Une petite fantaisie dédiée à nos hurleuses Emma et Semektare... Je poste et puis... je vais aller faire un petit tour...
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Josh Whedon & David Greenwalt d’une part et Steven Moffat et Mark Gatiss d’autre part. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
L’ultime enquête
- Les vampires n’existent pas !!!
L’exclamation agacée de John fit sourire son amant. Dieu que son homme était beau lorsqu’il s’emportait ainsi ! Cela lui arrivait finalement assez peu et pourtant ce n’était pas faute de tout faire pour le mettre en rage…
Sherlock excellait dans l’art de pousser les autres dans leurs derniers retranchements, mais, curieusement, avec Watson, cela ne fonctionnait pas aussi bien. Etait-ce juste parce que l’amour qu’ils se portaient biaisait les cartes, le faisant lui moins caustiques, moins irritants, et rendant l’autre plus réceptif, plus patient ? Ce serait un concept intéressant à creuser… quand il en aurait le temps…
Et du temps, actuellement il n’en avait pas !
Ainsi ramené à l’objet de leur différent, Sherlock focalisa son attention sur son interlocuteur qui le regardait d’un air qui laissait à penser qu’il croyait qu’il venait brusquement de basculer du mauvais côté de la folie.
- Enfin… tu ne peux pas croire ça…, continuait John, d’un ton plus doux mais moins assuré tandis que les prunelles de son amant se rivaient sur les siennes, lui faisant comprendre que, définitivement, le célèbre détective était sérieux.
Les vampires… ça n’existait pas…
Tout le scientifique en lui se révoltait à cette idée. Il y avait forcément une explication plausible à cette vague de meurtres horribles qui épouvantait Londres. Certes les victimes étaient retrouvées vidées de leur sang, une étrange morsure au cou, mais il y avait forcément une autre explication…
Les vampires, ça n’existait pas, de même que les gnomes, les trolls, les goules et autres personnages cauchemardesques qui hantaient les contes dits de fées et les cerveaux quelques peu troublés de certains scénaristes…
Non… Les vampires, ça n’existait pas !
*****
- Tu es de plus en plus imprudent !
La voix d’Angel claqua durement mais Spike n’en avait cure.
Nonchalamment allongé contre son amant, la tête reposant sur sa poitrine, il rit doucement :
- De quoi as-tu peur ? Les Anglais sont bien trop terre à terre pour imaginer la vérité… C’est pour cela que j’ai choisi ce pays. Comment veux-tu qu’ils admettent que nous sommes réels ?
- Mais quand bien même ils ne pourraient pas croire que nous existons, à force de tuer, nuit après nuit, ils vont bien finir par tenter de t’attraper et…
- Et… Comme ils n’auront ni pieu, ni eau bénite… je ne risque rien !!!
- Qu’en sais-tu ?
- Tu imagines les bobbies qui répugnent déjà à tirer leur arme, venir me planter un pieu en pleine poitrine ? tsss…. Bien trop formalistes pour ça… J’adore ce peuple !!!!
Et Spike éclata de rire sous le regard courroucé d’Angel qui trouvait que, décidément, son compagnon était un peu trop sûr de lui. Mais c’était aussi ce qui faisait son charme.
Depuis qu’un démon, grassement payé en chair humaine, les avait débarrassé de leurs âmes, les deux rois de la nuit avaient repris leur quête éternelle, fuyant les Etats-Unis où sévissait quelques tueuses un peu trop bien entraînées pour venir se réfugier sur le vieux continent.
Ils ne se posaient pas de question : plus d’âme, plus de remords… juste l’envie et la jouissance. La nuit ils chassaient, le jour ils dormaient et faisaient l’amour…
Oui… Quelque part c’était leur paradis.
- Ce détective dont on parle… Ce… Comment déjà…
- Sherlock Holmes ?
- Oui… C’est ça… Il me paraît homme à nous créer des problèmes…
Spike eut ce rictus cruel qui éveilla automatiquement le désir chez Angel :
- T’inquiète… Je ne le laisserai pas faire…
Et avant qu’il n’ait pu lui demander quel était son plan, il écrasa sa bouche sur la sienne et ils se laissèrent emporter par leurs sens.
*****
- Tu es complètement inconscient !!! Tu cherches à te faire tuer ou quoi ?
- T’inquiète… Je sais ce que je fais.
John poussa un soupir d’exaspération : décidément Sherlock ne changerait jamais, tellement sûr de lui, tellement hermétique aux règles de prudence les plus élémentaires…
- Mais enfin… Si tu as raison… Tu ne peux pas aller seul dans ce quartier. Appelle Lestrade au moins…
- Pour lui dire quoi ?
- Que tu as une piste, que tu penses savoir qui est derrière tous ces meurtres.
- Ah oui… Et à ton avis, comment réagira-t-il ?
- Je ne suis pas dans sa tête…
- Je vais te dire comment il réagira : il me dira que les vampires n’existent pas… Ca te dit quelque chose ça ?
Cloué par la perfidie de la remarque, John ne sut que répondre et Sherlock profita de ce mutisme momentané pour déposer un rapide baiser sur ses lèvres avant de sortir. Il fallut un moment au médecin pour s’apercevoir que son compagnon venait tout simplement de le laisser derrière lui et pour qu’il attrape son duffel-coat afin de le rejoindre.
Peine perdue, le détective disparaissait déjà dans le taxi qu’il avait hélé et John perdit quelques précieuses minutes à trouver un véhicule à son tour.
*****
La ruelle était déserte mais Sherlock n’en avait cure… D’après ces calculs c’était forcément là… Ca ne pouvait être autrement.
Il savait que c’était lui : ce pas qui résonnait dans l’espace vide… Les Londoniens se calfeutraient frileusement chez eux ou se déplaçaient en bande depuis qu’il sévissait… Donc ça ne pouvait être que lui, ce Sherlock Holmes, le seul homme capable de les menacer…
Comment se faisait-il que la municipalité n’ait toujours pas pris la peine de remplacer les lampadaires de ces rues borgnes ? C’étaient de véritables aubaines pour les tueurs de la nuit… Il avait pourtant fait passer le message à Lestrade il y avait bien des jours !!!
Heureusement que les édiles se préoccupait plus des beaux quartiers que des bas-fonds… Peu leur importait que quelques prostitués, dealers ou junkies tombent sous ses crocs… d’où leur peu d’empressement à réparer l’éclairage dans ces impasses… Tant mieux… C’était un avantage pour lui.
Un bruissement… un glissement… Il était là… Il le savait… Il le sentait… Sa main se referma sur le pieu qu’il avait enfoui dans la poche de son pardessus.
Il s’était arrêté, comme s’il savait… comme s’il l’attendait… Mais ce n’était pas un obscur petit détective de rien qui aurait le dessus sur lui, Spike le magnifique !!!
Qu’est-ce qu’il croyait ce minus ? Que le plus grand enquêteur de tous les temps allait trembler devant un pitoyable buveur de sang ? C’était bien mal le connaître : il avait raison, comme toujours et ne pourrait pas échouer.
Il était le plus fort, obligatoirement, et ce n’était pas ce soir encore qu’il connaîtrait la défaite…
*****
- Nonnnnnnnnn !!!!!!!!!!
Un double hurlement s’éleva dans la ruelle tandis que deux hommes se précipitaient sur deux corps à terre.
Sanglotant, John relevait Sherlock dans ses bras : celui-ci était exsangue… un peu de sang perlait encore à la double blessure au niveau de la carotide, et le médecin comprit immédiatement qu’il n’y avait plus rien à faire. Déjà les yeux bleus se voilaient de brume.
- Sherlock… Non… Non… Reste avec moi…
- Désolé… J’avais raison… Mais… Je ne pensais pas… Trop rapide… Les vampires…
- Attends… Ca va aller… On va te sortir de là…
- Plus le temps… Mais… Je l’ai eu… Là… Je l’ai eu…
oOo
Atterré, Angel retenait son amour contre lui : ses traits étaient redevenus humains et du sang maculait encore ses lèvres… mais il savait… il savait que la mort était en train de faire son œuvre… Pourtant Spike ne portait aucune blessure : un pieu gisait bien à quelques pas de là, entre lui et ce maudit détective, mais il n’avait pas servi sinon il n’aurait retrouvé qu’un petit tas de poussière et non ce corps tordu de douleur…
- Spike… Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui s’est passé…
- Trop malin… Je pensais… Ce détective…
oOo
- John…
- Oui…
- Tu te rappelleras…
oOo
- Angel…
- Oui…
- Tu te souviendras…
oOo
Dans la même fraction de seconde la tête de Sherlock roula sur l’épaule de son compagnon en pleurs et le corps de Spike se désintégra en poussière entre les bras de son amour éploré.
Hébétés l’homme et le vampire se relevèrent : ils venaient de perdre ce qui était le plus cher à leurs yeux et ils ne comprenaient pas pourquoi…
- Comment ?
John regarda Angel et lut dans son regard la même souffrance que celle qui le torturait.
- La nicotine…
- Quoi ? Je ne comprends pas…
- Sherlock est… était… accroc à la nicotine… C’est ce qui a empoisonné votre compagnon…
La nicotine !!! Putain de saloperie ! pensa Angel… Il avait toujours dit à Spike de se méfier de ce poison… Il avait raison…
- Mais comment…
- Il a fait des recherches, expliqua John en montrant le corps de son amant. Il était conscient que, peut-être, il n’aurait pas le dessus mais il savait que, dans ce cas, il gagnerait quand même.
- C’était un brave, murmura Angel.
C’était curieux, pensa soudain Watson : ils étaient là, à discuter comme des gens civilisés, alors qu’ils venaient de perdre l’homme de leurs vies, que l’un était médecin et l’autre une créature que jusqu’à cet instant il avait pensée n’être pas réelle… Le choc sans doute…
De toute façon qu’importait, sa vie n’avait plus aucune saveur désormais…
- Je sais… Moi aussi je suis seul…
La main d’Angel sur son épaule lui fit comprendre que le vampire avait capté ses pensées…
- Et maintenant ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Je n’avais que lui…
- Moi aussi… Je n’avais que lui…
Ils se regardèrent, sans haine, sans sentiments, parce qu’ils étaient, à ce moment précis, aussi morts l’un que l’autre. Puis John lut une proposition dans les prunelles de son vis-à-vis. Il hésita un instant, regarda vers le corps sans vie de son compagnon, imagina le désert que serait sa vie sans lui et hocha la tête, imperceptiblement.
Alors Angel pencha la tête vers lui et planta ses crocs dans son cou… Lorsque le corps mollit entre ses bras, il le chargea sur son épaule : pour la suite il lui fallait un lieu plus au calme…
Mais bientôt il aurait un nouveau compagnon et John oublierait sa peine…
FIN