REclassement de l'anniversaire de Cass Shelly
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Erik Kripke & Robert Singer. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Genre : romance – songfic
Personnages : Dean/Sam
Résumé : Dean veille sur son cadet blessé.
A part tes yeux
- Sam ! Sam regarde-moi ! Tout va bien ! Je suis là !
Le jeune homme cessa soudain de s’agiter et ouvrit des yeux égarés. Lorsqu’il les posa sur le visage de Dean, tendu par l’inquiétude, ses traits soudain s’apaisèrent et il se laissa aller contre la poitrine de son aîné, sentant le cœur de celui-ci battre furieusement sous la mince chemise de toile qui le séparait de sa peau.
Ses doigts tremblants s’immiscèrent entre leurs deux corps et, maladroitement, défirent un à un chaque bouton jusqu’à ce qu’il puisse écarter les deux pans du vêtement et poser son visage enfiévré à même la peau de son frère, finissant de s’apaiser à son odeur tandis que Dean passait doucement une main lénifiante dans son dos pour achever de le rassurer après ce cauchemar atroce où il l’avait vu mort, dépecé par ces créatures qu’ils poursuivaient depuis trois jours et auxquelles ils avaient échappé de peu quelques heures auparavant, Sam récoltant une vilaine entaille au bras dans le processus.
- Tout va bien maintenant, tout va bien…
Bien sûr tout allait bien, tant que Dean était là, tant qu’il pouvait se réfugier dans le réconfort de ses bras, rien n’était grave.
On construit toujours des murs sous tous les cieux
Mur de la honte ou d'argent selon les lieux
Mur d'indifférence ou bien mur de l'ennui
Mur du silence où l'on meurt sans faire de bruit
On peut faire semblant d'aimer sans rien donner
On peut faire semblant de croire sans trop prier
Ils ont tellement d'histoires à raconter
Que c'est très dur de savoir ce qui est vrai.
Sentant son cadet se détendre, Dean tenta de s’éloigner un peu, mais les mains de Sam se crispèrent sur les pans de la chemise, l’empêchant de se relever :
- Sam, tout va bien, répéta-t-il patiemment, comme on parle à un enfant apeuré. Je veux juste aller chercher un peu d’aspirine pour ta fièvre, et changer ton pansement tant que j’y suis.
- Tu ne sors pas ?
- Non… Je vais simplement à la salle de bain : je peux ?
Sam lui adressa un sourire timide. Bien sûr il était stupide de se laisser ainsi décontenancer par ce qui n’était qu’un rêve, aussi horrible soit-il, résultat de leur quête épuisante et de la fièvre qui l’avait terrassé à la suite de sa blessure à cause du venin des créatures qui courait dans son corps meurtri. Mais il n’avait pas la force de lutter contre ces démons-là pour le moment.
Sans Dean il n’était rien, il le savait. Et ce cauchemar avait donné vie à sa pire crainte, alors non, tant pis s’il était idiot, mais il ne voulait pas que son frère s’éloigne de lui pour le moment.
A part tes yeux je n'ai confiance en rien
Pour avancer même en serrant les poings
A part tes yeux je ne crois plus en rien
C'est avec toi que je suis toujours bien.
- Tiens, prends-ça.
Dean était de retour avant même qu’il ait vraiment eu le temps de s’apercevoir de son absence. Sam prit le verre qu’il lui tendait, dans lequel un comprimé finissait de se dissoudre, et il l’avala, soulagé par la fraîcheur de l’eau. Son frère ne s’y trompa pas et lui servit un second verre qu’il but plus doucement, avant de se laisser aller contre l’oreiller que son aîné avait remonté dans son dos dans le même temps.
Il sourit de ces petits soins dans lesquels il lui semblait que Dean avait toujours excellé. Ou alors c’était juste envers lui… Depuis qu’il était en âge de comprendre les choses (si Dean l’avait entendu émettre cette idée, il aurait sûrement ironisé « depuis peu de temps alors… »), son frère avait toujours été là pour lui, à la fois le gardien, le professeur, la mère qu’il n’avait plus, le père lorsque le leur était en chasse au loin.
Dean était tout pour lui : sa seule famille, ce qui le poussait à se battre, ou simplement à se lever le matin, à continuer de vivre dans un monde violent où les hommes n’étaient pas forcément les moins malfaisants. Si jamais son aîné le quittait, il ne pourrait pas continuer, pas sans lui, pas sans sa patience, ses colères, ses rires, sa dictature parfois…
Pas sans son amour.
J'ai toujours aimé le ciel et l'océan
J'ai toujours été un peu comme les enfants
Ce qui est trop malhonnête me fait mal
Quand je vois cette planète qui s'emballe
Y a des fois où j'ai envie d'hurler très fort
Que les dieux et les humains aiment la mort
Qu'ils détruisent ce qui veut les rapprocher
Mais après tout je m'en fous car moi je sais ...
- Voilà… Ca a déjà meilleure mine. Demain tu devrais te sentir mieux, affirma Dean en terminant d’envelopper le bras dans un bandage immaculé.
Puis il ramassa les pansements souillés et le matériel utilisé avant de jeté les premiers et d’aller ranger les seconds.
Ensuite il revint se poster auprès de son frère, étudiant son visage pâle, ses yeux trop brillants et son front mouillé de sueur. Il voulait de toutes ses forces avoir raison : Sam devait obligatoirement aller mieux. Il était hors de question qu’après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble il le perde là, dans ce bout de nulle part qu’on aurait été bien en peine de trouver sur une carte et qu’ils avaient découvert à cause de leur chasse aux démons.
Et avec ceux-là c’était désormais personnel : ils avaient failli lui voler ce qui comptait le plus pour lui, celui qui était toute sa vie, le seul être au monde à qui il pouvait se confier, devant lequel il pouvait, parfois, baisser sa garde et se laisser aller, le seul qui le comprenne, qui le soutienne, qui rie avec lui ou à cause de lui, qui lui tienne tête aussi parfois, celui auquel il aurait sans hésité confié son existence.
Qu'à part tes yeux je n'ai confiance en rien
Pour avancer même en serrant les poings
A part tes yeux je ne crois plus en rien
C'est avec toi que je suis toujours bien.
- Viens auprès de moi.
Dean se débarrassa rapidement de sa chemise et de son pantalon et se glissa sous les draps, recevant contre son corps celui de son petit frère vêtu, tout comme lui, de son seul boxer. Une décharge d’adrénaline parcourut leurs peaux lorsqu’elles entrèrent en contact et le désir naquit aux creux de leurs reins.
- Non… Tu dois te reposer…, protesta faiblement Dean en tentant d’arrêter une main indiscrète qui se faufilait sous le tissu de son unique vêtement.
- Je me reposerai quand je serai mort, marmonna le plus jeune, commençant à picorer la peau de baisers humides, faisant frissonner son aîné.
- Je n’aime pas quand tu dis cela, rétorqua ce dernier d’une voix oppressée à la fois par l’idée même qu’un jour son cadet puisse ne plus être là, mais aussi par les sensations qu’il faisait naître en lui et auxquelles il savait très bien que, malgré sa protestation fort peu convaincue et d’autant moins convaincante, il n’allait pas résister bien longtemps.
Il sentit Sam sourire contre son torse juste avant que sa bouche ne descende plus bas, beaucoup plus bas : il le connaissait si bien. ILS se connaissaient si bien…
Nulle personne au monde ne pourrait jamais comprendre vraiment ce qui les unissait.
A part tes yeux je n'ai confiance en rien
Quand tu souris j'en suis sûr et certain
Qu'à part tes yeux il n'existe plus rien
Tu es ma vie, tu es mon seul soutien.
Beaucoup plus tard, lorsque leurs sens exigeants furent enfin rassasiés, ils se blottirent l’un contre l’autre, simplement heureux d’être en vie et d’être là, tous les deux, sans se soucier de ce que les autres pourraient dire de ce lien qui les unissait et que la société condamnerait avec la dernière vigueur.
Mais qui avait le droit de leur indiquer le chemin à suivre ? Qui mieux que chacun d’entre eux pouvait être pour l’autre le soutien dont il avait besoin, l’oreille qu’il lui fallait, la bouée qui lui permettrait de surnager ou le coup de pied au cul qui l’obligerait à se relever ?
Parce qu’ils vivaient les mêmes choses, depuis tellement longtemps que Sam ne pouvait pas se souvenir d’un avant. Personne d’autre dans l’univers n’aurait pu être ce dont ils avaient besoin. Leur âme sœur, le destin l’avait fait naître sous le même toit que chacun d’entre eux, il lui avait donné le nom de frère : mais les Winchester savaient depuis leur plus tendre enfance que les mots ne veulent pas dire grand-chose et que derrière la plus belle des appellations se cache parfois le plus terrible des monstres.
Alors pourquoi, derrière un frère ne pourrait-il pas tout simplement se cacher un amour ?
De toute façon, depuis le temps qu’ils menaient une vie de parias, ce que les autres pensaient les indifféraient : certains ne croyaient pas aux monstres, d’autres ne croyaient pas en certaines formes d’amour…
Eux ils savaient que l’un et l’autre existaient.
FIN
Chanson de Daniel Guichard.