Reclassement d'une songfic offerte à Dobby l'an dernier, laquelle a l'extrême bon goût d'aimer un couple que j'adore!
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
C'était notre histoire
Ils n’avaient jamais pu réellement parler de ce qu’ils ressentaient : ni l’un ni l’autre n’étaient très doués lorsqu’il s’agissait de sentiments. Robin pourtant, de par sa profession, aurait dû avoir plus de facilité à trouver les mots pour expliquer ce qu’elle ressentait, mais elle qui était si brillante dans la lumière du prétoire devenait malhabile, presque pathétique, lorsqu’elle était dans l’intimité de leur chambre.
Comment réussir à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, sur cette peur de l’habitude, cette angoisse de la lassitude, tous ces petits riens qu’ils tissaient petit à petit et où elle ne se retrouvait pas ?
Comment réussir à dire les choses alors que Don, de son côté, semblait plus serein, plus heureux, enfin prêt à s’engager ?
Elle regardait sa pince à cheveux, dans ce tiroir qu’il avait débarrassé pour qu’elle y laisse ses affaires et d’un seul coup elle comprit que c’était au-dessus de ses forces.
C'est pas la peine de faire les fiers
On va pas jouer au plus fort
Pas la peine de croiser le fer
J'ai plus envie de faire d'effort
Après tout ça, après nos guerres
Qu'est-c'qu'il reste encore à défaire ?
À quoi ça sert de tout gâcher ?
Il faut juste apprendre à laisser...
Elle savait qu’elle aurait dû l’attendre, lui parler, tenter avec lui de démêler le vrai du faux, la réalité et la fiction. Elle savait, au plus profond de son être qu’il ne la bousculerait jamais, qu’il comprendrait ses réticences, ses hésitations parce qu’il avait eu les mêmes.
Pourquoi fallait-il qu’ils soient toujours désynchronisés ? Pourquoi lorsqu’il faisait un pas en avant en faisait-elle deux en arrière alors que lorsqu’elle s’avançait c’était lui qui reculait ? Elle savait à des petits riens, des sourires, des clins d’œil, des effleurements, qu’il ignorait totalement ce qu’elle pensait à cette étape de leur relation. Lui s’y sentait bien, tranquillisé, stabilisé enfin et elle…
Elle elle avait beau tourner et retourner toute leur histoire dans sa tête, elle n’arrivait pas à y trouver une issue où ils seraient encore ensemble, heureux et amoureux.
C'était notre histoire d'amour
Même si on a changé de sentiments
Si la mémoire te joue des tours
Sache qu'on n'a pas perdu de temps...
C'était notre histoire d'amour
Nos chemins se séparent tout doucement
Doucement
Il n’avait pas protesté, il n’avait pas lutté. Elle se souvenait seulement que la lumière avait déserté ses yeux, que la fossette qu’elle aimait tant avait disparu au coin de ses lèvres tandis que son sourire se fanait. Il n’y avait pas eu de reproches, d’accusations, de questions…
Elle lui avait dit que leur histoire n’était plus la sienne, qu’elle ne s’y reconnaissait plus et il était simplement resté là, à l’écouter, sans faire un geste, sans dire un mot. Puis il s’était détourné, avait pris sa veste sur le dossier de la chaise et était sorti après lui avoir annoncé qu’elle pourrait déposer les affaires qu’il avait laissé chez elle à son bureau lorsqu’elle le voudrait.
Pourtant il lui avait semblé lire dans son regard les reproches qu’il ne lui avait pas faits à haute voix, toute son attitude semblait lui reprocher sa décision mais il n’avait rien dit, comme à son habitude. Il était juste parti et elle ne savait plus vraiment si elle avait fait le bon choix.
Don Eppes : le seul homme auprès duquel elle s’était jamais sentie prête à s’engager, c’était sans doute ce qui lui avait fait si peur. Un jour peut-être, elle pourrait se retrouver face à lui et lui expliquer… s’il voulait alors l’écouter, s’il était capable de lui pardonner.
Même si tu préfères me juger
Si tu veux tout me reprocher
En voulant me laisser à terre
Tu te jetteras la première pierre
Avec la peine vient la rancœur
Avec la haine viendra l'aigreur
Cette sécheresse du cœur
C'est à ce jeu que tout l'monde meurt...
Ils avaient eu de bons moments ensemble : il était doux, attentif, de ce romantisme un peu suranné qui lui plaisait tant. Avec lui elle s’était sentie en sécurité, capable d’oublier son métier si pesant tout comme lui semblait apaisé à ses côtés.
Alors pourquoi cette décision ? Pourquoi la vue d’une simple pince à cheveux au fond d’un tiroir avait-elle fait monter en elle cette sorte de panique, cette peur de se perdre ? Don l’avait toujours respectée et n’avait jamais rien fait pour obtenir d’elle plus qu’elle ne voulait lui donner. Etait-ce justement ce qui n’allait pas ? Avait-elle attendu de lui qu’il se montre plus exigeant, qui prenne les devants, qu’il lui propose de s’engager plus loin ?
Aurait-elle aimé qu’il se batte lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle partait ? Aurait-elle voulu qu’il l’insulte, qu’il crie, qu’il lui montre combien il souffrait ? Cet homme restait une énigme : quelqu’un qui ne dévoilait pas ce qu’il ressentait, au risque de paraître froid et détaché. Pourtant elle savait combien il pouvait être doux, tendre, assoiffé d’affection…
« Non, se dit-elle en jetant la pince qu’elle faisait tourner dans ses mains depuis quelques minutes dans son sac à main, comme si ce simple objet pouvait lui apporter la réponse qu’elle cherchait, non, j’ai fait le bon choix, celui de la raison. »
C'était notre histoire d'amour
Même si on a changé de sentiments
Si la mémoire te joue des tours
Sache qu'on n'a pas perdu de temps...
C'était notre histoire d'amour
Nos chemins se séparent tout doucement
Tout doucement.
Il était là, assis sur le divan et elle le regardait, retrouvait chaque trait du visage aimé, chaque mimique qui l’attendrissait. Il avait fallu la menace qui pesait sur elle pour qu’ils se retrouvent tous les deux dans la même pièce, dans cet hôtel huppé où on l’avait mise à l’abri du tueur qui la poursuivait.
Son cœur battait la chamade tandis qu’il lui parlait, essayait enfin de comprendre pourquoi elle était partie, sans que rien n’ait laissé prévoir la rupture. Il n’était pas en colère, il voulait simplement savoir ce qu’il avait pu faire ou ne pas faire pour l’amener à cette décision qu’il n’avait pas anticipée.
Elle l’écoutait parler et elle se remémorait leurs bons moments, leurs fous-rires, leurs dîners en tête à tête, leurs étreintes tendres et fougueuses à la foi et elle avait peur, elle avait peur que de cette discussion ne sorte que cette colère qu’il avait le droit de ressentir, ces reproches qu’il était en droit de lui adresser… Elle avait peur que tous ces beaux moments qu’elle gardait précieusement au fond d’elle-même ne survivent pas à la confrontation.
Tout c'que je sais c'est qu'on s'aimait
Mais même l'amour perd sa raison
Notre seul tort, c'est d'oublier
Qu'on a partagé tant de bon
Il ne faut pas s'laisser aller
À tous nos accès de colère
Promis, il ne faudra jamais
Rester amers.
Comprendrait-il ? Pouvait-il vraiment saisir son désarroi, son angoisse qui s’était focalisée sur un simple objet de la vie quotidienne ? Il l’écoutait attentivement avec dans les yeux cette expression tendre qui lui donnait envie de se fondre dans ses bras. Mais elle avait perdu ce droit, le droit de faire courir ses doigts sur son visage, le droit poser ses lèvres sur les siennes, le droit de se lover contre lui pour qu’il la rassure. Elle avait perdu le droit à son amour.
Pourtant il lui semblait qu’il lui faudrait si peu pour que tout recommence. Il ne paraissait pas en colère, il ne semblait pas lui en vouloir, ni la juger… Elle savait que s’il restait encore un peu auprès d’elle, elle allait se laisser aller parce qu’elle n’avait jamais cessé de penser à lui durant tous ces mois loin de la Californie.
Il était là et peut-être qu’ils avaient encore une chance, si seulement elle était capable de museler sa peur de l’engagement.
C'était notre histoire d'amour
Même si on a changé de sentiments
Si la mémoire te joue des tours
Sache qu'on n'a pas perdu de temps...
C'était notre histoire d'amour
Nos chemins se séparent tout doucement
Tout doucement
C'était notre histoire d'amour.
Il la tenait dans ses bras et elle tremblait de tous ses membres. Il s’en était fallu de si peu ! A quelques secondes près, elle n’aurait jamais pu lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle n’aurait jamais pu espérer une seconde chance ! La tueuse flottait à la surface de l’eau et il la serrait contre lui, elle sentait son cœur battre contre le sien : il avait eu aussi peur qu’elle.
Sa main remontait dans ses cheveux, détachait la barrette qu’il lui avait offerte et elle comprit qu’il avait veillé sur elle à travers ce simple objet. A croire que leur vie de couple était à la merci de ces petits accessoires : elle l’avait quitté à cause de l’un d’entre eux, il venait de la sauver grâce à un autre.
A cet instant précis, Robin Brookes sut qu’elle n’aurait jamais dû quitter Don Eppes et qu’elle ferait tout pour le reconquérir.
C'était notre histoire d'amour
FIN
Chanson d’Isabelle Boulay