Pour l'anniversaire 2010 d'Aragone...
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sontla propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucunbénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Ianto - Jack - L'équipe
Genre : Romance - P.O.V. - Songfic
Résumé : Jack est parti avec le docteur. Ianto pense à lui sans cesse: reviendra-t-il un jour?
Chaque jour de plus
Ianto entendit l’alarme se déclencher et il ne leva même pas la tête. Il savait bien que ce n’était pas la peine. Vraisemblablement Owen ou Gwen venaient d’arriver puisque Tosh était déjà là. Elle l’avait salué avec sa gentillesse habituelle et il s’était obligé à lui répondre.
Au départ, lorsque la sonnerie stridente retentissait, il se précipitait, le cœur battant à tout rompre, espérant qu’IL était enfin de retour. Mais après trois mois, l’espoir avait fait place à une morne résignation et désormais l’alarme ne le faisait pas interrompre ses tâches séance tenante.
A quoi ça sert l'amour
Si c'est un aller sans retour
Y a plus que du vide à la place
Mais que veux-tu que j'en fasse ?
Il versa machinalement la dose exacte de café pour préparer le nectar dont Jack se régalait. Depuis trois mois la même routine, les mêmes gestes, comme si de continuer à vivre exactement comme avant allait ramener leur leader auprès d’eux.
Mais le cœur n’y était plus désormais. Bien qu’il ne manque que l’un d’entre eux, il avait l’impression que le Hub était désespérément désert, peut-être parce qu’il se sentait si vide à l’intérieur que rien ne semblait pouvoir jamais combler cette impression.
Trois mois aujourd’hui…
A quoi ça sert la vie
Quand on meurt petit à petit
S'il ne reste plus que l'absence
A qui veux-tu que je pense ?
A chaque seconde qui passait, à chaque minute qui s’écoulait, à chaque heure qui s’égrenait, à chaque jour qui défilait, il avait une pensée pour l’absent. Comme une obsession qui ne le quitterait plus.
Il était resté à l’institut parce qu’il lui semblait que partir serait trahir et que, plus que jamais, les autres avaient besoin de lui, mais l’immortel avait emporté son cœur avec lui en partant.
Je jure si tu reviens
Je saurai être heureux d'un sourire
Je jure que j'apprendrai à écrire
Tous les mots pour le dire
Il ne comprenait pas. Pourtant les choses allaient bien entre eux. Bien sûr ce n’était pas encore l’amour réciproque dont il rêvait, mais leurs rendez-vous secrets, leurs étreintes torrides, leurs baisers brûlants lui avaient donné espoir.
Avait-il été trop possessif bien qu’il ait toujours eu l’impression de ne pas être exigeant au-delà du raisonnable ? Leur chef s’était-il aperçu que ce qui, pour lui, ne devait être qu’une agréable façon de se distraire, d’occuper l’infinité de temps libre que lui procurait son immortalité, était tout autre chose en ce qui concernait son partenaire ?
Etait-ce sa façon de lui faire comprendre que tout ça n’était rien que des jeux fort satisfaisants entre adultes consentants, du sexe et rien d’autre ?
Que pouvait-il penser, lui qui depuis treize longues semaines attendait rien qu’un signe pour espérer ? Que devait-il penser ?
Chaque jour de plus est un jour de trop
Je plie déjà sous le fardeau
Chaque jour de plus est un jour de trop
Est-ce que tu reviendras bientôt ?
Il n’était plus qu’un zombie qui faisait ce qu’on lui demandait sans poser de questions et finalement ses collègues se seraient plutôt réjouis de cette docilité s’ils n’avaient pas été inquiets du manque d’éclat dans son regard désormais morne. Le Gallois agissait mécaniquement, comme si son corps seul était présent, son esprit étant complètement ailleurs.
Parfois, en tant que médecin, Owen s’inquiétait du vide sidéral dans ses prunelles. Avec Tosh, ils avaient essayé de le faire un peu sortir de sa bulle, en vain.
Il ne s’éloignait jamais longtemps du Hub, comme s’il pensait que, peut-être, en son absence, leur leader allait passer leur faire un signe et qu’il ne serait pas là pour l’accueillir.
Et moi je sers à quoi
Si je n'suis plus la moitié de toi
Si ta vie n'est plus dans la mienne
Comment veux-tu que je tienne ?
Myfanwy vint voler auprès du jeune homme, quémandant la tablette de chocolat qu’il avait oublié de lui donner ce jour-là. Celui-ci s’empressa de réparer son omission et un sourire fugitif éclaira son visage en regardant le ptérodactyle s’envoler avec sa proie.
Il se remémorait le jour où ils l’avaient capturé : ce jour où, pour la première fois, il s’était senti attiré par le capitaine Harkness. Qui aurait dit alors que celui-ci lui volerait ce cœur qu’il pensait, à ce moment-là, totalement acquis à Lisa ?
Je jure si tu reviens
J'apprendrai à être différent
Je jure que je saurai simplement
Laisser le temps au temps
Depuis que Gwen avait pris la direction de l’équipe il lui semblait qu’un brouillard épais recouvrait tout ce qui l’entourait. Il avait oublié le son des rires, le goût des viennoiseries partagées le matin, la sensation d’une main sur son épaule…
Il vivait au ralenti… si on pouvait appeler ça vivre.
Jack était parti : une minute il était là et la minute d’après il avait embarqué avec le Docteur. Pourquoi celui-ci était-il venu le rechercher ? Pourquoi ne l’avait-il pas laissé auprès d’eux ? Il ne manquait pourtant pas de créatures prêtes à lui servir de compagnon de voyage…
Mais Jack ne s’était pas fait prier : à la première occasion il était retourné avec son mentor. Et Ianto prenait cruellement conscience que son capitaine n’avait jamais eu de sentiments pour lui. Bien sûr il s’en doutait, bien sûr il ne pouvait pas s’imaginer que l’immortel s’attache à lui. Déjà, qu’il ait pu lui pardonner sa trahison était inespéré, alors qu’il ait pu éprouver un quelconque sentiment de tendresse à son égard aurait été miraculeux.
Je jure si tu reviens
J'apprendrai à être différent
Je jure que je saurai simplement
Laisser le temps au temps
Ianto se sentait désoeuvré bien qu’il n’ait jamais eu autant de travail, autant de responsabilités. Il n’était plus seulement le Tea-Boy du groupe : il en était devenu un élément à part entière depuis la disparition de leur chef. Mais aucune tâche ne pouvait le détourner un instant de ses pensées : que faisait Jack ? Où était-il ? Pensait-il à eux parfois ? Reviendrait-il un jour ?
Il souleva le plateau où il avait posé les tasses de café pour ses collègues, puis le reposa brusquement, son cœur manquant un battement : il avait rempli la tasse de Jack aussi. L’esprit totalement focalisé sur son leader, il avait, l’espace d’une seconde, oublié qu’il n’était plus là pour le féliciter sur la qualité de son nectar, qu’il ne serait sans doute plus jamais là pour ça.
Il vida la tasse dans l’évier et entreprit de la laver, laissant les larmes rouler sur ses joues en regardant le liquide se diluer dans l’eau, ayant inconsciemment l’impression de voir s’éteindre son amour au fur et à mesure que l’eau redevenait claire.
Il sécha ses larmes et reprit le plateau, espérant que ses compagnons ne décèleraient pas son désarroi.
Il ne reste plus que l'absence
A qui veux-tu que je pense ?
En arrivant dans la salle, il entendit des voix animées, presque joyeuses et il eut l’impression que le fardeau qu’il portait devenait plus lourd. La vie continuait sans Jack et de devoir prendre conscience de cet état de chose ne lui facilitait pas la tâche.
Petit à petit il semblait que les traces de l’immortel se dissolvaient dans l’esprit de ses partenaires et il avait parfois envie de leur hurler dessus, de les insulter pour ce qui lui semblait une odieuse indifférence.
Il ne reste plus que l'absence
A qui veux-tu que je pense ?
Et puis il lui sembla entendre une autre voix, une voix qu’il n’avait plus perçue depuis treize semaines et son cœur s’arrêta un instant de battre.
Hésitant il s’avança vers la salle, se traitant d’idiot, se demandant si ce besoin immense qu’il ressentait lui faisait avoir des hallucinations. Dans l’éclairage cru de la pièce, il cligna des yeux avant d’accrocher une silhouette qui se tourna vers lui comme il pénétrait dans le bureau.
- Ianto ! Un café ! Si tu savais comme j’en avais envie ! Décidément tu n’as pas changé : toujours là juste au bon moment.
Jack était là, devant lui, avec ce sourire qui l’aurait fait se damner.
Jack était revenu.
FIN
Chanson de Michel Fugain, l'une de mes chansons préférées.