Petit à petit le reclassement s'effectue. Une songfic pour l'anniversaire de Pinklolita
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Yann/Kevin
Genre : Romance – songfic
Résumé : Un petit matin romantique pour le couple.
Seulement l’amour
Il y avait eux et il y avait les autres… et les autres ne comptaient pas.
Il y avait eux et il y avait le monde… et le monde n’existait pas.
Lorsqu’ils étaient ainsi, l’un contre l’autre, peau contre peau, paume contre paume, doigts enlacées, jambes entremêlées… Lorsque l’ardeur de leur désir les faisait quitter leur corps pour ne devenir plus qu’un, un qui avait toutes les audaces, toutes les forces, tous les courages, toutes les abnégations…
Lorsque la passion les emportait loin de cet univers trop gris, loin de cet univers trop grand, loin de cet univers si moche qu’ils y perdaient parfois le goût de vivre… Lorsque leurs sueurs se mêlaient, lorsque leurs cris se répondaient, lorsque leurs sens s’exacerbaient…
Il n’y avait plus qu’eux.
Si l'amour c'était de la musique
Alors j'écrirais des musiques
Si l'amour c'était une prière
Je prierais Dieu jusqu'en enfer
Si l'amour c'était de la folie
Alors j'aurais perdu l'esprit
Fou à m'enfermer
A m'enchaîner
A m'emprisonner
Pour la vie
Ils reposaient l’un contre l’autre, abandonnés et assouvis.
Ils reposaient l’un contre l’autre et le monde leur appartenait : ce monde où ils n’étaient que deux, ce monde où rien ne pouvait les atteindre, ce monde qui respirait pour eux, ce monde qui pliait à leur volonté.
Ils reposaient l’un contre l’autre et en silence ils se racontaient, ils se racontaient cette vie, cet avenir. Ils échangeaient tous les serments que leurs voix ne savaient pas, tous ces mots que soufflent les amoureux mais qu’ils oubliaient trop souvent.
Ils reposaient l’un contre l’autre et simplement ils étaient bien.
Mais si l'amour c'est l'amour
Alors seulement fais-moi l'amour
Fais-moi l'amour jusqu'à la mort
Avec ton coeur avec ton corps
Je t'en supplie fais-moi l'amour
Jusqu'au dernier jour de nos jours
Fais-moi l'amour jusqu'à la mort
Encore plus tendre encore plus fort
Aussi longtemps qu'on puisse aimer
Deux amants dans l'éternité
- Est-ce que tu regrettes ?
Yann se tourna vers lui, interloqué. Il n’arriverait jamais à se faire à la manière dont son compagnon fonctionnait parfois. Alors qu’ils venaient de se donner du plaisir comme rarement ils l’avaient fait, alors qu’ils se trouvaient si bien, leur désir en sommeil et se parlant en silence, cette question avait jailli, incongrue, inattendue.
- Est-ce que je regrette quoi ? demanda-t-il en se dressant sur un coude, emplissant ses yeux de la vision de son ange blond allongé dans le plus simple appareil, si tant est qu’on puisse appeler son appareil « simple », murmura une voix égrillarde dans sa tête, ce qui lui arracha un sourire.
- A quoi tu penses ? questionna alors le plus jeune qui n’avait pas manqué ce rictus, cette étincelle au fond des yeux, et qui en oublia sur le champ sa propre interrogation.
- Tu veux vraiment que je te le dise ? murmura Yann en se penchant vers lui pour venir butiner son oreille, lui arrachant un gémissement à la fois plaintif et ravi qui les remis aussitôt sur orbite, occultant tout ce qui n’était pas eux pour encore un long moment.
Puisque l'amour c'est l'amour
Alors seulement fais-moi l'amour
C’était tellement bon de se perdre l’un dans l’autre à ne plus savoir où commençait l’un, ou finissait l’autre… Ils se connaissaient tellement bien maintenant, savaient exactement où et comment poser une main, un doigt, un bout de langue mutin qui venait taquiner, cajoler… C’était tellement, tellement délicieux de se goûter, de se caresser, de se frôler, de s’exciter…
C’était tellement lui, tellement eux…
Il y a des moments où penser ne sert à rien et où les instincts ancestraux prennent le dessus et mènent la danse, quoiqu’on veuille et quoiqu’on dise…
Si l'amour c'était tout simplement
Désirer te faire un enfant
J'aimerais qu'il soit
Pareil à toi
Pareil à moi
De temps en temps
Si l'amour c'était comme à la guerre
Alors je serai mercenaire
J'irais au combat
Comme un soldat
Qui doit la faire
Et qui la perd
Une douche plus tard, repus, rassasiés l’un de l’autre, ils étaient face à face dans la cuisine, devant un petit déjeuner solide qui leur permettrait de reprendre des forces bien entamées par leurs ébats matinaux. Et cette fois ce fut Yann qui demanda :
- Alors, que voulais-tu dire tout à l’heure…
Kevin plongea son regard dans les prunelles brunes de son homme et ne tenta pas de faire semblant d’avoir perdu la mémoire de sa question. Il était même heureux que ce soit Yann qui remette le sujet sur le tapis, il n’aurait pas ainsi l’impression de le harceler, de le forcer à avoir ce type de discussion qu’il détestait.
Yann était comme le bon pain : chaud, dur à l’extérieur, tendre à l’intérieur, il fallait l’ouvrir pour découvrir toute sa richesse, et comme lui il était simple et direct. Il n’aimait pas les longs questionnements, les peut-être, les pourquoi et tout ce qui vient compliquer une vie qui pourrait être limpide. Il n’aimait pas parler de sentiments : les grands serments ce n’était pas son truc. Kevin avait fini par le comprendre.
Mais parfois, lui avait besoin de savoir, d’être sûr, d’entendre la résonnance de ses pensées chez l’autre. Même quand tout allait bien il y avait parfois ce doute.
Mais si l'amour c'est l'amour
Alors seulement fais-moi l'amour
Fais-moi l'amour jusqu'à la mort
Avec ton coeur avec ton corps
Je t'en supplie fais-moi l'amour
Jusqu'au dernier jour de nos jours
Fais-moi l'amour jusqu'à la mort
Encore plus tendre encore plus fort
Aussi longtemps qu'on puisse s'aimer
Deux amants dans l'éternité
- Si tu ne m’avais pas rencontré, tu serais peut-être marié, tu aurais un enfant, tu…
- Kevin ! Je t’arrête tout de suite ! Les mais, les si, je m’en tape ! Je t’ai rencontré et rien de ce qu’on pourra dire ou faire n’y changera quoi que ce soit. C’est vrai, s’il y a trois ans on m’avait dit que je craquerais pour un surfer blond, j’aurais sans doute envoyé mon poing dans la gueule du porteur de bonne nouvelle… Mais tu es là… Je suis là… Et non… Jamais je ne pourrai regretter d’être auprès de toi. Je t’aime Kevin Laporte, et il serait vraiment temps que tu t’en persuades…
Il avait quitté sa place, s’était approché de lui, l’avait pris dans ses bras tandis qu’il lui murmurait le dernier mot.
Tout était si simple finalement, se dit Kevin tandis qu’il laissait le passage à une langue exigeante au goût de café qui ne tarda pas à faire remonter sa température.
Puisque l'amour c'est l'amour
Alors seulement fais-moi l'amour
A une époque il y avait eu lui : Yann Berthier, capitaine de police, la réputation d’un dur à cuir, d’un don juan, celui qui vannait volontiers tout ce qui n’était pas dans la « norme » : les trop gros, les trop maigres, les cons, les naïfs, les homos… Ca oui, il s’était bien marré avec eux : non qu’ils le gênent vraiment, mais un mec… un mec c’est fait pour aller avec une gonzesse ! Un mec il bande devant une paire de seins, pas une paire de couilles !
A une époque il y avait eu lui : Kevin Laporte, le bleu, maladroit, zélé, touchant dans sa manière de vouloir bien faire. Et il y avait eu cette rencontre, ce jour où le monde, son monde, ce monde qu’il s’était construit avait basculé. Deux grands yeux océan, un sourire de gosse et ses rêves avaient basculés. Lutter n’avait servi à rien.
A une époque il y avait eu le refus… Ce n’était pas lui. Lui il était hétéro. Les homos, dans la police, ils n’avaient pas la vie facile…
A une époque…
A une époque il n’était qu’un con qui n’avait rien compris.
Mais aujourd’hui, dans ces bras là, contre ce corps là, il savait que le monde lui appartenait.
Il y avait eux et le reste n’avait aucune importance.
Il n’y avait qu’eux…
Eux… et tout un bonheur à se construire.
FIN
Chanson de Michel Sardou