Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Genre : Romance – Songfic
Personnages : Rodney MacKay/John Sheppard
Résumé : Rodney doit enfin se résoudre à dire ce qu’il a dans le cœur s’il ne veut pas perdre son compagnon.
Je m’abandonne à toi
Rodney savait, il savait du plus profond de son âme qu’il était temps qu’il soit sincère, temps qu’il ose aborder ses peurs et briser ses tabous.
John le regardait, la colère inscrite sur le visage mais, dans le regard, pour lui qui le connaissait si bien, il y avait la tristesse et un profond désarroi. Cette fois-ci, s’il ne disait pas les choses que son amant attendait, il allait le perdre, irrémédiablement. Il le savait…
Et pourtant les mots n’arrivaient pas à franchir la barrière de ses lèvres, parce que prononcer ces mots, c’était accepter de se reposer sur un autre, accepter de le laisser prendre soin de lui, lui, le génie, l’intelligence supérieure, lui qui n’avait jamais eu besoin de personne.
John le regarda encore et se détourna soudain, prêt à quitter la cabine.
Alors toutes ses digues se rompirent et d’une voix empreinte de souffrance il s’exclama :
- Non ! Ne t’en va pas ! Je t’aime…
Je m’abandonne à Toi
Je m’en remets à Toi,
Je ne désire rien
Que d’être entre tes mains
Que d’être près de Toi.
John se retourna vers lui, tout doucement, comme au ralenti. Il voyait maintenant dans ses yeux non plus la souffrance mais le doute et la crainte aussi.
C’était dingue ! Cet homme était un vrai héros ! Il avait affronté tant de dangers sans faiblir, pour protéger les siens, pour le protéger lui. Et là, à cet instant, il le voyait avoir peur…
Lui, Rodney MacKay, avait le pouvoir de faire peur au grand colonel John Sheppard !
Mais ce n’était pas un pouvoir dont il pouvait se réjouir, non… Parce que cette angoisse il la reconnaissait : c’était la crainte de souffrir. Et la souffrance que craignait le militaire, c’était lui qui la lui avait infligée.
Il n’y avait que lui qui pouvait mettre fin à cette peur, à cette douleur qu’il avait provoquées, et pour cela il n’y avait qu’un moyen.
- Reste… Je t’aime, articula-t-il en s’approchant de John pour prendre sa main.
Accepte mes souffrances
Accueille mes malchances
Et ce désir immense ;
Vivre en transparence
Désormais près de Toi.
Ca y est ! Il l’avait dit ! Et le monde ne s’était pas écroulé ! Et il ne se sentait pas moins homme qu’avant ! Et il n’avait pas l’impression d’avoir abdiqué la moindre parcelle de sa dignité, de sa liberté !
Pourquoi donc avait-il fallu qu’il attende si longtemps, qu’il soit si obtus ?
Pourquoi avait-il fallu que John veuille partir, retourner sur terre, quitter
Atlantis parce qu’il n’en pouvait plus de donner sans recevoir en retour ?
Pourquoi tous ces mois à ne pas vouloir lui offrir ces trois mots qu’il espérait ? Il ne demandait rien de plus que cette preuve que leur histoire était autre chose qu’une simple relation basée sur des pulsions sexuelles.
Et lui avait perdu tant de temps à chercher la rationalité et des explications scientifiques là où il n’y avait rien qu’une alchimie venue du fond des âges.
- Je t’aime…
Je m’abandonne à Toi
Je m’en remets à Toi,
Je ne désire rien
Que d’être entre tes mains
Que d’être près de Toi.
Il les répétait ces trois mots comme pour convaincre son amant, pour le forcer à l’écouter, mais aussi pour se persuader que son monde n’allait pas s’en trouver bouleversé pour autant et que lui n’allait rien perdre de ce qu’il était à enfin laisser parler son cœur plutôt que sa raison.
Il avait tant de choses à se faire pardonner, tant de silences à rattraper, tant de colères à racheter, tant de moqueries à effacer…
Aujourd’hui, il devait enfin oser tous ces mots qui se bousculaient dans sa tête depuis si longtemps mais qui se heurtaient toujours à la barrière de son image : il était le grand Rodney MacKay et accepter de dire ces mots, c’était accepter de partager un peu ce qu’il était.
Jusqu’à présent il n’avait pas été sûr de pouvoir le faire. Mais maintenant, comme le flot trop longtemps retenu par la digue qui se rompt, les mots fusaient et se précipitaient tandis qu’il entraînait son compagnon loin de la porte, comme s’il avait peur qu’il puisse la franchir définitivement.
Accepte mes silences,
Mes jours sans espérance
Et ce désir si dense,
Que Tu sois feu intense
Et que je sois le bois.
Et au fur à mesure qu’il se libérait, qu’il osait enfin se découvrir devant lui, il voyait le visage de John se détendre, il voyait refleurir ce sourire qui l’avait charmé dès le premier jour et contre lequel il avait si longtemps lutté en vain.
Et au fur et à mesure qu’il parlait, il se sentait plus fort, plus grand, meilleur…
Il savait que ces mots, petit à petit, faisaient reculer le doute et la souffrance, qu’ils agissaient comme un baume apaisant et ravivait la confiance chez l’homme qui les recevait comme on reçoit l’eau qui redonne la vie à la campagne brûlée.
Je m’abandonne à Toi
Je m’en remets à Toi,
Je ne désire rien
Que d’être entre tes mains
Que d’être près de Toi.
C’était si facile finalement de parler… Rodney ne l’aurait jamais cru, lui qui pourtant parlait sans cesse, au point d’insupporter parfois ses compagnons.
Mais il se rendait compte maintenant que tous les mots qu’il avait pu dire avant, cette logorrhée étourdissante et irritante, n’avait eu pour but que de dissimuler ces autres phrases, celles qui comptaient vraiment, celles qui donnaient un vrai sens à la vie, celles qu’il craignait de dire de peur qu’on rit de lui.
Vois mes chansons futiles,
Mes chemins inutiles
Et ce désir fragile,
D’être un morceau d’argile
Toujours entre tes doigts.
Etre fort ça ne voulait pas dire être seul, et soudain le docteur Rodney MacKay prenait conscience de cette vérité première tandis qu’il asseyait son compagnon sur sa couche et commençait, tout en lui parlant, à le dévêtir doucement.
Il voulait sentir sa peau contre la sienne, son cœur battre contre le sien sur un même tempo qui lui prouverait que les mots qu’il lui susurrait désormais à l’oreille résonnaient de la même façon chez lui et qu’ils vibraient au même tempo sur la même chanson.
Il avait ouvert la blessure, c’était à lui de la refermer.
Je m’abandonne à Toi
Je m’en remets à Toi,
Je ne désire rien
Que d’être entre tes mains
Que d’être près de Toi.
Il parlait toujours, sans savoir d’où lui venaient tous ces mots qui, en d’autres circonstances l’auraient fait sourire, de ce petit sourire condescendant que lui seul pouvait arborer lorsqu’il lui semblait qu’on se perdait dans des considérations futiles ou s’approchant un peu trop près de ce sentimentalisme qui lui semblait si dangereux…
Mais il découvrait en cet instant que le sentimentalisme, finalement, ce n’était pas si niais, pas si inutile…
En tout cas, ça lui permettait de prendre son amour contre lui et de sentir ses mains commencer à courir sur son dos, le faisant frissonner…
Vois mon pas malhabile,
Mes penchants trop serviles,
Mais ce désir tranquille
D’élire domicile
À tout jamais chez Toi.
Il sentait leur désir mutuel s’exacerber tandis qu’il continuait ses aveux, sur le ton d’une mélopée hypnotique destinée à faire perdre tout souvenir douloureux à l’homme qu’il aimait.
A l’origine ce n’était pas ce qu’il voulait, parce que c’était justement ce que lui reprochait John, d’être toujours prêt pour les étreintes intenses qui les réunissaient mais de s’enfuir dès que le plaisir refluait.
Il voulait simplement lui prouver que le plus important ce n’était pas ces moments de plaisir partagé qui les laissaient repus et épuisés, mais ce qu’il avait dans le cœur et la place que son amant tenait dans le sien.
Alors il se recula un peu, vrilla son regard dans celui de John et continua de parler en caressant doucement son visage, la courbe de ses lèvres, l’arête de son nez, ses épais cheveux bruns…
Ce corps il le connaissait dans ses moindres détails, mais aujourd’hui c’était le cœur et l’âme qu’il voulait toucher.
Je m’abandonne à Toi
Je m’en remets à Toi,
Je ne désire rien
Que d’être entre tes mains
Que d’être près de Toi.
Il vit soudain les larmes briller dans les yeux de son amour et il posa ses lèvres sur les paupières qui se fermaient pour les retenir.
- Ne pleure pas, je t’aime, murmura-t-il tendrement, le cœur déchiré d’être responsable de ce chagrin.
- Je ne pleure pas…, rétorqua John.
- Ah non… ça y ressemble pourtant…
Ca y était ! L’odieux MacKay ne pouvait pas s’empêcher de refaire son apparition et Rodney se détesta de l’accent ironique qu’il avait mis dans sa voix. Et s’il allait ainsi tout perdre ? Parce qu’il savait, du plus profond de son être que si John partait, il ne le reverrait jamais et ça, il ne pouvait pas le supporter.
Mais Sheppard ne prit pas mal la petite remarque de son amant, il était trop bouleversé par ces mots qu’il avait désespéré entendre jamais pour se laisser distraire par une gentille petite pique.
- D’accord… Mais si je pleure, c’est parce que je suis heureux… Je t’aime Rodney.
Le scientifique sentit son cœur bondir à cet aveu qu’il n’entendait pourtant pas pour la première fois, parce que John, lui, avait toujours eu le courage de ses actes et vivait en totale adéquation avec lui-même. Mais pour la première fois il était capable d’y répondre sans fausse pudeur :
- Moi aussi je t’aime…
Non, ce n’était pas une défaite que d’oser enfin s’abandonner totalement : c’était une victoire.
FIN
Chanson de Jean-Claude Gianadda (ne me demandez pas qui est JCG... )