En voilà une qui m'a donné du fil à retordre, moi qui ne suis pas fan de mangas... mais comme c'était pour l'anniv' de Laure, j'ai essayé de faire un effort.
Déclaration : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de Masashi Kishimoto. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Sinueux
- Ce n’est pas possible ! Qui arriverait à comprendre !
- Fais un peu confiance à l’équipe, aux senseis… Fais-nous confiance !
- Confiance ! Comment veux-tu que je puisse avoir confiance ! As-tu oublié ce que je suis, d’où je viens, ce que j’ai traversé ?
- Non, je n’ai rien oublié, dit le brun en posant sa main sur le bras de son compagnon. Je ne pourrai jamais rien oublier. Mais toi… toi tu dois apprendre à aller de l’avant.
Cultive ta faim avant d’idéaliser.
Motive ta colère pour leur faire tous comprendre.
Grimpe la montagne, sans jamais en redescendre,
Enfonce-toi dans le contenu, sans jamais tomber.
Naruto écoutait son ami lui parler, aligner les arguments pour le convaincre et il se débattait entre son cœur et sa tête, entre son amour et sa raison. Lui aussi aurait tellement aimé pouvoir enfin faire tomber ce masque où s’embourbait ce qui aurait dû être beau, pourtant il n’osait pas.
Il était déjà différent, alors comment les villageois pourraient-ils accepter cette autre différence, celle dont, quelques années avant, il était le premier à rire en voyant Iruka et Kakashi se prendre la main en cachette feignant d’ignorer que tout le monde savait…
Et cet exemple qui, justement, aurait dû le pousser à affronter la réalité puisqu’aucun des deux hommes n’avait été banni pour cet amour, ne le rassurait pas. Il y avait une énorme différence : eux étaient un maître et un grand guerrier, indispensables à la protection du village. Lui n’était qu’un genin, à peine toléré déjà et trop souvent brimé, et Sasuke avait beau être un futur grand hokage, ni l’un ni l’autre n’étaient encore devenus indispensables au point qu’on leur permette d’être eux-mêmes.
« C’est si dur d’aller contre les autres… si dur d’assumer ce qu’on est…. »
Mes genoux tremblent encore, comme lorsque j’avais douze ans,
Lorsque je me faufilais hors de la classe par la porte de derrière.
Un homme me criait dessus, mais je ne m’en souciais pas,
Attendre, c’est perdre son temps, pour des gens comme moi.
- Pourquoi veux-tu cacher ce que tu es, ce que nous sommes ? Nous n’avons pas à avoir honte !
Combien de fois Sasuke lui avait-il répété ces phrases depuis qu’un soir d’automne, l’amitié entre eux avait laissé place à quelque chose de bien plus tendre, de bien plus violent.
Ils avaient si longtemps lutté contre ce qui les attirait au-delà de cette fraternité des armes…
Mais à l’aube de leurs seize ans, ils s’étaient éveillés l’un contre l’autre avec en eux à la fois une exaltation nouvelle et une peur indicible.
N’essaie pas de vivre si sagement,
Ne pleure pas, car tu as raison,
Ne sèche pas tes larmes avec des illusions ou des peurs,
Car tu finiras par te haïr.
Le premier c’était Sasuke qui avait retrouvé son équilibre. Pour lui ce lien n’avait rien de condamnable : la nature les avait faits ce qu’ils étaient et le destin les avait conduit l’un vers l’autre. Ce sentiment de plénitude qu’ils connaissaient après l’amour, ces gestes de tendresse, cette sensation d’être protégé, cette ivresse de savoir qu’on est celui qui compte le plus aux yeux de quelqu’un, ce ne pouvait pas être mal.
Il voulait vivre leur amour au grand jour, pouvoir lui aussi prendre la main de celui qu’il aimait, lui adresser d’autres sourires que ceux de convenance, baiser ses lèvres lorsqu’il partait en mission…
Mais comment convaincre Naruto, persuadé que ceux ne voyant en lui qu’un démon associerait cet amour à sa nature démoniaque.
N’essaie pas de vivre si sagement,
Ne pleure pas, car tu as raison,
Ne sèche pas tes larmes avec des illusions ou des peurs,
Car tu finiras par te haïr.
- Comment peux-tu penser qu’ils nous laisseront vivre notre amour en paix ?
Ils… tous ceux qui l’avaient rejeté, qui le craignaient, qui se moquaient… Ceux pour qui ils n’étaient pas humains et qui attendaient toujours le pire de lui.
- Comment peux-tu penser qu’on les laisserait te faire du mal ? Que je les laisserai se moquer, te condamner ?
Tu as dit que les rêves n’étaient que des rêves,
Et que tu ne jouerais plus à l’imbécile.
Tu as dit que c’est parce que tu n’avais pas encore perdu ton âme.
- Tu es un grand genin, et un jour tu seras le plus grand des hokages. Tu dois juste avoir confiance… Kyûbi te le dit lui aussi…
- Comment le sais-tu ?
- Parce que je te sais mieux que personne, je te sens et je l’entends à travers toi. Tu as le courage d’un lion Naru… Tu es l’être le plus droit que j’ai jamais connu. Il était inévitable que je t’aime. Et le miracle est que tu m’aimes aussi. Alors ne laisse pas tes peurs dresser un mur entre nous.
Prends ton temps, bébé, ton sang a besoin de ralentir.
Brise ton âme pour te retrouver avant que tu ne t’assombrisses.
La peur qui réfléchit crée des ombres de rien, des ombres de rien…
Tu es encore aveugle si tu vois une route sinueuse,
Car il y a toujours un droit chemin vers le point que tu vois.
Il savait que son amant avait raison, que le pire ennemi qu’avait leur amour c’était lui, lui et ses hésitations, lui et ce passé qui lui collait à la peau et l’empêchait de vivre sa vie d’adolescent comme ses amis.
Mais comment risquer de tout perdre quand ce que l’on a on l’a amassé au prix de tant de souffrances et de batailles ?
Cependant, comment vivre dans l’ombre ?
N’essaie pas de vivre si sagement,
Ne pleure pas, car tu as raison,
Ne sèche pas tes larmes avec des illusions ou des peurs,
Car tu finiras par te haïr.
- Naru…
Son ami, son amant, son amour…
Sasuke avait pris dans sa vie une place qu’il n’aurait jamais pensé pouvoir accorder à quiconque. Il avait appris à se méfier de tout et de tous et jamais il n’avait imaginé qu’un jour il pourrait confier son cœur, son âme, son être à un autre… et que cet autre serait un homme… et que cet homme serait Sasuke…
Il y avait trop longtemps qu’il voulait qu’on oublie ce qu’il était, d’où il venait, qu’il s’astreignait, pour cela, à suivre les règles, à étouffer ses désirs, à cacher les élans qui le poussaient.
Devait-il aller jusqu’à sacrifier la plus belle chose qui ait jamais éclairé son existence ?
N’essaie pas de vivre si sagement,
Ne pleure pas, car tu as raison,
Ne sèche pas tes larmes avec des illusions ou des peurs,
Car tu finiras par te haïr.
Etre admiré de tous mais seul ou rejeté mais aimé ?
Tu finiras par te haïr…
Etre un bon petit soldat à l’âme vide et au cœur lourd ou un homme assumé riche de ses choix ?
Tu finiras par te haïr…
Etre celui qui courbe le dos ou celui qui relève la tête ?
Tu finiras par te haïr…
Etre celui qui fuit son reflet ou celui qui, dans son miroir, est fier de ce qu’il voit ?
Tu finiras par te haïr…
Soudain Naruto releva la tête : il avait fait son choix et Sasuke le lut dans ses yeux. Un grand sourire éclaira son visage : il avait toujours su que son compagnon, le moment venu, saurait être digne de leur amour.
- Viens… Allons leur dire…, décida le blond en lui tendant la main.
Mais Sasuke savait bien que les mots seraient inutiles : la lente traversée du village, main dans la main suffirait à faire comprendre à tous la nature des liens qui les unissaient. Et le baiser que Naruto déposa sur ses lèvres, au beau milieu de la place, geste à la fois de déclaration et de provocation, annonça à tous, bien mieux que n’importe quel discours, que les deux genins ne formaient désormais plus qu’un.
FIN
Chanson du premier générique de fin de Naruto