Petite songfic offert à JB... qui l'a détestée...
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Charlie/Amita
Genre : P.O.V. / Angoisse / Songfic
Résumé : Durant et après l’épisode 523 : la légende de Ram et Sita, les pensées de Charlie alors qu’Amita a été enlevée.
100 Ans Si Tu M'aimes
Il y avait bien longtemps déjà que Charlie savait qu’il était beaucoup moins doué pour les mots que pour les nombres. Bien longtemps qu’il avait compris que, quand les seconds lui apparaissaient si clairs, si faciles, les premiers lui échappaient, se jouaient de lui, comme pour le ramener à la condition d’homme ordinaire à laquelle il avait échappé lorsqu’il avait trois ans.
Il y avait bien longtemps qu’il avait, en quelque sorte, renoncé à se battre avec ces signes qui apparaissaient tellement compliqués quand ses mathématiques n’étaient que clarté et évidence.
Pourtant, ce soir, il devait réussir à trouver ces mots qui le fuyaient en général. Il en allait de son bonheur, de sa vie…
Elle devait comprendre.
Combien dure une vie
Combien faut-il d'années
Pour en avoir assez
On doit avoir quel âge
Pour plier bagage
Sans regrets
Amita… sa bonne fée, son espérance, son avenir.
Pendant trop longtemps il s’était empêché de penser à elle comme à quelqu’un qui pourrait avoir une place dans sa vie. Comment demander à quelqu’un de vivre à vos côtés quand vous ne savez même pas encore ce que vous attendez du futur ?
Etait-il trop immature ou simplement trop déconnecté de la réalité pour répondre à ses attentes ? N’y avait-il pas de place pour autre chose que pour les mathématiques dans sa vie ?
C’est quand elle avait failli partir qu’il s’était aperçu du vide qu’elle laisserait en lui si elle le quittait. C’est à cet instant précis qu’il avait compris que sans elle il ne serait jamais entier, comme les deux hémisphères d’une même boule.
Combien dure la vie
Et qu'elle horreur est il
Quand le désir s'enfuit
Quand la valeur des heures
Ne se mesure plus qu'à l'ennui
Il s’était battu contre lui-même, contre ses habitudes, contre ses craintes, contre ses hésitations. Et elle était restée, plus proche de jour en jour, plus belle, plus précieuse à mesure qu’ils se rapprochaient.
Le premier vrai baiser, la première étreinte et la première nuit… Cette nuit où il avait compris, définitivement, qu’elle était la femme de sa vie.
Les semaines et les mois avaient passé, dans une quiétude douce, parfois entrecoupée d’alertes. Ce n’était pas si facile d’être consultant du F.B.I. et d’agences gouvernementales tout aussi importantes.
Non, rien n’était facile…
Rien…
Surtout pas ces mots qui s’acharnaient à se moquer de lui, tandis qu’il essayait de les aligner pour écrire cette déclaration qui lui tenait tant à cœur.
A 100 ans si tu m'aimes
J'aurai encore envie
Dans 100 ans si tu m'aimes
J'aimerai encore la vie
Ce n’était pas facile d’être un génie, de devoir, jour après jour, confirmer sa position, sa suprématie, sans pour autant se prendre pour le Messie.
Ce n’était pas facile d’être le petit frère d’un agent du F.B.I. brillant qui ignorait sa propre importance et gardait de leur enfance commune des blessures qui saignaient encore, des blessures que lui, le petit génie, lui avait infligées sans le vouloir, sans même le savoir le plus souvent.
Ce n’était pas facile de s’imposer auprès de ce frère, de l’amener à le voir, non plus comme un boulet, mais comme une chance, comme un frère, comme un ami… de bâtir cette relation dont il avait rêvé depuis qu’il se souvenait avoir émis une pensée consciente.
Ce n’était pas facile de calmer les inquiétudes d’un père certes adorable mais parfois envahissant, de se positionner entre le besoin de l’avoir près de lui et celui de prendre enfin son envol, à un âge où la plupart des hommes sont déjà loin du domicile familial.
Ce n’était pas facile d’être Charles Edouard Eppes, professeur de mathématiques appliquées à l’université des sciences de Los Angeles, génie de son état.
Ce n’était pas facile de livrer son cœur…
Pourquoi vivre la vie
Si c'est pour trimballer
Encore et pour toujours
Une pénurie d'amour
De lits en lits
De bonheurs en petits drames, il avait pourtant trouvé sa place et il s’était ouvert au monde, grâce à Don, et grâce à Amita.
Amita… sa beauté exotique, son sourire ravageur, sa peau douce et sa sensualité offerte.
Amita… sa croix et sa rédemption.
Combien en avait-il calculé des probabilités pour savoir s’il devait ou ne devait pas, s’il pouvait ou ne pouvait pas, quel serait le meilleur moment, le pire instant, la meilleure façon et la plus mauvaise manière, les termes à employer et ceux à proscrire ?
Il en avait blanchi des tableaux et noirci des pages à chercher cette réponse qui lui échapperait toujours, parce que la vie n’était pas quantifiable, comme il l’aurait souhaitée.
Quelle saveur a la vie
Que vaut l'éternité
Quand on sait dès vingt ans
Que rien ne sera jamais aussi beau
Qu'à cet instant précis
Amita n’était pas une poupée qu’on assoit dans un coin et qui attend passivement qu’on s’occupe d’elle. Elle était femme de chair et de sang, femme avec ses exigences et ses besoins, femmes avec ses désirs et ses démons…
Elle était la femme qu’il aimait.
C’était devenu si évident pour lui : un jour ils vivraient ensemble, elle serait la mère de ses enfants, et ils vieilliraient côte à côte, tranquillement, partageant leurs passions et leurs rires.
A 100 ans si tu m'aimes
J'aurai encore envie
Dans 100 ans si tu m'aimes
J'aimerai encore la vie
Si évident…
Et il était là, le cœur en berne, dépouillé de tout ce qui était lui : les nombres le fuyaient, sa raison vacillait et il lui semblait que tout s’écroulait…
Amita n’était plus là…
Elle était entre les mains de ce fou, ce malade qui la retenait quelque part, pour qui savait quels sombres projets…
Etait-elle encore en vie ?
Bien sûr aucun des deux corps n’était le sien, mais pour autant, respirait-elle encore sa douce compagne ? Lui faisait-on du mal ? Où était-elle ? Pourquoi n’avait-il pas su la protéger ?
Autour de lui il y avait des ombres : Don, Alan, Larry… On lui parlait, on l’encourageait et il n’entendait plus rien, comme s’il était devenu sourd au monde. Comme si déjà la vie l’avait déserté.
Amita… Où es-tu ?
Et moi je reste en vie
Malgré les apparences
Je guette l'autre chance
La porte de sortie
Et la fin de ton absurde absence
Deux jours… Cinquante deux heures, trente cinq minutes et vingt secondes…
Une éternité !!!
Et soudain son cœur battait de nouveau, son souffle revenait, tandis qu’il la tenait contre lui, la serrant frénétiquement dans ses bras tandis qu’elle pleurait.
C’était terminé… Le cauchemar s’achevait dans le sang des démons… Mais son ange était là et il retrouvait une raison de vivre.
A 100 ans si tu m'aimes
J'aurai encore envie
Dans 100 ans si tu m'aimes
J'aimerai encore la vie
Qu’importaient les mots finalement ? Qu’importait s’ils étaient malhabiles, conventionnels, sans originalité ?
- Amita… Veux-tu m’épouser ?
Il ne voulait plus perdre de temps à chercher la meilleure formule, le meilleur moment. Il avait eu trop peur, avait réalisé combien la vie pouvait, en un instant, vous reprendre ce qu’elle avait mis des années à vous donner.
Il ne laisserait plus échapper sa chance.
Il lui avait fallu plusieurs jours pour répondre. Plusieurs jours durant lesquels il avait de nouveau tremblé, se demandant ce qu’il avait mal fait, ce qu’il n’avait pas su faire comprendre, ce qui lui manquait, ce qui la retenait. Et la ronde des nombres avait de nouveau dansé la farandole dans sa tête.
Mais à cet instant précis, les nombres se taisaient et la danse folle s’arrêtait.
A cet instant précis, il savait qu’il venait de gagner la plus belle des batailles.
- Oui Charlie… Oh oui… je veux t’épouser.
FIN
Chanson de Chimène Badi