Stargate SG1 / Alex / Jack & Sam / PG13

La soirée se passa calmement et au bout d’un moment, on ne parla plus du SGC mais de nos études, de nos familles, etc.

Je suis rentrée à mon hôtel. Je savais quoi faire mais je savais que ça ne plairait pas à tout le monde.

J’ai passé un appel à ma mère et nous avons discuté un moment. Je lui ai, brièvement, expliqué mon dilemme et elle a essayé de me conseiller du mieux qu’elle put. Elle confirma mon idée, sans le savoir.

Le lendemain matin, je me suis rendue à la base de Cheyenne Mountain pour donner ma réponse au Général Hammond. Quand je suis sortie du premier ascenseur, Sam m’attendait. Elle me salua avec un sourire et me guida vers le second ascenseur pour rejoindre la salle de briefing.

Nous nous sommes installées et les autres ne tardèrent pas à arriver, le Colonel fut le dernier à se présenter mais ça ne sembla surprendre personne.

"Miss Roslin, avez-vous fait un choix ?" me demanda le Général, d'une voix douce.

"Oui, Monsieur."

Je me tournais vers Ben et lui sourit timidement.

"Ben, j'apprécie vraiment votre accueil et votre gentillesse mais je vais choisir SG1. La réputation du Docteur Jackson n'est plus à faire et je me sens plus à l'aise avec la rigueur militaire."

Ben me sourit et hocha la tête.

"Je le savais, dur de me choisir face à eux mais je comprends, c'est votre avenir."

Il quitta la pièce en nous saluant et j'étais soulagée, tout s'était bien passé.

"Votre père est amiral, c'est bien ça, Alex ?" me demanda Daniel.

"Oui, Monsieur."

Daniel ôta ses lunettes, pinça l'arête de son nez et me regarda en remettant sa monture.

"Je ne suis pas dans l'armée, donc Daniel suffira."

"Miss Roslin sachez cependant que même si SG1 vous prend sous son aile et malgré vos parents, les règles du SGC s'appliquent à tout le monde" me prévint Hammond.

Je hochais la tête et il quitta la pièce. Daniel se tourna vers moi, surpris.

"VOS parents ?"

"Mon père est Amiral et ma mère est… elle est dans la politique" répondis-je.

J'étais habituée à ce que les gens changent leur regard sur moi quand ils apprenaient qui étaient mes parents et je ne voulais aucun traitement de faveur. Si je devais réussir, ça serait uniquement par mon travail et ma valeur, pas à cause - ou grâce à - eux.

"Difficile de marcher dans les traces de Papa, hein ? Demandez à Carter !" s'exclama Jack, en se levant et posant une main amicale sur l'épaule de Sam.

Elle posa sa propre main sur la sienne et la serra tout doucement, le mouvement fut à peine perceptible mais j'avais vu bouger ses métacarpes.

Les rumeurs évoquées par Fred, la veille, me revinrent en mémoire mais quelque chose me gênait. J'en connaissais assez sur l'armée pour savoir que ces deux-là ne pouvaient - et ne devaient - pas avoir de liaison.

J'ai suivi Sam à son labo et j'ai travaillé sur les documents qu'elle me m'avait confiés. Daniel est passé nous voir plusieurs fois avant le déjeuner.

"Ca avance, Sam ?" demanda-t-il en fin de matinée.

"Une chance qu'Alex soit là, je t'avais demandé de me traduire ce texte depuis des semaines" répondit-elle.

Elle ne semblait pas fâchée mais je sentis la réprimande, tout comme Daniel.

"Je sais, Sam" soupira-t-il. "J'ai été occupé avec tout ce que j'ai trouvé sur 456 plus ce que voulait le Général."

"Ce n'est pas grave, Daniel, je comprends."

Elle lui sourit et je compris qu'ils faisaient la paix. Elle ne semblait pas rancunière, surtout maintenant qu'elle pouvait avancer sur ses recherches. Daniel nous quitta pour rejoindre son propre labo.

Le Colonel arriva peu après.

"Wow, vous êtes studieuses, toutes les deux !" s'exclama-t-il, à l'entrée du labo.

Nous nous sommes redressées toutes les deux mais il nous a empêché de nous lever.

"On déjeune ?" proposa-t-il, ensuite.

Sam regarda sa montre et soupira "déjà !"

"Oui, déjà et c'est pour ça que je viens vous chercher. Parce qu'oublier de vous alimenter est une chose, Carter, mais ne pas nourrir votre stagiaire en est une autre !"

Elle s'est levée pour suivre le Colonel, les yeux rivés sur sa nuque et je suivis le mouvement.

Fred avait eu raison, la vie semblait plus simple quand on faisait partie du groupe des Rock Stars… Tout le monde nous saluait - et pas juste les deux officiers devant moi, les gens s'écartaient sur notre chemin, etc.

J'observais Sam parler avec Jack, maintenant côte à côte, tellement proches qu'ils se touchaient presque. Sam était une femme plutôt grande et son épaule arrivait presque à la hauteur de celle de Jack. J’avais l’impression qu’ils partageaient plus qu’une simple relation officier/subordonnée mais qu’ils se retenaient, par respect pour le protocole militaire.

Mon père aimait me raconter des histoires d’officiers qui avaient enfreint le règlement pour vivre leur histoire et ma mère le taquinait souvent avec ça. Il semblait plus fleur bleue et romantique qu’elle !

Nous sommes arrivés au mess et le Colonel nous a invité à entrer avant lui, encore une preuve que sa galanterie était au-dessus du protocole, surtout en ce qui concernait Carter. Je souriais en le remerciant d’un signe de tête. Un jeune homme m’a percuté alors que j’entrais dans le réfectoire et si le Colonel n’avait pas été là - et aussi réactif - je me serais retrouvée à terre.

"Alors, Lieutenant ! On ne regarde pas où on va ?!" le Colonel semblait furieux mais amusé à l'idée de terroriser un officier subalterne.

Le jeune homme rougit et bafouilla des excuses, finissant par "Monsieur."

"Ce n'est pas à moi qu'il faut demander pardon, mais à cette jeune femme, Lieutenant !"

Le mess était affreusement silencieux et j'étais plus que gênée d'être, malgré moi, le centre de l'attention.

"Pardon, Mademoiselle."

"Excuses acceptées" répondit O'Neill, me voyant pétrifiée. "Allons nous chercher à manger avant que Teal'c ne prenne toutes les spaghettis !"

Quelques jours après l'incident du mess, je notais que la base entière connaissait mon nom, le but de ma présence ici et que j'étais, en quelque sorte, la protégée du Colonel O'Neill.

Je devais impérativement savoir ce qui en faisait l'homme redouté qu'il était. Je voulais bien croire qu’on le respectait en tant que colonel mais je sentais qu’il y avait plus derrière ce grade. Même le Général Hammond le traitait différemment.

Après tout, quand on le connaissait, Jack était drôle et charmant, à sa manière. J'avais réussi à aller déjeuner avec Fred et d'autres stagiaires, pendant que tous nos tuteurs étaient en réunion avec le Général Hammond - gros briefing, grosse mission en vue mais je n'en savais pas plus.

"Et tu ne poses pas de questions ?" s'indigna Fred, alors que nous nous installions à une table, dans le mess désert.

"Non, je ne veux pas me faire jeter du stage. Imagine que Sam le prenne mal et me renvoie chez Ben !"

"Je serais étonné qu'elle te jette mais c'est toi qui vois."

"Tu fais presque partie de SG1, si quelqu'un peut avoir des infos sur les missions secrètes et périlleuses, c'est toi" ajouta Doris, une autre stagiaire.

La pauvre, elle était en pleine thèse de doctorat et elle était tombée chez Felger. D'après elle - et ce que j'avais déjà découvert par moi-même - il était d'une incroyable maladresse, disait idioties sur idioties et traitait Chloé comme sa bonne. Son tableau blanc était souvent couvert de confiture de beignet, sans parler des appels de trois heures à sa mère. Chloé semblait d'une patience angélique - et d'ailleurs, seul un ange devait pouvoir supporter un tel homme. Ce qui était surprenant car on la disait amoureuse de lui, mais comme il avait des vues sur Carter, ça semblait mal parti. Je pouvais dire, sans me tromper, que Felger n'aurait jamais aucune chance avec une femme comme Sam - mais l'espoir fait vivre et c'est gratuit comme dit souvent ma mère !

Bref, tous mes nouveaux amis semblaient d'accord avec Doris : j'étais la mieux placée pour en savoir plus sur les missions secrètes de mon équipe de tuteurs.

"Je peux essayer d'avoir des infos si vous voulez mais je ne risque pas de violer un quelconque accord ?"

"Alex, tu as signé un accord de confidentialité à l'entrée. Ce que te dira Sam - ou même O'Neill - ne sera pas soumis à un niveau super élevé d'accréditation, ça ne devra seulement jamais quitter l'enceinte de la base."

"D'accord" répondais-je, peu sûre de moi. "Par contre, parfois, ils parlent de choses que je ne comprends pas. Donc je risque ne pas bien vous raconter ce que je sais."

"Tu n'as pas eu le guide des stagiaires ?" demanda Fred.

Je le regardais avec des yeux exorbités - ils devaient tous me prendre pour une folle là !

"C'est quoi ce guide ? C'est une farce que vous me jouez, c'est ça ?"

Fred fouilla dans son sac et me donna un feuillet, qui ne semblait pas toute première jeunesse - ça devait être le sien.

"Lis ça et si tu as des questions, tu as mon numéro."

Il me fit un clin d'oeil et nous continuâmes notre repas.

"J'ai des questions, mais ça ne concerne sûrement pas le guide. C'est à propos du Colonel."

"Bah quoi ?"

"Qu'est-ce qui fait de lui un homme si craint ?"

"Ouais, SG1 c'est vraiment le top niveau équipe de terrain mais c'est pas chez eux que tu vas apprendre les potins de la base !" 

Les stagiaires passèrent le reste de notre pause déjeuner à me parler la première ouverture de la Porte des étoiles. Certains, parmi eux, avaient eu accès aux dossiers confidentiels relatifs à cette mission et en connaissaient les détails officiels. Certains avaient discuté avec des officiers qui avaient assisté aux travaux du Docteur Jackson, mais personne de la première expédition n'avait vraiment dévoilé ce qui était vraiment arrivé là-bas, sur Abydos. D'après ce que j'avais compris il ne restait que Daniel et Jack  - et leur amitié de longue date. 

Kawalski était mort, Ferretti avait travaillé un moment au SGC avant d'être réformé à cause de ses yeux et on ignorait ce qui était advenu des autres : Freeman, Brown et Reilly. Certains étaient morts là-bas mais d'autres étaient rentrés sur Terre, guidés par le Colonel O'Neill.

Daniel Jackson avait feint sa mort, pour rester avec sa femme. Jack avait été obligé d'aller le chercher plus tard et ils ne s'étaient plus quitté - sauf quand Daniel était mort - attendez ! Quoi ? Il était mort, genre vraiment mort, pendant un an ? C'est quoi cette base ?!?

"Ce qui fait de lui l'homme qu'il est ça doit être ses nombreuses années dans les Forces Spéciales ! - Ca les rend insensibles et de vraies machines à tuer ! - La mort de son fils y est aussi pour quelque chose ! - Il est divorcé - C'est un vrai meneur, il veille sur ses hommes, pour les protéger - Il préfère se faire torturer plutôt que de voir souffrir son équipe…"

Encore une fois, tout le monde y allait de sa petite histoire mais vu ce qu'ils avaient vécu depuis le début du programme, je comprenais mieux la crainte inspirée par Jack O'Neill.

Le soir même, dans ma chambre d'hôtel, je me suis installée sur mon lit, la télé avec le son coupé, pour lire le feuillet prêté par Fred.

Il expliquait rapidement la découverte de la Porte des Etoiles, en Egypte en 1928, puis une mission en 1945 - cachée par le gouvernement à cause de son échec. La mission Abydos était résumée dans les grandes lignes, puis la création du SGC et des équipes SG. 

On y listait ensuite les gentils et les méchants - pour faire court : les Goa'ulds, les Tok'ras, les Jaffas, les 4 races. Une page était consacrée aux technologies relatives à la Porte : les chevrons, les cristaux, les DHD, les vortex, etc.

J’avais mal au crâne après tout ça et décidais de me coucher.

C'est pour ça que j'ai choisis Alex comme narratrice   Pour qu'elle découvre peu à peu dans quel genre de cirque elle est tombée :p

Merci pour ton message ;)

***

Cela faisait maintenant quelques jours que mon stage auprès de Sam avait commencé et tout se passait bien. C’était agréable de travailler avec elle, elle était concentrée et ne parlait jamais pour ne rien dire. Elle n’était finalement pas partie en mission avec son équipe - et elle en semblait fâchée mais savait faire la part des choses vis-à-vis de moi.

D’après ce que j’avais compris, la planète où ils devaient aller était peuplée de misogynes et le Colonel O’Neill avait refusé que Carter les accompagne. A priori, ils avaient déjà rencontré des soucis de ce genre sur une autre planète. Elle ne semblait pas comprendre que c’était pour son bien mais ça crevait les yeux que son supérieur cherchait à la mettre à l’abri. 

Une alarme retentit dans la base et Sam m’invita à la suivre en salle d’embarquement -  je n’avais jamais vu la Porte en activité. Elle trônait dans l’ancien silo et la voir active, c’était quelque chose !

La lumière bleue irradiait - presque irréelle - dans la grande salle. La flaque était formée et le bruit de l’eau faisait presque penser à une plage des Caraïbes. 

Sam me sourit, elle comprenait ce que je ressentais pour l’avoir déjà vécu. Elle m’a dit, bien plus tard, qu’on ne s’habituait jamais vraiment à ce qu’on ressentait face à Elle. Des années après, elle avait toujours la chair de poule quand le vortex se formait devant elle.

SG1 passa l’anneau et se retrouva sur la Terre en quelques secondes - j’avais du mal à croire qu’ils arrivaient tout juste de l’autre bout la galaxie !

Ils semblaient épuisés mais Daniel tenait fièrement un truc dans ses mains et le sourire qu’il affichait me faisait penser à une pub pour un catalogue de jouets pendant les fêtes de fin d’année…

« Hé Sam ! Mission accomplie ! » dit-il, sans quitter son sourire.

Sam sourit timidement, toujours un peu fâchée d’être restée à la base, mais elle savait que Daniel n’y était pour rien.

« Mon colonel ! » salua-t-elle au peu froidement avant de recevoir l’artefact extraterrestre des mains de l’archéologue.

Teal’c nous salua à sa façon et le Général Hammond leur ordonna de se rendre à l’infirmerie. Cependant, un autre signal retentit et nous nous sommes écartés de la Porte, SG1 se mettant devant moi pour me protéger.

Un homme - Harriman, je crois - parla dans son micro et déclara qu’il avait reçu un code Tok’ra. L’iris, fermé par le Général, s’ouvrit et même ce mouvement avait quelque chose d’irréel. Ca faisait partie du protocole mais bien que cela, c’était comme un ballet, bien orchestré. Le protocole devait être suivi - pour notre sécurité à tous - mais ça relevait plus d’un art que d’une obligation militaire, pour tous ces gens.

Un homme, presque chauve dans une drôle de tenue, franchit le vortex et Sam s’écria : « Papa ! »

Ainsi donc j’allais rencontrer Jacob Carter, un hôte Tok’ra - fervent résistant des Goa’uld. L’homme qui avait fait de Sam Carter la femme qu’elle était. Si j’en croyais ce que Fred m’avait dit, il était Général avant toute cette aventure mais également un père très dur avec sa fille. Ils n’étaient en bons termes avant que Selmak - le symbiote - ne le prenne pour hôte. La dualité - et la guérison du cancer sans doute - de cet homme lui avait permis de se rapprocher de sa fille.

Je les observais, dans les bras l’un de l’autre. Sam avait passé ses mains dans son dos et le serrait fort contre elle, son menton sur son épaule. Je voyais presque les larmes dans ses yeux, tant elle était heureuse. Jacob passa une main dans les courts cheveux blonds de son enfant chérie et lui murmura quelque chose à l’oreille. Sam renifla et enfouit son visage dans le creux de son épaule.

Jack se racla la gorge, comme pour leur rappeler qu’ils n’étaient pas seuls au monde. Sam quitta l’étreinte paternelle et baissa la tête. D’un mouvement rapide, elle essuya le coin de ses yeux et se tourna vers moi.

« Papa, voici ma stagiaire, Alex Roslin. »

Jacob Carter se tourna vers moi, dans un geste lent et calculé. Il me dévisagea.

« Vous êtes la fille de Bill Roslin ? »

« Oui, Monsieur. »

« Et comment va-t-il ? »

J’étais surprise que cet ancien général me demande des nouvelles de mon père.

« Il va bien, toujours sur son porte-avions. »

« Toujours en activité, hein ? Je pensais qu’il aurait pris sa retraite depuis le temps ! »

« Et c’est toi qui dis ça, Papa ? » gronda gentiment sa fille, en fronçant les sourcils.

Jack, Daniel et Teal’c le saluèrent rapidement avant de se rendre auprès du Docteur Fraiser, pour l’examen médical de retour - la routine, qui faisait a priori toujours grincer des dents le Colonel.

J’ai suivi Sam et Jacob vers le labo du Major, tout en écoutant d’une oreille distraite le babillage des Carter. Il semblait qu’elle ne l’avait pas vu depuis un moment et qu’elle s’était beaucoup inquiétée pour lui.

Il lui donnait des nouvelles de gens avec de drôles de noms - que je supposais être des Tok’ra également.

Une fois au labo, je repris ma place et le cours de mon travail quand Jacob s’approcha de moi.

« Et votre mère, comment va-t-elle ? »

« Hum bien, toujours débordée, monsieur. Merci » répondis-je avec un sourire.

Cet homme-là ne connaissait pas mon père que de réputation de toute évidence…

« Je l’ai rencontrée une fois. »

Sam écoutait, sans en avoir l’air, ce que disait son père.

« Et qu’avez-vous pensé d’elle ? »

« Que ce bon vieux Bill avait bien fait de l’épouser ! Ca le change de… »

« Papa ! » gronda Sam, alors que Jacob allait parler des ex femmes de mon père.

« Une femme charmante et drôle, dotée d’un sacré caractère ! » finit par dire Jacob, un sourire en coin.

Oui, il connaissait bien mes parents car rares étaient ceux qui qualifiaient ma mère de drôle…

Sous le regard interrogateur de Sam, son père lui expliqua : « J’ai connu Bill Roslin en même temps que George, à l’époque du Vietnam. Il était marié à… Ann… mais elle est morte pendant que nous étions absents. Un coup dur et il s’est remarié après, mais Meg n’était pas du genre fidèle… Bref… Ensuite, il a rencontré Mary à la Maison-Blanche et ils ne se sont plus quittés. »

Je savais déjà que ma mère n’était pas la première épouse de mon père et aussi que je n’étais pas sa première enfant.

« Qui garde de bons souvenirs du VietNam ?! » gronda le Colonel O’Neill, à notre table du mess.

« Nous ! » répondirent en choeur Jacob et le Général Hammond - George, donc, pour les intimes.

« Enfin pas que des bons mais disons qu’une fois le traumatisme dépassé, on préfère se souvenir des bonnes choses ! » ajouta Jacob.

« Oh je vois ! C’est un peu comme sur Abydos ! Je préfère me souvenir de Daniel, tiré par une espèce de chameau étrange, à travers les dunes de sable ! Kawalski et moi courant derrière ! »

Daniel grimaça et tout le monde rit à cette histoire - même Teal’c a esquissé un sourire en coin ! Si, si, je vous jure !

Sam demanda à son père de raconter la fin de son histoire.

« Ah oui, donc Bill se retrouve dans une belle mare pleine de boue. George tend la main pour l’aider mais à cause de la pluie, le terrain était devenu glissant et il a finalement plongé pour rejoindre Bill. Ils étaient trempés et couverts de glaise ! C’était hilarant ! »

« As-tu raconté à ta fille tes exploits avec l’alambic ? » dit Hammond, en riant.

Il ne semblait pas gêné que son ami raconte à ses hommes leurs souvenirs de la guerre. Je notais dans un coin de ma tête d’en parler à mon père, pour avoir sa version.

Jacob continua son histoire et j'écoutais d'une oreille distraite.

Du coin de l’oeil, je vis Fred me dévisager. Il fallait dire que notre table ne passait pas vraiment inaperçue. Premièrement car nous étions nombreux : SG1, les deux généraux et moi. Deuxièmement, nous n’étions pas discrets car nous riions et parlions beaucoup. Enfin, Teal’c et moi écoutions les autres en silence…

Je fis un signe discret à Fred, en lui souriant. Il s’approcha de quelques pas, intimidé par les gradés.

« Hé, Fred, par ici ! » dit le Colonel, en tirant une chaise pour lui.

Mon ami le regarda avec les yeux exorbités et même moi j’étais surprise. Je vis le regard en coin que lui jeta également Sam puis son sourire tout aussi discret.

Fred ne se fit pas prier et nous rejoint avec son café en main. Il salua tout le monde et s’installa sur la chaise entre le Colonel et moi. Le récit de Jacob reprit son cours et Fred semblait fasciné. 

"Tu n'avais pas dit que ton père aussi était dans l'armée" me glissa Fred.

"Non, j'évite d'en parler, surtout dans une base pleine de militaires..." répondis-je avec malice.

Une fois le repas terminé, chacun reprit le cours de son travail. Fred me retint par la main alors que j'allais partir, en suivant SG1 et Sam me dit "je vais au labo, rejoins-moi quand tu as fini."

Elle avait vu le geste de mon ami et me sourit. 

"Alex, tu as des projets pour ce soir ?" me demanda Fred, en caressant le dos de ma main avec son pouce.

"Euh non..." répondis-je, un peu gênée.

"Tu veux qu'on aille au cinéma ?"

"Oui, si tu veux."

"Très bien, on s'attend en haut tout à l'heure" me proposa-t-il, avant de retourner à son propre travail.

Je regagnais le labo de Sam, un peu pensive. Elle était seule quand j'entrais. Elle leva la tête et me demanda si j'allais bien.

"Oui, je... je... enfin Fred..."

"Un problème ?" 

Sam se leva et me tira par le bras pour me faire asseoir.

"Non."

Elle replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille. Le contact était doux et rassurant, presque maternel.

"Fred m'a invité à sortir."

"C'est super" me dit-elle, avec un sourire. "Enfin, j'imagine."

Elle fronça les sourcils, ne sachant pas si j'en étais ravie ou non.

"Oui c'est super mais c'est juste que..."

"Tu n'as pas l'habitude, c'est ça ?"

Je levais les yeux vers elle.

"Comment le sais-tu ?"

"Fille de militaire et brillante étudiante, que veux-tu, je me reconnais un peu en toi."

Je commençais à paniquer.

"Je fais quoi, après le ciné ?" dis-je en me levant.

"Tu le laisses te raccompagner à ton hôtel. Eventuellement, il peut t'embrasser mais ça s'arrête là. OK ?"

"Ouais... oui, tu as raison. On en reste là, c'est mieux."

Elle se leva, me sourit et me prit dans ses bras.

"Un gentleman ne forcera jamais une femme, pour quoi que ce soit, ne l'oublie jamais. Et au pire, tu as mon numéro en cas de besoin."

Je la sentis glousser contre moi et elle s’écarta pour me fixer.

« Et puis, sinon, on lui enverra le Colonel O’Neill ! »

J’éclatais de rire et je me sentais plus légère. Ses conseils étaient précieux et je la savais digne de confiance.

J'ai réussi à travailler car l'après-midi a été très calme. Jacob et le Général Hammond étaient en réunion mais nous n'avons pas vu le Colonel. J'ai surpris Sam regarder sa montre, puis l'horloge sur le mur et soupirer, plusieurs fois. Je me demandais si elle pensait à Jack. 

Je devais admettre que depuis mon arrivée, il passait toujours la voir plusieurs fois par jour. A chaque fois pour lui faire prendre une pause dans son travail. Il semblait estimer qu'elle travaillait trop et trop dur. Il lui rappelait aussi toujours quand manger et quand rentrer chez elle. Le fait de travailler dans une base souterraine n'aidait pas à se caler sur le rythme du soleil et il était très prévenant avec elle.

J'étais cependant surprise de ne pas le voir cet après-midi. Peut-être étaient-ils en froid depuis la mission où il avait refusé la présence de Sam ? Le Général Hammond avait peut-être eu besoin de lui et il n'avait pas eu le temps de la prévenir...

Alors que je terminais une traduction pour Sam, elle me rappela qu'il était l'heure de partir. J'étais surprise de la voir debout et prête à quitter les lieux. Elle avait dû lire la surprise sur mon visage car elle me dit, en souriant "oui, pour moi aussi c'est l'heure !"

Fred m'attendait au niveau du premier ascenseur alors que Sam et moi remontions vers la surface. Nous avons pris tous les trois le dernier ascenseur et personne ne parlait. Sam ne voulait sans doute pas nous déranger. Une fois dehors, elle nous souhaita une bonne soirée et se dirigea vers sa voiture. Fred m'invita à le suivre avec la mienne pour la déposer à l'hôtel. Il se chargea ensuite de me conduire dans le centre-ville pour notre soirée.

Le lendemain matin, je suis arrivée au SGC de bonne heure et de bonne humeur. J'avais passé une excellente soirée avec Fred. Nous étions allés au cinéma puis nous étions sorti dîner. En vrai gentleman, il m'avait raccompagné jusqu'à la porte de ma chambre et déposé un baiser sur les lèvres, avant de me souhaiter une bonne nuit. Je n'aurais sans doute pas besoin de demander au Colonel d'intervenir.

Etant donné que j'étais plutôt en avance, je décidais de passer prendre un café au mess. Sam, Daniel et Teal'c étaient déjà installés et l'ambiance semblait morose.

Daniel me fit signe de venir m'installer avec eux et je les saluais en m'essayant. Jack entra peu après moi et je vis Sam tourner la tête. Elle évita son regard et il baissa la tête, comme s'il avait quelque chose à se reprocher. Daniel et Teal'c firent comme s'ils n'avaient rien vu et l'archéologue me conseilla de passer à son labo chercher un nouveau dictionnaire, qu'il venait de recevoir.

Fred entra et me salua de loin, il semblait avoir senti l'électricité dans l'air et je comprenais son besoin de distance avec le groupe.

Alors que je suivais Daniel vers son labo, je reçus un sms de Fred : "Tu déjeunes avec nous ?"

Je répondis rapidement que oui et rangeais mon téléphone dans la poche de mon jean.

"Je ne sais pas comment tu fais pour taper si vite sur ces minuscules claviers" soupira Daniel.

"C'est parce qu'Alex Roslin a de petits doigts" souligna Teal'c.

Daniel pencha la tête sur le côté et fit une moue, comme pour dire "ouais ça doit être ça !"

Il me donna le dictionnaire qu'il avait évoqué plus tôt et tenta de me retenir par tous les moyens possibles. Soupçonnant qu'il essayait de donner du temps à Sam et Jack, je jouais le jeu.

Cependant, après un moment, Daniel se rendit compte qu'il ne pouvait pas me garder éternellement, alors il me libéra.

Quand j'arrivais près du labo de Sam, je l'entendis dire à Jack : "Ce n'est pas grave, mon Colonel. Je pensais que c'était important pour vous mais j'ai dû me tromper. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai du travail."

Sa voix était si triste que ça me brisa le coeur. 

J'entendis du mouvement et ne voulant pas me faire surprendre, j'avançais rapidement vers l'entrée. Le Colonel O'Neill faillit me bousculer mais fit un écart pour m'éviter. Il quitta la pièce sans un mot et j'essayais de paraitre naturelle.

Sam s'éclaircit la gorge avant de me demander comment s'était passé ma soirée la veille.

"Très bien. Nous sommes allés voir un film puis il m'a invité à dîner. Fred m'a raccompagné à ma chambre et il est reparti."

Sam me sourit.

"Tant mieux si tu as passé une bonne soirée."

"Et toi, Sam ? Tu as fait quelque chose en particulier ?"

"Je devais voir un ami mais il a changé ses plans au dernier moment et sans me prévenir..."

Quelque chose me disait qu'elle parlait de Jack mais je décidais de ne pas poser de questions, malgré ma curiosité.

Plus tard, je suis allée déjeuner avec Fred et nos autres amis. Ils parlaient des recherches qu'ils faisaient, des expériences qu'ils conduisaient et j'écoutais d'une oreille distraite. J'observais SG1 à leur table habituelle.

Et, plus je regardais et plus j'étais persuadée que Sam devait voir Jack la veille. Mais elle agissait étrangement avec lui, depuis le matin. Elle évitait son regard - et vu la fureur que je pensais y voir, je comprenais pourquoi elle lui évitait, il restait son supérieur malgré tout. Elle s'arrangeait pour détourner la tête quand il lui parlait et j'étais assez près pour savoir qu'elle trouvait toujours un sujet de conversation avec Daniel, pour ne pas laisser au Colonel l'occasion d'en placer une.

J'ignorais lequel des deux me faisait le plus de peine : Elle, parce qu'il lui avait posé un lapin la veille et qu'elle lui en voulait ou Lui, parce qu'elle boudait et qu'il avait un air de chien battu ?

Quand je vis SG1 quitter finalement le mess, j'abandonnais moi-même mes amis. Fred caressa discrètement mon bras en me souhaitant une bonne fin de journée.

J'avais des papillons plein le ventre en arrivant au labo de Sam. Elle était seule et plongée dans ses recherches - enfin, c'est ce qu'elle essayait de faire croire mais je commençais à bien la connaitre et je remarquais vite qu'elle n'était pas concentrée du tout. Elle avait mis trois fois la même lamelle sous le microscope et réglé de cinq façons différentes les lentilles.

Heureusement pour elle, le Général Hammond nous convoqua en salle de briefing. Elle posa tous ses instruments et ôta sa blouse blanche. Elle quitta la pièce, tout en s'assurant que je la suivais bien.

Je n'osais pas parler, ne sachant pas quoi lui dire.

Le Général Hammond et Jacob Carter étaient déjà installés autour de la grande table et ils cessèrent leur conversation quand SG1 et moi-même nous nous sommes présentés. Ils nous invitèrent à nous asseoir et Hammond prit la parole.

"Il y a quelques heures, nous avons reçu un message de Thor, nous informant de l'entrée imminente dans l'atmosphère terrestre d'un appareil Asgard. Il ne souhaitait pas que ça tombe entre de mauvaises mains et nous avons dû nous concerter avec les Tok'ra et l'Etat-Major afin de savoir comment agir."

Le Général marqua une pause et SG1 le dévisageait.

"Et pourquoi n'avons-nous pas été informés plus tôt ?" demanda Daniel.

"Parce que, Docteur, il y a des décisions qui vous dépassent parfois. Thor m'a contacté directement et rapidement le Colonel nous a rejoints pour le briefing" dit Hammond, avant de marquer une pause, puis il reprit "Il s'avère que l'objet en question est tombé dans le Pacifique Nord, à quelques milles nautiques d'un porte-avions américain. Il a été repêché et l'Amiral Roslin le garde pour nous."

La nouvelle me cloua sur place.

"SG1 et Miss Roslin, vous êtes invités à rejoindre l'USS Valkyrie et récupérer ce qui appartient à Thor et le rapporter au SGC. Vous partez dans deux heures."

Un jet militaire nous emmena à la base aérienne d'Anchorage, en Alaska, afin de rejoindre ensuite un avion-cargo, qui devait nous déposer ultérieurement sur le porte-avions de mon amiral de père.

Le trajet entre le Colorado et l'Alaska dura environ 6 heures et était plutôt confortable. L'équipe était silencieuse. Daniel et Sam étaient plongés dans leurs livres, Teal'c semblait méditer et Jack jouait avec son yoyo.

Quand à moi, j'avançais dans mes traductions, pour ne pas perdre de temps mais le Colonel, assis près de moi, ne semblait pas décidé à rester calme et silencieux.

"Alex, avec une mère dans la politique, tu dois être habituée à voyager dans ce genre d'appareils, non ?"

Je levais les yeux de mes livres.

"Non pas spécialement. Ma mère participait à la campagne du maire de Los Angeles quand je venue au monde. Après ma naissance, elle a repris sa carrière dans la politique mais en se mettant plus en avant. Aujourd'hui, elle est sénatrice mais elle n'a jamais voulu m'impliquer dans sa carrière. Elle a voulu me donner une vie aussi normale que possible."

"Donc, elle a laissé son mari et sa fille dans l'ombre ?"

"Croyez-moi, même comme ça, ma vie a toujours été un peu... compliquée alors je n'ose pas imaginer ce que ça aurait été si elle m'avait fait participer aux meetings et tout."

"Et ton père ?"

"Il s'est occupé de moi la plus grande partie de mon enfance, car il était stationné dans une base navale. Quand je suis devenue plus grande et autonome, il a été envoyé sur son porte-avions."

"Qu'est-ce qui t'a poussé vers l'archéologie ? Je veux dire, la plupart du temps, les enfants de militaires le deviennent à leur tour."

"C'est pareil pour la politique mais je me vois mal faire mes classes et essayer de devenir porte-parole au Pentagone ou quelque chose dans le genre. Mes parents m'ont toujours laissé faire mes propres choix. J'ai ainsi pu choisir la fac que je voulais."

Daniel et Sam écoutaient finalement notre conversation.

"Et vous, Colonel ? Vous avez suivi la voie paternelle ?"

Je savais que son fils était mort mais j'ignorais ce que faisaient ses parents.

"Mon père était avocat... au JAG !" s'exclama-t-il, en riant presque. "Il voulait faire des études de droit mais sa famille n'était pas assez riche."

"Donc, il s'est engagé dans l'armée afin de faire son droit ? C'est plutôt malin" déclarais-je.

"Lui aussi trouvait ça futé !" dit le Colonel avec un clin d'oeil. "Donc oui, l'armée c'était un choix logique puisque j'ignorais quoi faire de ma vie."

"Et vous n'avez jamais regretté ?"

"Une seule fois dans ma vie mais depuis que je suis au SGC, non et c'est même plutôt le contraire."

J'imaginais bien que la mort de son fils avait dû lui faire remettre sa vie en question, comme tout le monde l'aurait fait à sa place.

Nous sommes arrivés à Anchorage, c’était le milieu de la nuit et la température était polaire, une tempête se levait. Une chance que Sam m'ait prêté un blouson d'hiver, car je n'avais pas ça dans mes affaires, en débarquant de Californie. Un avion-cargo nous attendait sur le tarmac et de jeunes hommes en uniforme se chargèrent de vider la soute et de transférer nos sacs de voyage vers le second appareil. Le Colonel O'Neill se présenta au commandant de la base.

"Le temps est épouvantable sur le parcours, je pense que vous en avez pour 5 ou 6 heures de voyage pour rejoindre l'USS Valkyrie, qui est à présent remonté en Mer de Béring."

Ils étaient presque obligés d'hurler tant la tempête de neige se rapprochait et gagnait en intensité. Si le voyage jusqu'en Alaska ne m'avait paru calme, j’appréhendais le second vol. Nous devions voyager avec le ravitaillement pour le porte-avions et j’avais été prévenue par Sam que ça allait secouer - mais personne n’avait mentionné le mauvais temps !

Je déglutis avec peine quand j’aperçus la soute arrière, grande ouverte pour nous accueillir. Les pilotes chevronnés de l’Air Force qu’étaient Sam et Jack ne semblaient pas se formaliser. Teal’c suivit le Colonel, comme il l’aurait fait n’importe où ailleurs. Seuls Daniel et moi sommes restés un peu en arrière. 

"Première fois en cargo ?" me demanda l’archéologue.

Incapable de parler - et j’ignorais s’il s’agissait de la peur ou du froid - à cause de mes mâchoires qui claquaient, je hochais frénétiquement la tête de haut en bas.

"Pas moi, mais je ne suis toujours pas rassuré ! La dernière fois, ils m’ont fait sauter en parachute !"

"Pour un homme qui est déjà mort cinq ou six fois, je trouve que tu en rajoutes un peu, Danny Boy !" gronda Jack, en venant nous chercher.

Je m’installais près de Sam, là où elle m’avait indiqué ma place. Elle n’avait presque pas parlé au Colonel depuis que nous étions partis et je me demandais combien de temps elle comptait bouder comme ça. Après tout, c’était une femme adulte, Major dans l’Air Force… Elle avait passé l’âge de faire la tête à son… bref, à un homme, comme une gamine…

J’inspectais ensuite l’intérieur de la soute : aucun siège digne de ce nom, à peine des bancs pour poser la moitié de ses fesses - et je ne suis pas très grosse… Des sortes de filets à larges bandes retenaient des caisses, qui étaient amarrées au plancher de l’avion - du moins je l’espérais. Toutes les caisses contenaient les vivres, courriers et autres produits nécessaires au bon fonctionnement d’un porte-avions. Nous ne prenions que peu de place mais vu l’espace réduit, c’était une chance. 

Malgré les inconvénients du voyage, Daniel somnolait et j’étais fascinée.

"Il s’endort n’importe où et n’importe quand. Mais ce n’est pas quelque chose qu’il a appris chez nous" me dit Sam, pour plaisanter.

Je tentais de m’occuper pendant le vol, mais nous étions secoués par les turbulences. Cependant, comme pour les vols commerciaux, j’observais les hôtesses - ici Sam et Jack - et tant qu’ils ne semblaient pas inquiets, alors je ne l’étais pas et je réussis même à dormir un peu.

Avant d’arriver en vue du porte-avions, Sam décida de m’éclairer.

"Sur un porte-avions, l'atterrissage s'appelle un appontage et doit obéir à une technique d'atterrissage spécifique."

Puis elle décida de m’expliquer en détail ce que ça signifiait. Alors que j’étais perdue dans ses termes aéronautiques - "Vz= Vpont x Sinus de l'angle d'approche" hein ?????????? - Jack nous regarda en souriant et fit un signe de la main pour l’arrêter, doucement.

"Ce que Carter veut dire, c’est ce que le porte-avions navigue à une vitesse maximale et que même si le pilote réduit les gaz pour apponter, l’avion tape fort sur la piste. En d’autres termes, accroche-toi bien, ça va secouer !"

Je vis Sam serrer les lèvres et le fusiller du regard mais pour une fois, j'étais du côté du Colonel - je n'avais rien compris à ce qu'elle voulait m'expliquer.

Je m’étais accrochée à tout ce que j’avais pu mais je n’avais pas pu retenir mon estomac. Sam avait été prévoyante - et pas seulement avec moi, avec Daniel aussi - et avait des sacs à vomi tous prêts.

Elle nous donna ensuite de quoi nous rincer la bouche, le temps que le pilote manoeuvre notre avion sur le pont.

Une fois solidement arrimé au porte-avions, la soute arrière de notre appareil s’ouvrit et le temps était plus dégagé. Le jour venait à peine de se lever et j’étais perdue entre la durée du voyage et les fuseaux horaires (au moins 4) que je venais de traverser. Des hommes se mirent déjà à la tâche et nos sacs de voyage furent sortis en premier de la soute. Je me demandais si c’était la procédure habituelle mais Jack répondit à mon interrogation silencieuse.

"On dirait que Papa a donné des instructions à ses hommes."

Je souris au Colonel, car sa remarque n’avait rien de méchant. Le chef de pont vint nous saluer et il nous invita à le suivre jusqu’à l’îlot.

"L’îlot ?" répéta Daniel.

"Le poste de pilotage, qui sert également de tour de contrôle" répondis-je.

Je n’y connaissais rien en science des appontages ou catapultages mais je connaissais bien l’organisation d’un porte-avions.

"Là où travaille Papa" ajouta Jack.

A ma grande surprise, il passa un bras autour de mes épaules et me serra rapidement, dans un geste amical. Il devait se douter que j’avais hâte de revoir mon père. Je lui avais confié, dans le jet, que je ne l’avais pas vu depuis presque un an.

Sam nous observa avec un sourire en coin mais elle le masqua quand Jack tourna la tête vers elle. Son visage était à présent neutre et fermé à toute émotion. J’enviais parfois cette capacité qu’elle possédait - comme ma mère - de se composer un masque de marbre en un clin d’oeil alors que mes émotions à moi se lisaient sur mon visage.

Notre guide me dit, tout en nous menant à l’Amiral : "votre père voulait vous accueillir sur le pont mais certaines affaires délicates l’ont retenues à son poste."

"Délicates ?" demanda Jack.

"L’Amiral vous expliquera ça, Monsieur" répondit le chef de pont.

Une fois dans le poste de pilotage, je reconnus immédiatement la haute stature de mon père, dans son uniforme. Il portait ses lunettes et nous tournait le dos, alors qu’il était au téléphone. Il semblait mécontent car il parlait fort et en russe.

"Ton père parle russe, Alex ?" me demanda Daniel, également familier de la langue.

"Da !" répondis-je, avec un sourire.

Ses officiers s’arrêtèrent un instant, en nous voyant entrer dans l’îlot. Mon père abrégea sa conversation et se tourna vers nous - vers moi surtout - avec un grand sourire.

"Bienvenue sur l’USS Valkyrie, je suis l'Amiral Bill Roslin."

"Bonjour, Amiral" salua Jack, au garde-à-vous, comme Carter.

Mon père les invita au repos et il laissa Jack présenter son équipe.

"Je suis le Colonel Jack O’Neill et voici le Major Samantha Carter, de l’US Air Force. Je vous présente le Docteur Daniel Jackson et… Murray. Bon, pas la peine de vous présenter notre dernière recrue, il semble que vous vous connaissiez."

Mon père sembla surpris par la touche d’humour mais ça ne lui déplaisait pas. Il possédait un grand sens de l’humour et appréciait les gens qui ne se prenaient pas trop au sérieux - et avec Jack, il ne serait pas déçu.

Mon père salua Daniel et Teal’c - tiens, en fait c’était Murray aujourd’hui avec son bonnet sur le crâne - avant de me serrer dans ses bras.

Mon père n’était pas militaire au point de masquer ses sentiments envers les siens. Il n’avait jamais caché son amour pour ma mère ou pour moi en public. Il pensait qu’un homme ne devrait jamais avoir honte de ressentir des émotions aussi fortes et que ça ne le rendait que plus respectable aux yeux du monde - une philosophie que tout le monde ne partageait pas.

Bref, il se souciait peu que ses hommes le voient serrer sa fille dans ses bras, il était humain et l’assumait.

"Avez-vous faim ?"

Teal’c hocha la tête et mon père laissa l’îlot aux commandes de son Second, pour nous mener au mess.

"Vous avez fait bon voyage ?" la question de mon père s’adressait plus à mes compagnons qu’à moi-même, je laissais donc à Jack le loisir de répondre.

"Ca aurait été parfait si Alex avait arrêté de parler cinq min ! Je ne vous cache pas qu’à un moment, nous avons été forcé de l’assommer, de la ligoter et de la bâillonner pour avoir la paix !" dit le Colonel, fier de sa bêtise.

Mon père se mit à rire, dans les couloirs de son vaisseau.

"Si vous aviez connu la pipelette qu'elle était, quand elle était enfant, vous sauriez à quel point vous avez raison, Colonel !"

Et voilà, on y était, dans pas longtemps, il allait lui sortir les albums photos... et lui montrer mes exploits... Je me sentis rougir jusqu'aux oreilles. Je soupirais intérieurement et je croisais le regard amusé de Sam.

Elle attrapa mon bras et nous retint quelques pas en arrière, laissant Teal'c/Murray et Daniel passer devant, suivant le Colonel et l'Amiral.

"Je sais que c'est embarrassant comme ça, mais ça prouve qu'il t'aime, ça se voit et qu'il est fier de toi" me glissa Sam à l'oreille.

Pour savoir qu'elle avait vécu une relation conflictuelle avec son propre père, j'étais tout à fait disposée à la croire.

Les hommes nous avaient distancés mais je connaissais bien mon chemin, impossible de me perdre sur un de ces navires gigantesques. Sam apprécia mon sens de l'orientation.

"J'ignore comment tu fais, Alex."

"J'ai grandi et joué sur des porte-avions similaires, une fois qu'on a compris la logique, ça va tout seul."

Je la guidais vers le mess et les conversations cessèrent à notre entrée. Je remarquais rapidement que ça n'avait rien à voir avec moi, mais plutôt avec ma compagne. 

Elle avait ôté son blouson d'hiver et elle le tenait sur son bras, replié. Ses courts cheveux blonds avaient été malmenés par le vent sur le pont mais ça ne la rendait que plus belle. Ses joues étaient roses à cause du froid et elle ressemblait à une poupée de porcelaine, avec ses billes bleues en guise de prunelles.

Pour un peu, j'aurais été jalouse mais Sam ne savait pas à quel point elle était belle - ou, peut-être l'avait-elle oublié ?