Comme Yseult a classé les anniversaires passé à la cave, je remonte mes cadeaux pour que tous ceux qui le souhaitent puissent en profiter... ou non...
Tout d'abord, pour Djorie, l'an dernier:
Préambule:
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sontla propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & AlainTasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Kévin & Yann
Genre : Romance - Songfic
Résumé: Yann est-il enfin prêt à s'engager?
NOUS DORMIRONS ENSEMBLE
- Bonjour toi…
Kevin ouvrit les yeux à la voix aimée qui susurrait à son oreille. Un grand sourire vint se plaquer sur ses lèvres.
C’était si bon de s’éveiller enfin dans les bras de Yann !!!
Ce lit, il le connaissait par cœur : ils s’y étaient aimés bien des fois, ardemment, passionnément, brutalement parfois… Mais toujours, après leur étreinte, Yann filait sous la douche, comme si le fait de rester près de lui allait l’obliger à mettre des mots sur une réalité qu’il s’obstinait à nier. Et lorsqu’il rentrait dans sa chambre,
Kevin allait se laver à son tour avant de quitter les lieux, quelle que soit l’heure.
La veille
Kevin avait craqué. Il avait jeté à son amant tout ce qu’il ressentait, tout le mal que lui faisait cette liaison qui se voulait clandestine. Il avait l’impression que la seule chose qui intéressait le capitaine c’était son corps et il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu dans la peau d’un prostitué, le paiement en moins, avait-il ajouté avec un humour plutôt désespéré.
Tout ça le faisait simplement se sentir sale. Tout ça ne faisait qu’avilir cette relation qu’il aurait voulu magnifique. Alors sans doute était-il temps d’en finir.
Au moment où il allait franchir le seuil, Yann l’avait retenu… Ses yeux brillaient étrangement de ce que
Kevin avait compris n’être pas de la colère… Le souffle un peu court, il n’avait pas osé identifier des larmes retenues, de peur de se tromper.
- Reste…
C’est la seule chose qu’il avait dite avant de prendre ses lèvres dans un baiser délicat, attentionné, tendre, comme il ne lui en avait jamais donné.
Kevin s’était aussitôt perdu dans ce baiser, dans cette langue soudain attentive qui venait s’enrouler avec la sienne, dans cette main désormais douce, qui s’appesantissait sur sa nuque.
Pour la première fois de leur histoire, ils avaient fait l’amour avec douceur, se noyant dans la volupté, prenant tout leur temps et se soulant de caresses et de baisers. Puis ils s’étaient endormis l’un contre l’autre.
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin, minuit, midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
- Bonjour…
Yann retint son souffle se demandant, une fois de plus, comment il avait pu être si idiot. Pourquoi avait-il si longtemps hésité ? Pourquoi s’était-il si longtemps privé de cette joie sans pareille : s’éveiller en tenant l’homme de sa vie dans ses bras, être le premier à recueillir son sourire, voir ses magnifiques yeux bleus se noyer dans les siens et tout l’amour du monde au fond des prunelles claires.
Idiot qu’il était !! Il avait bien failli passer à côté de tant de choses juste à cause d’une crainte stupide, d’une attitude de macho égoïste comme le lui avait jeté
Kevin au visage la veille.
Finalement, il était l’homme le plus chanceux du monde ! Parce que combien d’hommes ou de femmes auraient accepté ce qu’avait accepté son amant ? Les retrouvailles à la sauvette, l’attitude distante, presque froide, en public, l’obligation de partir sitôt leurs sens rassasiés, les rendez-vous annulés régulièrement, le refus de se voir ailleurs que dans son appartement... Qui d’autre aurait tenu si longtemps sans se plaindre, attendant patiemment un signe que les choses allaient se normaliser ?
Si
Kevin ne l’avait pas autant aimé, avec cette attitude à la fois cruelle et injuste, il l’aurait perdu irrémédiablement. Et il ne pouvait pas imaginer sa vie sans le jeune policier… Il était son ballon d’oxygène, son garde-fou contre ses pulsions négatives. Sans lui il partirait à la dérive, et aucun retour en arrière ne serait possible.
Il posa ses lèvres sur le front encore enfantin de son compagnon et resserra son étreinte autour de lui.
Dire qu’il avait failli se priver à tout jamais de cette joie : juste serrer l’homme qu’on aime dans ses bras, simplement, pour sentir son corps contre le sien, sa peau sur la sienne, son cœur battant au même rythme… Juste pour se sentir être deux, en dehors de l’ardeur des étreintes. Juste offrir et recevoir son amour et sa tendresse.
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Kevin leva son visage vers lui et Yann retint son souffle. Il était si désirable à cet instant que son cœur fit un bond dans sa poitrine et qu’il se retint de lui sauter dessus pour lui faire l’amour avec une fougue jamais démentie.
Mais non… Il voulait profiter de ce moment où ils se comprenaient sans se parler, où ils communiquaient plus par leurs corps entremêlés que par tous les mots qu’ils avaient pu se dire durant leurs longs mois d’une liaison dont, rétrospectivement, les modalités lui faisaient honte. Parce qu’il était bien le seul responsable de cet état de chose.
Kevin, lui, avec sa droiture naturelle et son courage admirable, aurait été capable, dès le début, d’assumer leur relation à la face de tous, voire de clamer son amour avec force, prêt à se battre pour ça s’il le fallait.
Comment avait-il pu mettre tant de temps à se rendre compte du trésor qu’il tenait, du trésor qu’il avait failli perdre à cause de sa lâcheté?
Le regard de
Kevin s’était fait interrogatif : il se demandait pourquoi son amant se taisait, pourquoi il ne laissait pas libre court au désir qu’il percevait sans aucune équivoque par la réaction de son corps.
Ressentant, pour la première fois de sa vie, le besoin de l’autre plutôt que le sien, Yann vint poser ses lèvres sur celles de son amant dans un baiser qu’il voulait doux, rassurant, un baiser dans lequel il voulait faire passer tout son amour. Mais très vite il s’aperçut que le plus jeune demandait beaucoup plus et il se savait parfaitement incapable de résister à l’appel des sens.
Mais avant de se laisser ainsi submerger par ses pulsions, il avait une dernière chose à faire pour que tout désormais soit bien clair :
- Je t’aime
Kevin… Est-ce que tu veux vivre avec moi ?
Le jeune policier se raidit soudain et son regard se vrilla dans celui de son amant. Puis ses yeux se remplirent de larmes. Il ne parvenait pas à réaliser que son vœu le plus cher venait de s’exhausser.
Il s’aperçut que son compagnon le regardait avec de l’inquiétude dans le regard et son cœur battit plus fort de comprendre ce qui la motivait : à cet instant Yann craignait qu’il refuse sa proposition, à cause de son attitude passée.
Il s’empressa de le délivrer de son angoisse en murmurant simplement :
- Oui…
S’il avait l’intention de dire autre chose, cela fut étouffé dans le baiser brûlant qu’initia alors le capitaine, un baiser où transparaissait, outre son amour, la joie qui le soulevait à cet instant, et un soulagement sans borne.
Au moment d’atteindre la jouissance, Yann pensa soudain que c’était une autre première fois : la première fois qu’ils avaient l’occasion de s’aimer au réveil et il avait bien l’intention qu’il y en ait encore beaucoup comme ça…
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble
FIN
Chanson de Jean Ferrat