Reclassement du cadeau d'Ozias
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Sur ton visage une larme
« Et nous sommes tous fiers d’avoir côtoyé durant ces années le commandant Sheppard, pardon… le général Sheppard… »
Déjà John n’écoutait plus le discours qui l’embarrassait plus qu’il ne l’honorait. Que de blablas à son encontre, lui qui n’avait jamais couru après les honneurs et simplement cherché à faire son devoir du mieux qu’il le pouvait !
Il partait pour d’autres missions, plus terre à terre (c’était le cas de le dire !) auréolé de ce titre de général qu’il n’aurait jamais cru atteindre un jour. Il partait en héros, distingué par ses pairs, croulant sous les citations et les décorations, avec le sentiment du devoir accompli.
Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de ressentir cette sensation d’inachevé. Et soudain, en croisant le regard du professeur McKay qui, bien sûr, assistait à la cérémonie, il reçut comme un coup au cœur.
Sur ton visage une larme
Vient de couler en silence
A l'instant où je t'ai dit tristement :
"Je m'en vais demain..."
Sur ton visage une larme
Et soudain je réalise
Que je ne pourrais demain te quitter
Ni demain ni jamais
Quel idiot il avait été, durant ces longs mois, de s’aveugler sur ses sentiments ! Quel imbécile d’avoir eu trop peur, d’avoir été trop lâche pour s’avouer ce qu’il ressentait !
Lâche… Le mot était fort et beaucoup se seraient récriés à l’entendre accolé à son nom ! Pourtant, à cet instant, c’est bien ainsi qu’il le ressentait. Comment qualifie-t-on un homme qui fuit la réalité, qui se réfugie dans des milliers de tâches, qui trouve des millions d’excuses pour ne pas affronter la vérité ?
Ou peut-être qu’il avait eu peur de gâcher une amitié, de faire fausse route, de n’obtenir qu’une fin de non recevoir…
En fait il avait tout simplement abandonné.
Je n'osais plus croire
Que ce jour viendrait
Tout près de moi
Tu étais si loin
Mais tes pleurs ont changé ma vie
Une larme, une seule a suffi
Désormais il avait plus que jamais l’envie que cette imbécilité en son honneur s’achève afin qu’il puisse rejoindre le scientifique et parler avec lui à cœur ouvert. Il était plus que temps qu’il ose enfin poser des mots sur ses sentiments, quitte à être déçu ou à s’en prendre une. En vérité il ne craignait pas trop une réaction brutale de McKay, celui-ci étant bien trop chochotte pour risquer de se faire mal à sa mimine…
Un fugace sourire traversa son visage à cette expression qui aurait sans doute mis le professeur en rage par la bonne dose de condescendance qu’elle contenait, mais c’était ainsi qu’il avait toujours vu cet homme. Et pourtant il lui aurait confié sa vie sans hésiter, sachant qu’il risquerait la sienne pour lui sans plus craindre la moindre blessure.
Vainement il tentait de capter le regard de Rodney qui arborait désormais un visage impassible. Avait-il rêvé ce fugace moment d’émotion ? Avait-il juste pris ses désirs pour des réalités ?
Non… Il voulait être sûr de ce qu’il avait vu. Il voulait en être sûr parce qu’il avait besoin d’affermir la décision qu’il venait de prendre.
Sur ton visage une larme
J'ai compris sans plus attendre
Que ton coeur brûlait autant que le mien
Depuis déjà bien longtemps
Son attention se reporta sur la tribune et sur les interlocuteurs qui se succédaient, comme si soudain il était devenu l’être le plus important de la galaxie, celui auprès duquel il fallait être vu absolument ! Cela n’en finirait donc jamais ?
Lorsque de nouveau il porta son regard vers le groupe de scientifiques, il ne vit plus celui qui l’intéressait, la seule personne dont la présence en ses lieux lui importait vraiment. Son cœur rata un battement : pourquoi McKay était-il parti ainsi ? Avait-il lu dans ses pensées ? Etait-ce une manière de lui faire comprendre qu’il pouvait partir, que celui lui était totalement indifférent, voire, qu’il était soulagé de le voir quitter Atlantis ?
Bon sang, une bonne attaque de Wraith, une catastrophe quelconque, une météorite menaçant la terre… n’importe quoi pourvu que ces simagrées s’achèvent et qu’il puisse décemment s’éclipser ! Seulement, à croire que le destin lui en voulait personnellement puisque rien de cataclysmique ne se produisit et qu’il lui fallut endurer encore trois bonnes heures de ronds de jambes avant de pouvoir enfin trouver l’excuse de ses bagages à préparer pour fausser compagnie à l’assemblée.
Trois heures durant lesquelles il n’avait pas revu Rodney McKay, même autour du copieux buffet qui présentait pourtant des mets dont il raffolait, signe, s’il en était, que quelque chose ne tournait vraiment pas rond.
Quoi qu’il puisse en sortir, Sheppard était bien décidé à avoir une conversation avec le scientifique. De toute façon il n’avait plus rien à perdre : il partait le lendemain et que ce soit avec la joie au cœur ou le moral en berne, il ne pouvait rien changer à cet état de fait qui ne pourrait, dans le second cas, que l’aider à digérer les choses.
Tandis qu’enfin libéré il marchait non vers ses quartiers, mais vers ceux de Rodney, il se raccrochait inlassablement à cette perle d’eau qu’il avait vue, qu’il devait absolument avoir vue, sinon il allait se couvrir de ridicule ! Mais après tout, le ridicule ne tuait pas et s’il était ne serait-ce qu’un millième de l’homme qu’on venait de décrire en long, en large et en travers, il n’allait pas reculer, pas maintenant, pas encore une fois.
Une brume dans un regard, une goutte sur une joue… tellement peu de chose pour s’obliger à aller de l’avant. Au bout du couloir c’était le bonheur ou le chagrin, mais c’était mieux que l’aveuglement !
Ca ne pouvait être que pour le meilleur…
Je n'osais plus croire
Que ce jour viendrait
Tout près de moi
Tu étais si loin
Mais tes pleurs ont changé ma vie
Une larme, une seule a suffi
- Sheppard ? Qu’est-ce que vous faites-là ? Vous devriez être encore là-bas à recevoir les honneurs…
Le ton était froid et le visage figé. Un instant John eut la tentation de faire demi-tour, de trouver une de ces excuses bidons dans lesquelles il était passé maître et de s’enfuir comme le lâche qu’il était face aux sentiments.
Mais non… S’il y avait un moment de sa vie où il devait affronter le destin, où il devait faire taire ses craintes, ses a priori, ses réticences, c’était celui-ci.
Alors il se contenta de lever la main et de venir doucement caresser cette joue où, cette fois-ci il la voyait parfaitement, roulait une goutte d’eau, une goutte d’eau qui lui apprenait tout ce qu’il avait à savoir, tout ce qu’il aurait dû savoir bien plus tôt, tout ce qu’il avait à faire désormais.
Sur ton visage une larme
Aussi douce qu'un je t'aime
S'est fané pour laisser place à l'instant
Au sourire de l'amour
Ils ne s’étaient pas parlé, pas encore… Plus tard peut-être. Parce qu’il y aurait bien des choses à régler, bien des problèmes à affronter, à commencer par la mutation de McKay au quartier général où avait été transféré Sheppard.
Mais tout cela n’avait à leurs yeux pas beaucoup d’importance. Ce n’était que de menus détails qu’ils règleraient le temps venu. A cet instant précis, tout ce qui comptait c’étaient eux et cette vérité enfin révélée qui se traduisait par ces baisers, ces caresses et cette fusion qu’aucun d’entre eux n’avait préméditée mais qui venait comme une apothéose leur confirmer qu’ils avaient découvert ce que tout homme sur cette Terre recherche sans toujours le trouver.
De l'amour...
De notre amour...
FIN
Chanson de Lucky Blondo