Anniversaire 2010 d'Isa...
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sontla propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je netire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Rodney McKay et John Sheppard
Genre : Romance - P.O.V. - Songfic
Résumé : Au chevet de John gravement blessé, Rodney fait son examen de conscience.
Que serais-je sans toi ?
Rodney MacKay était profondément perdu dans ses pensées. Quiconque aurait vu ainsi le génie se serait imaginé qu’il était en train d’élaborer l’un de ses raisonnements abscons pour le commun des mortels, mais qui aboutissait toujours à une découverte remarquable. Le regard perdu dans le vide, le corps légèrement penché en avant, tout semblait indiquer qu’il était en proie à une profonde réflexion et nul ne se serait permis de venir l’interrompre, chacun sachant combien il était irascible lorsqu’on venait déranger ses pensées.
Pourtant si il avait pu lire dans celles-ci, le quidam anonyme aurait été singulièrement étonné du chemin qu’elles prenaient.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Pourquoi avait-il fallu que ça arrive ? Pourquoi n’avait-il pas pu parler, laisser enfin s’exprimer sa part d’humanité ?
Un rire amer lui échappa : d’aucuns auraient dit qu’il n’y avait rien d’humain chez lui. Il était arrogant, impatient, imbus de lui-même, volontiers sarcastique et sans pitié avec les faiblesses des autres. Humain lui ?
Mais si, petit à petit il s’ouvrait au monde, grâce à John et à son amour.
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.
Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson.
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens de frisson.
Il y avait eu ce premier jour, ce premier sourire, ce premier baiser... Il y avait eu cette première nuit blottis l’un contre l’autre et cette première étreinte, ce feu d’artifice qui l’avait fait se sentir vivant comme jamais. Les lèvres de John sur lui, ses mains sur sa peau, sa bouche sur la sienne et cette union au cours de laquelle il avait perdu conscience du temps et des limites de son corps…
Ca avait été tellement parfait !
Mais lui n’était pas fait pour vivre la perfection. Il était fait pour vivre dans la quête perpétuelle, les questionnements, les angoisses. La certitude calme et tranquille d’un couple posé ce n’était pas pour lui.
Et puis il y avait son image : il était le docteur Rodney MacKay, pas n’importe qui… Qu’allait-on penser de lui si on savait qu’il était homosexuel ?
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Cela aurait pu être si simple… Il aimait John et John l’aimait. Eternelle histoire, depuis la nuit des temps, d’êtres qui sont faits pour se rencontrer et faire un bout de chemin ensemble. Si simple en vérité…
Mais parce que c’était lui, rien ne pouvait évidemment se passer de manière ordinaire.
Et plus John avançait vers lui, plus il se dévoilait, plus il se donnait, plus lui reculait, se cachait, se dérobait… Il était le docteur Rodney MacKay… Pouvait-il sincèrement se laisser aller aux élans du corps, à la félicité de l’âme, à l’apaisement d’un esprit qui sait qu’il a trouvé un asile éternel ? Pouvait-il tolérer que son cœur tressaute chaque fois qu’il voyait le militaire ?
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne.
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne.
Tu m'as pris par la main, dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux.
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.
Il n’avait pas dit les mots que John attendait. Son égoïsme monstrueux, son égocentrisme démesuré, sa pusillanimité naturelle, tout l’avait retenu de se livrer.
Il n’avait pas voulu voir que ce n’était pas plus facile pour le colonel que pour lui. Après tout John Sheppard avait, auprès des militaires, une renommée comparable à la sienne auprès des scientifiques. Et chez les combattants, peut-être plus que chez les chercheurs, les préjugés étaient féroces. Pourtant son amant était prêt à les affronter, prêt, s’il le fallait, à saborder sa carrière, rien que pour lui.
Lui qui n’avait rien su lui offrir en retour que cette fin de non recevoir.
Egoïste, égocentrique, pusillanime !!!! Combien de fois s’était-il répété ces mots depuis trois mois que John s’était détourné de lui, les larmes aux yeux, comprenant qu’il ne lui donnerait jamais ce qu’il attendait ?
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Il avait souffert en silence : pas question de revenir sur ses mots, sur ses décisions ! Il était le docteur Rodney MacKay, il avait forcément fait le bon choix ! Et pourtant ça avait été un crève-cœur de tous les instants que de voir John mener sa vie, jour après jour, sans plus jamais être proche de lui, sans plus jamais partager ces moments intimes après lesquels son corps soupirait nuit après nuit…
Il se souvenait d’avoir ressenti comme un coup au cœur en voyant les sourires que le colonel échangeait avec Tayla, en apprenant que désormais c’était Zelenka qui lui servirait de scientifique dans son équipe.
Mais après tout il avait choisi : il devait assumer les conséquences de ses actes. Au fond de lui une petite voix lui susurrait qu’il lui aurait suffi d’aller vers John, de lui dire ces mots qu’il attendait et que tout redeviendrait comme avant. Un éclat parfois dans le regard du militaire lorsqu’il lui arrivait de le croiser, lui faisait comprendre qu’il n’attendait qu’un signe de lui et que tout le reste n’était accessoire.
Mais ce geste il ne l’avait jamais fait, ces mots il ne les avait jamais prononcés…
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe.
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
Et puis, la semaine précédente, toute l’équipe était partie en exploration il ne savait trop où. A ce moment-là, lui-même était absent d’Atlantis et ce n’était qu’à son retour qu’il avait appris le départ de John.
Comme toujours, il avait eu un petit pincement au cœur en imaginant ce qu’aurait pu être cette aventure s’il était resté dans l’équipe, et puis il s’était raisonné : il était le docteur Rodney MacKay, il pouvait bien vivre sans se cramponner à d’absurdes sentiments de toute façon éphémères…
C’était si simple de le penser…
Jusqu’à ce que l’équipe rentre. Jusqu’à ce qu’il apprenne que le colonel Sheppard était dans le coma à l’infirmerie, suite à une mauvaise manipulation sur un appareil inconnu qu’ils avaient découvert.
Et depuis sa conscience ne le lâchait plus : s’il avait été là-bas, avec lui, il aurait obligatoirement empêché l’accident de se produire. Et John ne serait pas entre la vie et la mort, branché à toutes sortes de machines, sans que l’on puisse se prononcer sur ses chances de survie.
Mais était-ce vraiment sa conscience qui lui parlait ? N’était-ce pas plutôt son cœur qui le poussait, jour après jour, à s’installer auprès du lit où gisait le militaire, pâle et inerte, presque diaphane, ne semblant plus être totalement de ce monde déjà ?
Depuis une heure qu’il était là, plongé dans ses pensées, tandis qu’on faisait passer toute une batterie d’examens à l’homme qu’il aimait, Rodney MacKay avait bien dû répondre par l’affirmative.
L’homme qu’il aimait… Ces mots le heurtèrent soudain dans leur simplicité, dans leur vérité. Il aimait cet homme, il l’avait toujours aimé et quelles que soient ses craintes, il n’avait pas le droit de le laisser partir sans le lui dire.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Il était de nouveau assis près de lui, coincé entre le lit et cette absurde machine dont les bips obsédants l’agaçaient mais qui pourtant retenait près de lui cet homme sans lequel il s’apercevait soudain que sa vie serait absurde et vide de sens.
- Reviens John, reviens… Je te promets que je vais arrêter de ne penser qu’à moi. Je te promets de nous donner une vraie chance cette fois-ci.
Bip… Bip… Bip…
Il ne tenait entre ses doigts qu’une main presque froide et totalement immobile, tellement différente de celle nerveuse et caressante dont il gardait la mémoire. C’était John sans être lui… Ce corps sans réaction, cette enveloppe vide, ce n’était pas son amour…
- Reviens John… J’ai besoin de toi… Je sais que je me suis comporté comme un imbécile… ou plutôt non, comme un monstre d’égoïsme, d’égocentrisme… Mais si tu reviens je changerai, je te le promets.
Bip… Bip… Bip…
Etait-ce son cœur qu’il entendait ? N’était-ce qu’une machine stupide qui continuait à lui faire croire à la vie ? Où était John ?
- Reviens… Je t’en supplie… Sans toi…
Bip… Bip… Bip…
Les larmes roulaient maintenant sur ses joues. Tant de jours sans se parler… Tant de jours gâchés qu’ils ne retrouveraient jamais… Tant de temps perdu à se contempler le nombril sans se rendre compte qu’il passait à côté du bonheur.
Un bonheur qui désormais lui serait peut-être toujours refusé… Si John ne revenait pas, s’il n’avait plus jamais l’occasion de voir son sourire, d’entendre son rire, de respirer son odeur, de se fondre dans ses bras, de provoquer ses cris de plaisir tandis qu’il l’aimait… alors il n’y aurait plus rien.
Il serait toujours le grand docteur Rodney MacKay… mais il serait définitivement mort à l’intérieur.
- John… Reviens… Je t’aime…
Si John revenait, alors il resterait à ses côtés, quels que soient les obstacles sur leur route, rien ne le détournerait de cette promesse qu’il se faisait dans le secret de son esprit. Si John lui pardonnait, s’il voulait encore de lui, alors il cesserait de se poser des questions et, pour une fois, une unique fois, il se laisserait porter par les événements.
- Je t’aime… Si tu savais comme je t’aime.
La main dans la sienne frémit soudain, pour la première fois depuis des heures et les paupières tressautèrent.
- Oui… C’est bien… Reviens John… Tu peux le faire… Reviens mon amour… Je t’aime !
Et qu’importe que le médecin et l’infirmière accourus au changement de rythme du moniteur l’entendent : il n’en avait rien à faire ! Tout ce qui comptait c’était que l’homme qu’il aimait survive, qu’il puisse enfin lui exprimer tous ses remords, tous ses regrets, tous ses sentiments.
Et soudain les yeux de John Sheppard se fixèrent sur lui et le docteur Rodney MacKay plongea alors dans un océan d’amour où il décida sciemment de se noyer.
FIN
Chanson de Jean Ferrat pour les incultes qui l'ignoreraient...