LA SURPRISE DE NOEL(Cadeau de Noël pour Finsleyf)
La neige qui tombe depuis le matin recouvre les toits, la chaussée et les trottoirs donnant à la ville une image de carte postale. Par la fenêtre il regarde les flocons tomber en silence, un silence oppressant qui marque un peu plus sa solitude.
La rue est calme, seuls quelques rares conducteurs s’aventurent encore sur le bitume et les derniers passants ont rejoint leur famille et amis. Ce soir c’est un jour de fête, le réveillon de Noël, ce repas traditionnel que l’on passe en compagnie des gens que l’on aime en attendant la remise des cadeaux. Lui c’est le troisième qu’il va passer sans son amant, lui qui aimait tant ce moment. Son cœur se serre en pensant à ces moments où ils décoraient le sapin, se chamaillant gentiment pour savoir qui poserait l’étoile au sommet. Le repas préparé à deux, les cadeaux qu’ils s’échangeaient à minuit, les étoiles qui brillaient dans le regard de Lorenzo quand il découvrait le sien. La joute amoureuse qui terminait immanquablement la soirée et la journée de Noël qu’ils passaient au lit, à regarder la télévision blottis l’un contre l’autre.
Il laisse retomber le rideau et remet en place une boule et réajuste une guirlande que le chat « Loustic » a déplacé en jouant dans le sapin. « Loustic » est le dernier cadeau de son amour. Le chat noir ronronne quand son maître le caresse en passant, s’étire en baillant et se roule à nouveau en boule dans son panier.
Il se rend dans la cuisine où un plat acheté chez le traiteur a été mis à réchauffer dans le four. Il prend une bouteille de champagne et son entrée composé de foie gras dans le réfrigérateur.
Il retourne dans la salle à manger où la table a été dressé pour deux couverts. L’absence de celui qui est toujours présent dans son cœur se fait encore plus cruellement sentir mais il le fait pour lui pour se souvenir des moments heureux, dans l’espoir…. Il n’a pas faim et mange du bout des lèvres accompagnant chaque bouchée d’une gorgée de champagne, ce breuvage qu’il aimait tant lécher sur la peau dorée de Lorenzo.
La bouteille est presque vide quand il décide d’aller se coucher. Il se glisse sous les draps et avant de fermer la lumière envoie un baiser baigné de larmes à l’homme qui lui souri sur la photo.
Il ferme les yeux et le souvenir de leur première rencontre défile sous ses paupières closes.
La sortie habituelle du samedi soir avec son meilleur ami, Romain, dans une boîte gay, c’est son tour. En effet comme ils ont des préférences différentes ils ont décidé pour ne frustrer ni l’un ni l’autre ils ont décidé d’alterner afin que chacun y trouve son compte. Et puis c’est amusant de voir l’hétéro se faire draguer par des mecs comme lui en retour rit des efforts qu’il fait pour se débarrasser des filles un peu trop envahissantes.
Son regard qui croise celui d’un homme assis au bar, il sent celui-ci le suivre des yeux alors qu’il se déhanche sur la piste. La musique est bonne et il se laisse porter. Il est bon danseur et ils sont nombreux ceux qui tournent autour de lui. L’un deux est particulièrement empressé, il doit le repousser plusieurs fois mais l’autre est du genre collant. Il se rend aux toilettes pour à la fois se soulager et de l’autre fuir un instant l’individu. Il s’apprête à sortir quand celui-ci entre et bloque la sortie en réclamant un baiser comme droit de passage. Il refuse, l’autre insiste, il tente un passage en force mais se retrouve bloquer contre le mur. Il se débat mais l’autre est plus fort que lui et il n’arrive pas à se dégager Une bouche qui sent l’alcool qui cherche à prendre la sienne, des mains qui se glissent sous ses vêtements. Soudain son agresseur de retrouve à terre tandis qu’une voix chaude teintée d’un léger accent lui demande si ça va et lui propose un verre pour se remettre de ses émotions. Il accepte et suit son sauveur, Lorenzo, bientôt rejoint par Romain, inquiet. Il se sent bien après de lui comme jamais il ne l’a été avec autre homme. Son meilleur ami sentant qu’il était de trop s’est éclipsé prétextant une fatigue soudaine pour les laisser en tête à tête. Les heures défilent sans qu’ils s’en rendent compte, ils discutent, dansent de plus en plus près l’un de l’autre. Si près qu’ils suffiraient d’une légère poussée pour que leurs bouches se trouvent. L’établissement va fermer, ils se retrouvent sur le trottoir et ils est évident pour tout les deux qu’ils ne veulent pas se quitter. Lorenzo le suit chez lui, dans cet appartement qui deviendra leur nid d’amour. Premier baiser une fois la porte refermée, première étreinte et premier corps à corps amoureux qui les laissera épuisés.
Ce n’est que le lendemain qu’il lui raconta son histoire, ne voulant pas le laisser dans l’ignorance d’une chose qui pourra peut-être un jour interférer dans leur histoire. Son amant était d’origine colombienne. Son père était à la tête d’un important trafic de drogue. Il était marié et père d’un garçon quand il avait eu une aventure avec sa mère. Il ne l’avait pas reconnu mais il avait tout fait pour qu’il ait une bonne éducation. Quand son héritier était mort lors d’un règlement de compte il avait tout fait pour qu’il vienne à ses côtés pour le préparer à prendre sa succession. Les guerres entre trafiquants étaient pour avoir les meilleurs marchés étaient fréquentes.
Il avait refusé l’offre de son père, il était hors de question qu’il soit un jour responsable de la dépendance, de la déchéance et de la mort d’êtres humains.
Il était venu en France et vivait en donnant des cours d’espagnol. Il se croyait à l’abri des conflits entre clans mais un jour le passé les avait rattrapé.
Des larmes coulèrent sur ses joues au souvenir douloureux.
Après presque trois ans d'un bonheur sans nuages leurs vies avaient basculé . Son amant venait de partir pour donner un cours de soutien. Par la fenêtre il le suivait du regard, il s’apprêtait à traverser quand une voiture aux vitres teintées s’était arrêté près de lui. Deux hommes en étaient descendus et l’avaient forcé à monter.
Depuis ce jour là il n’avait plus eu de nouvelles de Lorenzo et l’enquête de police n’avait rien donné.
Depuis ce jour là la douleur de l’absence avait pris possession de son âme. S’il tenait bon malgré c’est qu’un jour il reviendrait, qu’un jour il pourrait le serrer à nouveau dans ses bras. Un jour….
Epuisé et aidé par l’alcool il s’endors la photo dans les bras. C’est le bruit de la sonnette qui le tire du sommeil, il repousse Loustic qui s’était couché contre lui. Celui-ci émet un miaulement de protestation avant de filer vers la cuisine. La sonnerie se fait plus insistante, il se lève et va ouvrir d’un pas traînant. Il croit rêvé et manque de défaillir. Deux bras puissants l’étreignent et son cœur se mets à battre plus fort quand une voix chaude avec cet accent qu’il n’a jamais perdu, résonne à son oreille.
« Je suis revenu mon amour et plus rien ni personne ne pourra plus jamais nous séparer, Te quiero.
FIN