Encore une songfic, cette fois-ci elle était destinée à Aragone, à l'époque où elle était encore jeune...
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Jack/Ianto
Genre : Romance – Songfic
Résumé : Le titre dit tout.
Vieillir ensemble
Ils se regardaient, les yeux dans les yeux, sans un mot, parce que, depuis le temps, les mots entre eux n’étaient plus nécessaires. Ils se parlaient d’un regard, d’un geste, d’un simple mouvement de la main, d’un souffle un peu plus rapide, un peu plus oppressé…
Entre eux il n’était nul besoin de longs discours, de déclarations enflammées, d’explications interminables, de protestations énergiques, de serments répétés : ils se connaissaient tellement qu’ils savaient l’autre presque mieux qu’eux-mêmes et pouvaient décrypter sans effort le moindre de leurs gestes, la plus infime réaction de leurs corps.
Et plus les années passent
Plus tu prends de place
Dans cet univers
Que j'ai fait pour toi
C'est un face à face
Qui dure depuis longtemps déjà
Tant de temps, tant de souvenirs et l’impression que c’était hier. Les amis, les épreuves, les rêves et les cauchemars partagés… La lutte pour la vie, pour la paix, pour le bonheur… Des petits riens et des grands événements… Des rires et des pleurs… Des colères et des émerveillements…. Des brouilles et des réconciliations… Des frayeurs et des réconforts…
Tout ce qui, jour après jour, mois après mois, tisse une vie, leur vie…
Tout ce qui, aujourd’hui, les faisait plus vivants qu’avant, malgré tout ce temps passé, ce compte à rebours auquel ils se refusaient à penser, qu’ils avaient décidé d’ignorer du jour où ils s’étaient engagés l’un envers l’autre…
Les saisons se suivent
Il faut bien les vivre
Avec le soleil
Et les jours de pluie
Et quoi qu'il arrive
Je t'aimerai plus qu'aujourd'hui.
Ils se l’étaient promis il y avait bien longtemps maintenant : pour le meilleur et pour le pire….
Pour ces enfants qu’ils avaient élevés ensemble et qui avaient fait leur joie… Pour ces amis qu’ils avaient laissés en chemins… Pour tous ceux tombés dans la lutte interminable… Pour cette maison, bâtie de leurs mains et qui transpirait le bonheur simple et tranquille qui était le leur depuis leur retraite… Pour les petits enfants, les arrières petits-enfants qui venaient animer le jardin de leurs cris de joie… Pour ce bébé perdu si peu de temps après son premier cri…. Pour ces chagrins partagés, ces nuits à pleurer Tosh, Owen et trop d’autres… Pour ces moments de grâce offerts : leur rencontre, leur mariage, leur famille….
Pour le meilleur et pour le pire….
Vieillir ensemble
Parfois il me semble
Que c'est long une vie
Quand on veut
Vieillir ensemble
Avec le coeur qui tremble
Pour le moindre souci
Pour le moindre souci.
Aujourd’hui, lorsqu’il se regardait dans le miroir, il voyait un bel homme, qu’on aurait dit dans la force de l’âge, avec certes des cheveux gris et quelques rides marquées au front et à la commissure des lèvres, mais toujours une silhouette élancée et solide qui faisait d’ailleurs l’envie de leurs troisième et cinquième fils, empâtés avec l’âge, et désormais semblant largement plus âgés que leur père.
Aujourd’hui, lorsqu’il se regardait dans le miroir, il voyait un vieil homme, fragile, qu’on semblait pouvoir casser d’un seul doigt. Les rides parcheminaient son visage et ses cheveux étaient devenus blancs. Mais dans ses yeux azur, on voyait la même étincelle de vie, la même détermination.
Aujourd’hui, lorsqu’il se regardait dans les yeux de l’autre, chacun retrouvait le même homme qui l’avait attiré, l’avait capturé… cet homme qu’il aimait plus que lui-même et qui serait toujours le seul dans sa vie, celui à qui, un jour il avait dit « Je t’aime », celui à qui, un soir il avait dit « Je te veux », celui à qui, par une magnifique matinée d’un dimanche comme seul le Pays de Galles peut vous en offrir, il avait dit « A jamais ».
Les yeux sont les miroirs de l’âme, et leurs âmes étaient éternelles…
L'amour qui s'attarde
Quand on se regarde
Dans la nuit qui vient
Brûler nos chagrins
Le bonheur musarde
Dis-moi que nous irons plus loin
Ce chemin… Tout ce chemin…
Lorsqu’il regardait en arrière Ianto n’avait aucun regret : s’il avait fallu refaire sa vie, il l’aurait réécrite exactement de la même façon. Bien sûr il aurait évité certaines erreurs, Lisa, cet étudiant au sourire magnifique, cette gifle à Aedd ce jour d’énervement, ces reproches injustifiés quand Jack avait disparu durant trois longues semaines… Mais pour le reste, tout le reste, il n’aurait rien changé : ni cette rencontre, ni ce soir-là, dans ce parc, quand ils avaient capturé Myfanwy ni ce premier baiser, ni cette première étreinte et cette nuit étoilée où Jack lui avait enfin dit les trois mots qu’il attendait depuis ce qui lui semblait une éternité.
Lorsqu’il regardait en arrière, Jack repensait à ses erreurs, à cette vie insouciante et sans scrupule, à tout ce qu’il aurait voulu pouvoir oublier, pouvoir reprendre… Et puis il songeait que changer le passé pourrait changer son présent… Alors non, il n’avait pas de temps à perdre en regrets stériles, en remords inutiles… S’il avait un jour fait le mal, il s’était bien racheté durant toutes les années où il avait dirigé Torchwood Cardiff… De toute façon, s’il avait été condamnable, sûrement il n’aurait pas eu cet ange près de lui… Alors non… quand il regardait en arrière Jack ne regrettait rien parce que c’était la somme de tous ses actes passés qui l’avait amené là où il était aujourd’hui : à cet instant, près de cet homme qu’il chérissait du plus profond de son être, qui imprégnait chaque fibre de son corps, chaque parcelle de son âme…
Vieillir ensemble
Parfois il me semble
Que c'est long une vie
Quand on veut
Vieillir ensemble
Avec le coeur qui tremble
Pour le moindre souci
Pour le moindre souci.
La vie… Elle peut donner et elle peut reprendre, juste en l’espace d’un clignement de cil…
Elle leur avait tant donné…
Elle leur avait tant repris…
Mais elle leur avait laissé l’essentiel… Elle avait préservé leur amour, elle les avait laissés ensemble.
Parce qu’ensemble ils pouvaient tout endurer : les coups, les épreuves, les blessures, les séparations, les départs des enfants, les morts des amis….
Ensemble ils étaient indestructibles.
Et Jack refusait de penser à ce temps où il serait seul à nouveau, âme perdue, cœur sans lumière… Il gardait l’espoir, l’espoir d’un miracle, l’espoir d’une grâce…
Il ne devait pas, il ne voulait pas penser à un demain, à un après… Même si le temps, inexorable, comptait à rebours de plus en plus vite…
Son amour était là, debout à ses côtés et l’avenir ne comptait pas : un jour après l’autre… et chaque matin était un cadeau renouvelé.
Vieillir ensemble
Parfois il me semble
Que c'est court une vie
Quand on veut
Vieillir ensemble
Dans ce monde qui tremble
Comme il tremble aujourd'hui
Comme il tremble aujourd'hui.
Ils se regardaient, les yeux dans les yeux, sans un mot, parce que, depuis le temps, les mots entre eux n’étaient plus nécessaires.
Ils se parlaient par un regard qui disait tout ce qu’il y avait à savoir.
Ils étaient là, debout, et autour d’eux l’assemblée se taisait, émue de les voir ainsi : l’un dans la force de l’âge et l’autre parcheminé, usé… Et pourtant, avec un peu d’attention, on pouvait très vite percevoir que le plus fragile était la force, le roc et que c’était lui qui tenait son jeune compagnon debout…
Qu’importait le regard des autres ? Eux, les proches, amis, enfants, ils savaient… Ils savaient cette histoire, leur histoire, leurs racines… Et même si aux yeux des étrangers Jack passait pour le petit fils de son époux, à l’abri de ces murs, dans cette maison qui était le havre où la tribu venait régulièrement se ressourcer, ils vivaient sans masque, l’un pour l’autre.
Et aujourd’hui, ils se redisaient les mots qu’ils avaient prononcés soixante-quinze ans plus tôt.
- Pour aujourd’hui et pour demain, pour le passé et l’avenir, dans la joie comme dans la tristesse, dans le bonheur ou dans les épreuves, dans la santé ou dans la maladie, moi Ianto Jones, je te prends, toi, Jack Harkness, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, à jamais…
- Pour aujourd’hui et pour demain, pour le passé et l’avenir, dans la joie comme dans la tristesse, dans le bonheur ou dans les épreuves, dans la santé ou dans la maladie, moi Jack Harkness, je te prends, toi, Ianto Jones, pour époux, pour le meilleur et pour le pire, à jamais…
Ils n’avaient voulu, ni l’un ni l’autre, du rituel : « jusqu’à ce que la mort nous sépare » qui était trop chargé de menaces pour eux puisqu’ils savaient à l’avance lequel des deux partirait le premier et lequel resterait avec sa peine et son cœur vide, dépouillé de toute joie et de toute espérance.
Et tandis que l’assemblée applaudissait, certains écrasant une larme au passage, leurs lèvres s’unirent et le baiser qu’ils échangèrent avait le goût de leur jeunesse, le goût de l’éternité…
Rien ne pourrait jamais les séparer.
FIN
Chanson de Daniel Guichard