Reclassement du cadeau 2016 de Mumu.
es personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Léonard Freeman, Alex Kurtzman, Roberto Orci, Peter M. Lenkov. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Demain sans doute
Danny s’étira longuement, éveillé par le rayon de soleil indiscret qui venait caresser sa joue. Il se retourna paresseusement sur le côté et resta figé en voyant son amant toujours endormi auprès de lui. Il se redressa sur le coude et le regarda dormir : cela lui était si chichement compté ces moments d’intimité où il pouvait le contempler, abandonné dans le sommeil. Le plus souvent, Steve était levé bien avant lui et, lorsque lui-même ouvrait les yeux, il était déjà en train de faire son trentième aller-retour dans la mer ou son dixième kilomètre à pieds, quand ce n’était pas l’un à la suite de l’autre !
Il semblait si doux ainsi endormi, si fragile, que Danny se sentit soudain l’âme d’un protecteur. Oh, certes, le seal aurait bien ri de ses pensées qu’il aurait sans nul doute qualifiées de saugrenues : il était l’un des hommes les moins enclins à avoir besoin de protection, formé qu’il l’avait été à l’une des écoles les plus dures du monde ! Pourtant, Danny savait que sous ses dehors de dur à cuire, il y avait un cœur d’enfant qui battait, un enfant qui en avait trop vu, trop tôt et qui désormais ne faisait plus confiance.
C’était si compliqué d’aimer un homme comme lui.
Au bord de mes rêves il y a
Un pont de bois
Quand il* s'étend près de moi
Il craque sous mes pas
Et sur la route
Ses doigts croisent mes doigts
Il* dira demain sans doute qu'il ne s'en souvient pas.
Où avait-il la tête le jour où il avait cédé à cette pulsion de plus en plus exigeante et qu’il avait posé ses lèvres sur celles de son équipier ? A peine le geste esquissé, il s’était attendu à une réaction violente et son corps s’était préparé à la douleur inéluctable qui allait s’ensuivre. Mais rien ne s’était déroulé comme il s’y attendait et ça avait été le prélude de leur liaison.
Liaison… Il n’aimait pas ce mot, il l’abhorrait littéralement. Mais il ne pouvait pas parler d’histoire d’amour… En tout cas pas de la part de Steve, quand bien même celui-ci était capable de gestes de tendresse, d’attentions inattendues de la part d’un Neandertal à peine dégrossi. Il se remémorait ces soirs de tempêtes où ils étaient juste blottis l’un contre l’autre et où il se sentait totalement en sécurité, à l’abri de tout.
Je* tremble parfois
Quand l'orage gronde
Il* serre mes bras
Nous ne sommes qu'une ombre
Et pourtant il écoute
Mon coeur qui bat
Il* dira demain sans doute qu'il ne l'entend pas.
Mais ce n’était que de petites, toutes petites parenthèses qui finissaient bien trop vite. Une histoire d’amour ça se construit jour après jour par des petits riens, des mains qui se frôlent, des yeux qui se parlent, des sourires qui s’esquissent, des attentions discrètes. Eux, ils s’ignoraient dès que le soleil se levait, ne se retrouvant qu’à la nuit tombée, et encore, lorsque le reste de l’équipe n’était pas dans les parages.
Steve ne pouvait pas, ne voulait pas qu’on sache… C’était même la règle d’or de leur relation : un marine, seal de surcroît, ne pouvait pas être gay. Il était le chef du 5-0, il ne pouvait pas être gay. Il était un héros, il ne pouvait pas être gay.
Il ne pouvait pas… Il ne l’était pas…
Danny avait de plus en plus l’impression de s’épuiser dans une histoire à sens unique. Il aimait Steve et s’interdisait de le lui dire de peur de déclencher une réaction contraire : tant qu’il pensait à une simple liaison, une simple fusions d’hormones en ébullitions, le commandant ne remettait pas en cause ce qu’il y avait entre eux. Du sexe, rien que du sexe selon lui, un excès de testostérone inemployé depuis les départs de Catherine et de Bess. Il n’y avait pas, il ne pouvait pas y avoir d’amour, c’était inimaginable.
Et lui il acceptait. Il acceptait de s’endormir entre des draps froissés par leurs ébats et de se réveiller seul dans le grand lit. Il acceptait de voir l’homme qu’il aimait marivauder avec les midinettes qui lui tournaient autour. Il acceptait d’être, aux yeux des autres, l’équipier, l’ami fidèle, celui sur lequel Steve déchargeait sa mauvaise humeur, celui qui râlait contre son supérieur.
Il acceptait par amour.
Le matin me réveille
Il* est toujours là
Il* danse comme une abeille
Après le froid
Et ces mots qu'il* redoute
Que je dis si bas
Il dira demain sans doute qu'il ne les comprend pas.
Pourquoi fallait-il que ce matin ces pensées, mille fois ruminées, mille fois écartées parce que trop dérangeantes, viennent s’imposer avec cette acuité ? Etait-ce parce que, pour une fois, il était le premier réveillé ? Etait-ce parce que de voir ainsi son amant endormi lui faisait prendre conscience de manière plus aiguë de ce qu’il voulait et qu’il n’aurait jamais ?
Sans bruit, Danny se faufila hors du lit. Hors de question de réveiller Steve en se levant. Les rares fois où il s’était éveillé avant lui, à peine les yeux du Seal ouvert, celui-ci lui avait sauté dessus comme s’il n’avait pas fait l’amour depuis des semaines ! A croire qu’il était affamé de sexe au réveil ! Mais à cet instant précis, Danny n’avait pas besoin de sexe, surtout pas !
Ce dont il avait besoin, c’était de certitudes que Steve ne lui offrirait jamais, c’était de mots d’amours qu’il ne recevrait pas, c’était d’une raison de rester auprès d’un homme qui sans doute l’aimait à sa façon mais pas de la façon dont il rêvait, pas de la façon qui le rendrait heureux.
Il descendit l’escalier sans bruit et se rendit sur la plage, emplissant ses yeux de la magnificence du paysage qui s’offrait à son regard. Il respira profondément, sachant qu’il était à la croisée des chemins et qu’il était temps de prendre une décision. Il ne s’agissait pas de poser un ultimatum, surtout pas. De toute façon, avec un type comme Steve ça ne servirait à rien. Danny était conscient qu’il ne se rendait même pas compte qu’il le faisait souffrir, qu’il était même persuadé que leur liaison lui convenait comme elle était. Tenter de changer cet état de chose conduirait obligatoirement à la rupture.
Steve n’était pas prêt et ne le serait sans doute jamais.
Je sais qu'il* oublie déjà
La nuit qui s'achève
Quelques bruits de pas
Ce n'était qu'un rêve
Et mes yeux le** déroutent
Quand je ne parle pas
Il* dira demain sans doute qu'il ne me connait pas.
- Hé ! Comment se fait-il que tu ne m’aies pas réveillé ?
Il ne l’avait pas entendu venir et ce n’est que lorsque ses bras l’avaient enlacé qu’il avait réalisé que l’homme qu’il aimait était là, contre lui. Il se retourna, tentant de se composer un visage serein :
- Tu dormais si bien…
- Tu aurais pu me réveiller… On aurait pu…
- Non…
L’air étonné de Steve l’aurait fait rire en d’autres circonstances. Il tempéra son « non » un peu vif en expliquant :
- J’avais juste envie de prendre l’air, pas de m’envoyer en l’air.
- On aurait pu prendre l’air à deux. Je ne suis pas un obsédé sexuel tu sais…
Etait-ce de l’inquiétude qu’il lisait dans le regard vert ? Etait-ce de la peine qu’il décelait dans le ton ?
Non… Il prenait de nouveau ses désirs pour des réalités. Pour Steve il n’était qu’un sex-toy un peu sophistiqué, mais pas un être de chair et de sang auquel on peut s’attacher.
Il* dira demain sans doute que je n'existe pas.
- Hé… Qu’est-ce qui ne va pas Danno ?
Cette fois-ci, c’était bien de l’inquiétude qui transparaissait dans la voix aimée. Alors toutes ses digues cédèrent et il parla, longtemps…
Et puis il se tut et regarda l’homme qu’il aimait de toute son âme, persuadé qu’il allait lire dans son regard la condamnation et entendre la sentence tomber de ces lèvres qu’il avait tant embrassées.
Pourtant seul le silence répondit à son discours. Steve semblait simplement tétanisé sur place, comme s’il ne pouvait pas croire ce qu’il venait d’entendre, comme si les mots l’avaient cloué sur place, dépassant sa compréhension.
- Si c’est tout ce que tu as à dire, alors je n’ai plus qu’à partir !
Danny tourna les talons, ulcéré. Comme d’habitude, Steve ne réagissait absolument pas comme l’aurait fait le commun des mortels. Mais à quoi donc pouvait-il s’attendre de la part d’une machine de guerre dressée pour tuer ? Danny commença à marcher vers la maison et chaque pas qui l’éloignait de Steve lui arrachait le cœur. Il savait que ce départ serait sans retour.
- Non… Reste…
Il avait failli ne pas entendre tant la voix était rauque, presque inaudible et en tout cas bien loin du timbre haut et clair de son amant. Pourtant il l’avait entendu ce murmure épouvanté, cette prière d’enfant qui a peur de rester seul. Alors il se retourna et regarda de nouveau son amour. C’est là qu’il vit une larme rouler sur la joue de Steve, une larme qui lui apprit tout ce qu’il y avait à savoir avant même que le Seal n’ait fait les deux pas qui les séparaient et ne le serre spasmodiquement contre lui :
- Non… Reste… Je veux que tu restes avec moi. Je vais changer. Je vais faire des efforts. Mais reste avec moi. Je t’aime !
Je t’aime… Bien sûr ça ne serait pas si simple.
Je t’aime… Bien sûr il faudrait se battre.
Je t’aime… Bien sûr il y aurait quelques hauts et beaucoup de bas.
Mais…
Je t’aime…
C’étaient les seuls mots qui aplanissaient tout, qui portaient l’espoir, le pardon, les pourquoi, les comment, les avant et les après. C’étaient juste les mots dont Danny avait besoin à cet instant précis pour savoir que sa liaison était enfin devenue leur histoire d’amour.
FIN
Chanson de Gold
Paroles originales :
*Elle **le