Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de:
Steven S. DeKnight Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Les phrases en couleur sont celles extraites de la fiction.
Reste dans mes bras
- Chut… Tout va bien… Je suis là… Dors….
Le souffle doux de son amant dans son cou, la main qui frôlait doucement sa peau endolorie dans une caresse lénifiante l’apaisèrent et il replongea dans le sommeil sachant qu’il était en sécurité.
Nasir continua durant quelques secondes à prodiguer à son amant le doux effleurement qui le calmait, puis il referma ses bras sur lui : plus personnes, jamais ne pourrait l’arracher à son étreinte, plus personne ne l’éloignerait de lui, hommes ou dieux, il défierait quiconque chercherait à les séparer.
Reste dans mes bras
Comme un époux, comme un enfant
Reste dans mes bras
Pour arrêter le cours du temps
Reste contre moi
Je te protègerai des dieux
Reste contre moi
Pour construire un futur heureux
Il avait les yeux ouverts et il veillait sur le sommeil de son amour, ayant encore du mal à croire que celui-ci était revenu de l’enfer, qu’il était revenu près de lui.
Il se remémorait son désespoir lorsque Naevia était arrivée au camp, hagarde, vaincue, portant dans un sac la tête de Crixus. Il se souvenait aussi de la colère qui l’avait soulevé à cette nouvelle preuve de la barbarie des Romains : comment avaient-il pu imposer cette épreuve inhumaine à la jeune femme, porter ainsi la tête de cet homme qu’elle avait aimé par-dessus tout. Il imaginait ce qu’il aurait ressenti si ça avait été lui le messager et que le macabre cadeau avait été la tête d’Agron !
Il lui avait fallu du temps pour trouver le courage d’aller à la tente de Spartacus et d’oser enfin demander des nouvelles de son compagnon. Lorsqu’il avait enfin réussi à comprendre qu’il préférait la souffrance à l’ignorance, il était entré sous la toile, juste au moment où Naevia racontait la chute du Gaulois Invaincu.
- Et Agron ? A-t-il subi le même sort que Crixus ? Ou est-il encore de ce monde ?
Spartacus et Gannicus s’étaient tournés vers lui et Naevia l’avait simplement regardé, alors il avait compris : plus jamais Agron ne le prendrait dans ses bras, plus jamais il ne lui ferait l’amour, plus jamais il n’éclaterait de ce rire qu’il aimait tant !
Il était ressorti sans un mot, anéanti, n’éprouvant sur le moment aucun soulagement à savoir que son amour était mort plutôt que souffrant aux mains de leurs ennemis.
Un long frisson le parcourut à ce souvenir et il se serra un peu plus contre son homme qui se retourna vers lui avec un petit gémissement : son cœur se serra à la vue de son visage marqué par les coups et il fit courir sa main dans ses cheveux blonds cherchant un contact qui lui permettait d’être sûr que son cauchemar était terminé.
Je saurai apaiser tes peurs
Je saurai calmer ta douleur
Je saurai panser tes blessures
Je saurai forger ton armure.
Il serait là pour lui, autant qu’il le faudrait. Il avait lu dans ses yeux hantés l’horreur de ce qu’il avait vu et de ce qu’il avait subi, la culpabilité d’être toujours là quand tant d’entre eux étaient tombés dans la bataille.
C’était Agron qui avait fait de lui l’homme qu’il était, ce guerrier dont il se disait si fier et qu’il avait pourtant laissé derrière lui.
- Je te demande seulement de vivre. Et de profiter des dernières joies qui se présenteront pour le temps qu’il te reste.Il se souvenait des mots de son amour alors qu’il tentait de le persuader de l’emmener avec lui. Que se serait-il passé s’il avait été à ses côtés ? Serait-il tombé à son tour ? Aurait-il été capturé aussi ? Dans ce cas, il n’ignorait pas que César n’aurait eu aucun scrupule à se servir de lui pour abattre l’homme qu’il aimait.
De nouveau il frissonna à cette pensée et se blotti un peu plus contre le corps du bel endormi pour se rassurer.
Près de toi je me sens si fort
Prêt même à défier la mort
Serre-toi, là, contre mon corps
Je veillerai tant que tu dors
Il regardait l’homme qui lui était revenu, cet homme que les Romains avaient si cruellement puni d’avoir voulu un peu de cette liberté qu’on lui refusait. Il aurait tant aimé entrelacer ses doigts aux siens, mais les blessures de ses mains l’empêchaient de faire ce geste, des blessures qui mettraient du temps à guérir et laisseraient des traces.
- Je ne te laisserai plus partir, plus jamais, murmura-t-il en caressant tendrement le cher visage.
Reste dans mes bras
Comme un époux, comme un enfant
Reste dans mes bras
Pour arrêter le cours du temps
Reste contre moi
Je te protègerai des dieux
Reste contre moi
Pour construire un futur heureux
Agron s’agita de nouveau et de nouveau il fit courir ses doigts sur sa peau, et de nouveau le Germain s’apaisa à son contact. Ses yeux s’emplirent de larmes à le voir si dépendant de lui, si faible, si abîmé. Les Romains ne l’avaient pas seulement atteint dans son corps, ils avaient aussi souillé son âme. La crucifixion avait laissé des séquelles physiques qui guériraient peut-être avec le temps, mais les stigmates moraux de la défaite seraient pires à son cœur.
Tant des leurs étaient tombés, tant tomberaient encore : maintenant qu’il n’y avait plus qu’un front, Rome allait faire tonner sa toute puissance pour réduire ceux auxquels elle ne pardonnerait jamais de l’avoir fait trembler jusqu’à arriver à ses portes !
- Je ne les laisserai pas te reprendre, jamais ! susurra-t-il à l’oreille de son amant endormi. Je mourrai avec toi plutôt que de tomber entre leurs mains.
La mort ou la liberté, ils n’avaient pas d’autre choix désormais. Mais tant qu’il vivrait, il garderait son compagnon auprès de lui, il se l’était juré et nul ne lui ferait rompre ce serment.
Je veux chasser l’ombre en tes yeux
Et rallumer en toi le feu,
Je veux entendre encore ton rire
Je veux retrouver ton sourire
Désormais son devoir était de veiller sur celui qu’il avait voulu honorer les armes à la main quelques jours plus tôt :
- Je voudrais que vous soyez mille pour que votre mort puisse être à la hauteur du souvenir d’Agron !Oui, il aurait aimé en tuer des milliers de ces hommes qui les empêchaient de vivre leur amour en liberté. Mais il n’y en avait eu qu’un pour prouver à tous son amour, pour venger celui qui était tombé sur le champ de bataille.
Il savait que l’homme qui était revenu n’était pas celui qui était parti : il avait vu son regard éteint, et il savait les fantômes qui hantaient sa mémoire et le faisait hurler la nuit.
Il faudrait du temps, mais il y arriverait parce que son amour était assez puissant pour vaincre dieux et démons.
Je chasserai tous tes démons
Les esprits qui te hanteront
Que tu retrouves enfin la paix
Et ton regard ensoleillé
Il l’avait cru mort et le désespoir qui avait alors envahi son âme lui avait fait prendre conscience que désormais il n’était plus qu’une coquille vide. Il avait tué ce Romain avec joie en gardant au cœur et en tête l’image de son conquérant ! Il se battait pour lui, pour lui faire honneur, pour montrer le guerrier que, grâce à lui, il était devenu !
Les mots de Naevia avait été un baume à son cœur :
- Tu as fait honneur à Agron.Mais le baume n’avait pas apaisé la douleur ! Il aurait préféré n’avoir pas à lui faire honneur ! Il aurait préféré le tenir encore dans ses bras, poser sa bouche sur la sienne, pouvoir goûter ses lèvres et profiter de son corps !
Et lorsque les cinq cents prisonniers avaient été relâchés, troupeau pitoyable et éclopé, une larme avait roulé sur sa joue tandis que sa tristesse s’exhalait en une simple phrase :
- Si seulement tous nos êtres chers étaient parmi eux !C’est alors que Castus avait attiré son attention vers le milieu du groupe, vers cet homme qui marchait lourdement appuyé sur Spartacus, semblant avoir du mal à rester debout et son cœur avait bondi dans sa poitrine tandis qu’il s’approchait, ne voulant, ne pouvant pas y croire. Jusqu’au moment où il s’était arrêté face à lui, réprimant sa colère et sa douleur de le voir dans un tel état, sachant déjà que l’homme qui revenait aurait avant tout besoin de patience et de douceur :
- Le sort te ramène dans mes bras, avait-il murmuré d’une voix émue.- J’ai été fou de les laisser derrière moi.Il l’avait entrainé vers la tente de Médicus, puis vers la leur d’où ils n’étaient sortis que pour la cérémonie aux morts. Et les quelques jours passés depuis avaient été consacrés à soigner le corps et l’âme de son compagnon.
- Tu ne quitteras plus jamais mes bras mon amour, ou alors, il faudra me les couper ! chuchota-t-il en refermant son étreinte sur son amant, comme s’il avait peur qu’on vienne l’arracher à lui.
Reste dans mes bras
Comme un époux, comme un enfant
Reste dans mes bras
Pour arrêter le cours du temps
Reste contre moi
Je te protègerai des dieux
Reste contre moi
Pour construire un futur heureux
- Tu es là ?
- Où voudrais-tu que je sois ! Je ne te laisserai plus jamais t’éloigner de moi ! Je ne te quitterai plus jamais des yeux, ici ou sur le champ de bataille !
- Je ne suis plus l’homme que tu as connu. Je ne peux même plus me battre !
- Tu retrouveras tes forces, tu redeviendras l’homme que tu étais ! Et de toute façon, j’aime l’homme, pas le guerrier ! Quoi qu’il arrive, je ne te laisserai pas, plus jamais !
Regarde-moi : je reste là
Et je ne te quitterai pas
Endors-toi là, contre mon cœur
Et tu oublieras le malheur
Un soupir s’échappa des lèvres d’Agron et il quémanda un baiser que Nasir se fit un plaisir de lui accorder. Ils retrouvèrent leurs saveurs mutuelles avec bonheur mais lorsque le Germain voulut faire courir sa main sur le corps de son amant un gémissement lui échappa, vite suivi d’une kyrielle de jurons.
- Chut… Ce n’est pas grave… On a tout le temps pour ça mon amour… Tu es revenu… C’est tout ce qui compte, l’apaisa le Syrien en prenant la main mutilée pour la porter tendrement à ses lèvres.
Un sourire épuisé s’étira sur celles d’Agron : il était encore trop faible pour dépenser beaucoup d’énergie dans la colère et la frustration, mais son compagnon savait que ce temps n’allait pas tarder à arriver. Il se fit le serment d’être là pour lui à ce moment-là, quand bien même cela risquait de n’être pas facile. Et déjà son esprit commença à échafauder des moyens de venir en aide à son amour : tout ce qui lui importait, c’était de le voir sinon heureux, du moins apaisé.
- Ferme les yeux… Je serai là à ton réveil. Je ne vais nulle part. Et quand tu iras mieux, je te promets que nous rattraperons le temps perdu !
Un autre sourire, un peu pâle certes, mais un vrai sourire ! Les bras d’Agron se refermèrent sur son torse, le collant à lui et il posa sa tête sur sa poitrine, heureux de sentir battre ce cœur qu’il avait cru éteint à jamais.
- Dors mon amour, murmura-t-il… Dors… Je veille sur toi.
Endors-toi là, contre mon cœur
Je te bâtirai le bonheur.
FIN