Toujours du reclassement... décidément je ne fais que ça.
Cette fois-ci c'est la fiction de MaryS8
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Genre : P.O.V. – Songfic
Personnages :
Jack/Ianto
Résumé : Petit détour dans le cerveau relativement torturé du capitaine Harkness
La lumière jaillira
Combien de temps ? Combien de mondes ? Combien d’amis disparus ? Combien d’êtres croisés ? Combien de souffrances endurées ? Combien de rires ? Combien de pleurs ? Combien d’engagements rompus ? Combien de promesses tenues ? Combien d’amours trahies ? Combien de serments pillés ?
Pour quel avenir ? Pour quelle éternité vide ? Pour quel chemin désert ?
Jack aurait tellement voulu déposer enfin les armes, oser enfin se donner, partager… même si ce n’était que pour un moment… pour une tranche de vie qui, dans son cas, s’apparenterait à quelques secondes…
Juste avoir aussi le droit d’espérer.
La lumière jaillira
Claire et blanche un matin
Brusquement devant moi
Quelque part en chemin
Il en avait trop vu, trop fait… Il avait trop pris, trop donné… Il avait trop pleuré, trop ri…
Et sans cesse il fallait recommencer… S’investir, se dévoiler, s’enfuir, se cacher…
Parfois il avait eu la chance de faire un bout de chemin avec quelqu’un… mais c’était si bref, si fugace… La vie était si fragile, si incertaine…
Et lui il la traversait sans changer, sans vieillir…
Alors il repartait toujours… Et sa nuit s’épaississait.
La lumière jaillira
Et la reconnaîtrai
Pour l'avoir tant de fois
Chaque jour espérée
A quoi bon s’attacher quand on est sûr de souffrir ? A quoi bon donner quand on sait que trop vite il ne restera rien ? A quoi bon être deux pour finir toujours seul ?
L’éternité…
Certains en rêvent, certains donneraient n’importe quoi pour la posséder. Lui, il aurait donné n’importe quoi pour en être débarrassé.
L’éternité est un fardeau quand vous n’avez personne pour la partager.
L’éternité c’est juste un brouillard froid et vide où vous cherchez en vain un fanal qui vous montrera la voie.
De loin en loin une lueur s’allume auprès de laquelle vous vous réchauffez, mais elle s’éteint trop vite, vous replongeant dans l’obscurité.
La lumière jaillira
Et de la voir si belle
Je connaîtrai pourquoi
J'avais tant besoin d'elle
Tant de mondes, tant d’époques, tant d’idéologies, tant de combats, tant de découvertes, tant d’obscurantisme, tant de laideur, tant de beauté, tant d’abnégation, tant d’égoïsme…
Il avait tout vu, tout connu, tout essayé…
Il aurait voulu pouvoir aimer, aimer vraiment, aimer à en perdre la raison, aimer à oublier qu’un jour son amour partirait.
Il voulait juste avoir le droit de se poser, d’être comme les autres, le temps qui lui serait accordé.
La lumière jaillira
Et nous nous marierons
Pour n'être qu'un combat
Pour n'être qu'une chanson
Combien de fois s’était-il dit que ça ne serait pas pour lui, jamais… qu’il était condamné à errer de monde en monde, d’époque en époque sans jamais s’attacher, sans jamais se livrer ?
Combien de fois avait-il pensé que personne ne pourrait partager ce qu’il avait vu, ce qu’il avait fait, ce qu’il avait traversé ?
Combien de fois avait-il déclaré que personne ne pourrait le comprendre, ne pourrait l’accepter pour ce qu’il était avec ses forces et ses faiblesses, ses côtés obscurs et lumineux ?
Combien de fois avait-il admis, découragé, que jamais il ne pourrait se livrer à cœur ouvert, qu’aucun être ne pourrait le reconnaître, l’aimer pour ce qu’il était ?
La lumière jaillira
Et je l'inviterai
A venir sous mon toit
Pour y tout transformer
Les jours qui s’étendent, qui se distendent, qui s’éternisent… Les mois qui deviennent des années, des siècles, des millénaires…
Ces visages croisés, jamais oubliés qui hantaient sa mémoire…
Ces mots si vains qu’il avait dits, qu’il avait entendus…
Ces croyances d’un instant, ces vérités éphémères, ces élans inaboutis, ces désirs inassouvis…
Cette somme de petits riens et de grands tous… Ce kaléidoscope qu’était sa mémoire, immense puzzle dont jamais on ne poserait la dernière pièce…
Tout ce qui faisait qu’aucun être en ce monde ne pouvait partager son existence plus longtemps que le passage d’une comète dans le ciel.
Ce ciel noir où brillaient trop peu de ces étoiles qu’il avait réussi à approcher, à apprivoiser, à conquérir…
Mais même les étoiles meurent un jour replongeant l’univers dans la nuit.
La lumière jaillira
Et déjà modifié
Lui avouerai du doigt
Les meubles du passé
Là soudain, dans ce bureau, en regardant aller et venir ces nouveaux êtres qui partageaient sa vie, il pensait que, peut-être, il allait enfin avoir sa chance, que ce cœur gelé allait enfin s’échauffer, que sa nuit allait enfin s’éclairer.
Bien sûr ce ne serait que pour trop peu de temps… une poignée de secondes dans une éternité… une goutte d’eau dans un océan…
Mais cette goutte d’eau elle le sauverait… ces secondes il les ferait durer…
Le droit à l’espérance, le droit au bonheur, même pour un instant… Aimer… aimer sans plus penser à rien d’autre.
La lumière jaillira
Et j'aurai un palais
Tout ne change-t-il pas
Au soleil de juillet
Aujourd’hui il se prenait à espérer… Espérer que peut-être cet homme-là comprendrait, cet homme-là l’aimerait malgré ses défauts, malgré ce qu’il était.
Pour la première fois depuis bien longtemps il sentait son cœur battre de nouveau, pas de cette façon fugitive qui annonce un désir qui disparaîtra aussitôt assouvi, non… de cette façon indescriptible qui indique quelque chose de bien plus profond.
Et son cœur s’emballait à chaque fois qu’il était là, qu’il lui parlait, qu’il lui souriait…
Il n’était pas sûr de pouvoir déposer les armes, pas sûr de pouvoir faire confiance, pas sûr de pouvoir oser, pas sûr de pouvoir se confier, s’abandonner…
La lumière jaillira
Et toute ma maison
Assise au feu de bois
Apprendra ces chansons
Il y avait son instinct, son instinct qui lui soufflait qu’il devait saisir sa chance parce qu’elle passerait trop vite.
Il y avait sa raison, sa raison qui lui murmurait que de toute façon c’était perdu d’avance et qu’il finirait seul, encore et toujours…
Il y avait son cœur qui réclamait de pouvoir battre encore et encore, vivre enfin, s’emballer de nouveau.
Il y avait son âme qui se désenchantait, se desséchait et aspirait à une union qui la régénèrerait.
Il y avait sa peur, son désir, son délire…
Il y avait cet homme…
Il y avait ce désir…
Il y avait cet espoir…
La lumière jaillira
Parsemant mes silences
De sourires de joie
Qui meurent et recommencent
Oserait-il s’abandonner ? Oserait-il défier l’avenir pour vivre au présent, juste le temps qui lui serait donné.
Serait-il encore capable d’endurer la souffrance d’avoir aimé, l’affreuse solitude qui tôt ou tard s’abattrait de nouveau sur lui ?
Cette lueur dans ce regard, avait-il le droit de l’aviver, de la faire devenir flamme, feu, brasier qui les consumerait trop vite ? Cet incendie qui commençait à courir dans ses veines, devait-il l’éteindre ou l’entretenir ?
Prendre à nouveau le risque ? Vivre à nouveau l’espoir ? Partager un moment de grâce, un moment d’amour, un moment de paix…
Il connaissait le prix à payer… Mais tout son être aspirait de nouveau à s’engager.
La lumière jaillira
Qu'éternel voyageur
Mon cœur en vain chercha
Mais qui était en mon cœur
Il y avait la magie d’un sourire, d’une voix douce, d’un nectar tel qu’il ne se souvenait pas en avoir souvent dégusté.
Il y avait la beauté d’un corps jeune et désirable, la douceur de deux yeux bleus océan, la fragrance d’un parfum discret.
Il y avait ces gestes qui en disaient plus que des mots et ce regard attaché sur lui où il lisait le respect mais aussi l’adoration…
Un geste de lui, un seul geste… Un mot…
- Ianto.
La lumière jaillira
Reculant l'horizon
La lumière jaillira
Et portera ton nom
Il était là, tout contre lui. Et en goûtant ses lèvres, en étreignant son corps pour la première fois,
Jack sentit tous ses doutes s’évanouir.
Ce serait pour le temps qu’il aurait… Mais il en ferait quelque chose de magnifique, quelque chose qui l’accompagnerait dans ses autres vies, dans ses autres nuits…
L’avenir appartenait à l’avenir et lui appartenait à ce présent.
Sa lumière… Son fanal… Son étoile.
Ianto…
FIN
Chanson de Jacques Brel