Désolée: voici encore du Torchwood, mais vous comprendrez pourquoi si je vous dis que c'était un texte écrit pour Aviva....
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Aime-moi encore
Il avait douté si longtemps… Ou plutôt non, il ne doutait pas : il était certain que l’amour n’était pas fait pour lui.
Avant… avant… lorsqu’il était comme les autres, avec un avenir, avec une mort à l’horizon, il avait cru pourtant qu’il pourrait aimer, comme chacun le faisait autour de lui. Mais déjà à cette époque-là il n’avait pas confiance en l’amour : il savait que ce n’était qu’un temps et qu’on finissait toujours par en souffrir, soit qu’on se quitte, soit que l’un des deux meure… Ca ne finissait jamais bien.
Alors il avait choisi de vivre sans se poser de question, d’aimer sans s’attacher, de simplement assouvir les besoins de son corps et de réchauffer son cœur quelques heures, quelques jours, quelques mois… Il avait papillonné, de femme en homme, sans se préoccuper vraiment de ceux qui croyaient avoir gagné son âme.
Puis il était devenu ce qu’il était aujourd’hui : un point fixe sur la ligne du temps, un homme désabusé, désenchanté qui en avait trop vu, trop compris, trop fait… Un homme qui ne pouvait même plus croire en ces moments de félicité qu’il avait connu avant. Il savait qu’il serait toujours seul à un moment ou à un autre et que la souffrance serait sa compagne quotidienne sur son chemin d’éternité.
Alors il avait cadenassé son cœur, bâillonné son âme et n’avait laissé que son corps parler le langage de l’union charnelle, celle qui vous transporte un fugace moment mais ne vous apporte pas le bonheur.
Et puis… Et puis il y avait eu Ianto et dès la première fois, dès le premier regard il avait su…
Là tes cheveux qui me frôlent
Mon visage sur ton épaule
Donne moi de ta chaleur
Contre ta peau sur ton cœur
Toi si fragile et si beau
Emmène-moi dans ton château*
Je veux que tu me protèges
Du mauvais sort des sortilèges.
Il avait essayé pourtant de ne pas s’attacher, de rester à distance puis de simplement cueillir les fruits de la passion dans des corps à corps fougueux qui assouvissaient ses sens mais pas son être. Il avait tenté de se raccrocher à ce qu’il se répétait depuis si longtemps, de se persuader que ce n’était qu’une passade, qu’un homme parmi d’autre dont il se lasserait.
Il avait nié cette tendresse qui chamboulait son cœur, fermé les yeux sur l’amour qu’il lisait dans le regard bleu… Il avait tout essayé pour échapper à l’inéluctable.
Mais aujourd’hui il rendait les armes.
Tous nos démons nos délires
Pour le meilleur et même pour le pire
Le pire, je n'en ai pas peur
Je deviens fou je deviens fort
Je suis déjà soûl j'en veux encore
Encore, que tu m'aimes encore
Aujourd’hui il avait compris que, quel que soit le temps qui leur serait imparti, il ne pouvait pas, ne devait pas passer à côté de cet amour-là.
Lorsque Ianto était tombé, fauché par le rayon sorti de cette arme, il avait hurlé, s’était précipité vers lui et l’avait pris dans ses bras. Et là, il l’avait bercé comme on berce un enfant, caressant ses cheveux bruns, le suppliant d’ouvrir ses magnifiques yeux et de le regarder, lui susurrant tous ces mots qu’il s’était même refusé à formuler en pensée jusqu’à présent. Owen avait eu toutes les peines du monde à lui faire relâcher le corps inerte et il l’avait accompagné à chaque étape de son diagnostic priant comme il n’avait sans doute jamais prié.
C’est alors qu’il avait compris : il était amoureux, irrémédiablement, immensément amoureux et rien de ce qu’il pourrait dire ou faire ne changerait rien à cela. Il espérait simplement qu’il ne soit pas trop tard et que sa bêtise ne lui ait pas ôté la joie de vivre un vrai bonheur, même s’il ne serait, forcément, qu’éphémère à l’aune de son immortalité.
Il avait enfin réalisé qu’il ne pouvait pas passer à côté de cet homme-là.
Comme un animal blessé
Lèche-moi le bout du nez
De mes cauchemars de mes rêves
Réveille-moi du bout des lèvres
Sans le savoir d'un sourire
Tu me touches je te désire
Là ton ventre qui palpite
Sur des vagues d'eau bénite
Etait-ce ses prières ? Est-ce que simplement son temps n’était pas venu ?
Ianto s’était remis de sa blessure, étonné d’être encore vivant, abasourdi du changement constaté chez son amant. Désormais Jack Harkness n’avait plus qu’un but dans la vie : rendre son compagnon heureux, lui donner autant d’amour qu’il en était capable et recevoir sans barrière celui qu’il lui offrait en retour.
Leur vie, ils ne savaient pas ce qu’elle serait, combien de temps elle durerait, mais elle serait emplie du bonheur d’être ensemble, de se réchauffer au même feu, de s’abreuver à la même source, de se parler à demi-mots.
Le futur ils avaient dans leurs mains tous les outils pour l’écrire tel qu’ils voulaient le bâtir. Bien sûr ils n’avaient pas la bêtise de penser que ce ne serait qu’un long fleuve tranquille semé de roses et de perles, mais ensemble ils pouvaient simplement en faire quelque chose de bien.
Tous nos démons nos délires
Pour le meilleur et même pour le pire
Le pire, je n'en ai pas peur
Je deviens fou je deviens fort
Je suis déjà soûl j'en veux encore
Encore, que tu m'aimes encore
Ils s’étaient installés ensemble dans un confort que l’ancien Jack Harkness aurait qualifié cyniquement de très « petit bourgeois ». Un appartement avec une vue imprenable sur le fleuve, des meubles de standing, un grand lit où ils s’aimaient jusqu’à en perdre la tête….
Si on lui avait dit qu’un jour il aurait hâte de rentrer retrouver l’homme de sa vie, qu’il prendrait plaisir, soir après soir, à s’endormir à ses côtés et que chaque matin serait un enchantement à le découvrir encore endormi, allongé contre lui. Si on lui avait dit qu’il ferait le ménage, la vaisselle et qu’il se complairait dans son rôle d’époux, il aurait sans doute bien ri.
Pourtant tout ce qui lui avait semblé petit, mesquin, ridicule était aujourd’hui immense, enivrant, magnifique, par la magie d’un sourire, d’un regard, d’un homme qui lui avait rendu foi en l’humanité. Ensemble ils faisaient des projets, ils bâtissaient des lendemains, ils pouvaient oublier que la vie ne fait jamais de cadeaux gratuitement.
Ensemble ils avaient toute une existence à tisser.
Tous nos démons nos délires
Pour le meilleur et même pour le pire
Le pire, je n'en ai pas peur
Je deviens fou je deviens fort
Je suis déjà soûl j'en veux encore
Encore, que tu m'aimes encore
Encore
- A quoi penses-tu Cariad ?
- A toi… A nous…
- Et ?
Il y avait comme une fêlure dans la voix du Gallois. Chaque fois qu’il voyait son amour perdu ainsi dans ses pensées il craignait qu’elles ne soient le prélude de son éloignement, de son départ. Il n’arrivait pas encore totalement à croire que le capitaine était désormais son époux et qu’il l’aimait autant que lui-même l’adorait. Il lui restait toujours cette crainte qu’un jour il parte, qu’il retourne vers le docteur ou vers ces aventures qui devaient parfois lui manquer.
Il avait pourtant décidé de museler sa crainte, sachant que, tôt ou tard, Jack partirait loin de lui. Un jour il serait vieux, trop vieux pour le satisfaire alors que l’immortel serait lui, toujours le même. Et ce jour-là il devrait lui rendre sa liberté. Malgré tout, chaque fois que Jack semblait se plonger dans de profondes réflexions, il ne pouvait s’empêcher de craindre que ce ne soit pour chercher à lui annoncer que leur histoire était arrivée à sa conclusion.
Jack planta son regard dans le sien et prit sa main entre ses doigts :
- Et je crois que je n’ai jamais été aussi heureux de ma longue vie. Tu es mon soleil Ianto, mon ciel, mon espérance…. Je veux vivre à tes côtés jusqu’au bout de la route.
- Même lorsque je serai vieux et inutile ? murmura Ianto d’une voix tremblante.
- Tu ne seras jamais inutile, parce que tu seras toujours mon bonheur, ma raison de vivre, même lorsque tu seras devenu vieux et fragile. Je veux cueillir le fruit de ton amour, je veux profiter de chaque instant qui nous est alloué. Je t’aime Ianto Jones ! Dieu sait pourtant que je m’étais juré de ne plus jamais les dire ces trois mots-là. Mais tu as fait tombé toutes mes barrières.
- Tu regrettes ?
- Est-ce qu’on peut regretter les rayons du soleil après la rigueur d’un hiver, les bienfaits de la pluie après la sécheresse, le goût du pain après la famine ? Est-ce qu’on peut regretter d’avoir retrouvé son âme ? Tu es mon âme Ianto et quoi qu’il arrive, tu seras toujours une partie de moi.
Trop ému pour lui répondre, le Gallois se pressa contre lui et leurs bouches se retrouvèrent, se goutèrent, s’apprivoisèrent, se dévorèrent… Puis les mains se firent indiscrètes et bientôt les corps se redécouvrirent avec toujours le même ravissement, la même extase.
Jack Harkness avait retrouvé sa moitié d’âme perdue et il n’avait plus l’intention de la laisser lui échapper, jamais.
FIN
Chanson des Charts* Paroles originales :Toi si fragile et si belleEmmène-moi sous ton aile.