Reclassement de la songfic pour l'anniversaire de Jo.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de:
Steven S. DeKnight Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Scène se situant la nuit précédant la dernière bataille, à la fin de la série.
Une autre vie
Agron tenait son amour dans ses bras. Ils s’étaient aimés, de toutes leurs forces, de toute leur âme, comme si c’était la dernière fois qu’ils pouvaient faire exulter leurs corps et communier leurs esprits. Il le tenait, lové contre lui et il caressait les longs cheveux bruns tout en lui susurrant des mots qu’il ignorait posséder en lui.
Tout cet amour qu’il ressentait pour son « petit homme », il aurait voulu l’enfermer pour le protéger des dieux et des démons, de tous ceux qui pouvaient en précipiter la perte. Il aurait aimé partir avec Nasir, loin de tout ça, loin de ce monde, et s’inventer une existence où ils ne trembleraient pas de se perdre l’un l’autre.
Une autre vie
Il est peut-être une autre vie
Loin de ce monde bien trop petit
Une autre vie
Nasir reposait entre les bras de son amour. Là il se sentait en sécurité. Quelle que puisse être la bourrasque au dehors, quels que soient les tourments qui les accablaient, aussi rude soit la froidure, contre le torse puissant de son Germain il ne craignait rien : ni les hommes, ni les dieux n’étaient assez puissant pour l’arracher à cette étreinte.
Il écoutait les mots que lui murmurait l’ancien gladiateur et il se laissait bercer par sa voix. Il voulait lui aussi croire en un espoir pour eux, en un avenir meilleur, un jour, ailleurs, quand tout cela aurait pris fin, d’une manière ou d’une autre.
Une autre vie
Crois-tu qu´il est une autre vie
De grand silence et d´infini?
Une autre vie
Auraient-ils le droit à un chemin où chaque jour ne serait pas une lutte ? Auraient-ils le droit à une journée où le soleil seul brillerait ? Auraient-ils le droit d’espérer voir le lendemain se lever sans se demander si le rêve n’était pas vain ?
Y avait-il pour eux une place en ce monde, quelque part où on ne les trouverait pas, quelque part où personne ne dresserait de croix pour arrêter la liberté ? Pourraient-ils un jour vivre ce monde que leur avait promis le Faiseur de Pluie ? Etaient-ils simplement condamnés à traverser le fleuve des ombres et à vivre ensemble une éternité parce que cette terre ne leur permettrait pas de voir s’épanouir leur amour ?
Qui a su dire
Les chemins de l´au-delà?
Qui l´a su dire?
Qui le dira?
Quoi qu´il arrive
J´y veux un monde pour toi et moi
Oui, seulement pour toi et moi.
Le jour où il l’avait vu pour la première fois, le Germain avait senti une étrange alchimie se nouer entre eux. Pourtant il n’avait pas cédé, pas tout de suite, d’autant que le Tibérius d’alors était juste ce qu’il exécrait le plus : un esclave heureux de son sort, incapable de secouer son joug, allant jusqu’à se dresser contre son libérateur. A cet instant précis, si Spartacus ne l’en avait empêché, nul doute qu’il aurait pris la vie de l’ingrat.
Il aurait pris sa vie et il serait passé à côté du bonheur, à côté de toutes ces sensations, à côté de ce sentiment qu’il découvrait vraiment pour la première fois de son existence.
Aurait-il été pour autant plus malheureux ? Vaut-il mieux mourir sans avoir aimé que de connaître les affres de l’attachement, la peur de perdre celui pour lequel on donnerait jusqu’à son âme ?
Qui savait les secrets des dieux ? Qui pouvait se vanter de lire l’avenir ?
Une autre vie
Il est sans doute une autre vie
Au bout du rêve, de la folie
Une autre vie
Il y avait eu ce miracle… Il aimait et il était aimé. Petit à petit la sensation diffuse au fond de son être avait brûlé jusqu’à son âme, son cœur et son esprit. Le Petit Homme était devenu son grand amour, le seul, l’unique, celui pour lequel il serait capable de tuer sans éprouver le moindre remords.
Ce qu’il ressentait pour Nasir n’avait rien de commun avec ce qu’il avait ressenti pour qui que ce soit d’autre, y compris Duro, le petit frère toujours regretté. Mais il savait que la blessure ouverte par la perte de ce dernier ne serait qu’une égratignure à côté de celle qu’il recevrait si Nasir tombait à son tour. C’était pour cela qu’il l’avait laissé derrière lui lorsqu’il était parti avec Crixus. Il voulait que Nasir vive, même loin de lui, même avec un autre que lui.
Qui peut nous dire
Ce qui advient dans l´au-delà?
Et si l´amour, l´amour est roi
Arrive-t-il que les grands amants d´ici-bas
Ailleurs ne se retrouvent pas?
La mort l’avait dédaigné, même si elle l’avait frôlé de son aile. Elle l’avait renvoyé vers les bras aimants et lui, le guerrier, avait été juste heureux d’être bercé par l’homme si frêle d’apparence et si fort en vérité, bien plus fort qu’il n’était, lui, général, manieur d’armes, gladiateur redoutable et redouté.
La force de leur amour lui avait permis de reprendre espoir en même temps que revenaient ses forces. L’ingéniosité de son compagnon lui avait permis de reprendre sa place de guerrier.
Dans le silence de la nuit, leurs corps s’épousant parfaitement, ils se parlaient sans un mot, et revoyaient tout ce voyage qui les avait amenés là, à cet endroit, à cet instant, à cette veille d’une bataille dont ils sortiraient vainqueurs ou morts.
De grand silence et d´infini
Une autre vie.
Il y avait tant de choses qu’il aurait aimé lui dire à son « Petit Homme », ce petit homme si grand, si fort, si redoutable. Ce petit homme qui avait grandi à son contact et l’avait fait grandir aussi.
Il y avait tant de chose qu’il aurait aimé lui dire à son gladiateur, cette force de la nature qui l’avait initié au métier des armes, qui avait fait de lui quelqu’un de meilleur, de plus braves.
Ils avaient tant et tant de choses à se dire en cette nuit qui serait peut-être la dernière. Tant de choses au-delà des mots, au-delà des pensées.
Ils avaient tant à partager encore sans savoir si le temps pour le faire leur serait accordé.
Une autre vie
Nous serons dans une autre vie
Toi l´irréel*, moi le maudit
Une autre vie.
Tant à se dire et si peu de temps. Tant à vivre encore et rien qu’une nuit qui déjà disparaissait derrière les collines qui se teintaient de rose.
Une autre vie… Un jour peut-être…. Meilleure ou pire ?
En tout cas ils seraient deux. Et dans l’aube qui s’annonçait ils s’aimèrent une fois de plus, laissant leurs âmes communier, se rejoindre et fusionner tandis que le plaisir courait dans leurs veines. Ils ne faisaient plus qu’un. Quels que soient les desseins des dieux, c’est ensemble qu’ils iraient au combat et s’ils devaient tomber, alors ils tomberaient ensemble.
Une autre vie… Ici bas ou dans l’au-delà…
Tant qu’ils seraient ensemble, ils n’avaient peur de rien.
FIN
*Paroles originales : irréelle
Chanson d’Alain Barrière.