Reclassement du cadeau d'Aviva.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Toi
Ianto regarda son compagnon et un doux frisson parcourut son corps du haut de sa tête à l’extrémité de ses orteils. Dieu que cet homme lui faisait de l’effet ! Surtout lorsqu’il le regardait de cette façon-là, avec ce désir et cet amour inconditionnel au fond des yeux. Et dire qu’au début de leur liaison il avait pensé n’être pour l’Immortel qu’une parenthèse, un moment de plaisir qui s’achèverait très vite !
Maintenant il savait combien il comptait pour le capitaine et les mots que celui-ci lui disait ne fit que confirmer sa certitude.
Toi, que j´ai cherché* de part le monde,
Oh... toi, si notre amour venait au monde
Par un de ces jours, où tout s´éclaire en moi
Un de ces jours... de bout du monde
Jack se perdait dans le regard bleu de l’homme qu’il aimait. L’homme qu’il aimait…. Il s’était pourtant juré qu’il n’aimerait plus jamais, ni homme, ni femme, ni créature d’aucune sorte. Bien sûr il ne mettrait pas sa vie sexuelle en veilleuse, mais il voulait cadenasser son cœur pour ne plus jamais souffrir.
Au départ Ianto n’avait été qu’une passade, un moment agréable entre adultes consentants… Pourtant déjà il savait, mais il voulait nier, de toutes ses forces, de tous son être. Il voulait se persuader que ça n’irait pas plus loin que quelques nuits, quelques mois, que le Gallois ne serait qu’un joli souvenir de plus dans la longue liste de ses amants d’un soir ou d’un mois.
Mais s’il devait être parfaitement honnête avec lui-même, il devait s’avouer qu’il avait su, dès le premier instant, dès le premier regard dans ce parc obscur.
Toi, par delà l´orage qui gronde
Oh... toi fais que demain cesse ma ronde
J´ai cru tant de fois, et pris tant de chemins
Qui ne menaient à rien d´autre qu´au regret de toi
Il avait tenté de lutter, longtemps, pied à pied, refusant d’admettre la réalité, refusant de prononcer les trois mots fatidiques qui allaient le lier à jamais à cet homme.
Mais le sort l’avait rappelé à l’ordre ce jour où il avait vu son amant tomber, ses yeux se fermer sur un dernier regard, sur une dernière larme… Ce qu’il avait lu dans le regard qui se ternissait alors l’avait crucifié : ce n’était pas la peur de l’au-delà, ni le regret de partir si jeune, non… c’était juste le remords de le laisser seul, lui, pour affronter le reste de son éternité.
Au seuil de la mort, c’est à lui que Ianto avait pensé avant de fermer les paupières dans ce que le capitaine avait cru être le dernier adieu. Pourtant la vie lui avait fait ce cadeau merveilleux de lui ramener son compagnon par le biais du Docteur qui avait trouvé un antidote dans l’un de ces mondes qu’il explorait inlassablement. Il était arrivé juste à temps pour pouvoir sauver le Gallois.
Lorsque les yeux de celui-ci s’étaient rouverts, emplis d’un étonnement sans borne, Jack avait compris qu’il n’avait pas le droit et qu’il ne voulait plus perdre la moindre seconde.
Trop de temps s´est enfui déjà
Au gré d´autres amours
Trop de temps c´est enfui déjà
Ianto s’était endormi avec au cœur le regret lancinant de n’avoir jamais entendu les trois mots qu’il aurait tant aimé recevoir. Certes il n’avait pas besoin d’eux pour savoir que, malgré ses dénégations, le capitaine l’aimait, mais cela lui aurait été si doux à l’âme ! Il s’était endormi en se disant que jamais il ne les entendrait, sachant, au plus profond de son cœur, que Jack porterait ce poids jour après jour et s’en voudrait de ne pas lui avoir offert cette petite phrase galvaudée.
Depuis qu’il s’était réveillé, il ne se passait pas un jour sans que Jack ne lui dise ce « Je t’aime » qu’il avait tant attendu. L’Immortel savait combien la vie est fragile, il était passé trop près du désastre pour vouloir courir de nouveau le risque de voir son compagnon partir sans avoir entendu ces deux syllabes.
En attendant le jour
Le jour où s´effaceraient ces pas perdus
Le jour où tous mes regrets
Ne compteraient plus
- Je t’aime…
Combien de fois maintenant l’avait-il entendue la petite phrase que l’Immortel avait jugé si longtemps inutile ? Et pourtant, à chaque fois elle lui faisait le même effet.
Plus que les mots, c’était la manière dont Jack les disait, le regard qu’il attachait alors sur lui qui touchait son âme au plus profond, qui faisait battre son cœur plus vite et qui lui donnait l’envie de prendre son homme dans ses bras pour le câliner tendrement.
Alors qu’il ouvrait la bouche pour lui répondre, Jack posa son doigt sur ses lèvres :
- Non… Je veux que tu m’écoute…
Toi que j´ai cherché* de par le monde
Oh... toi si je devais quitter le monde
Après seulement quelques heures de toi
Je partirai en criant que le monde c´est toi
- Jack…
L’immortel s’était laissé glisser au sol, mettant un genou à terre sous le regard d’abord médusé puis embué de son amour.
Le capitaine fouilla dans sa poche et en sortit un petit écrin : c’est alors que le Gallois comprit et il sentit son cœur s’emballer. Est-ce que vraiment Jack allait prononcer les mots que son attitude suggérait ? Est-ce qu’il se faisait des idées ? Est-ce que…
- Ianto Jones… Il y a bien longtemps maintenant que je promène ma solitude de monde en monde, de siècle en siècle. Je m’étais juré de ne plus jamais aimer parce que je ne voulais plus souffrir. Mais tu as su me démontrer que je faisais erreur : mieux vaut souffrir d’avoir aimé que de ne pas avoir aimé ! Lorsque j’ai cru t’avoir perdu, le monde s’est arrêté de tourner et toute joie s’est éteinte en mon cœur. J’ai alors compris que quoi que je dise, quoi que je fasse, je t’aimais plus que je n’avais jamais aimé. Tu es mon âme sœur, mon bonheur, mon espoir… Sans toi je ne suis qu’une coquille vide, un vaisseau fantôme. Ianto… Je veux passer à tes côtés le temps que le destin nous accordera. Veux-tu m’épouser ?
Ianto le regarda, les larmes roulant maintenant sur ses joues. Devait-il accepter ? Devait-il vouer son amour à ce chagrin incommensurable qui serait le sien lorsqu’il partirait, forcément ? Mais qui savait le futur ? Après tout, peut-être Jack se lasserait-il de lui un jour, lorsqu’il serait devenu trop vieux, trop faible pour le satisfaire… Peut-être….
Mais la vie ne se bâti pas sur des peut-être, en tout cas pas la vraie vie, celle où on se sent vivant, celle où on agit, où on est partie prenante du monde qui nous entoure.
Jack le regardait, le regard empli d’inquiétude, anxieux de n’avoir pas entendu la réponse qu’il avait imaginée fuser immédiatement. Non… Il n’avait pas le droit de dire non au bonheur.
Alors Ianto releva son homme, planta son regard dans le sien et lui répondit :
- Oui, oui je veux t’épouser Jack Harkness. Oui, je veux vivre auprès de toi le temps qu’il me sera accordé de vivre.
Puis il n’y eut plus de mots : juste des lèvres qui se cherchaient et se trouvaient et des corps qui bientôt se murent dans cette danse éternelle des amants, cette danse dont seuls ils entendent la mélodie.
Que c´est... toi.
FIN
*paroles originales : cherchée
Chanson d’Alain Barrière