Reclassement anniversaire Natalou
Fic en entier en pdf
iciM'accordes-tu cette danse ?
Aurélian était figé sur place, cette main qui se tendait vers lui l'avait paralysé. Etait-ce bien ce qu'il pensait ? Terrence Marville, la star du lycée, celui dont les filles rêvaient et à qui les garçons auraient voulu ressembler, était-il vraiment en train de l'inviter à danser, là, devant toute l'école ? Le sourire qu'il lui adressait était encore plus radieux que ceux qu'il affichait habituellement.
Le coeur d'Aurélian battait la chamade, ce garçon sur lequel il fantasmait depuis des semaines, voire des mois, attendait qu'il accepte de le suivre sur la piste et si à cet instant précis il semblait pourtant incapable du moindre mouvement, il l'aurait pourtant suivi jusqu'au bout du monde.
Finalement, sa main bougea sans qu'il ne la dirige et prit celle qui était tendue. Terrence, l'invita alors à le suivre et ils se placèrent au milieu de la piste qui s'était quelque peu vidée sur leur passage. Tous avaient les yeux rivés sur les deux garçons qui eux, semblaient avoir complètement fait le vide autour d'eux. Ils étaient seuls au monde et ne se quittaient plus des yeux.
Aurélian venait à peine d'aborder avec certains de ses amis, son homosexualité cela s'était fait petit à petit au cours des mois précédents et voilà qu'il se retrouvait dans les bras d'un garçon devant tout le monde. Et pas n'importe quel garçon en plus : Terrence Marville. Il était nerveux et détendu à la fois, c'était une sensation très étrange pour lui. Parler de son homosexualité autour de lui n'avait pas été une décision facile à prendre. Issu d'une famille religieuse, c'était compliqué pour lui d'assumer qui il était. D'autant plus qu'il habitait un petit village où le conservatisme était ancré dans beaucoup de foyers. Il avait craint d'être raillé par les voisins ou rejeté par sa famille et ses amis. Quelques années plus tôt, il avait été témoin de réaction homophobes dans son entourage. Alors bien qu'il sache déjà à l'époque qu'il était attiré par les garçons, il n'avait pas voulu le révéler.
A l'école, le cours d'éducation physique était souvent une épreuve. Il avait toujours peur qu'on interprète mal un regard sur le torse ou les fesses d'un de ses condisciples ou qu'il ne puisse lui-même pas contrôler son corps lorsque des copains peu pudiques se changeaient devant lui. Adolescent, les réactions de son propre corps ne sont pas toujours faciles à maîtriser.
Les blagues salaces qu'on peut faire à cet âge, le mettaient souvent mal à l'aise.
Même lorsqu'au détour d'un cours, les professeurs rappelaient l'importance de la tolérance que ça soit en matière de convictions religieuses ou d'orientation sexuelle, ça ne le rassurait que moyennement et si on exceptait son meilleur ami, il n'avait réussi à parler de sa différence à personne. Cette confidence s'était faite, six mois plus tôt. La fin de l'année scolaire arrivait et il tenait à être lui avec au moins une personne à laquelle il tenait. Celui-ci s'était montré à la hauteur de sa confiance et ne l'avait pas jugé. Au contraire, il lui avait même confié qu'il s'en était rendu compte mais que pour lui ça ne faisait aucune différence.
Si jusque là, bien qu'il se sache homosexuel, personne n'avait réussi à faire battre son coeur, tout avait un jour changé. Lors d'un travail à faire en duo pour le cours de chimie, il s'était retrouvé en binôme avec Terrence et pour la première fois de sa vie, il s'était senti bien et libre. Avec lui, il n'avait pas cherché à faire semblant, il ne s'était pas exposé mais n'avait pas craint de faire un geste ou de dire un mot qui aurait pu être mal interprété. D'emblée, il avait su qu'il pouvait agir aussi naturellement qu'il le faisait avec Aubin, son meilleur ami. Et pourtant, sa relation et ses sentiments n'étaient en rien comparable à ce qu'il vivait avec Aubin.
Terrence était le garçon phare du lycée. Celui que l'on voit parfois dans les séries en se disant qu'il n'en existe pas comme ça en vrai. Sportif et doué en classe à la fois, mignon et sympathique avec tout le monde. Serviable et ayant le coeur sur la main, il ne semblait avoir aucun défaut même s'il devait certainement en avoir comme tout le monde.
S'il n'avait pas été raillé ni rejeté par un garçon tel que lui, ça lui était bien égal de l'être par d'autres. Et à partir de là, il s'était de plus en plus ouvert, se cachant de moins en moins. Ne s'interdisant plus certaines tenues ou couleurs qui auraient pu créer une ambiguité. Et à sa grande surprise, tout s'était bien passé. Des rumeurs avaient commencé à se répandre dans l'école mais de façon beaucoup moins malsaine que ce qu'il aurait imaginé. Quand certaines étaient venus lui demander clairement confirmation de ce qui se disait, ils avaient eu du mal à entendre la réponse. Apparemment, contrairement à ce qu'il pensait, jusque là, personne n'avait jamais douté de son hétérosexualité et le découvrir homo avait été un choc.
Depuis, il arrivait à ses camarades d'en rigoler ou de raconter l'une ou l'autre blague mais il ne s'agissait de rien de plus que de petites boutades entre amis.
Avec ses parents ça avait été plus difficile mais en constatant que ça ne changeait rien à qui il était, ils avaient fini par le soutenir également sans toutefois ébruiter la nouvelle au sein de leur propre cercle amical.
Une quinzaine de jours avant le bal de fin d'année, sa vie avait une nouvelle fois franchi une nouvelle étape. Alors qu'il était chez Terrence pour un devoir de math, ce dernier lui avait demandé avec qui il comptait aller à cette fête.
-Probablement avec Esther, la soeur d'Aubin
-Ah bon ? Mais je pensais que...........enfin tu n'y vas pas avec un garçon ?
-Quoi ? Non !
-Tu aimes les garçons pourtant, tout le monde le sait.
-Oui bien sûr mais c'est en ami que j'y vais avec Esther.
-Tu ne préfèrerais pas y aller avec un petit-ami ?
Le regard que posait Terrence sur lui à cet instant, le déstabilisait. Il ne l'avait jamais regardé de cette manière et un frisson lui parcourut l'échine alors qu'il déglutissait pour récupérer la salive qui s'était subitement évaporée de sa bouche.
-Peut-être si j'en avais un, oui.
-Tu ne voudrais pas en avoir un ? Je veux dire, tu n'as des vues sur personne ?
Terrence s'était rapproché tout en parlant, au contraire d'Aurélian qui n'osait plus faire un geste. S'il bougeait, il n'aurait pu éviter de le toucher et tout aurait alors basculé. Déjà comme ça, avec un simple effleurement dû à la promiscuité de leurs corps, il avait la sensation de ne plus rien contrôlé.
-Je..............Pas vraiment.
-Ah bon ? Je pensais................ J'ai dû me tromper.
Aurélian n'aurait pu le jurer mais il était presque sûr que c'était un voile de déception qui était passé dans les yeux de son camarade. Celui-ci se recula et reprit une distance beaucoup plus sécurisante.
Aurélian racla sa gorge et tenta de reprendre consistance.
-Et toi au fait, tu y vas avec qui ? Ophélie ?
-Evidemment, c'est ma petite-amie
Le ton sur lequel Terrence avait prononcé cette phrase était étrange. Comme si, cet état de fait était une fatalité. Il semblait résigné et non pas ravi d'y aller avec la fille avec qui il formait un couple depuis plusieurs mois.
-ça ne va pas entre-vous ?
-Si, pourquoi ?
-Je ne sais pas, tu as l'air bizarre.
-Non si ce n'est que je t'envie
-Toi ? Tu m'envies moi ?
-ça a l'air de te surprendre
-Et bien oui. Tu es le type même de garçon que tout le monde envie alors que moi, je suis............banal.
-Je te trouve pas banal. Je te trouve au contraire, extraordinaire.
-Moi ? Mais en quoi ?
-En plein de choses mais probablement surtout dans cette liberté que tu as d'être toi-même.
-C'est un peu grâce à toi que j'ai pu l'être de plus en plus face aux autres.
-Ah bon ? Content d'avoir contribué à ça alors, même si, au fond, je suis sûr que je n'y suis pour rien.
-Détrompe-toi................Mais dis-moi, je comprends pas quand tu dis que tu m'envies parce que je suis moi-même, toi aussi tu es naturel, tu triches pas sur qui tu es.
-Peut-être que si mais peut-être que toi aussi tout compte fait, parce que sinon, tu n'irais pas au bal de fin d'année avec une fille, juste pour sauver les apparences.............comme d'autres le font aussi.
-Je ne le fais pas pour sauver les apparences
-Alors pourquoi tu le fais.
-Je te l'ai dit, on y va en ami et je n'ai pas de petit-ami pour m'accompagner.
-je te crois pas..............Je suis presque sûr qu'il y a quelqu'un avec qui tu aurais aimé aller.
Une nouvelle fois le regard de Terrence s'était fait pénétrant comme s'il hypnotisait littéralement Aurélian pour l'empêcher de mentir ou de se dérober.
-Peut-être mais il y va avec quelqu'un d'autre.
-Tu ne t'es pas dit qu'il pouvait ne pas avoir le choix
-Pourquoi ne l'aurait-il pas ?
-Je te l'ai dit, tout le monde n'a pas ton courage.
Et ne laissant pas à Aurélian le temps de réfléchir ou de répondre, Terrence posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser fut d'une extrême douceur, Terrence ne voulait pas presser Aurélian, il tenait à faire durer ce moment auquel il songeait depuis des semaines. Combien de fois ne s'était-il pas imaginé serrant l'adolescent contre lui ou l'embrassant jusqu'à manquer de souffle ? Mais sa vie avait toujours été réglé comme du papier à musique : parfait en tout, il était un modèle pour beaucoup. Alors comment combiner cet idéal qu'il représentait avec une possible homosexualité ? Il ne voulait pas briser l'image lisse que les autres avaient de lui. Et pourquoi au fond ? Que risquait-il de si terrible à le révéler ? Il avait toujours trouvé un certain charme à Aurélian, ce garçon si attirant et plaisant qui sous-estimait sans arrêt ses qualités et l'effet qu'il pouvait faire aux autres, mais lorsqu'il avait appris à mieux le connaître, il en était peu à peu tombé amoureux. Le fait de savoir qu'il était gay et qu'il s'assumait au contraire de lui n'avait fait qu'accentuer son attirance et l'admiration qu'il lui portait.
Lorsque leurs lèvres s'éloignèrent enfin, ils s'observèrent quelques instants, les yeux brillants, sans rien dire.
-Je ne comprends pas.
-Je te pensais plus intelligent, ça me semble clair à moi.
-Mais.............Ophélie ?
Terrence se passa la main dans les cheveux en soupirant.
-Ophélie, c'est une chouette fille.............C'est ma petite-amie
-Mais..........
-Non, pose pas de questions, pas de prise de tête, rien, laisse-moi profiter de ce baiser qu'on vient d'échanger et qui j'espère sera suivi d'autres.
-Le bal tu..........
-Je vais y aller avec elle ? Oui. Je préférerais y aller avec toi ? Oui aussi
-Je comprends pas.
-Tu comprends pas ? Tu comprends pas que je suis moins parfait que ce que tu pensais...............Je suis désolé Aurélian
-Qu'est-ce que tu attends de moi ? Tu veux expérimenter un truc parce que si c'est ça, compte pas sur moi.
Terrence eut un rire nerveux.
-Expérimenter un truc ? Oui on peut dire ça..............Je voudrais expérimenter l'amour, le vrai, celui qui vous fait vous sentir instantanément bien avec une pensée, celui qui vous fait fondre avec un regard, qui vous fait décoller de terre avec un sourire et alors avec un baiser, là, je peux même pas traduire en mots ce qu'il fait. C'est ça que je voudrais expérimenter avec toi.............Le seul problème c'est que si tu me donnes ton accord, on ne pourra être ensemble qu'à deux, à l'abri des regards. Je sais c'est minable ce que je te propose mais je peux pas plus, je suis désolé.
Dans la tête d'Aurélian c'était l'effervescence. Le garçon dont il était amoureux, venait de lui dire clairement que c'était réciproque et qu'il aimerait vivre une histoire avec lui mais une histoire cachée. Ça serait donc ça entre eux ? Une histoire honteuse ? Il avait honte de lui. Non, au fond il savait que c'était du fait qu'il soit un garçon qu'il avait honte. Que devait-il faire ? Refuser de retourner dans un placard dont il avait fini par s'extirper ou lui tendre la main pour l'aider lui aussi à en sortir, à son rythme. Oui mais si ça n'arrivait jamais, que ferait-il ?
Perdu dans ses pensées, il n'avait pas vu que son camarade s'était à nouveau rapproché de lui et lui avait saisi la taille.
-Alors ? Ta réponse.
-Je suis incapable de te répondre. Je suis incapable de réfléchir. Je suis incapable de ...........te repousser.
Prenant cette dernière partie pour un feu vert, Terrence sourit et s'empara une nouvelle fois de sa bouche pour un baiser beaucoup plus intense que le précédent.
Durant quinze jours, ils s'étaient vus chaque jour, profitant des courts instants qui leur étaient donnés. Chacun avait évité le sujet du bal où chacun irait avec quelqu'un d'autre, l'un avec une copine mais l'autre avec sa moitié officielle ce qui déchirait le coeur des deux garçons sans qu'ils n'eut besoin de le dire. Si la fête de fin d'année était déjà un sujet tabou entre-eux, ce qu'ils deviendraient après le lycée l'était encore plus.
La veille de la soirée, une petite querelle d'amoureux avait eu lieu. Pour la première fois, le ton était monté entre-eux, Aurélian demandant à Terrence d'y aller. S'il pouvait accepter qu'il n'y aille pas ensemble, il avait beaucoup plus de mal à digérer qu'il y aille en tant que couple avec quelqu'un d'autre. Leur discussion avait tourné en rond pendant de longues minutes et chacun avait finalement renoncé à convaincre l'autre. C'est réconciliés mais quelque peu contrariés qu'ils avaient pénétré dans la grande salle où des dizaines d'adolescents, le sourire aux lèvres, fêtaient la fin de l'année scolaire.
Les heures passant, les rires avaient parfois fait place aux pleurs. Pour beaucoup, une page se tournait et leurs routes se sépareraient dès la rentrée prochaine. Même s'ils s'étaient promis de rester en contact, ils ne se faisaient pas d'illusions et savaient que pour la plupart, le lien se briserait néanmoins.
Les heures passaient nombreux étaient les jeunes gens qui auraient aimé retenir le temps pour continuer à l'infini cette nuit.
Aurélian et Terrence avaient échangé de nombreux regards, ils avaient même réussi à s'octroyer quelques minutes pour parler mais n'ayant pas le même cercle d'amis, cela avait été très brefs. Aussi, quand Terrence s'était approché de son groupe et lui avait tendu la main en souriant, Aurélian avait sans doute été encore plus surpris que les autres. Il l'avait suivi sur la piste et l'instant lui avait semblé magique, tout se passait au ralenti comme dans les films. Une fois qu'il eut enfin repris ses esprits, il adressa un sourire radieux à son amoureux.
-Tu te rends compte de ce que tu fais ?
-Oui
-Tout le monde nous regarde
-Et moi c'est toi que je regarde.
-J'arrive pas à y croire. Je dois être en train de rêver
-Tu veux que je te pince les fesses pour t'assurer que c'est vrai.
Aurélian pouffa de rire et puis remarqua que l'assemblée autour d'eux était loin d'afficher le même visage. Des murmures s'élevaient d'un peu partout. Certains leur étaient probablement favorable mais il devait y en avoir des hostiles également.
-Mais au fait, Ophélie c'est pas sympa du tout ce que tu viens de faire.
-T'inquiète pas pour elle.
-Beh si quand même tu m'as dit que c'était une chouette fille.
-Oui, tellement chouette que hier quand elle a trouvé une photo de nous deux sous mon lit, elle ne m'a même pas fait de scène. Elle a pleuré mais est restée digne malgré tout.
-tu lui as tout dit ?
-Oui
-Et ?
-Et je te l'ai dit, c'est une chouette fille. On a convenu de venir quand même ensemble ce soir et il y a cinq minutes, elle m'a dit que vu les regards que je te lançais, je n'avais pas le droit de prendre le risque de tout foutre en l'air.
-C'est elle qui t'a convaincu de m'inviter ?
-Disons elle m'a ouvert les yeux sur ce qui était vraiment important dans la vie et ce n'est pas les apparences, les convenances, le qu'en-dira-t-on. Non le plus important dans la vie c'est l'amour et quand on l'a, on n'a pas le droit de lui tourner le dos ou de le dissimuler pour une quelconque raison.
-Est-ce que ça veut dire que tu accepterais de devenir mon petit-ami officiel ?
-Absolument et ce genre de promesses, on ne la scelle pas en signant un papier mais comme ça.
En terminant sa phrase, il posa un doux baiser sur la bouche de son désormais amoureux officiel, de nouveaux murmures s'élevèrent dans la salle mais ils ne les entendirent pas. Plus rien n'aurait jamais plus d'importance qu'eux et leur amour et ça, Terrence l'avait enfin compris.
FIN
Cette histoire m'a été inspirée par un article que j'ai lu sur la page "stop homophobie" de facebook
J'ai d'ailleurs repris certains passages de l'article dans cette fic et pour le reste, j'ai brodé.
- Spoiler:
Danser un slow avec un autre mec et en plus, LA vedette du lycée, LE "homecoming king", au bal de promo d'octobre ? Michael ne l'aurait jamais envisagé. Ni d'ailleurs ses proches et amis. Et pourtant, quand Jem lui a tendu la main, le jeune homme n'a pas hésité. "J'étais nerveux... Nous étions tous les deux à la buvette, accompagnés de nos cavalières, c'était une situation étrange mais tellement excitante. Je venais à peine d'aborder avec certains mon homosexualité et me retrouver dans les bras d'un autre garçon devant tout le monde... " Les histoires d'amour !!
Joueur de foot, gardien de but émérite, membre de l'équipe de natation et de tennis de l'université de Musselman, Michael Martin, 18 ans, a raconté la semaine dernière son coming-out dans les colonnes du site spécialisé Outsports, inspiré par l’international américain, Robbie Rogers, star du foot qui révélait son homosexualité en février 2013.
"Difficile pour un ado issu d'une famille religieuse d'assumer son orientation sexuelle, surtout dans une petite ville située dans une région rurale comme la Virginie Occidentale, caractérisée par son conservatisme. J'avais peur d'être raillé par mes amis, mes voisins... d’être rejeté par ma famille.
Plus jeune, j'avais déjà été témoin de réactions homophobes. Alors même si je savais déjà que j'aimais les garçons, je ne voulais pas me manifester, particulièrement à l'école. J'ai d'ailleurs préféré quitter mon équipe locale de foot américain, un peu avant la fin du cursus secondaire, pour éviter que les autres joueurs ne remarquent que j'étais gay. Les blagues salaces me mettaient mal à l'aise. Je me suis concentré sur le football (soccer). Et même, lorsque le nouveau coach itinérant a stipulé dès le début qu'il ne tolérait aucune forme de discrimination, je me suis senti réconforté mais je n'ai pas osé en parler. Si ce n'est à mon meilleur ami. J'avais besoin d'être moi pour de vrai au moins avec une personne que j'aimais. Et, je me suis aventuré dans les confidences, mais en fin d'année. Il fallait m'assurer que s'il y avait dérapage, je n'en sois pas victime pendant les cours. Il ne m'a pas déçu. Au contraire, il m'a avoué qu'il s'en était un peu douté mais que ça ne faisait aucune différence. Ironie, il m'a offert le livre de Robbie Rogers qui m'a inspiré ensuite cette nécessité de s'accepter.
Et puis, quand j'ai rencontré Jem par l'intermédiaire d'amis et que nous avons discuté... j'ai réalisé pour la première fois que je me sentais bien, libre. Je ne cherchais plus à faire semblant. J'ai décidé de m'ouvrir davantage. Déjà avec certains de mes coéquipiers qui l'ont redit à d'autres... Et ça s'est plutôt bien passé. Il y en a qui sont revenus me demander confirmation. Ils n'arrivaient pas à croire que j'étais homo. Je faisais trop hétéro... LOL.
Depuis, ils en rigolent avec moi, quelques blagues encore... mais je sais que ce ne sont que des boutades entre potes. Et, une étape après l'autre, j'ai abordé le propos avec mon coach. Je n'avais plus envie de vivre avec cette espèce de fardeau au-dessus de ma tête....
Par contre, c'était moins facile avec mes parents. Imaginez ?!
A force de m'entendre répéter et constater par eux-mêmes que rien n'avait changé, que j'étais toujours le même ado... ils ont fini par me soutenir. Mais il a fallu œuvrer.
Alors, la main de Jem qui m'invitait à le suivre sur "Love Story" de Taylor Swift , c'était juste parfait ! Il portait sa veste grise sur un noeud rose, j'étais en chemise noire et cravate lamée or... Je lui ai demandé tout de suite après s'il acceptait de devenir officiellement mon amoureux. Un peu timide, nous étions chez lui et j'ai écrit le message sur son mur. Il a dit oui. Et deux semaines plus tard, au bal de promo de mon université, cette fois, c'est moi qui a rassemblé mon courage pour lui demander de m'accorder la danse. Inattendue ?! C'était ma façon de le dire à tous : je suis gay et je suis fier.
Il y a eu des réactions négatives évidemment. J'ai entendu dire que j'étais devenu un putain de pédé... qu'on racontait ici et là des trucs... Mais bon, je ne vis plus dans la crainte."
Michael Martine, qui n'imaginait pas non plus que son histoire ferait le tour du monde, s'est engagé depuis dans des actions de soutien pour la communauté. Il assume ouvertement sa sexualité et vient de mettre en place un groupe solidaire, l'Alliance hétéro-homo. Ses vrais amis ont suivi. Ses anciennes camarades, comme il le dit, l'aiment d'autant plus sinon davantage et il continue de se faire aguicher par les nouvelles, qui oublient trop vite qu'il est gay. Il sera diplômé au printemps prochain et entame des pourparlers avec de nouveaux entraîneurs pour évoluer vers d'autres universités et aventures... fin prêt :
"Être homosexuel ne signifie pas que l'on soit un humain amoindri. Si j'ai pu m'affirmer, être accepté, et danser avec le roi du lycée dans une petite ville campagnarde américaine, ça prouve aussi que les choses changent vraiment. J'espère que mon témoignage donnera du courage à d'autres adolescents homosexuels dans leurs inspirations et carrières.
Il ne faut pas avoir peur de dévoiler nos véritables couleurs... et persévérer."