Toujours en train de reclasser... cette fois-ci c'était pour Ozias.
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : John/Rodney
Genre : Romance – songfic
Résumé : A peine rentré de mission, John repart avec Elisabeth. Comment va réagir Rodney ?
Si Tu T'en Vas
John le regardait, à la fois agacé et touché de sa réaction qui lui disait, mieux que n’importe quelle déclaration, combien son amant tenait à lui.
Rodney ne bougeait pas d’un pouce, encore empourpré par la colère, cette colère qui dissimulait simplement cette peur effroyable de l’abandon.
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Tu m'oublieras
Les paroles d'amour
ne voyag' pas
Si tu t'en vas
La mer viendra toujours vers le rivage
Les fleurs sauvages
Dans les blés lourds viendront toujours...
Qui aurait prédit qu’un jour, lui, le génie, l’homme qui proclamait n’avoir besoin que de lui-même, serait tellement dépendant de cet amour qu’il avait si longtemps proclamé n’être que du sentimentalisme pour faibles ? Pas lui en tout cas qui s’apercevait, totalement déstabilisé par cette constatation, que le beau colonel lui était devenu plus précieux que la science qu’il vénérait.
Alors quand Sheppard lui avait annoncé qu’il partait en mission sur Terre, pour une durée indéterminée, qui plus est en compagnie d’Elisabeth, il s’était laissé emporter par son angoisse.
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Tu m'oublieras les blessures d'amour
Ne s'ouvrent pas
Si tu t'en vas
La source ira toujours grossir le fleuve
Les amours neuves
Vers les beaux jours iront toujours...
Si quelqu’un lui avait dit un jour qu’il se consumerait d’amour pour un militaire, il lui aurait ri au nez ou lui aurait flanqué son poing dans la figure, selon l’humeur dans laquelle il aurait été à ce moment précis.
Si, lorsqu’il avait fait la connaissance du commandant John Sheppard, il avait pu deviner à quel point cet homme lui deviendrait indispensable, sans doute aurait-il demandé sur le champ sa mutation. Quoi ? Lui ? Le grand, l’unique Rodney MacKay, pourrait-il soupirer après un homme comme la plus mièvre des midinettes ? Pourrait-il endurer les affres de la jalousie lorsqu’il le voyait flirter avec ses collègues féminines ? Pourrait-il affronter l’angoisse de ces missions où il n’était pas à son côté ?
A toutes ces questions, trois ans auparavant, il aurait répondu non et aurait su démontrer, de manière cartésienne, combien cette possibilité était totalement inepte et inconcevable.
Et aujourd’hui… Aujourd’hui il était là, le cœur au bord des lèvres et les larmes aux yeux, juste parce que John allait partir pour plusieurs semaines et qu’il ne pouvait l’accompagner.
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Tout finira
Les choses de l'amour
Ne vivent pas
Si tu t'en vas
La mort vaincra toujours la fleur de l'âge
C'est son ouvrage
Malgré l'amour
Qui meurt toujours...
La confiance…
Combien de fois lui avait-on reproché d’avoir trop confiance en lui ? De se croire indispensable, infaillible ? Il devait reconnaître que c’était l’un des traits de son caractère. Mais il n’aurait pas été ce qu’il était sans cette composante essentielle de sa personnalité.
Rodney MacKay savait parfaitement qui il était, où il allait et comment il s’y rendrait. Rien ne devait venir entraver son ascension…
Et pourtant… depuis qu’il partageait la vie de John, il doutait, jour après jour.
Comment pouvait-il, tel qu’il était, retenir cet homme magnifique ? Comment celui-ci avait-il pu même daigner s’apercevoir de son existence ? Comment pouvait-il espérer le garder tant étaient nombreux ceux et celles qui aspiraient à prendre sa place et qui étaient sans doute bien plus doués que lui pour les mots, les compliments, les petites attentions qui prouvent, jour après jour, combien l’autre vous est cher ?
Depuis le début il s’efforçait de se convaincre que ça ne durerait pas et qu’un jour John le quitterait. Se préparer à souffrir pour tenter de souffrir moins…
Mais cette souffrance-là, rien ne pourrait jamais l’atténuer.
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Rappelle-toi
Les paroles d'amour
Ne s'envol'nt pas
Si tu t'en vas
Au-delà de la vie vers la lumière
Où les prières
N'arrivent plus
Ell's sont perdues...
Parfois il parvenait à se rassurer : lorsqu’ils étaient blottis l’un contre l’autre après s’être unis avec fougue, s’être abreuvé auprès de l’autre, ressourcé à son contact… A ces moments bénis où leur amour était palpable tant il les entourait : le son de leurs respirations encore haletantes, l’humidité de leurs peaux en sueurs, l’odeur de leurs corps échauffés, le goût de leur délivrance partagé et la vue de son amant alangui contre lui…
A ces moments-là, oui, il savait, du plus profond de son être, que John était à lui et ne le quitterait jamais.
Et puis la vie revenait les happer : cette vie passionnante, enivrante, dangereuse et si frustrante qu’ils adoraient mais qui s’acharnaient à dresser des barrières entre eux, comme aujourd’hui…
Il avait préparé ce repas en amoureux, rien que pour eux, pour retrouver son compagnon qui venait de rentrer de dix jours de missions dans une autre galaxie. Il se réjouissait de leurs retrouvailles, de l’étreinte qui s’ensuivrait et de ces mots qu’ils se susurreraient à l’oreille dans l’obscurité ouatée de leurs quartiers.
Et John repartait, à peine arrivé, l’ayant à peine salué, parce qu’il y avait trop de monde autour d’eux et que ni l’un ni l’autre n’aimait les effusions en public.
Il repartait et Elisabeth l’accompagnait : la somptueuse Elisabeth qui aurait fait un si beau couple avec lui…
C’était plus fort que lui, le doute était revenu, et avec le doute , la frustration, et avec la frustration la colère.
Et maintenant il se tenait là, idiot, se disant qu’il venait peut-être, par ses mots, de provoquer ce qu’il redoutait tant.
Si tu t'en vas
Si tu t'en vas un jour
Dans ces coins-là
Nous parlerons d'amour
Comme autrefois...
Si c'est possible !
John s’approchait de lui, ne le quittant pas des yeux :
- Comment peux-tu penser ça de moi ?
Ce n’était pas de la colère qu’il lisait dans ses prunelles, mais du chagrin. Alors il craqua :
- Pardonne-moi… C’est juste… J’aurais tellement aimé que nous ayons un peu de temps. Et tu repars… C’est si dur sans toi… Je t’aime tellement.
Le regard de John s’embua un peu à cet aveu fait devant toute l’assemblée. Bien sûr, chacun ici savait les sentiments qui unissaient les deux hommes, mais jamais ils ne l’exprimaient ainsi, devant les autres : pudeur scientifique ou militaire, volonté de ne pas choquer ceux que leur relation dérangeait, désir de ne pas mélanger vie privée et professionnelle… Un peu de tout ça sans doute. Mais le fait était qu’ils vivaient leur couple à l’abri des regards et des commérages.
Alors entendre Rodney lui déclarer ainsi son amour, à haute et intelligible voix, c’était pour lui un merveilleux cadeau.
Il s’approcha de son amant et, se fichant comme d’une guigne de ceux qui les regardaient, il le prit dans ses bras :
- Je t’aime aussi Rodney et je t’interdis d’en douter. Tu es ma raison de vivre, celle qui m’oblige à être prudent, celle qui me pousse à revenir, mission après mission.
Leurs bouches s’unirent dans ce baiser que le scientifique espérait depuis le retour de son homme, et qu’il désespérait de recevoir alors que ce dernier s’apprêtait déjà à repartir.
Il n’y avait plus personne autour d’eux, le monde aurait pu s’effondrer qu’ils n’y auraient pas pris garde. Leurs langues se redécouvraient et jouaient ensemble tandis que leurs lèvres s’écrasaient les unes sur les autres. Ils auraient voulu faire durer cet échange jusqu’à la fin des temps, mais le besoin de respirer les sépara.
Le rouge au front, ils prirent alors conscience de leur entourage : certains les regardaient avec un sourire complice, d’autres un peu envieux, d’autres encore discrets, faisaient mine de regarder ailleurs et il y avait aussi un ou deux regards choqués… mais ils n’avaient cure ni des uns, ni des autres.
Se séparant de son amant avec regret, John saisit son paquetage.
Au moment où il passait la porte, il se retourna vers Rodney.
- Ne t’inquiète pas, je reviendrai.
- Je ne m’inquiète pas.
Et c’était vrai. Ce jour-là, le docteur Rodney MacKay venait enfin de faire la découverte la plus importante de sa vie : l’amour que lui vouait le colonel John Sheppard était inconditionnel et durerait ce que lui, Rodney, en ferait.
FIN
Chanson de Léo Ferré