La saison des classements est revenue: voici une petite histoire écrite pour l'anniversaire de Pandi, lorsqu'elle était encore jeune...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ann Donahue & Anthony E. Zuiker. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Face
Don restait plongé dans ses pensées, des pensées moroses s’il fallait en croire sa physionomie. Mais il savait qu’il devait faire un choix et s’y tenir. Les choses ne pouvaient plus durer, il en était conscient. Certes il souffrirait de devoir s’éloigner, mais pas plus qu’il ne souffrait déjà.
- Don… Don… tu es là ?
La voix tant aimée l’arracha à ses songes déprimants. Il soupira, sachant que le moment était venu d’affronter sa plus grande peur.
Tu me promets
Tu me trahis
Elle a ta vie
Pour moi,des nuits
Il y avait trop longtemps maintenant que ça durait. Trop longtemps qu’il espérait vivre autre chose qu’une parenthèse adultère, trop longtemps qu’il rêvait d’une vraie relation, au vu et au su de tous.
Mais soudain il s’apercevait que ce ne serait jamais possible. Son amant n’était pas prêt et ne le serait vraisemblablement jamais. Peut-être qu’il s’était menti à lui-même tout ce temps, peut-être qu’il avait cru à un sentiment qui n’existait qu’à sens unique.
J'espère l'amour
Comme un sursis
Veiller des jours
Pour être à lui
Il n’avait rien dit, ravalant son chagrin lorsque Danny repartait vers Lindsay et leur fille. Il se sentait trahi à chaque fois, comme le jour où ils avaient annoncé la naissance à venir, comme à chaque fois, durant la grossesse, où il les avait vus arborer leur bonheur, la main de Danny caressant tendrement le ventre qui s’arrondissait.
Pourtant il n’avait pas eu le courage alors de prendre ses distances, ou plutôt il avait essayé, mais son amant l’avait supplié avec des mots émouvants de lui laisser un peu de temps. Il lui avait expliqué que la conception du bébé datait de l’époque où ils avaient commencé à s’avouer leur attirance commune, alors que lui sortait occasionnellement avec Lindsay. Et maintenant qu’elle attendait son bébé, il ne se sentait pas le droit de se conduire comme un salaud et de la planter là avec le fruit de… non, pas leurs amours mais… leur amitié peut-être.
Il voulait juste un peu de temps pour lui annoncer… Et Don avait cédé.
Mon âme est fière
Mon coeur est pur
Mais devant toi
Ma voix résonne comme un murmure
Mais les semaines étaient devenues des mois et Danny n’avait toujours rien dit à Lindsay. La naissance de Lucy aurait pu être l’occasion de se dévoiler mais il avait alors argué que le moment serait mal choisi : une femme venant d’accoucher est fragile, comment lui infliger un tel camouflet sans passer pour un bel enfoiré ?
Il y avait toujours une bonne excuse, ce n’était jam
ais le bon moment, jamais la bonne occasion et petit à petit Don avait compris que Danny ne quitterait pas Lindsay.
Baisser la garde, jamais les bras
Mais dis moi
Dis moi
Ce qu'elle a que je n'ai pas
Il avait voulu espérer, contre toute attente. Il avait voulu croire les mots, croire les gestes…
Les soirs où Danny le retrouvait, il le soulait de paroles, de caresses, il l’épuisait d’amour et toujours il réussissait à éviter le sujet crucial.
Petit à petit Don s’était installé dans cette routine d’être l’amant que l’on cache, l’homme d’un soir, d’un week-end ou de quelques jours quand la compagne partait de son côté. Il avait fait taire ses propres désirs, ses propres rêves, se convainquant qu’il était heureux du bonheur de l’homme qu’il aimait.
Mais ce soir il n’en pouvait plus.
Je te laisse face à tes ratures
Je ferai face à mes blessures
Ce qu'il me reste je te le donne
A trop faire face, moi j'abandonne
Il avait voulu y croire, il avait voulu lui laisser le temps. Il avait voulu penser que leur amour était sincère, et qu’il fallait juste être patient.
Soudain il pensait que cet amour était un mensonge et qu’il était le seul à aimer. Danny vivait confortablement entre sa compagne officielle, heureux père d’une adorable fillette, se pavanant au bras d’une jolie femme et, lorsque l’envie lui en prenait, retrouvant cet amant qui ne savait rien lui refuser.
Trop facile… Et lui dans tout ça ? Qui se souciait de lui ?
A contre temps
A contre sens
Dans cette danse
Où personne jamais ne m'attend
Don ne voulait plus de la clandestinité, du mensonge. Il ne voulait plus se sentir mal à l’aise devant Lindsay et son sourire amical. Il aimait beaucoup la jeune femme : elle n’était pour rien dans l’histoire, elle n’avait jamais su. Et il avait l’impression de la trahir. Sans compter que les soirs où il ne pouvait pas échapper à une invitation du couple, il souffrait comme un martyre de les voir si heureux, de voir Danny ébaucher les gestes tendres qu’il aurait aimé recevoir.
Il n’en pouvait plus de ne pas exister vraiment.
Je reste l'ombre
Celle qu'on suggère
Le sourire interdit
A ton univers
Il aurait aimé être plus fort, savoir contraindre Danny à faire un choix. Mais qu’avait-il à lui proposer qu’une vie peut-être difficile, en butte sans doute aux moqueries ou aux vexations d’un milieu peu ouvert à l’homosexualité ? Comment lutter contre le charmant minois de la petite Lucy que son père aimait du plus profond de son être ? Si Danny rompait avec Lindsay pour lui, qui sait si la scientifique ne lui retirerait pas son enfant ? Et dans ce cas, Don savait qu’il perdrait son amant, parce que celui-ci, sans sa fille, finirait par en vouloir à celui qui, à ses yeux, serait responsable de cette perte.
Comment lutter lorsque les armes ne sont pas égales ?
Des portes closes
J'en ai forcé
De l'eau de rose
J'en ai bu jusqu'à m'en saouler
Le temps était venu pour lui de s’effacer, de retourner à l’ombre dont il ne pourrait de toute façon jamais sortir. Peut-être qu’avec le temps il oublierait ou, s’il n’oubliait pas, peut-être qu’il trouverait la force de reconstruire autre chose, avec quelqu’un d’autre.
Mais continuer à se cacher, continuer à mentir à tout le monde, continuer à avoir mal, jour après jour, de partager celui qu’il aimait, il ne le pouvait plus.
Lui aussi avait droit à sa part de bonheur.
Et dans tes traces
J'ai trop cherché
Un au revoir
Je ne veux pas souffrir pour être aimé
Quelques jours auparavant il avait essayé, une fois de plus, une fois de trop peut-être. Il avait tenté de faire comprendre à Danny qu’il n’en pouvait plus de la situation, qu’il devait choisir, une bonne fois pour toute, que ce qu’ils faisaient été mal et finirait par faire souffrir tout le monde.
Et une fois de plus Danny avait atermoyé, trouvé les mots pour le rassurer, lui demander encore quelques jours, quelques semaines, maintenant que Lucy était plus grande ce serait plus facile.
Des mots… toujours des mots… et cette étreinte qui lui avait laissé comme un goût amer, celui de l’inachevé, celui de la tromperie.
Je te laisse face à tes ratures
Je ferai face à mes blessures
Ce qu'il me reste je te le donne
A trop faire face, moi j'abandonne
- Don ?...
Le regard clair de son amant était rivé au sien, un regard où la panique commençait à se lire.
- Je m’en vais Danny.
- Tu t’en vas ? Où ? Pourquoi ?
- C’est fini.
- Non ! Je t’aime !
- Je t’aime aussi mais je n’en peux plus. Il est trop tard maintenant.
Moi j'abandonne...
- Non reste !
- Danny…
- Reste ! J’ai parlé à Lindsay.
Don qui était sur le point d’ouvrir la porte suspendit son geste.
- Quoi ?
- J’ai parlé à Lindsay…
Un espoir insensé commença à se frayer un chemin jusqu’à son cœur meurtri. D’une voix presque inaudible il croassa :
- Et ?...
Danny répondit par un petit rire incrédule :
- Elle m’a dit qu’elle s’en doutait depuis longtemps et qu’elle attendait simplement que je trouve le courage de lui en parler.
Don plongea ses yeux dans les siens, ne pouvant y croire. C’était donc si simple que cela ?
- Je suis désolé Don… Désolé d’avoir été lâche, désolé de t’avoir fait souffrir. Mais maintenant tout est clair. Je verserai une pension à Lindsay et nous allons demander une garde alternée. Mais ce que je veux le plus au monde c’est vivre à tes côtés, parce que c’est toi que j’aime et sans toi je ne suis rien. S’il te plaît mon amour… dis-moi que tu me pardonnes. Dis-moi que tu acceptes de partager ma vie. Ne me fais pas payer tout le mal que je t’ai fait.
Il aurait pu, il aurait dû se détourner et partir comme il l’avait décidé, mais il n’avait jamais pu résister à ces yeux là. Et si vraiment le bonheur était à portée de leurs mains, alors il aurait été stupide de le rejeter, pas après l’avoir attendu si longtemps, presque trop longtemps, pas après avoir tant souffert.
Alors il fit un pas vers son amour, juste un pas et il se retrouva enveloppé dans son étreinte, sentant son cœur battre à l’unisson du sien tandis qu’il lui murmurait à l’oreille tous les serments auxquels il avait si souvent rêvé et auxquels, quelques minutes plus tôt, il avait décidé de renoncer.
Et dans le baiser qu’ils échangèrent, s’effacèrent des années de doute et de frustration pour ne plus laisser la place qu’à l’espoir d’un avenir qu’ils partageraient dans la lumière.
FIN
Chanson de Chimène Badi