Toutes celles qui me connaissent savent que j'adore la relation fraternelle entre Don et Charlie, ce qui m'empêche d'adhérer à une relation amoureuse entre eux. Mais comme certaines lectrices voient de l'inceste partout, j'ai commis cette petite fiction pour l'anniversaire de Sergeï l'an passé...
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction
Personnages : Charlie/Don
Genre : P.O.V. / Songfic
Résumé : Charlie se plonge dans les chiffres pour prouver une théorie.
On a tous le droit
- On ne peut pas ! C’est assez clair pour toi ? On ne peut pas Charlie !
- Mais pourquoi ?
- Tu veux que je te l’explique ? Tu en as vraiment besoin ?
- Bien sûr.
- On n’a pas le droit Charlie. C’est tout simple : on n’a pas le droit.
Et il était parti, le laissant seul avec ses pensées, avec ses désirs, avec sa détresse.
Puis, comme toujours dans ces cas-là, le mathématicien s’était réfugié dans son monde pour comprendre, pour quantifier, pour espérer.
Il ne voulait tout simplement pas de cet argument : on n’a pas le droit.
On a le droit
Quand personne ne nous voit
De pleurer en silence
De regretter son enfance
De se laisser aller en regardant tomber la pluie
Les chiffres s’alignaient sur le tableau, incompréhensibles pour le commun des mortels, mais pour lui, de les voir ainsi, ça ne faisait que matérialiser sa théorie, justifier ses décisions, renforcer ses convictions.
Parce que les nombres ne mentaient pas : ils n’étaient pas sujets aux atermoiements, aux à-peu-près, aux sentiments. Avec eux rien n’était faussé : c’était ou ça n’était pas. Blanc ou noir, chaud ou froid… pas de gris, pas de tiède…
Les nombres ne mentaient pas. Ils se moquaient du droit.
On a le droit
Quand personne nous croit
De sortir sa violence
Tous ces mots qu’on dit pas mais qu’on pense
De parler à Dieu
De parler à qui on veut
C’était si simple : deux vies qui se croisaient, s’éloignaient, se rapprochaient, s’enchevêtraient.
Tout était écrit, tout était logique…
On a tous le droit
D’aimer sa vie ou pas
De faire sa route
De faire son choix
On a tous raison
De se poser des questions
D’oser dire non
Il écrivait et il savait qu’il tenait la solution. Il savait qu’il avait raison et que tous les tabous, toutes les barrières que dressaient la société n’étaient rien que des obstacles qu’il devait franchir s’il voulait avoir le droit à sa part de bonheur.
Il écrivait et tous les mots qu’il n’avait pas su dire, toutes les phrases qui lui avaient échappé se formaient clairement dans sa tête, lui dictant le discours qu’il lui fallait faire pour trouver le chemin de son cœur plutôt que celui de sa tête…
Il écrivait et tant de choses revenaient à sa mémoire, tant de gestes partagés depuis si longtemps, tant de rires en commun, tant de tristesse où chacun s’appuyait sur l’autre pour se relever…
Alors oui, tout était là, logiquement, inévitablement.
Et le droit n’avait rien à voir avec ça.
On a tous le droit
D’aimer sa vie ou pas
De faire sa route de faire son choix
On a tous une chance
C’est pas perdu d’avance
La différence
Il suffisait de lui montrer, de le convaincre.
Il suffisait que, pour une fois, ce soit lui qui se montre fort, ce soit lui qui ouvre la voix, ce soit lui qui soit le protecteur…
Il suffisait qu’il lui rende les choses aussi claires qu’elles l’étaient pour lui, aussi évidentes, aussi indéniables.
Il suffisait qu’il s’affranchisse des lois de la société pour vivre celles de l’abstraction, celle qui guidait ses pas depuis son enfance.
Il suffisait qu’il lui prouve qu’ils avaient le droit.
On a le droit
Quand rien plus rien ne vas
De chercher son étoile
De jeter l’encre de son journal
De changer sa vie
De quitter l’ennui
Le droit, la loi, la morale…
Ils pesaient si peu en regard de ce qui comptait vraiment.
Juste des variables aléatoires qu’il suffisait de considérer comme telles.
Juste des grains de sable qu’il fallait simplement balayer.
Les nombres de mentaient pas.
Il était parvenu à un moment de sa vie où il était fatigué de faire semblant, à un moment où il avait compris qu’il devait saisir le bonheur, où qu’il se trouve, quoi qu’il puisse être.
Et son bonheur, il le savait avec la même certitude qu’il savait que deux et deux font quatre, c’était auprès de lui, dans ses bras, dans son lit, dans sa vie…
Et il renverserait les barricades pour atteindre son idéal.
C’était son droit.
Et puis
On a le droit
Et qui nous en empêchera
De rêver d’un monde un peu moins laid
De rêver d’un monde où on pourrait
Rien qu’une fois
Tous vous et moi
Il avait reposé la craie et s’était assis sur le vieux sofa, relisant inlassablement ses équations, s’enivrant de cette certitude d’avoir raison.
Il se sentait de plus en plus calme, de plus en plus déterminé. S’il fallait se battre il se battrait, parce que les chiffres ne mentent pas, et les chiffres lui racontaient tous la même histoire.
On a tous le droit
D’aimer sa vie ou pas
De faire sa route
De faire son choix
On a tous raison
De se poser des questions
D’oser dire non
Il prit une grande inspiration et se leva. Arrivé à la porte du garage, il se retourna une dernière fois vers le tableau, comme pour se persuader qu’il avait raison, comme pour se fortifier dans sa résolution.
Les équations s’alignaient toujours de la même façon, et le résultat qu’elles laissaient apparaître était identique.
Tout était clair dans sa tête et dans son cœur. Il voyait clairement les mots qu’il devait dire parce que cette bataille-là, il était inenvisageable qu’il la perde.
On a tous le droit
D’aimer sa vie ou pas
De faire sa route de faire son choix
On a tous une chance
C’est pas perdu d’avance
La différence
Comme il s’y attendait il était dans le salon, avachi sur le canapé, regardant sans le voir un match de hockey, une bière à la main qu’il ne pensait même pas à boire, visiblement perdu dans ses pensées.
Le mathématicien eut le cœur serré à voir son visage tourmenté, ce visage qu’il aurait aimé prendre entre ses mains pour en baiser les lèvres, ce visage qui venait hanter ses songes, nuit après nuit.
- Don…
L’agent du F.B.I. se tourna vers lui et il lut la souffrance dans son regard, cette souffrance de se sentir différent, de se sentir monstrueux, de se dire qu’on n’a pas le droit de se laisser aller aux sentiments qui vous tourmentent.
Il comprenait cette souffrance parce qu’il l’avait vécue, jusqu’à ce qu’il réalise que ce qui se mettait entre eux n’était rien d’autre que des conventions sociales sans aucune vraie valeur.
Bien sûr il leur faudrait du courage pour affronter le regard des autres, mais du courage ils en avaient à revendre, et à eux deux ils étaient invincibles.
- On a le droit Donnie… Je te jure qu’on a le droit…
- Quoi ? Mais… De quoi tu parles Charlie ?
Il lisait dans ses yeux l’envie de le croire, le déchirement entre le cœur et la raison, entre le devoir et l’amour…
- Viens… Je vais t’expliquer…
Il lui tendit la main et Don s’y accrocha, comme on s’accroche à une bouée.
Charlie sut alors qu’il allait gagner cette bataille.
Parce que tous les deux, c’était écrit, aussi sûr que deux et deux font quatre.
FIN
Chanson de Liane Foly