Reclassement du cadeau d'Actarus
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Et si tu n’existais pas
Jack regardait son amour qui lui souriait. Son cœur s’emplit de joie et de bonheur à cette vue : Ianto était son âme sœur, celle qu’il avait cherchée durant toute cette trop longue vie. Certes il avait vécu d’autres aventures, aimé d’autres amants et amantes, souffert de leur disparition, mais jamais il n’avait connu un tel apaisement, une telle certitude.
Ianto était venu au monde pour qu’il puisse le rencontrer, dans cette ville et dans ce siècle : c’était écrit depuis bien avant que lui-même ne devienne un point fixe sur la ligne du temps.
Et si tu n’existais pas,
Dis-moi pourquoi j’existerais?
Pour traîner dans un monde sans toi,
Sans espoir et sans regrets.
Il avait traversé tant de mondes, tant de siècles, connu tant d’aventures glorieuses ou honteuses, tant aimé et tant haï. Et toujours il avait eu l’impression qu’il lui manquait quelque chose : une ancre, un phare, une lumière qui guiderait ses pas et lui éviterait de retomber dans les mêmes errances, les mêmes erreurs.
Lorsqu’il avait vu Ianto, la première fois, dans ce parc, son cœur avait bondi dans sa poitrine, pourtant il s’était bien gardé de laisser paraître la moindre émotion. Tant de fois déjà il avait cru avoir trouvé le partenaire idéal. Mais au fil du temps l’évidence s’était imposée, malgré les hauts et les bas, malgré Lisa, malgré les épreuves.
Ianto était l’autre moitié de lui.
Et si tu n’existais pas,
J’essaierais d’inventer l’amour,
Comme un peintre qui voit sous ses doigts
Naître les couleurs du jour.
Et qui n’en revient pas.
Désormais Jack Harkness savait pourquoi il était arrivé sur cette planète, en ce siècle : c’était là qu’était écrit qu’il rencontrerait l’Amour, celui que certains cherchent toute leur vie sans jamais le trouver, celui que trop souvent on remplace par des succédanés sans grande saveur, simplement parce qu’on ne supporte pas la solitude. Lui-même l’avait fait au long de sa trop longue vie.
Mais il savait maintenant que tout ce qu’il avait vécu n’était rien que de pâles substituts. Aujourd’hui il savait le cœur qui bat follement, les mains qui deviennent moites, les mots qui vous échappent, la respiration qui se dérègle… Il savait la crainte de perdre celui que l’on aime, le désir de le rendre heureux, la volonté de le faire passer avant soi, quoi qu’il se passe, quoi qu’il en coûte.
Aujourd’hui le capitaine était amoureux, comme jamais il ne l’avait été.
Et si tu n’existais pas,
Dis-moi pour qui j’existerais?
Des passantes endormies dans mes bras
Que je n’aimerais jamais.
Il lui avait fallu du courage pour oser enfin avouer ses sentiments. D’abord il avait voulu être sûr, ne pas se tromper comme cela lui était arrivé trop souvent, ne pas s’enferrer dans une relation qui aboutirait à un désastre. Ensuite il avait dû vaincre ses propres démons : son besoin de changement, tant dans sa vie quotidienne que dans sa vie amoureuse, sa défiance naturelle envers les autres, nourrie de sa trop longue expérience des humains et autres créatures, et surtout sa peur incommensurable de s’attacher et de souffrir, une fois de plus, lorsque, obligatoirement, la vie lui arracherait celui qu’elle lui avait offert.
Oh oui il avait lutté, lutté jusqu’à refuser de dire les trois petits mots qui, pour le Gallois, auraient tant signifié. Trois petits mots pour un bonheur, trois petits mots pour un amour…
Trois petits mots qui étaient si peu par rapport à ce qu’il pensait, à ce qu’il ressentait.
Et si tu n’existais pas,
Je ne serais qu’un point de plus
Dans ce monde qui vient et qui va,
Je me sentirais perdu,
J’aurais besoin de toi.
Et puis était venu le jour maudit, celui où son amour était tombé à ses côtés dans le bâtiment maudit, celui où il l’avait tenu dans ses bras, les larmes roulant sur son visage, son cœur déchiré devant l’inéluctable.
Il se souvenait du regard bleu attaché au sien, de la main faible qui était monté sur sa joue, du « Je t’aime » murmuré une dernière fois avant que les paupières se ferment à jamais. Il se souvenait de ce vide au fond de son être lorsqu’il s’était réveillé de cette nouvelle mort, sachant qu’il était désormais seul au monde, désespéré de n’avoir pas trouvé le courage de dire ces mots que son amour attendait, qu’il aurait dû emporter avec lui dans son éternité.
Il se souvenait de ce hurlement qu’il avait poussé dans la nuit, de l’infini désespoir qui avait envahi chaque fibre de son être.
Puis il se souvenait des mains sur lui, du baiser sur ses lèvres et des paroles de son amour qui le rassuraient, le consolaient, le réconfortaient. Tout cela n’avait été qu’un affreux cauchemar qui le faisait encore trembler : son amour était toujours là, près de lui.
C’est alors qu’il avait enfin balbutié ce « Je t’aime » enfiévré, s’enivrant de pouvoir le dire encore et encore.
Ianto était toujours là.
Et si tu n’existais pas,
Dis-moi comment j’existerais?
Je pourrais faire semblant d’être moi,
Mais je ne serais pas vrai.
La terreur du cauchemar l’avait longtemps poursuivi, mais elle avait aussi été un électrochoc qui l’avait conduit à prendre les décisions que sa peur de souffrir lui avaient jusque là interdit de prendre.
A quoi bon refuser de s’engager ? De toute façon il était pieds et poings liés devant son amant, prêt à tout pour lui et quoi qu’il décide maintenant il n’échapperait pas à la souffrance. Alors autant se bâtir de doux souvenirs qui viendraient peupler sa mémoire lorsqu’il devrait reprendre la route seul, autant profiter du temps qui leur était donné, pour un jour ou pour un siècle, pour une heure ou pour dix ans… Un jour, forcément, il perdrait son amour… Un jour, il reprendrait seul le chemin de sa vie…
Mais au moins il aurait à chérir de tendres moments, des fous-rires, des colères, des étreintes, des découvertes… tout ce qu’un couple tisse jour après jour.
Puisqu’il souffrirait un jour, autant emmagasiner tout le bonheur possible avant, pour trouver la force d’affronter l’absence.
Ianto serait son compagnon de route, pour aujourd’hui et pour l’éternité.
Et si tu n’existais pas,
Je crois que je l’aurais trouvé,
Le secret de la vie, le pourquoi,
Simplement pour te créer
Et pour te regarder.
- Je veux te voir à mon réveil, je veux t’étreindre en m’endormant, je veux me souler de ton rire, me noyer dans tes yeux bleus, m’épuiser d’amour avec toi… Je veux partager ce quotidien insipide qui avec toi sera ma plus belle aventure. Je veux t’aimer, t’aimer comme j’ai cru que jamais je ne serais capable d’aimer. Je veux ton corps sur le mien, ta peau contre la mienne, goûter la saveur de ta bouche, te faire frissonner de bonheur. Je veux que tu sois heureux avec moi. Je veux partager tes jours et tes nuits, tes moments de doute et de certitude, tes bonheurs et tes peines. Je serai là, dans la joie comme dans la tristesse, dans la santé comme dans la maladie. Je resterai à tes côtés tant que tu voudras de moi, pour tout le temps que le destin nous offrira. Ianto Jones, veux-tu m’épouser ?
Le Gallois, les yeux humides, releva son amant qui s’était agenouillé devant lui. Jamais il n’aurait cru qu’un jour Jack en arriverait là. Certes, depuis cette nuit tragique où il avait failli perdre la vie et les cauchemars qui avaient ensuite assailli l’Immortel, celui-ci ne laissait pas passer un jour sans lui dire combien il l’aimait, mais cet engagement, dont lui-même avait rêvé en pensant qu’il ne fallait pas trop en demander, il ne l’aurait pas pensé capable de le proposer.
- Oh oui Jack, oui, je veux t’épouser.
Le capitaine enlaça son compagnon et vint poser ses lèvres sur les siennes, quémandant un passage que le Gallois lui accorda sans hésiter. Le baiser fiévreux, intense, se prolongea et les mains se mirent à explorer les peaux qu’elles connaissaient par cœur. Et le corps à corps intense qui s’ensuivit était un pied de nez au destin : ils étaient une seule âme pour deux êtres et rien au monde, pas même la destinée, ne pourrait jamais changer cet ordre des choses.
FIN
Chanson de Jo Dassin