sentit ses larmes rouler dans son cou, tremper son tee-shirt tandis qu’il explosait en sanglots, lui qui, trop longtemps, avait retenu ses pleurs.
- Non… Je ne te quitte pas… Jamais… Je suis là…
Il le berçait tendrement, le rassurant de la voix et du geste, laissant petit à petit ses lèvres courir sur sa peau, la langue recueillir les perles salées qui disaient, mieux que des mots, l’intensité de l’amour que le capitaine lui portait.
Leurs gestes se firent plus précis, leurs lèvres se soudèrent et leurs mains parurent s’animer d’une vie propre.
Dans la pénombre qui envahissait petit à petit la pièce, deux hommes se retrouvaient, s’unissaient, se fondaient l’un dans l’autre dans un grand pied de nez au destin qui avait cherché à les séparer.
FIN
Chanson de Michel Sardou