On dit "s'il vous plaît ô adorable Cissy!!!"
Bon... comme je suis bonne fille une petite suite mais la prochaine fois tant pis pour vous...
Chapitre 11
- Tu vas bien ? Tu es sûr.
- Oui, je vais bien… Je suis juste heureux que tout cela soit enfin terminé, répondit Jack à la question inquiète de son amant.
Celui-ci lui jeta un regard tourmenté : il trouvait son époux encore trop pâle, épuisé, mais avec la journée qu’ils venaient de passer, cela n’avait rien d’étonnant.
- Je vais appeler Mabel pour lui demander si elle peut garder les filles cette nuit, proposa-t-il.
- Pauvre Mabel ! Elle doit commencer à se demander si on ne va pas totalement les lui abandonner à ce rythme-là, tenta de plaisanter l’immortel. Il va falloir lui faire un joli cadeau.
- Tu as raison, je ne sais pas ce qu’on aurait fait sans elle, opina Ianto.
Puis il vint s’asseoir près de son amant, lui tendant une tasse de café que celui-ci prit avec empressement et dégusta avec gourmandise. Le silence régna pendant quelques minutes avant que Jack, ayant reposé la tasse vide avec un soupir de satisfaction ne reprenne :
- Mais j’ai envie de voir nos filles alors n’appelle pas. Mabel doit nous les ramener à quelle heure ?
- D’ici deux heures, déclara Ianto. Mais tu es sûr que tu ne préfères pas que nous passions une soirée tranquille ? Tu sais comment elles sont. D’autant qu’elles ne nous ont pas vus de la journée. Tu as entendu le médecin : il ne faut du repos.
- Je vais bien Ianto. J’ai assez négligé ma famille comme ça.
- Tu ne nous as pas négligés Jack.
- Tu sais bien que si. Je n’ai pas été à la hauteur avec les filles. Je m’étonne même qu’elles me parlent encore.
- Jack… Tu as fait ce que tu pouvais et nos filles le sentent. Elles t’aiment et elles savent que tu les aimes.
- N’empêche que j’ai frappé Caron ! Comment est-ce que j’ai pu ?
- Tu avais trop de pression sur les épaules, tes nerfs ont lâché, ça arrive Jack, arrête de te torturer avec tout ça. Maintenant on va tourner cette page, la tourner définitivement, d’accord ?
Ianto prit la main de son amant et la porta à sa bouche :
- Arrête de te torturer. On a fait ce qu’on devait faire et maintenant on n’a plus qu’à aller de l’avant, toi et moi, et nos deux filles. On est plus forts que les salopards qui t’ont fait du mal !
- Qu’est-ce que je deviendrais sans toi, cariad ? Comment trouves-tu toujours les mots pour me rassurer, me consoler ?
- Simplement parce que je t’aime Jack. Je t’aime plus que tout !
Pour toute réponse, Jack tendit ses lèvres à son amant et celui-ci les prit. Le baiser qui les unit fut d’une intensité comme ils n’en avaient plus jamais connue depuis la prise d’otages et, sentant l’immortel se presser un peu plus contre lui, dans ce contact qu’il refusait depuis si longtemps, Ianto sentit son cœur exploser de joie : les choses allaient revenir à la normale, il le sentait. Cependant, il ne voulait pas prendre le risque d’effaroucher son amant, aussi il le repoussa doucement en grimaçant un sourire :
- Ca suffit ! Le médecin t’a ordonné du repos.
- Je sais mais…, grogna Jack et, durant un moment, Ianto retrouva l’ancien capitaine, celui qui n’était jamais rassasié et exprimait sa frustration lorsqu’il ne pouvait pas posséder son amant dans la minute où il le souhaitait.
- Pas de mais… On aura tout le temps du monde plus tard, sourit Ianto en se rasseyant sagement à côté de son compagnon. Tu es sûr que tu ne veux pas que j’appelle Mabel ?
- Oui, j’ai envie de voir les filles. Et puis il faut leur dire…
Les deux hommes se sourirent et Ianto, une fois de plus, remercia la providence. Il revoyait le médecin revenir dans la pièce où Jack, après une heure de repos s’était rhabillé.
Flashback : quelques heures plus tôtLes deux hommes attendaient avec une impatience mêlée d’anxiété que l’obstétricien revienne avec les résultats des analyses. Une fois de plus, Ianto se félicita de vivre à cette époque où, ce qui aurait pris plusieurs jours à la sienne, se faisait désormais en un peu moins d’une heure. Ils seraient ainsi vite fixés, mettant fin à l’angoisse qui pesait sur Jack depuis trop longtemps.
Durant l’absence du médecin, ils avaient à peine parlé parce qu’il n’y avait plus rien à dire. Leur décision était prise et aucun des deux n’éprouvait le besoin de revenir dessus, chacun sachant que l’autre ne lui reprocherait jamais ce qui était un choix commun, quand bien même c’était Jack qui l’avait initié, Ianto se rangeant simplement à ses côtés.
Parfois ils se murmuraient des mots d’amour et à aucun moment Ianto ne lâcha la main de l’immortel, sauf quand, une fois l’heure de repos prescrite écoulée, celui-ci put se relever et s’habiller. Mais dès qu’il eut enfilé ses vêtements, leurs mains se joignirent à nouveau, comme incapables de se séparer.
C’est ainsi que le médecin les trouva et son air préoccupé leur serra le cœur :
- Vous avez les résultats ? réussit à demander Ianto, la bouche sèche. C’est… Ce n’est pas… Je ne suis pas le père ?
Le médecin leva les yeux vers lui, semblant étonné de la question et un sourire apparut alors sur son visage :
- Non ! Oh pardon ! J’étais préoccupé par autre chose mais non ! Vous êtes le père de cet enfant, sans aucun doute !
Les deux hommes se regardèrent et un même cri de joie leur échappa avant qu’ils ne se serrent l’un contre l’autre puis qu’un baiser les unisse.
- Notre enfant ! C’est notre enfant ! pleurait le capitaine.
- Je le sentais ! Je le savais ! Oh Jack ! Nous allons avoir un enfant ! sanglotait Ianto.
Ils restèrent plusieurs minutes enlacés jusqu’à ce qu’un toussotement les fasse sursauter. Ils se retournèrent vers l’obstétricien, gênés d’avoir oublié sa présence, tout à leur joie et à leur soulagement. Mais le sourire paternel sur le visage de l’homme leur fit comprendre que celui-ci comprenait parfaitement leur émotion et même qu’il la partageait. Lorsqu’ils eurent totalement repris contenance, l’homme dit :
- J’ai cependant quelque chose à vous apprendre.
Aussitôt l’inquiétude fondit de nouveau sur eux :
- L’enfant va bien n’est-ce pas ? Il… Tout est normal ? interrogea Jack d’une voix anxieuse.
Soudain la peur le saisit : et si, par son attitude, il avait mis en péril son enfant, leur enfant, ce bébé dont ils rêvaient depuis des mois ? Et si l’examen qu’il avait voulu pour se rassurer sonnait le glas de leur espoir commun ? Et si…
La voix du praticien mit fin à ses interrogations angoissées :
- Oui… Tout est normal… Votre enfant va bien. Ou plutôt, reprit-il après une légère pause : vos enfants vont bien.
Les deux hommes le regardèrent, n’osant comprendre ce que le glissement sémantique impliquait.
- Nos enfants ?... Vous voulez dire…, commença Ianto.
- Des jumeaux ? poursuivit Jack.
L’homme se gratta la gorge et regarda les deux hommes, conscient du fardeau émotionnel qui était le leur depuis trop longtemps maintenant et en particulier depuis le premier examen : combien pourraient-ils encore prendre sans s’effondrer totalement ? Il fallait donc en finir.
- Non… Pas des jumeaux.
Il tendit la main pour faire taire le Gallois qui avait ouvert la bouche et acheva :
- Vous attendez des triplés monsieur Harkness-Jones.
Un grand silence régna dans la pièce : Jack et Ianto semblaient totalement abasourdis par la nouvelle.
- Des triplés ? finit par articuler l’immortel d’une voix presque inaudible.
- Oui… L’échographie m’a permis de voir trois enfants.
- Mais… Pourquoi n’avez-vous rien dit ? demanda Ianto.
- Parce qu’il était inutile de vous le dire si l’analyse ADN révélait que vous n’étiez pas le père, expliqua le médecin. A quoi bon vous torturer en vous apprenant que vous ne portiez pas un mais trois enfants s’ils étaient dus à ce que vous avez subi ?
- Oui… Je comprends, répondit Jack. Mais… Vous êtes sûrs que… Je veux dire…
- Quoi ? Vous voulez être sûr que ces trois enfants sont tous de votre époux, c’est cela ? reprit le médecin, comprenant ce qui venait de traverser la tête de son patient.
Celui-ci se contenta de hocher la tête, incapable d’articuler un mot de plus :
- Alors je vais vous rassurer : aucun ADN étranger dans le liquide amniotique. Les enfants sont dans une seule poche qui plus est… Ils sont bien tous les fruits d’un même œuf.
Un soupir de soulagement échappa simultanément aux deux hommes.
- Maintenant, reprit l’obstétricien. Je vais devoir vous informer des risques de cette grossesse…
- Des risques ? s’inquiéta aussitôt Ianto. Vous voulez dire que… C’est dangereux ?
- Dangereux, pas vraiment, on a fait beaucoup de progrès en ce qui concerne les grossesses multiples, mais c’est tout de même plus délicat qu’un seul enfant. Vous êtes en excellente condition physique et ce n’est pas votre premier enfant, mais il va tout de même falloir vous ménager. Le corps humain n’est pas vraiment conçu pour plus d’un enfant à la fois, et le corps de l’homme encore moins. Vous devrez donc prendre quelques précautions et surtout vous reposer beaucoup. D’ailleurs, compte-tenu de ce que vous venez de traverser, je veux que vous commenciez par prendre au moins trois jours de repos absolu.
- Vous voulez dire, alité ? demanda Ianto tandis que Jack, déjà, faisait grise mine.
- Non ! Pas alité, mais pas de longs déplacements, pas de sport, pas de travail… Restez chez vous et profitez de votre famille.
Jack lui sourit :
- Ca, vous pouvez en être certain.
Puis il avait enfin laissé éclater une joie teintée d’appréhension :
- Nos bébés cariad ! Je porte nos bébés ! Seigneur ! Trois d’un coup ! Quand je pense au travail qu’on a déjà eu avec les treize mois d’écart entre nos filles…
- Chut… On t’a dit de ne pas t’inquiéter. On va s’en sortir. Tu verras…
- Tu as raison… On va s’en sortir, sourit l’immortel, d’un de ces vrais sourires que Ianto n’avait pas revus depuis bien trop longtemps.
Puis il se tourna de nouveau vers le médecin en lui demandant :
- Et vous savez si ce sont des garçons ou des filles ?
- Oui… Mais voulez-vous vraiment savoir ? Il me semble que pour vos filles vous aviez préféré la surprise.
L’immortel échangea un regard avec son époux et ils se comprirent sans se parler :
- Oui… Cette fois-ci nous voulons le savoir, déclara-t-il.
Rien dans cette grossesse n’était semblable à ses deux premières : il y avait eu trop d’angoisse, trop de souffrance autour de celle-ci pour qu’il puisse encore endurer le moindre doute, ne serait-ce que celui du sexe de ses futurs enfants.
- Alors ce sont des garçons.
- Trois garçons ? demanda Ianto.
- Trois garçons oui, affirma le médecin.
Les deux hommes échangèrent un regard empli de joie : eux qui rêvaient d’un garçon pour compléter leur famille, voilà qu’ils allaient en avoir trois d’un coup !
Fin du flasback - Trois garçons ! Tu te rends compte ! sourit Ianto en posant la main sur le ventre de l’immortel comme pour s’assurer que celui-ci abritait bien leurs enfants.
- Et comment que je me rends compte ! Je ne vais pas tarder à ressembler à une vraie baleine, geignit celui-ci. Déjà que pour les filles j’avais tout d’un éléphant !
- Tu étais magnifique ! protesta Ianto, et tu le seras encore plus !
- Tu es partial ! répartit Jack.
- Et alors, tu t’en plains ?
- Nullement… C’est pour ça que je t’aime. Mais jure-moi que tu m’aimeras encore quand je ressemblerai à une baleine échouée sur le sable et que je ne pourrai plus bouger !
- Je t’aimerai toujours Jack Harkness-Jones, quelle que soit ton apparence physique. Et je serai d’autant plus mal venu de te reprocher celle-ci que j’en suis largement responsable en plus…
Les deux hommes rirent : cela faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient plus ri ensemble que cela leur semblait une éternité.
- Quand est-ce que Mabel nous ramène les filles ?
- Dans une heure quarante-cinq environ, pourquoi ?
La mimique de Jack en réponse à sa question lui fit comprendre ce que celui-ci avait dans la tête :
- Jack… Tu dois te reposer…
- J’en ai besoin Ianto… Je veux pouvoir t’aimer avant de ressembler à un pachyderme !
- Jack… Est-ce que tu es sûr ?
- Oui, je suis sûr ! Je veux définitivement tourner cette page ! Je veux retrouver mon mari, faire l’amour avec lui. Je veux oublier qu’un autre homme m’a touché…
Ianto ne pouvait pas rester insensible à la détresse qui perça dans la voix de son amant tandis qu’il lui disait cela. Il n’allait pas laisser Jack le supplier de lui faire l’amour. Aussi il cessa de discuter et entraîna celui-ci vers leur chambre, se promettant d’être plus attentif que jamais aux moindres réactions de l’homme qu’il aimait.
- Si tu veux arrêter, n’importe quand, tu n’as qu’un mot à dire mon amour, chuchota-t-il à l’oreille de l’immortel tandis qu’il lui ôtait doucement ses vêtements.
- Je sais… Je sais que tu ne me feras jamais de mal cariad, susurra Jack en retour.
Et dans l’étreinte pleine d’amour et de besoin qui les unit bientôt, les derniers vestiges de peur, de colère, de remords, de culpabilité et de souffrance s’envolèrent pour laisser simplement la place à l’union de deux hommes qui s’aimaient et qui, ensemble, pouvaient affronter l’adversité et en sortir plus forts qu’avant.
(à suivre)