Je continue mon reclassement: cette songfic était dédiée à Jennifer222
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Yann/Kevin
Genre : Tension – Songfic
Résumé : Kevin revient vers Yann. Mais celui-ci est-il prêt à lui pardonner ?
Les secondes
Kevin appuya encore une fois sur le bouton de la sonnette, mais il n’y croyait plus. De toute façon, à quoi pensait-il en venant ici, après toutes ces semaines de silence ? Comment pouvait-il avoir été naïf au point de croire qu’il suffirait qu’il arrive pour que tout se remette en place ?
Il prêta l’oreille : la sonnerie stridente retentissait à l’intérieur, mais il n’y avait aucun signe d’une quelconque activité.
Il arrivait trop tard.
Tu vois, ce soir je suis venu
Et toi, tu ne m'attendais plus
Je savais bien que tu serais chez toi
Tu sais, le temps que j'ai perdu
Loin de toi ne reviendra plus
Et ça fait comme un vide au fond de moi
Il relâcha la pression sur le bouton et se laissa glisser à terre sur le palier, enfouissant son visage dans ses mains. Il sentait que les larmes étaient proches et il ne voulait pas pleurer. Il récoltait ce qu’il avait semé et gémir n’y changerait rien !
Les secondes
Font la ronde
Dans un monde
Que j'ai fait
Pour essayer de t'oublier,
Mes amours étaient partis
Pour un voyage,
Pour un naufrage
Qui est terminé
Il avait été si près de réussir ! Pourquoi avait-il fallu qu’il gâche tout, juste pour quelques moments de plaisir dans d’autres bras ? Quel démon l’avait poussé à répondre aux avances de Tiago alors même que les choses allaient bien et que Yann se montrait le compagnon dont il avait toujours rêvé ?
Quelle était la Destinée cruelle qui leur interdisait d’être heureux en même temps ? Pendant si longtemps il avait lutté pour obtenir de Yann qu’il assume leur couple. Et au moment où, enfin, ils auraient pu atteindre ce bonheur simple auquel il aspirait, il avait tout saccagé !
Et quand il était parti, abandonnant Yann sans un mot, il avait pensé que c’était sans retour.
Pourtant, il était de nouveau là, la nuit déjà tombée et ses pas l’avaient ramené sans une hésitation à leur ancien appartement.
Mais Yann n’était plus là.
Tu vois, ce soir je suis venu
Un peu paumé, comme au début,
Comme au début quand tu me souriais
Je voulais oublier ta rue
Pourtant je m'en suis souvenu
Juste le temps de passer mes regrets
Etait-il vraiment stupide au point de croire que son compagnon l’aurait attendu ?
Il y avait maintenant plus de quatre mois qu’il s’était enfui comme un voleur, entassant dans son sac tout ce à quoi il tenait, partant droit devant lui après avoir donné sa démission, écoeuré par les compromissions qu’il découvrait, par la réaction de Yann à ses accusations contre son mentor, par sa propre attitude envers celui qu’il aimait, ou plutôt qu’il ne savait plus vraiment qu’il aimait.
Il avait besoin d’y voir clair, besoin de se retrouver, de savoir comment mener sa vie.
Il n’était pas allé rejoindre Tiago : il s’était simplement embarqué sur le bateau que tenait l’un de ses amis. Une croisière de trois mois qui lui avait permis d’y voir un peu plus clair.
Et surtout de s’apercevoir que sans Yann, son cœur était vide et sa vie sans but.
Les secondes
Font la ronde
Dans un monde
Que j'ai fait
Pour essayer de t'oublier,
Mes amours étaient partis
Pour un voyage,
Pour un naufrage
Qui est terminé
Lorsque le train l’avait déposé à Paris, il n’avait pas cherché à joindre qui que ce soit, il n’avait pas essayé de se trouver une chambre d’hôtel.
Il était juste parti, à pieds, retrouvant les odeurs familières, repérant les endroits où Yann et lui allaient se promener, dîner, s’amuser…
Et chaque pas avait le goût des regrets, des remords…
Tout ce temps perdu où ils auraient pu, peut-être, être heureux, tenter de combler ce fossé qui s’était creusé entre eux…
Au départ il n’avait pas vraiment prémédité de monter à leur appartement : il voulait juste revoir ces lieux où ils avaient été un couple à part entière et où il avait pu croire qu’ils avaient un avenir.
Et puis, tout à coup, il s’était retrouvé là, devant la porte close et il n’avait pas pu s’empêcher de tenter sa chance. Après tout, le pire qui puisse lui arriver c’était que Yann lui ferme la porte au nez, ou bien qu’un autre ouvre cette porte.
A cette idée qui lui traversa soudain l’esprit, Kevin eut l’impression que son cœur s’arrêtait de battre. Et si c’était ça l’explication ? Si, malgré l’heure avancée, Yann n’était pas chez lui parce qu’il était chez un autre ? Après tout, il y avait de grandes chances qu’il l’imagine avec Tiago, parce que son départ, après leur aventure ne pouvait que l’avoir mené à cette conclusion. Dans ce cas, il s’était obligatoirement senti libéré de leur engagement commun.
Et le seul à blâmer c’était lui, pensa-t-il en laissant cette fois les larmes couler sur ses joues.
Tu vois, ce soir je suis venu,
Un peu triste et un peu déçu,
Je voulais tout et je n'ai rien gagné
Je crois bien que j'ai confondu
Le grand amour pour l'inconnu
Mais il est un peu tard pour regretter
C’était bizarre finalement : durant toutes ces semaines il avait voulu oublier Yann, oublier cette vie qui lui semblait être une autre vie, qu’il ne pourrait jamais reprendre. Mais la nostalgie qui avait grandi en lui et l’aide de son ami qui le connaissait si bien lui avait fait comprendre qu’il se trompait.
Il y avait des erreurs qu’il ne rattraperait pas : il savait qu’il ne retrouverait pas son poste et que désormais la police pour lui c’était terminé, et il n’avait encore aucune idée de ce qu’il pourrait bien faire.
Mais il avait gardé l’espoir que ce qui lui tenait le plus à cœur n’était pas perdu : Yann et leur couple.
Et ça faisait mal à en crever de se dire que cet espoir était vain et qu’il avait définitivement tout bousillé !
Les secondes
Font la ronde
Dans un monde
Que j'ai fait
Pour essayer de t'oublier,
Mes amours étaient partis
Pour un voyage,
Pour un naufrage
Qui est terminé
Désormais qu’allait-il bien pouvoir faire ?
Bien sûr, dans ce train qui le ramenait, il avait imaginé toutes les options : que Yann ne veuille pas le recevoir, qu’il ait demandé sa mutation, qu’il y ait quelqu’un d’autre dans sa vie…
Mais, à ce moment précis, devant cette porte obstinément close, il s’apercevait qu’en fait, au plus profond de lui, il n’y avait qu’une seule éventualité qu’il acceptait vraiment : c’était celle que Yann lui ouvre la porte, le regarde, lui ouvre les bras et le prenne contre lui, abolissant des semaines de doute, de souffrance, d’errance.
Il avait juste oublié un détail : la vie n’est pas un conte de fées !
Tu vois, ce soir je suis venu
Et toi, tu ne m'attendais plus
Je savais bien que tu serais chez toi
Tu sais, le temps qu'on a perdu
À se chercher ne viendra plus
Et ça fait comme un vide au fond de moi.
Il était inutile de rester là, sur ce palier glacial, à se morfondre sur ce qu’il ne pouvait plus changer !
Sa vie n’avait plus de sens, son existence était en ruine, son cœur en lambeau et son âme déchirée, mais il n’allait pas se donner en spectacle comme un minable.
D’une main tremblante il essuya les larmes qui maculaient ses joues et se releva. Il jeta un dernier coup d’œil à cette porte close qui symbolisait à elle seule l’impasse dans laquelle il se trouvait dorénavant et se retourna pour descendre l’escalier.
C’est alors qu’il le vit, figé sur la dernière marche. Il était un peu plus maigre que dans son souvenir et une barbe de plusieurs jours piquetait son visage harassé. Il comprit alors que, selon toute vraisemblance, il sortait d’une intervention : il l’avait déjà vu dans cet état là bien souvent. Il le prenait alors contre lui et ils s’aimaient longuement, dissipant la tension nerveuse qui l’habitait, jusqu’à ce qu’il s’endorme dans ses bras, de ce sommeil d’enfant sur lequel il aimait tant veiller.
- Kevin ?
Sa voix était empreinte de stupéfaction, la même qu’il lisait dans son regard. Puis le visage se durcit tandis que Yann demandait :
- Qu’est-ce que tu fous là ? Ton amant t’a fichu dehors ? A moins que tu n’en aies eu assez de baiser avec lui…
Kevin sursauta sous la brutalité verbale, mais il l’avait bien mérité pensa-t-il en rétorquant :
- J’avais besoin de te voir, de t’expliquer…
- Je ne vois pas ce qu’il y aurait à expliquer, répondit Yann en passant devant lui pour déverrouiller la porte. Il me semble que tout est très clair non ?
- Yann…
La porte s’était refermée aussi vite qu’elle s’était ouverte et il se retrouvait de nouveau devant le battant clos. Un instant il eut envie d’y asséner de vigoureux coups de poings, puis il se rendit compte que ce serait stupide. Tout ce qu’il y gagnerait ce serait de se faire embarquer par ses ex-collègues si un voisin les appelait. Il avait voulu voir Yann, savoir s’il y avait une chance, il avait sa réponse.
Le dos voûté il récupéra le sac qu’il avait laissé tombé en voyant son compagnon arriver, et il posa la main sur la rampe, déterminé à ne plus jamais revenir ni dans cet immeuble, ni dans cette ville.
A ce moment-là, un cliquetis le fit se retourner : Yann avait ouvert la porte et le regardait. Il frémit de tout ce qu’il lut dans ses yeux : la colère, la souffrance, les questions mais aussi, cette étincelle qui ranima un peu son espoir, la sensation qu’il y avait toujours de l’amour dans les prunelles qui se fixait sur lui.
- Entre, se contenta de dire Yann en écartant le battant.
Il passa devant lui, le cœur palpitant : certes rien n’était gagné, mais rien n’était encore perdu !
FIN
Chanson de Daniel Guichard