FICTION FANZINE 2012
Auteur : natasia (fiction illustrée par
Christie) [lien à venir]
Fandom : les Bleus, 1er pas
dans la police
Pairing : Kévin/Yann
Rating : G
Disclamer : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de leur créateur. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation
dans cette fiction.
Du bleu dans ma vie
PARTIE 1
« Yann ! »
Un dossier à la main, Yann Berthier continua de marcher, tournant simplement la tête sur le côté pour apercevoir Franchard lui faire signe.
« Attends ! Je dois te présenter le Bleu qui t’es affecté. D’ailleurs, il est où ce con ?» Il chercha du regard autour de lui, soupirant et jurant contre ce nouvel idiot qui débarquait, tout frais, à la brigade.
« Oh merde ! Pourquoi on m’en file un ? Je n’ai vraiment pas le temps pour ces conneries. J’ai l’affaire Tournier sur les bras, sans parler des menaces qui continuent de tomber. Et puis s’il n’est pas capable d’arriver en même temps que les autres, je ne vois pas ce que je vais en faire »
« Attention ! » Le commandant passa rapidement sa main sur ses yeux et ne put retenir un ricanement en apercevant les deux hommes se percuter violemment. L’un arrivait à moitié en courant au détour du couloir et l’autre ne regardait pas devant lui.
« Putain ! Mais il ne peut pas faire attention, celui-là ! » S’exclama le capitaine, en se penchant aussitôt pour récupérer son dossier.
« Dé… désolé… mais euh… je dois rencontrer… je suis en retard et… euh ». Le jeune homme bafouillait, ramassant les papiers éparpillés au sol.
« Bon, c’est pas tout ça les mecs, mais j’ai pas toute ma journée ! Capitaine Berthier, Kévin Laporte, ton Bleu. Allez, salut ! » Il abandonnait : entre l’ours des cavernes et Calimero, il préférait les laisser se démerder.
- Fait chier… Fallait que je tombe sur mon supérieur… - Kévin releva lentement les yeux, passant des chaussures au jean, du jean au tee-shirt gris, pour plonger
dans des prunelles pétillantes oscillant entre le vert et le marron. L’homme le toisait d’un air franchement ironique.
« Tu comptes rester là toute la journée ? » Il ne tendit pas sa main, celle-ci tremblait bien trop et il la mit bien vite
dans sa poche. Son regard venait de rencontrer les yeux les plus bleus et les plus expressifs qu’il n’avait vus depuis bien longtemps. Peut-être même depuis jamais. Décontenancé par la réaction de son corps et totalement ébranlé, il se cacha derrière un ton arrogant et une attitude sur la réserve.
« N… non. Tenez » Le blond lui tendit maladroitement une pile de feuilles légèrement froissées que Yann prit.
Nonchalamment, du moins il espérait le faire croire, il reprit son chemin, sans un mot. Le nouveau se releva prestement, et après avoir regardé à gauche à droite, sans savoir que faire, se dépêcha de le rattraper, marchant juste derrière lui. Il ne put bien entendu s’empêcher de détailler sa silhouette.
- Kévin… Kévin… arrête de déconner. Concentre-toi sur le boulot - Tellement concentré qu’il ne vit pas Yann stopper brusquement devant une porte et lui rentra une nouvelle fois dedans.
« Je vois que j’ai à faire à un as ! Allez, bouge ton cul, on a du boulot ». Il avait ouvert sa porte et lui faisait signe d’entrer. Ceci dit, il serait bien resté à le mater, son cul. Belle chute de rein. Un demi-sourire aux lèvres, la tête penchée, il se força à revenir à la réalité.
« Bon ok, assieds-toi. Je t’écoute »
« Qu’est-ce que… » Kévin se gratta la tête, embarrassé. Que voulait-il dire par « je t’écoute » ?
« Ben oui, qui tu es, qu’est-ce que tu fous ici, pourquoi tu veux faire ce métier… Mais en cinq minutes, ne t’étale pas surtout. »
Le Bleu s’exécuta rapidement ayant compris qu’il valait mieux repartir sur de bonnes bases et montrer qu’il était capable de sérieux et de professionnalisme, et qu’il était surtout très motivé.
Puis sans commenter le petit discours de Kévin, le capitaine lui balança un dossier qui atterrit juste au bord du bureau.
« Lis-ça. Tu trouveras peut-être deux ou trois indices qui te sauteront aux yeux. C’est une des affaires importantes du moment. Tournier : t’as déjà entendu parler ? »
« Oui. Un peu. »
« Tant mieux, ça me fera ça de moins à t’expliquer. Bon, je suppose que tu sais où se trouve ton bureau ? »
« Ben…euh…non, enfin… j’étais à la bourre, alors euh… »
Yann souffla méchamment en levant les yeux au ciel.
« Ok. Je vais te montrer. »
Kévin était debout et s’apprêtait à sortir, son nouveau « chef » sur les talons.
« Ben tu prends peut-être ton dossier, non ? T’es tête en l’air de nature ou j’ai droit au grand show ? »
Le jeune homme bégaya, tout rougissant et prit le dossier que lui tendait le capitaine.
« Me…merci. Désolé. C’est le premier jour, alors »
« Kévin ? »
« Oui ? »
« Ferme-la et avance »
« Ah… ok »
Quelques instants plus tard, Yann Berthier frappait sommairement et ouvrait la porte du bureau où étaient stockées les nouvelles recrues.
« Je vous le confie ! Faites gaffe, il a deux pieds gauches et pas de tête. »
Il était déjà reparti que les bleus se regardaient toujours, sans parler, surpris.
« Salut ! Moi, c’est Kévin »
« Comment ça se fait que t’étais pas à l’appel ce matin ? » Une jolie brune s’adressait à lui.
« Ben, j’arrive de Biarritz. Mon train avait du retard et après je me suis paumé et… Après je me suis fait passer un savon en arrivant ici… et on m’a collé avec lui et …»
Il stoppa net comme les autres pouffaient de rire.
« Ouais… il respire la bonne humeur. T’es gâté dis donc »
« Bienvenue. Alex » Un jeune homme au regard frondeur lui tendait la main, qu’il serra.
Les autres se présentèrent également. La jolie fille qui le fixait, c’était Laura. Puis il y avait Nadia et Lyes.
PARTIE 2
Yann se dirigeait tout droit vers le bureau de Franchard. Il entra quasiment sans frapper.
« Te gêne pas, fais comme chez toi ! » ironisa ce dernier en levant les yeux vers le jeune homme. Il s’adossa confortablement sur son fauteuil.
« Pourquoi je dois me coltiner un bleusaille ? En plus, je suis sûr que vous m’avez refilé le plus doué, hein ! Il n’aligne pas trois mots intelligemment et il est maladroit » aboya-t-il tout en se laissant tomber sur une des chaises.
« Détrompe-toi ! Kévin Laporte est l’un des meilleurs éléments. De très bons résultats. Ok, il est un peu empoté. Mais avec ton expérience, je suis sûr qu’il va devenir excellent. De toute façon, les ordres viennent d’en haut. On dispatche les stagiaires. Donc tu en as un
dans ton service. Point à la ligne. »
« Je n’ai pas le temps ! Il va falloir que j’aie l’œil sur lui : je ne sais pas pourquoi, mon petit doigt me dit que c’est un aimant à emmerdes ! »
« Si tu n’es pas content, va voir le commissaire. Moi je ne fais qu’exécuter les ordres. »
« Fais chier » marmonna le jeune capitaine en claquant le battant derrière lui.
« La porte nom de dieu ! »
…
Pendant ce temps, les nouvelles recrues s’étaient octroyé un bureau. Puis Alex et Nadia étaient partis en « mission ». Lyes rangeait méthodiquement ses tiroirs. Kévin avait ouvert son dossier devant lui. La tête
dans la main, il se concentrait sur chacune des données et les photos qu’il contenait.
« Putain, t’as de la chance quand même ! Ça a l’air vachement intéressant. Nous, on va s’occuper des chiens écrasés et des querelles de voisinage. Je suis dégoûtée. »
Laura s’était assise sur le coin du bureau et lisait en diagonale en même temps que Kévin.
« Oui, ben crois-moi, vaut peut-être mieux que de devoir collaborer avec… Berthier. Puis il m’a déjà pris en grippe. »
La jeune femme posa sa main sur l’épaule très développée du jeune homme.
« Mais non… ça va sûrement s’arranger… Sinon, tu viens de quel coin déjà ? »
« Biarritz » lui répondit-il en souriant.
« Ah oui, tu nous l’as déjà dit. Je ne suis jamais allée
dans ce coin »
« C’est super beau ! Tu verrais la… »
« Laporte ! Tu n’es pas payé pour faire la conversation ! Rapplique tout de suite »
Après un regard entendu vers Laura, le jeune homme referma rapidement le dossier et courut derrière le brun qui lui servirait de modèle pendant les semaines à venir. Ceci dit, physiquement il aurait pu tomber sur pire, mais alors question caractère c’était vraiment un connard.
« T’es équipé ? »
« Hein ? » Kévin ouvrait des yeux ronds.
Le capitaine secoua la tête d’un air navré et souffla un coup avant de reprendre.
« T’as ton flingue ? Rencard avec indic sur l’affaire en question. Une chose, tu restes là où je te dis et pas de discussion. On est d’accord ? »
« Ok »
Ils avançaient rapidement et Yann prit place
dans une voiture de fonction à la place du passager. Un de ses hommes conduisait et salua Kévin qui entra à l’arrière. Yann les présenta sommairement.
« Kévin, le Bleu. Jean-Paul, 15 ans de boîte. Roule ! Ricco ne va pas nous attendre perpète »
Quand ils arrivèrent, assez rapidement vu la conduite sportive, Yann descendit.
« Tu restes avec Jean-Paul et tu surveilles les alentours »
Puis il se dirigea vers un square où l’attendait un sdf.
« Il est tout le temps comme ça ? » demanda-t-il à Jean-Paul, sans quitter Yann des yeux.
« Comment ? Abrupte ? Rentre-dedans ? Ah ouais, c’est Berthier tout craché ! Mais c’est un bon ! Il a des résultats. Tu n’auras pas de meilleur formateur. Fais ce qu’il te dit et tout se passera bien »
« Espérons, ce sera au moins un lot de consolation » souffla-t-il si bas que le collègue n’entendit rien.
…
Au bout de quinze jours du même traitement, Kévin n’en pouvait plus. Il entra avec fracas
dans la pièce des Bleus en jetant avec force plusieurs dossiers.
« Je le déteste ! Non mais quel connard ! »
Il devait taper plusieurs rapports. Et pour hier, encore.
« C’est de l’esclavagisme ! Va voir le commissaire et demande à changer » lui suggéra Nadia.
« Il ne peut pas me voir, le commissaire. Depuis que je suis arrivé en retard le premier jour… »
Le blond soupira et finit par s’asseoir lourdement. Le pire n’était pas tellement qu’il doive se taper des corvées inintéressantes. Non, c’était plutôt les mots et les humiliations continuelles. Yann continuait de lui parler comme à un chien et il ne pouvait plus le supporter. Il était à deux doigts de lui foutre sur la gueule…
« C’est peut-être ce que tu devrais faire ! Cela lui imposerait un peu de respect. » Laura semblait avoir deviné le cours de ses pensées. Elle avait observé les poings de leur ami se crisper et blanchir.
Il ne répondit pas, tapa son mot de passe et commença à saisir le premier rapport. La jeune brune vint se coller derrière son dos et posa ses deux mains sur ses épaules crispées, commençant à le masser légèrement.
« T’es toujours à l’hôtel ? »
« Oui. Et à la vitesse que ça va, vu les tarifs, je ne tiendrais pas très longtemps »
« Si tu veux, tu peux venir chez moi. Ma mère est d’accord. »
Les yeux bleus la dévisagèrent quelques secondes, pétillants d’espoir.
« Sérieux ? Tu es sûre que cela ne vous dérangera pas ? »
« Puisque je te le dis »
« Génial ! Parce que je n’en pouvais plus du vacarme des voisins. Mais je paierais, ok ? »
« Ouais, on en reparlera »
« Laura ! Tu viens ? Franchard nous attend. Salut Kevin. »
Alex se tenait à la porte et attendit que Laura le rejoigne puis ils disparurent rapidement.
Kévin se remit à la tâche, l’esprit beaucoup plus léger. Au moins une bonne nouvelle
dans cette journée de merde.
« Elle en a après toi… » Murmura Lyes
« Oh ! N’importe quoi… Elle est sympa, c’est tout. »
« Tu es complètement aveugle. Ça crève pourtant les yeux… »
Kévin était bouche-bée… Si Lyes disait vrai…
…
« T’en fais pas un peu trop avec lui ? Je crois qu’il a compris. Il est maté, là. » Jean-Paul essayait d’intercéder auprès de leur chef pour la jeune recrue. Mais celui restait figé
dans un silence buté.
« Il est à deux doigts de craquer. Pourtant il fait tout ce que tu lui dis sans rechigner, mais il va péter un câble. Ecoute, c’est un bon élément et il apprend vite. Tu devrais relâcher la pression sur ce gosse. »
« Ferme-là, ok ! »
« Eh ! Tu ne me parles pas comme ça, d’accord ?! Je ne suis pas impressionnable, moi. Oh et puis fais comme tu veux, après tout ».
Son collègue et ami le laissa seul après avoir manifesté son mécontentement en claquant la portière. Comment aurait-il pu se justifier ? Sa conduite était inqualifiable. Il était le premier à l’admettre. Mais c’était le seul moyen qu’il avait de tenir le jeune blond à distance.
Quinze jours qu’il était parmi eux et quinze jours qu’il était à la torture. Il l’avait ensorcelé de son sourire angélique - qui ne s’adressait jamais à lui en réalité -, de ses magnifiques yeux où se reflétait le moindre de ses sentiments. Il était transparent comme de l’eau. Il y avait déjà vu l’incertitude, le doute, la colère, le ressentiment. Et parfois la joie lorsqu’il était avec ses amis et qu’il ne le voyait pas.
Comment aurait-il pu expliquer à Jean-Paul qu’il le repoussait de cette façon, pour ne pas lui sauter dessus à chaque fois qu’il entrait
dans son bureau ? Il sentait encore le sable et le soleil, les embruns. Il respirait la candeur
dans un corps viril et musclé, qui faisait réagir le sien. Il pourrait le prendre sur son bureau s’il ne se maitrisait pas.
PARTIE 3
Il tourna la clé et démarra. Ce soir, c’était décidé. Il allait s’exploser la tête ! Après un passage à son appart, une douche et déjà deux verres, il se dirigea vers le bar branché qu’il aimait fréquenter pour ce genre d’occasion. Il savait qu’il y retrouverait quelques têtes connues, un ou deux potes, voire plus si la chance lui souriait. C’est tout ce dont il avait besoin. Tirer un coup et faire redescendre son taux d’hormones.
Il y avait du monde, comme à chaque fois. De belles gueules, des moins beaux… Il s’accouda au bar et commanda un alcool fort, puis un deuxième qu’il but à moitié. Il n’avait pas pris tellement le temps de dévisager les personnes présentes et pivota sur son tabouret afin de faire un tour d’horizon.
Un jeune homme attira son attention, les cheveux mi-longs, ondulés, le regard clair. Il était mignon et de plus il lui souriait. Il attrapa donc son verre et se leva pour le rejoindre. Le blond le suivait du regard et l’attendait.
« Salut »
« Bonsoir »
« Je m’appelle Tiago »
« Yann. Je t’offre un verre ? »
…
Il avait mal au crâne. La fanfare jouait à tue tête et ses paupières se rebaissèrent aussitôt, agressées par la luminosité qui filtrait
dans sa chambre. Son réveil sonna à cet instant et d’un bloc il se remémora quelques passages de sa soirée. Péniblement, il tourna la tête de l’autre côté du lit et un angelot blond croisa son regard.
« B’jour »
Un simple grognement du capitaine fit office de réponse.
« Café ? »
« Au moins.»
« Je… » Yann essayait de sortir du lit sans trop bouger la tête. « Désolé, je ne me rappelle pas ton nom et euh si… »
« Tiago. Et non, on n’a pas couché. Entendre cent fois le prénom d’un autre, très peu pour moi. En plus, je déteste ce prénom. Kévin ! Ça ressemble à rien »
« Ah ? Merde. Désolé » Yann passa la main
dans ses cheveux complètement ébouriffés.
« T’en fais pas, je m’en remettrai. Mais je serais toi, je ne perdrais pas mon temps
dans les bars. Il doit y avoir un Kévin qui t’attend quelque part »
Ils prirent le petit déjeuner et Yann découvrit un jeune étudiant charmant et très cultivé.
« Bon, je ne te dis pas à bientôt. Mais si jamais t’as des emmerdes, contacte-moi, je verrais si je peux t’aider, d’accord ? Et merci pour cette nuit »
« Merci à toi. Ce n’était pas désagréable et reposant pour une fois » Tiago riait. « Bien, je vais y aller. J’espère que tu changeras d’avis pour Kévin. Je suis sûr que c’est un bon coup »
Yann souriait lorsqu’il referma la porte sur eux. Ils se quittèrent sur le trottoir, ne sachant s’ils se croiseraient de nouveau un jour. Après avoir regardé Tiago s’éloigner, Yann se hâta de se rendre au taf.
« Ah ! Yann ! T’es enfin là ! » Jean-Paul arrivait essoufflé devant lui.
« Quoi ! C’est bon, j’ai dix minutes de retard ! »
« Ricco a appelé ! On a repéré Tournier. Enfin ! Mais il ne va pas rester longtemps où il est, comme d’habitude.»
« Kevin ? Il est où ? »
« Avec Matthias et Fred »
« Ok. Bah on y va ! Qu’est-ce qu’on attend ! »
Après un très rapide détour
dans son bureau, il rejoignit ses collègues. Jean-Paul avait déjà démarré la voiture. Il sauta dedans plus qu’il ne s’assied.
« Allez roule ! »
Toute sirène hurlante, ils traversèrent les rues en trombe. Le renseignement que leur avait balancé Ricco était extrêmement précieux. Il fallait faire vite pour coincer Tournier.
« L’adresse ? »
« Squat des camés de la rue Foucher »
« Merde… ça craint là-bas. J’espère que ce n’est pas un coup fourré. »
« J’espère que non »
Jean-Paul avait éteint la sirène depuis plusieurs rues. Pas la peine d’ameuter tous les voyous du coin et de se faire canarder. Le quartier n’était pas tendre. Brassards aux bras, ils sortirent des voitures, Yann passa sa main
dans ses cheveux, un peu nerveux, l’œil aux aguets. Il vit Kevin suivre de près deux de ses hommes. Ils entrèrent
dans un hall correspondant à l’adresse que Ricco leur avait indiquée.
Tout se déroula silencieusement mais rapidement. Les hommes s’étaient déployés efficacement et bientôt entre portes défoncées, cris et précipitations, Tournier était surpris au lit.
Yann débarqua en lui jetant les vêtements qui trainaient sur une chaise.
« Hop, on s’habille et fissa, Tournier ! On a des choses à se dire au commissariat. »
L’homme le regarda dédaigneux tout en prenant son temps pour s’habiller.
« Je n’ai rien à vous dire, Berthier. »
« Comment vous savez mon nom ? » s’étonna le brun.
« De la même façon que je connais celui de mes ennemis. Et celui du jeune homme que vous trainez partout. Kevin, c’est ça ? »
Subitement, le flic sentit un filet de sueur lui glacer la colonne. Cherchant leur nouvelle recrue des yeux, il ne le vit effectivement pas à leurs côtés.
« Si vous êtes coopératif, je pense qu’il pourrait s’en sortir. Sinon… je crains que Boris ne soit d’avis de s’amuser quelque peu avec lui avant de vous le rendre… disons en pièces détachées. »
« Salaud ! »
« Je sais… » Il sortit prudemment sachant que les hommes n’oseraient pas tirer. Yann leur avait fait un léger signe de la main. Ils le suivirent et Tournier quitta l’appartement sans précipitation, sûr d’avoir les cartes en main.
« Merde !! Merde, merde et merde !!! » Le capitaine s’arracherait presque les cheveux. Il se précipita derrière le bandit, suivi de ses hommes.
« On te tenait, là ! » cria Jean-Paul, tout essoufflé.
« Oui et maintenant c’est lui qui tient Kevin ! Je l’avais dit qu’il s’attirerait des ennuis. »
Un bref regard sur la rue et la situation et Yann aperçut un grand gorille près d’une berline noire. Il étranglait à moitié le jeune homme qu’il retenait d’un bras, tandis que Tournier accélérait le pas pour rentrer
dans la voiture.
« Qu’est-ce qu’on fait patron ? »
« Comment ça se fait qu’il ait réussi à choper Kevin ? »
« Bah c’est pas lui qu’on surveillait… Le géant est arrivé de nulle part et quand on l’a vu il avait déjà le flingue sur la tempe du gamin ! »
Ils étaient tous postés plus au moins autour de l’auto, prêt à agir au moindre incident. Soudain, Kevin, malgré sa peur, tenta le tout pour le tout et lança un coup de coude
dans l’estomac du voyou, qui le relâcha sous la surprise.
Un des flics n’attendant que cette occasion tira, blessant sévèrement l’homme qui ne put répliquer. Tout s’enchaina alors très vite et Jean-Paul passa les pinces à Tournier qui fulminait.
Yann s’était précipité sur le jeune homme, légèrement choqué. Un énorme hématome ornait l’une de ses pommettes et son cou bien évidemment. Il avait du mal à respirer.
PARTIE 4
« Kevin ! Kevin… »
Les prunelles vertes reflétaient toute l’inquiétude que ressentait son propriétaire. Celles de Kevin, l’incrédulité devant l’air qu’affichait Yann.
Il n’eut le temps de se poser plus de questions que Jean-Paul s’avança vers eux.
« Ca va, petit ? »
Le Basque hocha la tête. Sa gorge était douloureuse et tout lui semblait irréel. Les bras du Capitaine autour de lui, sa sollicitude subite.
« Un médecin va t’examiner »
…
Plus tard, Yann s’éclipsa pour rejoindre le jeune homme. Il avait besoin de le voir. Il avait eu des nouvelles positives, mais il fallait qu’il s’en assure par lui-même. Son « stagiaire » avait été confiné
dans son bureau pour le reste de la journée, sous haute surveillance. On lui avait de nouveau confié la tâche d’un rapport, non pas pour le punir pour le garder en sécurité.
Oubliant de frapper, le Capitaine entra
dans le bureau des bleus et fut décontenancé par la scène qu’il interrompit. La jolie Laura venait de se coller à Kevin et avait levé sa main pour lui caresser la nuque.
Il eut juste le temps d’entendre le blond lui murmurer un « Laura… j’suis pas intéressé. Excuse-moi », avant que ce dernier ne se retourne vers lui comme la jeune femme venait de le faire en entendant Yann entrer. Kevin était rouge de honte. Il se mordillait la lèvre inférieure, ne sachant que faire. Le plus gentiment possible, il repoussa le corps de sa collègue et laissa retomber ses bras.
Un silence gêné s’était installé que la brune pétillante déchira, blessée
dans son orgueil.
« T’es pas intéressé ? Par ça ? » Elle désigna d’un geste de la main sa silhouette. « J’en déduis que t’es qu’une pédale, alors ? ». Elle ne pouvait concevoir qu’il ne craque pas pour elle. Si c’était le cas il ne pouvait être qu’homosexuel, ce qui expliquerait son refus.
A ces mots, Kevin jeta un coup d’œil à son chef, rougissant de plus belle lorsqu’il vit le sourire qu’il arborait et plus encore les prunelles vertes qui le dévoraient. Etrangement silencieux, Yann avait perdu son masque d’autorité et le regardait avec une lueur de convoitise.
Laura, hors d’elle, comprit qu’elle était hors course et sortit en bousculant violemment le brun, sans s’excuser, les laissant seuls.
Yann s’approcha de lui lentement. L’atmosphère était lourde. Face à lui, il posa délicatement ses doigts sous son menton pour lui relever, les laissa glisser sur l’ecchymose de sa gorge, et sans le quitter des yeux lui demanda si ça allait.
« Je…je survivrai » Répondit Kevin, tétanisé par la présence si proche et inexpliquée de son Capitaine.
« Elle n’était pas très contente, Laura » Balançant une évidence, ce dernier changea radicalement de sujet pour entrer directement
dans celui qui l’intéressait au plus haut point.
Le basque haussa les épaules, gêné.
« Je l’avais déjà rembarrée »
« C’est vrai ? »
« Quoi ? »
« Ce qu’elle a dit… que t’aimerais pas les filles ? »
Il n’obtint aucune réponse. Kevin s’évertuait à regarder partout sauf le vert qui le fixait.
Yann sourit… Oh oui, il en était quasiment certain… mais il lui fallait l’entendre de vive voix avant de tenter quoique ce soit.
Comprenant qu’il ne sortirait pas de cette situation tant qu’il n’aurait pas répondu, le basque hocha la tête, tout en soufflant un « J’suis pédé, ok ? Et si ça vous pose un problème… »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Une main posée sur sa nuque le força à avancer le visage et il sentit une bouche tiède et douce forcer ses lèvres. Une langue impatiente s’emmêla à la sienne, les faisant tournoyer pour se calmer ensuite et s’enlacer plus sensuellement. Un gémissement les fit revenir sur terre.
A bout de souffle, Yann posa son front sur celui du blond.
« Putain, tu me refais plus jamais ça, Kevin. » Il caressait encore tout doucement les traces
dans son cou.
Le bleu était complètement déboussolé. Hier encore, son Capitaine était un vrai con, lui pourrissant l’existence. Aujourd’hui, il s’inquiétait pour lui, l’embrassant à perdre haleine. Il devait d’ailleurs le regarder avec un air totalement ahuri car le beau brun ténébreux sourit tendrement.
« J’ai lutté… tellement lutté contre mon attirance pour toi… Une personne ou plutôt deux m’ont fait prendre conscience qu’il fallait que j’arrête de perdre mon temps et mon énergie à te garder à distance. Je devrais remercier Laura, aussi » ajouta-t-il en riant.
« T’es toujours aussi con… Tu ne me demandes même pas si je suis d’accord ? T’es tellement sûr de toi, ça m’énerve !» Kevin l’avait tutoyé naturellement et pour une fois sur un ton plus assuré, en pointant son index sur son épaule.
Déconcerté, car il n’avait même pas pensé à cette option, Yann le regarda inquiet.
« T’es qu’un con ! Tu m’as tellement énervé ! Je ne sais même pas si tu mérites que… » Continua le blond.
Il fut interrompu par un nouveau baiser, leurs deux corps bloqués contre un bureau. Ils n’entendirent pas la porte s’ouvrir et se refermer tout doucement, ainsi que les rires étouffés derrière le battant.
Kevin capitulait, Yann également. Une nouvelle aventure débutait pour eux.
FIN