L'envie d'aimer - Vianney Guyonnet/Sébastien Lemoine - G - Les Stentors

Bien que n'étant pas fan de RPS, il m'arrive de déroger à mes habitudes, notamment, en l'occurrence, pour Mamypirate...   

Les Stentors sont un groupe de chanteurs d’opéra créé en 2010 par Sébastien Lemoine et composé des barytons Sébastien Lemoine et Vianney Guyonnet, associés aux ténors Mowgli Laps et Mathieu Sempere. Je ne connais pas ces personnes et je ne sais rien de leur vie. Je me contente de les mettre en scène dans une fiction, sans en tirer aucun bénéfice.



Vianney Guyonnet se dirigeait lentement vers la salle de répétition. Il était partagé entre le désir d’y arriver et celui de partir loin de tout ça. Mais il avait pris un engagement et comptait bien s’y tenir, quand bien même cela devenait de plus en plus dur pour lui de faire semblant.

Pourquoi avait-il accepté de faire partie du groupe, sachant qu’il avait déjà un faible pour leur leader ? Il était évident qu’au contact quotidien de celui-ci, ses sentiments ne pouvaient que s’exacerber. Malheureusement, il était tout aussi évident que Sébastien Lemoine ne ressentait strictement rien à son égard.


- Tu es en retard ! Ca devient une habitude !

La voix presque agressive de l’objet de ses pensées le ramena sur terre au moment même où il posait le pied dans le studio.

- Trois minutes ! Ce n’est tout de même pas la fin du monde ! protesta-t-il.

- C’est trois minutes de trop ! Le jour où on aura un train à prendre, tu crois que le chef de gare attendra trois minutes ?

- J’ai déjà été en retard lorsque nous partions en tournée ?

- Non… Mais tu n’étais pas non plus en retard aux répétitions !

- Hé ! Si vous arrêtiez un peu de vous asticoter comme un vieux couple ! On pourrait peut-être se mettre à bosser !
La voix de Mowgli leur rappela qu’ils n’étaient pas seuls dans la pièce et, après s’être jetés un regard agacé, ils prirent chacun en main la partition du nouveau morceau qu’ils travaillaient.


Tout en déchiffrant sa ligne mélodique, Vianney pensait que décidément Sébastien avait l’art et la manière de choisir les chansons qui allaient le mettre dans tous ses états !

Comment chanter sereinement cette magnifique création alors que chaque fibre de son être tressaillait à la proximité de l’autre baryton. Mais pourquoi avait-il fallu qu’il tombe raide dingue de celui-ci ? Sans doute que s’il l’avait su homosexuel, le leader ne l’aurait pas requis pour rejoindre le groupe. Et si jamais il s’apercevait des sentiments qui l’animaient, il pouvait dire adieu à sa participation à la tournée qu’ils préparaient.

Il tenta de se concentrer sur les notes plutôt que sur ses pensées, entonnant le refrain avec une intensité qui lui valut un regard étonné de Mowgli et Mathieu.


Les notes sortaient seules, sans qu’il y pense. Il avait assez de métier pour pouvoir se dédoubler : une partie de lui concentrée sur la tâche à remplir, une autre perdue dans ses pensées.

Sébastien Lemoine : son paradis et son enfer. Il le connaissait avant que celui-ci n’ait entendu parler de lui. Dans la vie d’un chanteur d’opéra, cinq ans d’écart font la différence entre le devant de la scène et l’anonymat du chœur. Et il se souvenait de cette représentation où le baryton était venu remplacer au pied levé le titulaire victime d’une extinction de voix, pour un concert caritatif regroupant une cinquantaine de participants.

Lui, perdu dans la masse des choristes, n’avait pas approché celui qui se tenait sous les feux des projecteurs, mais il avait ressenti un frisson l’envelopper lorsque les premières notes de l’air de Papageno s’étaient élevées dans l’air. Il était sur le champ tombé sous le charme de son confrère.

Par la suite, sa propre carrière avait décollé et il avait fini par se faire lui aussi un nom : mais chaque fois qu’il le pouvait, il allait écouter Sébastien chanter, sans que celui-ci le sache. Jusqu’au jour où enfin ils s’étaient retrouvés sur la même scène pour la Bohême, lui tenant le rôle de Shaunard et Sébastien celui de Marcello. De ce jour était née leur amitié.

Une amitié qui, en ce qui le concernait, n’avait pas tardé à se muer en quelque chose d’à la fois bien plus doux et de bien plus violent.


Lorsque deux ans plus tôt Sébastien l’avait contacté pour créer les Stentors, son cœur avait fait un bond dans sa poitrine. Il n’avait pas hésité avant de répondre oui. Ce n’était qu’ensuite qu’il s’était rendu compte du délice cruel que ce serait de partir en tournée avec l’homme de ses rêves sans pouvoir assouvir ceux-ci. Pourtant rien au monde n’aurait pu le faire renoncer : outre qu’il adorait l’idée de mettre leur technique vocale au service du répertoire de la variété française dont ils étaient tous amoureux, il ne pouvait résister à la tentation de côtoyer Sébastien, même s’il n’avait pas l’espoir de voir celui-ci partager un jour ses sentiments.

Il n’était pas peu fier d’avoir trouvé le nom du groupe et il se souvenait avec émotion de la flamme qui avait brillé dans le regard de Sébastien lorsqu’il l’avait proposé. C’est peut-être pour cela qu’il avait l’impression d’avoir un statut un peu à part : comme s’il était co-fondateur du groupe. Si seulement cela avait pu suffire à apaiser ses tourments !


Et puis soudain il cessa de penser à ce qui était, à ce qui aurait pu être. Quelque chose dans l’intonation de celui vers lequel le ramenaient toutes ses  pensées l’interpella, l’obligeant à se concentrer sur ce qui était en train de se passer.

Et ce qui était en train de se passer, c’était la voix de Sébastien qui le transperçait littéralement, ses yeux qui s’attachaient aux siens tandis qu’il s’approchait de lui en chantant.


Ce n’était certes pas la première fois qu’ils chantaient les yeux dans les yeux : leurs rôles les avaient parfois conduits à cette attitude, mais alors ils ne faisaient que jouer.

Là, il y avait quelque chose d’autre, quelque chose d’imperceptible, quelque chose d’impalpable. Ils se parlaient des yeux, se rapprochant l’un de l’autre, petit à petit, occultant le monde qui les entourait.


Pourquoi justement cette chanson ? Il se souvenait l’avoir demandé à Sébastien lorsqu’il leur avait apporté les partitions. Et celui-ci avait détourné la conversation, biaisé sa réponse d’un « Pourquoi ? Tu ne l’aimes pas ? » qui ne pouvait qu’attirer une réponse négative et de lui, et des deux autres membres du groupes pris à parti à leur tour.

Mais soudain il lui semblait qu’il lisait au fond de l’âme de l’homme qu’il aimait et ce qu’il y voyait faisait tressaillir la sienne tandis qu’il faisait encore un pas en murmurant.


Les yeux bruns restaient attachés au sien et le souffle sembla manquer à Sébastien alors qu’il répondait à son tour.


Encore un pas et ils étaient à portée de main l’un de l’autre : leurs mains qui se tendaient, qui s’enlaçaient, qui les attiraient plus près l’un de l’autre, désormais seuls au monde, dans une bulle de musique et de bonheur.


Ils n’avaient même pas conscience que leurs amis avaient cessé de chanter puis avaient quitté la salle, sachant qu’ils étaient de trop. Ils n’avaient pas vu le sourire entendu qu’ils avaient échangé lorsque la répétition professionnelle avait laissé place à quelque chose de bien plus personnel. Si on leur avait dit alors que ce que l’un pensait cacher et que l’autre voulait ignorer était tellement visible aux yeux de leurs partenaires, ils seraient sans doute tombés des nues.

Ces nues où désormais ils voguaient, corps contre corps tandis que leurs voix se mêlaient, s’unissaient pour ne plus faire qu’une comme soudain leurs âmes se rejoignaient, se reconnaissant comme on reconnaît un vieil ami de retour d’exil.


La musique s’était tue pourtant elle résonnait encore dans leur cœur. Front contre front ils entendaient tous ces mots qu’ils n’avaient jamais su se dire.

- Tu sais pourquoi maintenant, murmura Sébastien en portant la main de Vianney contre son cœur pour lui faire sentir combien il battait vite, parce que je ne savais pas comment te dire que je suis fou de toi depuis le premier jour.

- Tant de temps perdu ! regretta alors Vianney et reproduisant le geste de l’homme de sa vie, pour qu’il puisse lui aussi s’apercevoir que son cœur battait la chamade, mais au même rythme, comme si déjà leurs vies étaient accordées.

Et la musique dans leur tête et dans leur âme s’amplifia alors que, pour la première fois leurs lèvres s’unissaient, dans un baiser qui était une symphonie.


Chanson extraite des Dix Commandements

     Oui, oui moi je les aime bien... ! c'est une belle songfic !       

    Jolie song fic

Merci à vous deux!  

bon ben je vais dire un grand    à mamypirate moi.
car c'est visiblement pour lui faire plaisir qu'on a eu le droit à cette songfic...
si c'est pour écrire des R.P.S comme celui là...  mamy tu sais ce qu'il te reste à faire, en redemander  
je ne suis pas fan de comédie musicale mais de cette chanson oui.
je ne connais pas trop les stentors. mais là je suis conquise.
alors   cissy

Merci Mumu d'avoir lu cette histoire et de ton si gentil commentaire!!!!  

J'étais curieuse de lire une fic sur les Stentors.

Je ne suis habituellement pas fan des songfics mais celle-ci est très jolie !

Merci beaucoup Korantenig!   Perso, lorsque je lis des songfics, je ne lis pas les songs en fait...

 Je vais tester ta méthode Cissy la prochaine fois que je vais lire une songfic !