L'an dernier Natasia a eu un an de plus (je ne vous dirais pas son âge, vous auriez peur...
) et je lui avais tricoté ce petit truc:
Préambule :
Je ne connais pas les personnes et je ne sais rien de leur vie. Je me contente de les mettre en scène dans une fiction, sans en tirer aucun bénéfice.
Fandom : NEWS
Couple : Ryô/Shige
Genre : Songfic – POV
Résumé : Seul dans son coin, Shige écrit une chanson pour se libérer de ce qu’il ne peut pas dire.
LA DECLARATION D’AMOUR
Shige se tenait à l’écart du groupe. Depuis plus de deux heures, il s’était ainsi isolé. Il entendait ses amis discuter de leur dernier concert mais restait plongé dans ses pensées. Il avait posé un bloc notes sur ses genoux et, de temps en temps, on le voyait griffonner quelques mots dedans.
Ryô détourna son regard de Tegoshi qui était en train de leur raconter ses démêlés avec une groupie totalement hystérique qui lui avait ruiné son beau costume neuf, provoquant les rires des autres, et posa les yeux sur leur cadet.
Il se mordit les lèvres : quelque chose n’allait pas avec Shige et il n’arrivait pas à déceler de quoi il s’agissait. Il y avait déjà plusieurs jours que le jeune homme agissait bizarrement, riant peu, se plongeant de plus en plus souvent dans des pensées moroses.
Comme conscient du regard que le chanteur attachait sur lui, Shige releva la tête un instant et ses yeux croisèrent ceux de Ryô. Aussitôt il rougit, détourna le regard et fixa la page sur laquelle il aligna encore quelques mots avant de se lever et de sortir de la pièce.
Il avait eu l’impression que Ryô s’apprêtait à venir le voir et il ne voulait pas qu’il puisse lire ce qu’il écrivait.
Quand je suis seul et que je peux rêver
Je rêve que je suis dans tes bras
Je rêve que je te fais tout bas
Une déclaration, ma déclaration
C’est drôle comme les mots coulaient facilement sur le papier. Pourquoi n’était-il pas capable de les dire. Pourquoi ne pouvait-il se planter face à l’amour de sa vie et simplement laisser parler son cœur.
Parce qu’il avait peur, peur à en crever que ses sentiments ne soient pas partagés.
Il était si difficile d’avouer certaines choses, si difficile de briser les murs du silence, les murs des tabous.
Et puis il y avait le groupe, les fans, les producteurs surtout…
Lorsqu’il avait été sélectionné, il avait su qu’il abandonnait tout droit à une vie privée en dehors de celle qu’ils lui dicteraient. Ce qui comptait pour eux c’était que le groupe marche, d’engranger les bénéfices, de gérer cette célébrité.
Et l’amour dans tout ça ?
Quand je suis seul et que je peux inventer
Que tu es là tout près de moi
Je peux m'imaginer tout bas
Une déclaration, ma déclaration
Il imaginait bien la tête des décideurs s’il allait leur avouer qu’il était éperdument épris de quelqu’un sur lequel il n’avait même pas le droit de fantasmer. Il savait quelle serait leur réaction, il connaissait d’avance l’ultimatum qu’ils lui fixeraient : des mecs comme lui ils étaient capable d’en façonner cent dans les dix jours…
Il ne se faisait aucune illusion sur la valeur qu’ils lui accordaient.
Pourtant, il aurait pu risquer le coup s’il avait été sûr. Parce qu’entre l’amour et la gloire son cœur ne balançait pas.
Pourtant il avait si longtemps rêvé de cela : être une icône pour des milliers de jeunes, déclencher l’hystérie sur son passage, faire fantasmer les jeunes filles et pourquoi pas les jeunes hommes, se produire sur les plus grandes scènes du pays et que son nom soit connu au-delà de son archipel.
Et finalement il en était là et il rêvait d’autre chose.
Il rêvait de bras qui l’enlaçaient, d’une bouche qui se posait sur la sienne. Il rêvait de mots d’amour susurrés au creux de son oreille, de fous rires partagés, d’étreintes tendres et ardentes.
Il rêvait de pouvoir enfin se libérer de ce secret qui l’empoisonnait.
Juste deux ou trois mots d'amour
Pour te parler de nous
Deux ou trois mots de tous les jours
C'est tout
Un jour, un jour peut-être…
Mais quand ?
Quand il serait si vieux qu’on le jetterait à la poubelle comme un vieux kleenex usagé ?
Quant, tout simplement, un autre groupe préfabriqué aurait pris leur place ?
Parfois il lui arrivait de penser à cet après… Parfois même il y aspirait en se disant que, peut-être, à ce moment-là, il aurait une chance.
Mais pourrait-il vivre sans les paillettes, ce stress délicieux qui l’habitait avant les concerts, cette douce folie des interviews, photos, répétitions qui le laissaient épuisé et heureux ?
Quelquefois il en doutait, et d’autres fois, comme à ce moment précis, il lui semblait que ce ne serait qu’à ce moment là que sa vie commencerait vraiment.
A condition qu’il puisse la partager avec lui.
Je ne pourrai jamais te dire tout ça
Je voudrais tant mais je n'oserai pas
J'aime mieux mettre dans ma chanson
Une déclaration, ma déclaration
Une déclaration, ma déclaration
Lui…
Shige sourit sans même s’en apercevoir en pensant à Ryô, son réconfort, son tourment, sa victoire, sa défaite.
Parce qu’il était là le grand secret du jeune homme : il était éperdument amoureux du chanteur talentueux, trop souvent cassant, perfectionniste à l’extrême.
Mais comment pouvait-il espérer qu’un jour son aîné poserait sur lui des yeux autres que ceux de collègue voire d’ami ? Et encore… il lui semblait que les seuls qui puissent avoir droit à ce titre c’était Yamashita et Uchi du temps où il faisait encore partie du groupe.
Lui avait l’impression d’être juste un partenaire de scène pour Ryô et il en souffrait.
Parfois il mourait d’envie de lui faire savoir qu’il existait, qu’il pouvait compter sur lui, qu’il aurait aimé être plus qu’un compagnon de route, parfois allié, parfois rival tant la pression qu’exerçait la JE sur eux était forte. Pas question de déchoir, pas question de décevoir : Uchi et Kusano l’avaient payé assez cher.
Et si quelqu’un surprenait son secret, nul doute, à ses yeux qu’il serait le suivant.
Alors il devait se taire…
Se taire et se contenter de ce qu’il avait.
Juste deux ou trois mots d'amour
Pour te parler de nous
Deux ou trois mots de tous les jours
C'est tout
Maintenant il écrivait furieusement parce que toutes ses pensées qu’il remuait dans sa tête se traduisaient en mot sur le papier.
Et au fur et à mesure qu’il alignait les phrases, il lui semblait que le poids de son secret pesait moins lourd.
Peut-être il avait-il de l’espoir finalement, peut-être que...
Et soudain il y avait cette main sur son épaule, cette main qu’il aurait reconnue entre mille.
- Kâto… Que t’arrive-t-il ?
Un long frisson le parcourut à cette voix et à ces mots. C’était si rare que Ryô l’appelle par son prénom. En général il était Shige pour tout le monde et Shigeaki lorsque la colère grondait. Mais personne ne semblait se souvenir que lui aussi avait un prénom.
Et de l’entendre dans la bouche de cet homme qu’il aimait…
D’un geste brusque il se débarrassa de la main qui reposait sur lui parce que si elle restait là il ne répondait plus de lui.
- Rien qui t’intéresse ! répliqua-t-il d’un ton sec. Je serai là pour la répèt’ t’inquiète pas.
- Tu crois que c’est la seule chose qui me préoccupe ? s’insurgea Ryô.
- Quoi d’autre ?
Il savait qu’il était blessant, mais son secret était à ce prix.
Trop préoccupé à se dominer, il rata la lueur triste qui traversa le regard de Nishikido.
- Bon… Alors dans cinq minutes, commanda celui que certains surnommaient « le leader de l’ombre ».
- C’est ça…
Quand je suis seul et que je peux rêver
Je rêve que je suis dans tes bras
Je rêve que je te fais tout bas
Une déclaration, ma déclaration
D’une main rageuse Shige essuya ses yeux mais une larme rebelle s’échappa et vint mouiller les derniers mots, comme pour lui faire prendre conscience de son erreur.
Ryô était venu vers lui, il lui avait tendu la main et il avait laissé passé l’occasion.
Un instant il se plongea de nouveau dans ses pensées, pesa le pour et le contre, le danger pour son avenir professionnel, l’envie de tenter d’être heureux, le risque de perdre une amitié qui lui était chère, la chance de gagner peut-être un amour…
Il arracha la page du bloc la froissa et la jeta en boule dans la corbeille du couloir.
Lorsqu’il pénétra dans la salle de répétition, le groupe s’installait. Il remarqua que Ryô le suivait des yeux et il s’attendit à une remarque acerbe sur son léger retard. Mais rien ne vint.
Puis il s’aperçut que Tegoshi n’était pas encore là : ceci expliquait sans doute qu’il échappe à l’ire de son si perfectionniste partenaire.
Justement l’absent arrivait.
- Tego ! Tu as vu l’heure ? gronda Ryô ?
- Je sais… désolé… Je lisais un truc.
- Un truc, quel truc ?
- Un truc pour toi je crois…
Le cœur de Shige s’arrêta lorsqu’il vit Tego tendre à Ryô une feuille de papier chiffonnée, défroissée à la hâte. Et tandis que ce dernier se plongeait dans la lecture du texte, il foudroya Tego du regard :
- Comment as-tu osé ?…, balbutia-t-il alors que celui-ci passait devant lui pour prendre sa place.
- Parce que tu es mon ami, et que vous êtes tous les deux trop bêtes pour voir les choses. Il fallait bien que quelqu’un s’en mêle.
Il regarda son voisin, les mots ne parvenant pas à trouver un sens pour lui : tous les deux ?
Et soudain son cœur se remit à battre de plus en plus vite : se pouvait-il que…
Je veux des souvenirs avec toi,
Des images avec toi,
Des voyages avec toi
Je me sens bien quand tu es là
Une déclaration, ma déclaration
Ryô avait fini le lire le texte et Shige attendait, tétanisé, prêt à s’enfuir au premier mot.
Mais rien, pas une réaction, pas un regard.
- Allez… on a assez pris de retard.
Ce ne fut qu’à l’issue de la répétition exténuante, au moment où il allait tomber d’épuisement et qu’il s’apprêtait à quitter la salle comme on s’évade, juste la dernière note posée, avant qu’on ne puisse le retenir, que Shige entendit Ryô lui commander :
- Non… Reste… On a à parler. Désolé les gars, mais c’est entre Shige et moi.
Et tandis que les autres membres du groupes quittaient la salle, Tegoshi ne manquant pas de lui adresser un clin d’œil d’encouragement, il fit face à Ryô, cherchant les mots qu’il pourrait dire.
Son amour sortait la feuille de sa poche et la lui tendait :
- Tu m’expliques…
J'aime quand tu es triste
Et que tu ne dis rien
Je t'aime quand je te parle
Et que tu ne m'écoutes pas
Je me sens bien, quand tu es là
Une déclaration, ma déclaration.
Que pouvait-il dire ? Prétendre que ce n’était qu’une chanson qu’il comptait proposer aux producteurs ?
Un instant il caressa cet espoir, avant de se souvenir qu’il n’avait pas pu s’empêcher, comme toujours, de dessiner des dizaines de petits cœurs sur sa feuille dans lesquels il avait amoureusement inscrit le nom de Ryô.
Même le plus idiot des imbéciles aurait compris à la vue de ce papier.
Une nouvelle fois il maudit Tegoshi : celui-ci avait ouvert la boîte de Pandore et qui sait ce qui allait en sortir ?
- Tu ne veux rien me dire ?
Il baissa la tête, refusant de le laisser voir les larmes qui commençaient à embuer ses yeux.
Et soudain il fut dans ses bras, croyant rêver tandis qu’un petit rire résonnait à ses oreilles :
- Et dire que je me torturais pour savoir comment te parler.
Il leva un regard incrédule, refusant de comprendre ce que voulait dire son ami. Celui-ci le comprit et décida d’être plus clair :
- Je t’aime Kâto… Je t’aime comme un fou depuis des mois sans rien vouloir dire.
- Mais… pourquoi…
- Sans doute pour les mêmes raisons que toi : les fans, le groupe, les producteurs, notre image, la peur de te perdre… Peu importe… Et si Tego ne m’avait pas donné ce texte…
- Je l’avais jeté…, murmura Shige d’une voix contrite. Tu n’aurais pas dû le voir.
- Heureusement qu’il l’a récupéré alors. Parce que si je ne l’avais pas vu, je ne te tiendrais pas dans mes bras en attendant que tu me dises ce que j’attends depuis si longtemps.
Shige se sentit rougir, incapable de soutenir le regard brûlant de celui qui comptait tant pour lui et pour lequel, avec une ivresse grandissante, il s’apercevait soudain il comptait tout autant. De là à dire ces mots qu’il s’était interdit si longtemps de formuler, même en pensée.
- Dis-le… J’ai besoin de l’entendre…
Le moyen de résister à cette voix envoûtante ?
Alors il abdiqua et, dans un souffle, il murmura :
- Je t’aime Ryô… Je t’aime…
Le reste se perdit dans le baiser enflammé que son compagnon initia et auquel il répondit avec usure.
Soudain tout paraissait simple : le groupe, les fans, les producteurs… Rien ne comptait que Ryô et lui et leur amour.
FIN
Chanson de Michel Berger