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Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 7 Fév 2012 - 22:03
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Cheryl Heuton & Nicolas Falacci. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction. Genèse de l’histoire :
En … 2009 le quartier Numb3rs d’Hypnoweb lançait le concours « bribes de vie » : en quatre page, imaginer une nouvelle centrée sur l’enfance ou l’adolescence des frères Eppes, mettant en exergue leur complicité. Il y eut cinq participants et à la lecture des nouvelles proposées, j’ai eu l’idée d’une fiction qui en inclurait d’autres. J’ai donc proposé aux membres d’écrire quelques nouvelles que je relierais ensuite entre elles.
Mon idée c’était de faire ce que font les scénaristes américains lorsqu’ils sont à court d’imagination : mettre les personnages dans une situation où ils se remémorent des événements de leur passé. Sauf que les Américains recyclent alors des extraits d’épisodes existants et qu’en l’occurrence je voulais de l’inédit (à l’exception des 5 créations du concours).
Personne n’a alors répondu, sauf les quatre autres participantes au concours qui m’ont donné l’autorisation de « recycler » leur fiction.
Quelques mois plus tard, FFF s’étant ouvert dans l’intervalle, j’ai de nouveau relancé l’idée : Angie et JB m’ont alors gentiment envoyé une fiction supplémentaire chacune. Puis d’autres histoires ont monopolisé mon attention et celle-ci est restée en jachère.
Je l’ai retrouvée cet été et un peu avancée, et puis durant les vacances de Noël, ai décidé de m’y atteler sérieusement pour la mener à bien, J’avais depuis longtemps la trame en tête, il me restait juste à trouver comment insérer les histoires des quatre auteurs et à écrire celles que j’avais en tête en plus, ce qui m’a pris une quinzaine de jours. Ensuite il a fallu trouver du temps pour corriger et d’autres projets m’ont à nouveau accaparée, et puisqu’elle était terminée il n’y avait plus à mes yeux aucune urgence, donc elle est de nouveau passée au second plan.
Mais tout de même, la voilà enfin terminée… Quelques repères par rapport à la série :
Au cours de la saison un sont apparues des incohérences sur la date de naissance des frères. Numb3rs a débuté au premier semestre 2005 : Charlie allait alors sur ses trente ans et Don avait cinq ans de plus que lui. Ce qui impliquait qu’ils soient nés respectivement en 1975 et 1970. Or, dans un épisode, on voit en gros plan le permis de conduire de Don qui indique 1967 comme date de naissance. D’où parfois une difficulté pour certains fans.
En ce qui me concerne j’ai tenu pour acquis que Charlie était né en mai 1975 et Don en juillet 1970. Ce sont donc les dates à partir desquelles j’ai basé mon histoire. Celle-ci se situe pendant la liaison entre Don et Robin, donc durant la saison 2. Don a 36 ans et Charlie 31.
Les OS écrits par d’autres auteurs :
Concours « Bribes de vie » : X Files – par Angelgym34 – chapitre 3 Frère et base-ball – par Juliabaku – chapitre 5 Entre frères – Lianro - Chapitre 23 Petits drames en série pour Don Eppes – Orkhadia – chapitre 29
Les OS écrits pour cette fiction : Bagarre – Angelgym34 – chapitre 7 Deux frères et un piano – Juliabaku – chapitre 17
L’OS « Série Noire pour une nuit blanche » (chapitres 30 & 31) a été écrit pour le concours bribes de vie, même s’il est un peu plus long que la version parue à cette occasion qui était limitée en nombre de mots. C’est le seul que je n’ai pas écrit spécialement pour cette fiction.
Voilà, vous savez tout : bonne lecture.
Et non, vous ne rêvez pas : nous sommes bien DEVANT l’horizon…
Yseult Modo section
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 7000 Date d'inscription : 23/08/2010 Age : 45 Localisation : Courcelles, Belgique
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 7 Fév 2012 - 22:07
e]]Et non, vous ne rêvez pas :nous sommes bien DEVANT l’horizon[/i]
tu t'es perdue en chemin ou la route derrière l'horizon était trop verglacée. parce que si c'est ça, elles vont se bousculer pour te la dégager: elles vont sortir leur pelle et leur sel
Le rire, comme les essuie-glaces, permet d'avancer même s'il n'arrête pas la pluie!
La perfection n'existe pas sur Terre", Mais alors...D'où viens-je ? ;-)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 7 Fév 2012 - 22:17
L'ACCIDENT
Chapitre 1 : Virée à deux
Avril 2006 – 11 h 40 : Pasadena
Alan entendit la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer. Il jeta un coup d’œil distrait à la pendule : 11 h 00. Qui pouvait bien venir à cette heure ? Ce n’était pas Charlie, enfermé dans le garage depuis le début de la matinée avec un amoncellement de copies impressionnant. Bon, plutôt que de se poser des questions, le mieux était encore d’y aller voir.
Il fut surpris de trouver Don, debout dans l’entrée, en train de consulter le courrier pour vérifier s’il y en avait pour lui.
- Donnie ? Qu’est-ce qui se passe ? Quelque chose ne va pas ?
- Non. Pourquoi ?
- Pourquoi ? Tu as vu l’heure ? Depuis quand tu passes à une heure pareille ?
A ce moment-là Charlie sortit de son garage et se figea en voyant son frère :
- Don ? Qu’est-ce qui se passe ? Quelque chose ne va pas ?
Don eut un sourire résigné à cette phrase, écho parfait de celle de son père.
- C’est quand même dingue ça ! Je ne peux pas venir ici sans que vous vous imaginiez tout de suite que quelque chose ne va pas ?
- Ben, désolé frangin, mais tu ne peux pas nier qu’il est rare que tu déboules à cette heure-là, rétorqua son cadet en vérifiant sa montre. Tu as un cas à me soumettre ?
- Non, aucun cas à te soumettre. Enfin ! On croirait que je ne viens ici que quand quelque chose ne va pas à vous entendre.
Le regard entendu qu’échangèrent son père et son frère ne lui échappa pas et il s’énerva légèrement :
- Quoi ? C’est ce que vous pensez ? C’est pas croyable ça !
Puis soudain il surprit le sourire dans les yeux et les lèvres qui tremblaient légèrement.
- D’accord, j’ai compris… Vous me faites marcher, sourit-il.
- C’était trop tentant !
Alan laissait enfin échapper son rire :
- Tu ne marches pas, tu cours ! continua-t-il.
- Vous me le paierez ! menaça Don d’un ton léger.
Les trois hommes échangèrent un regard empli d’affection, puis Alan revint à sa préoccupation première :
- Ca ne nous dit pas ce que tu fais là à cette heure.
- Une nouvelle affaire ? demanda Charlie.
- Non, Charlie. Si tu écoutais ce que je te dis, tu m’aurais entendu te dire que ce n’était pas le cas. En fait je viens juste vous dire que je ne mangerai pas avec vous ce midi, comme prévu.
- Quoi ? Tu passes pour nous dire ça ? Un coup de téléphone n’aurait pas suffi ? s’étonna son père.
- Il a peut-être perdu le mode d’emploi, se moqua Charlie. Ou alors il ne pouvait pas se passer de la joie de me voir et…
- C’est ça… Crois au père Noël, le coupa son frère. Non, en fait c’était sur ma route, donc je me suis dit que je m’arrêterais deux minutes pour vous dire de ne pas compter sur moi. Maintenant que c’est fait je file !
- Attends Donnie.
Son père le retenait par le bras.
- Qu’est-ce qui se passe ? Un problème ?
- Non, pas du tout. Le directeur m’envoie à Big Bear Montain pour préparer un stage de survie de Quantico.
- De quoi tu parles ? s’étonna son frère.
- Tous les ans, lors des stages de formation des agents, le F.B.I. organise un stage de survie. Cette cession, c’est à nous de l’organiser.
- A Los Angeles ? Survie en milieu urbain ? se moqua gentiment Alan.
- J’aurai préféré figure-toi. Non, le directeur a décidé de faire ça dans le parc National de San Bernardino, aux environs de Big Bear City.
- Un coin superbe, s’exclama Alan. Le lac de Big Bear est magnifique.
- Et les sentiers de randonnées sont nombreux. Ainsi que les coins très isolés…
- Oui, c’est bien ce qui attire le directeur.
- Et en quoi ça te concerne ?
- Et bien il faut organiser tout ça avec le shérif, et le directeur, lors d’une réunion, a entendu plusieurs membres des polices locales se plaindre de la manière dont les agences gouvernementales les traitaient.
- Tu veux dire avec condescendance et morgue ? insinua Alan.
- Je ne suis pas comme ça ! se défendit Don.
- Toi peut-être pas, rétorqua son frère. Mais il est vrai que bien souvent, vous autres fédéraux, vous débarquez avec vos idées toutes faites et votre supériorité supposée et vous traitez les locaux comme du menu fretin tout juste bon à vous cirer les pompes…
- Et encore, rigola Alan.
- Ca va vous deux, grommela Don.
Mais il ne pouvait leur donner entièrement tort. C’était vrai, trop souvent.
- En tout cas, pour pallier ce risque, le directeur a décidé d’envoyer un chef de section et non un agent lambda pour préparer le terrain auprès du shérif.
- Et c’est tombé sur toi ? s’enquit Alan.
- Bingo ! Comme si je n’avais pas assez à faire comme ça ! râla Don. Quatre heures aller retour, et encore, si ça roule bien, sans compter le temps sur place ! Je ne serai pas de retour avant ce soir. Et j’ai une pile de dossiers qui m’attend sur mon bureau.
- Tu n’as pas un adjoint pour s’en charger ?
- C’est exactement ce que m’a dit le directeur quand je lui ai présenté cet argument, répondit Don dépité de la remarque de son père. Et quand j’ai émis l’idée que mon adjoint pouvait peut-être plutôt aller faire les repérages, par contre, il a trouvé que c’était une très mauvaise idée.
- Plains-toi ! lui dit Alan. Pour une fois, plutôt que de passer l’après-midi à faire de la paperasse ou à courir après de dangereux malfaiteurs, tu vas aller te balader dans un coin superbe !
- Oui, mais il y a des choses que David ne pourra pas faire et je les retrouverai en rentrant. Et puis préparer ces stages, c’est franchement pas ma tasse de thé.
- J’ai une idée ! s’exclama soudain Charlie.
- Quoi ? Pour que je n’ai pas à aller là-bas ?
- Non. Mais il se trouve qu’on doit organiser une sortie avec nos étudiants. Et je ne savais pas trop où les emmener. Les environs de Big Bear City seraient parfaits !
- Je ne vois pas ce que des étudiants en math iraient faire là-bas.
- Figure-toi qu’il y a plein de domaines où les mathématiques appliquées peuvent être mises en œuvre. En l’occurrence, des calculs d’itinéraires, de dénivelés, un jeu de piste pour sortir un peu nos premières années des salles de classes.
- Je ne vois pas en quoi ton idée…
- Je t’accompagne !
- Quoi ? Tu rigoles !
- Non ! Ce sera l’occasion de passer un peu de temps ensemble. Et puis je pourrai t’aider pour tes repérages, te calculer les probabilités de risques, de difficultés, optimiser les paramètres pour que le stage se passe dans les meilleures conditions en fonction des contraintes que vous voulez imposer à vos stagiaires…
- Charlie, protesta Alan. Je te rappelle que tu as des dizaines de copies à corriger. Tu t’en es assez plaint ce matin. Il me semble aussi que ça a été ton excuse pour ne pas m’aider à tailler la haie !
Charlie eut un geste de la main, comme pour repousser un insecte importun. Visiblement, ce qui lui avait paru si important le matin venait de passer en seconde position. La possibilité de passer du temps avec son grand frère balayait tout le reste.
- Oui, et bien je reprendrai plus tard. D’ailleurs je peux aussi emmener mes copies et les corriger sur la route.
- Sauf qu’il me semble que tu as promis à Larry d’assister à son colloque sur les trajectoires cosmiques de…
- Flûte ! C’est vrai ! Le colloque de Larry !
Charlie sembla soudain fort dépité de ne pouvoir accompagner son frère, comme il s’en faisait d’avance une fête.
- Mais, si ma mémoire est bonne, ça ne débute qu’à 21 h 00, reprit-il soudain.
- En tout cas, c’est ce qui figurait sur les invitations, confirma Alan.
- Donc, en partant maintenant… Voyons, il presque midi moins le quart. Si on compte, disons cinq heures de route… et trois heures sur place… On sera largement revenus pour le colloque de Larry ! triompha-t-il.
- Merci de me demander mon avis, ironisa Don. Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai envie de m’encombrer de toi qui va pérorer durant tout le trajet et me filer une migraine carabinée ?
Interdit, Charlie regarda son frère, et celui-ci s’aperçut qu’il venait de le blesser.
- Charlie, je plaisantais, s’empressa-t-il de dire.
- Bien sûr ! grinça le mathématicien. Non, tu as raison. Mieux vaut que tu y ailles seul, tu seras plus tranquille !
- Charlie ! Arrête de faire le bébé…
- C’est bon Don ! T’inquiète, je ne vais pas m’imposer. D’ailleurs, comme papa disait, j’ai du boulot.
Alors qu’il tournait les talons, Don le retint.
- Ca suffit maintenant ! Alors quoi ? Tu ne comprends plus la plaisanterie ? Je n’ai fait que te rendre la monnaie de ta pièce pour ta petite fourberie à mon arrivée mon cher frère !
Plongeant ses yeux dans ceux de son frère, Charlie comprit soudain qu’il s’était fourvoyé. Il passa une main lasse sur son visage.
- Désolé frangin… Je crois que j’ai réagi un peu vite.
- Tu l’as dit oui… Qu’est-ce qui ne va pas Charlie ?
- Rien… Tout va bien… Simplement, je crois que je suis un peu sur les nerfs avec tout le boulot qu’on a en ce moment.
- A qui le dis-tu !
- Alors l’idée d’une petite virée avec toi me tentait bien. Mais si tu n’y tiens pas.
- Au contraire ! C’est une super idée frérot. Je serai ravi de t’emmener.
- C’est vrai ?
Don fut ému du ton de la voix de son frère, comme un petit enfant à qui on promet un tour de manège.
- Tout ce qu’il y a de plus vrai. Et puis en plus, comme tu le disais, tu pourras m’aider à jeter des jalons pour le stage : ce sera ça de moins que j’aurai à faire !
- Ben voyons… Et mes étudiants ?
- Tu t’en occuperas en même temps ! Tu sauras bien faire ça non ?
- Tu pars quand ?
- Sur le champ. Surtout si tu dois être rentré pour 21 h 00.
- Disons plutôt 19 h 30, le temps de me changer et d’aller à l’université. Tu crois que c’est jouable ?
- Evidemment, pour qui tu me prends ? Et puis plus tôt on rentrera, plus tôt je pourrai me remettre sur mon vrai travail.
- Non… Parce que Larry tient absolument à ce que j’assiste à son colloque et je ne veux pas le décevoir.
- Ecoute Charlie, c’est toi qui sais. Si tu as peur qu’on rentre trop tard, reste-là. C’est toi qui a demandé à venir je te signale !
- Oui…
Le mathématicien resta un instant indécis, déchiré entre sa crainte de faire faux bond à son ami et son envie irrépressible d’accompagner son frère. Il leur était si peu souvent donné de pouvoir passer du temps rien que tous les deux, sans avoir à parler du boulot de l’un ou de l’autre ! Ce serait l’occasion d’une vraie virée fraternelle…
- Non, je viens ! décida-t-il.
- Alors en route.
- Hors de question que vous partiez comme ça ! s’interposa Alan.
- Comment ça ?
- D’abord vous allez me faire le plaisir de manger.
- Papa, on n’a pas le temps.
- Je vous prépare des sandwiches. Et puis de toute façon, vous devez emporter un vêtement chaud.
- Arrête, il fait plus de vingt degrés ! protesta Don.
- Vingt degrés ici, à Los Angeles, à presque midi. Ca veut dire que là haut il ne doit pas faire plus de douze degrés. Je vous rappelle qu’on n’est qu’en avril ! Je n’ai pas envie de vous récupérer tous les deux avec une bonne bronchite, alors vous allez me faire le plaisir d’aller chercher un lainage pendant que je vous prépare de quoi manger. Et ce n’est pas négociable ! finit-il en élevant la voix, clouant le bec à son aîné qui semblait vouloir intervenir.
Don soupira en souriant intérieurement : leur père ne changerait jamais ! A le voir, on aurait pu croire que Charlie et lui étaient encore des gamins incapables de s’occuper d’eux. Mais son père n’avait pas tort : il était vrai que la température dans le parc national était sensiblement plus fraîche qu’à L.A. Bien sûr il avait un blouson dans la voiture, mais un pull ne serait sans doute pas de trop, surtout s’ils rentraient en soirée.
Les deux frères s’empressèrent donc de filer dans leurs chambres, Don ayant toujours quelques vêtements propres dans son ancien repère que Charlie avait refusé obstinément de transformer jusqu'à ce moment, comme si, quelque part, cette chambre lui permettait de garder un lien avec son grand frère. Ils redescendirent très vite et se dirigèrent vers la cuisine où Alan préparait en hâte deux énormes sandwiches à la vue desquels Don sentit soudain son estomac tressaillir d’aise. Finalement, là encore, son père avait une excellente idée.
Il était un peu moins de midi quand, dûment munis d’un sac dans lequel leur père avait entassé trois sandwiches par personne, des biscuits, des fruits, quelques bières, deux bouteilles d’eau et un grand thermos de café, sans se préoccuper des protestations de ses fils qui lui assurèrent à plusieurs reprises ne pas partir en expédition pour deux jours, Don et Charlie prirent place dans le SUV du premier.
Le mathématicien arborait un sourire ravi : il n’arrivait pas encore totalement à croire que son frère avait accepté si facilement de l’emmener avec lui, comme s’il n’avait pas encore intégré leurs nouveaux rapports, pas encore perçu le plaisir manifeste qu’avait son aîné à passer désormais du temps auprès de lui. Conscient des pensées qui agitaient son cadet, Don lui décocha un de ces sourires pour lesquels sont petit frère se serait jeté au feu :
- Prêt frangin ?
- Prêt !
- Alors en route pour l’aventure.
Il démarra en douceur, faisant un dernier signe à son père resté debout sur le seuil, un grand sourire aux lèvres. Il ignorait à quel point sa dernière phrase allait être prémonitoire.
(à suivre)
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 7 Fév 2012 - 22:19
Yseult a écrit:
e]]Et non, vous ne rêvez pas :nous sommes bien DEVANT l’horizon[/i]
tu t'es perdue en chemin ou la route derrière l'horizon était trop verglacée. Parce que si c'est ça, elles vont se bousculer pour te la dégager: elles vont sortir leur pelle et leur sel
Non non non... Je reviens à mes premières amours: des histoires parfois un peu agitées, certes, mais sans horreurs... C'est que je ne suis ni une sadique, ni une obsédée moi...
Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage (S. Guitry) La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence. L'intelligence, elle, a des limites, tandis que la bêtise n'en a pas (C. Chabrol)
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 7 Fév 2012 - 22:28
J'adore ce début. Je le relirai demain à tête reposée
Euh, tu y crois à ce que tu dis comme moi avec mon clavier
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mer 8 Fév 2012 - 22:12
Et comment que j'y crois!!! Parce que ton histoire de clavier c'est totalement impossible, alors qu'en l'occurrence le fait que je sois une personne douce, sensible et compatissante est avéré... Merci de ton commentaire...
Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage (S. Guitry) La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence. L'intelligence, elle, a des limites, tandis que la bêtise n'en a pas (C. Chabrol)
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mer 8 Fév 2012 - 22:13
Elle est où ma suite ??
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mer 8 Fév 2012 - 22:36
La voilà... Esclavagiste!!!
Chapitre 2 : Déluge
Avril 2006 – 16 h 30 : Big Bear Mountain
- Bon et bien je crois qu’il ne nous reste plus qu’à vous remercier shérif et à prendre congé. Nous nous reverrons le mois prochain.
Don tendit sa main à l’homme qui les avait accueillis en début d’après-midi et avait été d’une obligeance remarquable. Du coup, tant lui que Charlie avaient pu préparer leurs stages respectifs de manière très précise et finalement l’agent du F.B.I. était ravi de son équipée en compagnie de son jeune frère. Non seulement il avait réussi à établir des rapports très cordiaux avec le shérif, qui s’était effectivement montré fort satisfait de voir venir à lui le chef de la section des crimes violents en personne et non un agent lambda, mais en plus il pensait avoir tracé les grandes lignes d’un stage de survie de haut niveau, sans être dangereux, qui ravirait vraisemblablement son supérieur. Bien que n’étant pas carriériste, Don ne dédaignait pas toutefois de marquer des points auprès de sa hiérarchie : cela pouvait toujours servir tôt ou tard. Par exemple lorsque votre petit frère se laissait emporter par ses convictions et violait des lois fédérales…
Le seul hic était la pluie qui s’était mise à tomber une heure plus tôt, les obligeant à s’arrêter dans un relais de chasse en attendant que l’averse se calme. Malheureusement, cela ne semblait pas vouloir s’apaiser et il était près de seize heures trente. Charlie commençait à donner quelques signes d’impatience. Avec la pluie, ils risquaient de mettre plus de deux heures à rentrer et il n’oubliait pas que la conférence de Larry commençait à 21 h 00.
- Don…, commença-t-il, il faudrait envisager de renter, tu sais que…
Son frère le coupa d’un geste un peu agacé : c’était la troisième fois en moins d’une demi-heure que le mathématicien s’inquiétait du départ.
- Je sais Charlie… Tu as raison, on va y aller.
- Quoi ? Maintenant ? s’interposa le shérif. Ce ne serait pas prudent. Vous feriez mieux d’attendre la fin de l’averse.
- Mais elle semble vouloir durer, objecta Don. Et il se trouve que mon frère a, dans la soirée, un rendez-vous qu’il ne peut pas remettre. Pour ma part, je dois rendre compte à mon directeur de l’avancée de quelques-uns des dossiers en cours, sans compter qu’il va vouloir savoir si nous avons trouvé l’endroit idéal pour nos stagiaires…
- Les chemins que nous avons pris pour venir jusqu’ici risquent d’être rendus dangereux par la pluie, s’inquiéta le shérif. Ce ne serait pas prudent de partir tout de suite !
- Vous croyez ? questionna Don, déjà à demi convaincu.
- J’en suis sûr. Vue la violence de l’averse, certains chemins vont se transformer en torrents de boue et si vous partez en glissade il ne vous faudra pas longtemps pour tomber dans un précipice. Vous devriez vraiment attendre la fin de la pluie.
- Mais ça peut prendre des heures ! contra Charlie. Ca fait déjà plus d’une heure que nous sommes coincés là et ça n’a pas l’air de s’arranger. Logiquement, il serait moins dangereux de partir maintenant que plus tard non ? Parce que plus nous attendons, plus les chemins risquent de se détremper.
- Ce n’est pas faux, admit le shérif, cependant…
- Don ! l’interrompit Charlie en se tournant vers son aîné, j’ai promis à Larry… Je n’ai pas le droit de lui faire faux bond.
- Je ne sais pas Charlie, objecta son frère indécis. Si le shérif pense que c’est dangereux…
- Mais tu as un quatre-quatre ! Et tu conduis plutôt bien non ? Si nous patientons encore, il faudra ensuite attendre que les chemins sèchent avant de pouvoir reprendre la route. Je croyais que tu avais du boulot !
- C’est le cas Charlie, mais je ne vais pas nous mettre en danger pour de la paperasse figure-toi.
- S’il te plaît, Don…
L’agent du F.B.I. regarda longuement son jeune frère, partagé entre la raison qui lui soufflait d’écouter le natif des lieux et l’affection qu’il portait à son cadet qu’il n’avait pas envie de décevoir. Si finalement il décidait de rester là, nul doute que Charlie allait lui faire la tête durant des jours. Après tout, si c’était le prix à payer pour leur sauvegarde, il était prêt à le payer, mais cela était-il indispensable ?
- Et bien, il a fait plutôt sec ces jours-ci donc, peut-être qu’il est encore temps de passer. Si vous descendez par…
Déjà le policier étendait une carte devant lui et traçait un chemin du bout du doigt tandis que Don se penchait pour suivre ses indications. Charlie, quant à lui, piaffait d’impatience : il lui semblait qu’ils n’allaient jamais repartir et il s’inquiétait de voir l’heure avancer sans qu’ils aient levé le camp.
- … par contre soyez prudents !
- Mais c’est faisable ?
- Oui, bien sûr. D’ailleurs je vais moi aussi rentrer à Big Bear. Il faut juste que vous rouliez lentement parce que, votre frère a raison, si nous restons là, c’est un coup à être coincés jusqu’à demain matin.
- D’accord, alors on y va, décida Don, arrachant un profond soupir de soulagement à son cadet.
Cinq minutes plus tard, les deux hommes reprenaient la route à vitesse très réduite, la visibilité étant réduite par les paquets d’eau qui s’abattaient sur le pare-brise.
*****
- Don…
Seul un grognement lui répondit et le mathématicien se rencogna sur son siège, se plongeant à nouveau dans le silence qui régnait dans l’habitacle depuis leur départ quarante minutes plus tôt. Les tentatives de conversation de Charlie s’étaient toutes heurtées à un mur de silence et il avait fini par abandonner la partie.
Il se demandait si son frère lui en voulait de lui avoir ainsi forcé la main : il est vrai que de l’extérieur, la situation semblait nettement plus dangereuse que lorsqu’ils étaient à l’abri dans le petit chalet. Des trombes d’eau s’abattaient sur le pare-brise, réduisant excessivement la visibilité : les phares n’éclairaient pas à plus de trois mètres et Don était concentré sur sa conduite, ne quittant pas la route des yeux. Si on pouvait appeler ça une route : de minute en minute elle se transformait en chemin que la boue dévalait, rendant l’adhérence au sol fort aléatoire.
C’était peut-être cette concentration qui expliquait le silence de Don, conclut Charlie à cette étape de son raisonnement, plutôt qu’une quelconque rancoeur à son endroit. D’ailleurs il n’avait pas de raison de lui en vouloir : bien sûr il avait insisté pour qu’ils prennent la route, et lourdement insisté, mais Don avait toujours su lui tenir tête, quels que soient ses désirs, quand il pensait qu’il était dans son droit ou, tout simplement, quand ça l’arrangeait.
Il se souvenait de cette journée, lorsqu’il avait une dizaine d’année : il voulait à toute force aller visiter une exposition itinérante qui se tenait dans la journée dans une salle paroissiale de leur quartier. Elle avait pour objet l’usage des mathématiques dans la vie quotidienne et cela le passionnait. Don, quant à lui, avait prévu de sortir avec une bande d’amis et d’aller au terrain de base-ball lancer quelques balles. Alan et Margaret travaillaient tous les deux et les garçons étaient seuls à la maison. Et Charlie avait eu beau prier et supplier, son frère n’avait nullement l’intention de renoncer à ses projets pour emmener son cadet à une expo « prise de tête » comme il le lui annonça sans ambages. Pire, plutôt que de le laisser seul à la maison, il décida de le traîner avec lui au terrain pour s’assurer que, têtu comme il l’était, son petit frère ne s’avise pas d’aller seul à son exposition, ce qui l’aurait assuré, lui, d’une semonce en règle de la part de ses parents quant aux devoirs qui lui incombaient en tant que frère aîné, du genre : éviter que le petit génie ne déambule seul dans une ville dangereuse…. S’il devait être tout à fait honnête, Charlie devait s’avouer que l’après-midi avait été plutôt amusant. Les cinq adolescents ne l’avaient pas du tout laissé de côté mais au contraire avaient fait en sorte de le mettre à l’aise et il avait éprouvé beaucoup de plaisir à établir des équations pour leur permettre d’améliorer certains de leurs lancées, se sentant très fier de les laisser surpris à chaque fois de l’exactitude de ses suggestions. Le regard plein de fierté de son frère sur lui, ce genre de regard qui veut dire « Vous voyez, ça c’est MON petit frère ! » lui était aussi allé droit au cœur.
Mais avec la mauvaise foi qui peut caractériser un enfant déçu, il n’avait eu de cesse de se plaindre auprès de ses parents le soir même de l’attitude et de l’égoïsme démesuré de son aîné qui, bien qu’ayant l’opportunité d’aller jouer au base-ball avec ses amis tous les jours, l’avait privé d’une exposition qui ne durait qu’une journée. Dans un premier temps, les reproches qu’avait adressés Alan à Don avaient réchauffé le cœur de l’affreux petit tyran qu’il était alors sans même s’en apercevoir. Puis la peine qu’il avait lue dans les yeux de celui-ci lorsque sa mère, sans se joindre aux reproches, avait posé un regard déçu sur lui, l’avait atteint en plein cœur : il venait de faire souffrir son frère. Il aurait alors tout donné pour se racheter mais le mal était fait : sans même chercher à se défendre, Don était monté dans sa chambre pour y abriter son chagrin et il n’avait pas entendu son cadet tenter de faire comprendre à ses parents qu’il avait peut-être un peu exagéré sa déception parce que l’après-midi avait été plutôt agréable tout compte fait, les grands s’étant bien plus préoccupés de lui qu’ils ne le faisaient d’ordinaire.
Seulement ni Alan ni Margaret ne semblèrent croire ses déclarations, pensant peut-être qu’il cherchait simplement à atténuer leur ressentiment envers son frère. Ils savaient pertinemment que Charlie détestait voir Don malheureux, quand bien même il l’aurait mérité. Le lendemain, ils l’avaient emmené à la même exposition qui se tenait à l’autre bout de la ville mais Charlie n’en avait pas tiré toute la satisfaction qu’il en attendait : son attitude plutôt injuste envers son frère lui restait en travers de la gorge. Le matin même celui-ci était parti sans même lui adresser la parole, sans lui proposer de l’emmener comme ils en avaient vaguement parlé la veille avec ses amis. Et plus jamais il n’avait eu l’occasion de partager ainsi un après-midi avec son grand-frère, en tout cas avant longtemps…
*****
Charlie revint au présent et jeta un regard affectueux à son aîné, tendu, le regard rivé sur la route, totalement concentré sur sa conduite. Certes il ne pourrait pas l’obliger à faire ce qu’il ne souhaitait pas, quoi qu’il puisse dire ou faire… sauf que l’affection qu’il était sûr maintenant que son frère lui portait, pouvait sans doute conduire celui-ci à aller contre sa volonté ou son intuition simplement pour lui faire plaisir. Mais jusqu’à un certain point seulement… corrigea-t-il avec un sourire qui se crispa très vite tandis qu’il sentait la voiture glisser vers la droite. Sans s’énerver, Don braqua dans le sens de la glissade et très vite le véhicule se retrouva dans l’axe de ce qu’on pouvait voir du chemin boueux.
Charlie ouvrit la bouche pour dire à son frère qu’il était désolé de lui avoir ainsi forcé la main, qu’il aurait dû l’écouter et attendre la fin de l’averse, quitte à manquer la conférence de Larry. Après tout, ce dernier aurait compris et vraisemblablement aurait préféré les savoir entiers dans un abri plutôt que de risquer leur vie sur des routes détrempées pour son seul bénéfice.
Risquer leur vie… la prise de conscience qu’ils pouvaient être en danger le heurta de plein fouet. Un regard au visage tendu de son frère lui fit comprendre que celui-ci était inquiet, se reprochait d’avoir cédé. Il se rendit compte soudain de son inconséquence et de son égoïsme. Lorsqu’ils arriveraient à Los Angeles, Don risquait d’être totalement épuisé. S’ils y arrivaient…
Il chassa au loin cette pensée importune : Don était un excellent conducteur, avec lui au volant ils ne couraient aucun risque. A nouveau il ouvrit la bouche pour tenter de savoir ce que son frère ressentait, à nouveau il la ferma, ne voulant pas le distraire. Il tenta d’allumer la radio mais n’obtint que des grésillements : évidemment, rien ne passait ! Il tourna le bouton et, avec un soupir de lassitude, s’adossa à nouveau à son siège.
- T’inquiète Charlie, ça va aller, dit alors Don sans lui jeter un regard.
- Je sais, se contenta-t-il de répondre, reconnaissant à son aîné de s’être rendu compte de son malaise et de prendre le temps de le réconforter ainsi.
Puis ils replongèrent dans le silence.
(à suivre)
Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage (S. Guitry) La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence. L'intelligence, elle, a des limites, tandis que la bêtise n'en a pas (C. Chabrol)
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Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mer 8 Fév 2012 - 23:27
Je vais lui en coller une moi au petit génie
J'aime bien jouer l'esclavagiste à mon tour
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Jeu 9 Fév 2012 - 21:38
Ben si tu as déjà envie de lui en coller une, je ne donne pas cher de sa peau avec certains des chapitres suivants... Et ne prends pas trop goût à jouer les esclavagistes parce que ça risque de ne pas durer...
Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage (S. Guitry) La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence. L'intelligence, elle, a des limites, tandis que la bêtise n'en a pas (C. Chabrol)
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Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Jeu 9 Fév 2012 - 21:49
Chapitre 3 : X-Files
Avril 2006 – 17 h 20 : Big Bear Montain
Charlie s’en voulait : il aurait dû savoir que Don ne prenait pas ses décisions à la légère. Soudain lui revenait en mémoire l’adage : mieux vaut arriver en retard que de ne pas arriver… Mais évidemment, comme d’habitude, il n’en avait fait qu’à sa tête !!! Seulement il avait entraîné son frère avec lui…
Quand est-ce qu’il grandirait, se rendrait compte que Don était capable de beaucoup pour lui ? Il avait commencé par céder à son caprice de l’accompagner, et tout ce qu’il faisait pour le remercier, c’était l’obliger à prendre la route dans ces conditions dangereuses. Lorsqu’ils arriveraient Don serait littéralement épuisé ! S’il n’était pas venu, il aurait simplement attendu que la pluie s’arrête, quitte à repartir le lendemain…
Tout ça pour avoir voulu passer un peu de temps avec lui, comme avant, lorsque Don était ado et lui encore un gosse….
Soudain, oublieux des conditions climatiques, Charlie plongea dans ses souvenirs :
*****
Flashback (par Angelgym34) Juin 1987 : Pasadena
Des instants comme celui là durant notre jeunesse se sont fait extrêmement rares. Pourtant Dieu sait que j'aime passer du temps avec mon frère même s'il a tous ses amis. Mais ça, c'est notre petit rituel depuis que cette série est diffusée sur nos téléviseurs dans notre pays. Chaque jeudi soir, nous nous retrouvons dans le salon afin de la suivre. C'est également le soir que nos parents choisissent pour sortir en amoureux et nous laisser le salon. Ils savent que Don et moi ne passons pas beaucoup de temps ensemble à cause de nos trop nombreuses différences alors le fait que nous appréciions tous les deux une même série les encourage à nous laisser seuls ces soirs là.
Mon adolescence n’a pas été facile à cause de tout ce que je traversais en dehors de la maison et même parfois dans notre foyer lui-même. Il y eut beaucoup de moments que j'ai détesté durant cette période mais pas ces soirées en compagnie de mon grand frère. L'adolescence n'est déjà pas simple d'ordinaire mais dans mon cas, c'était presque l'enfer. J'ai cinq ans de moins que mon frère et nous étions tous les deux dans la même classe. Je pouvais comprendre que pour Don, ce n'était pas évident non plus d'avoir son jeune frère avec lui d'autant que j'étais largement plus intelligent que toute la classe. Pourtant, il m'en voulait alors que je n'y pouvais rien si mes capacités en mathématiques étaient si poussées.
Je n'ai pas regardé cette série dès le début car je ne suis pas trop série fantastique avec des instants qui font peur. Je préférais regarder les émissions scientifiques, mais en général Don changeait de chaine afin de mettre ses séries ou les matchs de baseball. J'avais tellement envie de passer du temps avec lui que je ne disais rien et que je me contentais de rester dans la même pièce à regarder ce qu'il aimait, même si aucune discussion et aucun regard n'était échangé.
J'avais l'impression d'être un monstre aux yeux de mon frère et il faisait tout pour m'éviter. Il passait tout son temps avec mon père et ses amis. Maman était beaucoup présente pour moi mais je voulais autre chose. J'aurais donné n'importe quoi pour être un enfant normal et être comme Don. Il était si courageux et obstiné alors que moi, j'avais peur de tout et n'osais rien faire sans l'approbation de mes parents ou même de Don.
Mais ce soir là était différent, je savais que je ne l'aimerais pas mais je ne comprenais pas pourquoi Don avait décidé qu'il en serait autrement que d'habitude. Don avait invité trois copains à lui pour regarder NOTRE série. J'étais furieux. C'était le seul moment qu'on avait tous les deux et il avait invité des copains à lui. Et par-dessus tout, ceux que je n'aimais pas du tout. A croire qu'il le faisait exprès. J'ai donc fait comme si de rien n'était ce soir là mais j'avais l'intension de regarder tout de même la série car je l'aimais beaucoup même si elle faisait peur par moment. Je suis descendu et suis allé m'installer à la table de la salle à manger avec un cahier et un livre sous le bras. Je sentais le regard de mon frère se poser sur moi mais je n'ai pas cherché à le rencontrer.
De la place que j'avais choisie, je pouvais facilement voir la télévision. Don avait cessé de porter son attention sur moi pour se tourner vers les images qui défilaient à l'écran sur la publicité mais je sentais les trois autres regards se poser sur moi. Je me tournai alors vers eux en les fusillant des yeux. Déjà que je ne les aimais pas, là, je les détestais d'avoir gâché ma soirée avec mon frère. Il s'agissait de Jake, Mike et Brad. J'ouvrais mon cahier ainsi que mon livre pour commencer à travailler lorsque je sentis quelqu'un se pencher au-dessus de mon épaule. Rien qu'à l'odeur de son eau de toilette, je sus de qui il s'agissait. Mes membres se crispèrent. Habituellement, il aimait passer son temps à m'ennuyer lorsque nous étions seuls. Avec Don et ses amis à côté, il ne tenterait rien. Enfin, c'est ce que j'espérais de tout mon cœur en tout cas.
- Alors Eppes Junior ! Tu n'regardes pas la série avec nous ? dit Jake l'air enjoué en s'amusant avec les feuilles de mon cahier.
- J'ai du travail ! lui dis-je en tentant de cacher la peur qu'il me procurait.
- T'as la frousse en fait ! me dit Jake avec un large sourire sur les lèvres.
- Pourquoi aurai-je la frousse d'une série télévisée ? lui demandai-je, curieux.
- Tu n'connais pas X-files ? me lança-t-il, haussant les sourcils, stupéfait.
- Si ! Mais je ne la suis pas à chaque fois ! lui répondis-je en regardant mon frère qui ne s'était pas tourné, puis je repris mon livre de mathématiques appliquées
- Ca va Jake ! Fous-lui la paix et viens t'asseoir ! Ca va commencer ! intervint alors Don sans se retourner.
- J'arrive… mais ton frère va venir regarder au moins un épisode ! lança Jake en m'attrapant par le poignet pour me tirer vers le canapé.
C'est ainsi que je me retrouvais assis sur le canapé entre Jake et Don. J'avais relevé mes jambes que j'avais enroulées de mes bras, puis posé ma tête sur mes genoux. Rien que le fait d'être assis à côté de Jake ne m'inspirait pas vraiment confiance. Certaines scènes de la série me faisaient peur mais rien de bien méchant car habituellement, Don lançait une ou deux blagues pour me faire rire et détendre l'atmosphère. En revanche, je savais que cette fois allait être différente car avec ses copains présents, Don ne ferait absolument pas attention à moi et mes craintes lors de certaines scènes. Rien qu'en entendant le générique, je savais que l'épisode du jour allait être très long.
Je ne m'étais pas trompé. L'épisode avait été très long pour moi et je n'avais pas cessé de sursauter sans arrêt. Mais grâce à cet épisode, il était sûr que plus jamais je ne me regarderais les photographies de la même manière Et dire que les photos prises montraient les personnes effrayées et qu’elles mouraient quelques jours plus tard ! Ce Mulder avait été très courageux en allant sauver sa collègue Scully. Comment pouvaient-ils passer leur temps à résoudre des enquêtes de la sorte alors que, dès que je regardais cette série, je tremblais de partout et avait une irrésistible envie de faire pipi ? L'épisode était maintenant terminé. Don avait quitté la pièce pour se rendre dans la cuisine. C'est à ce moment là que je sentis la main de Jake passer derrière moi puis m'attirer contre lui en riant aux éclats.
- Alors Eppes junior ! T'as pas trop eu la trouille ? Je suis sur que tu as fait pipi dans ta culotte ! me lança Jake un large sourire sur les lèvres.
Je préférai ne rien dire et garder le silence jusqu'au retour de Don où je pourrais prendre la fuite et quitter cette pièce. Mais le destin semblait s'acharner sur moi car Don ne revenait toujours pas. Qu'est-ce qu'il faisait ? Etait-il de mèche avec lui ?
- Je t'ai vu sursauter dès qu'il y avait des cris, dès qu’on voyait les visages effrayés des victimes avant leur mort. Le pire était lorsque Scully a disparu. Et je ne parle pas du moment où Mulder a fracassé la porte pour entrer dans le van et sauver la meuf ! J'ai cru que tu allais te mettre à pleurer ! continua de se moquer Jake.
Je profitai de l'instant où il se mit à rire avec Brad et Mike pour tenter de m'enfuir et monter dans ma chambre ou m'enfermer dans le garage mais il avait dû le sentir car il me rattrapa par le poignet.
- Lâche-moi ! lui dis-je en le fusillant du regard.
- Jamais de la vie Charlie ! Je n’ai pas fini de m'amuser avec toi ! lança Jake en resserrant d'avantage sa poigne.
- Lâche-moi ! Tu m'fais mal ! lui criai-je presque dessus en grimaçant de douleur.
- Jake ! Fous-lui la paix ! intervint Don en revenant dans la pièce.
Je levai la tête dans sa direction pour le voir chargé d'un bol de pop-corn et furieux contre son ami. Lorsque Jake lâcha mon poignet, je ne perdis pas une seconde supplémentaire. J'attrapai mon cahier et mon livre puis me dirigeai vers le garage sous les regards de Don et ses amis.
Une fois dans le garage, j'allumai la lumière et me dirigeai vers le petit bureau dans le coin. Papa avait aménagé l'endroit où d'un côté se trouvaient les affaires de Don, et de l'autre se trouvaient les miennes. Je tentai de me concentrer sur mon exercice mais le fait de savoir cet abruti dans ma maison m'empêchait d'avancer. Je regardai alors par la fenêtre avec l'espoir de voir mes parents rentrer. Au moins, cette soirée se terminerait. J'étais tellement dans mes pensées que lorsque la lumière du garage s'éteignit, je ne m'en aperçus même pas. C'est la voix qui suivit qui me tira de mes pensées. Et cette voix, je l'avais reconnue : il n'en avait pas encore terminé avec moi.
- Tu es le prochain Charlie ! C'est ta faute ! Tu vas mourir ! lança la voix de Jake en étouffant un rire. Je compris qu'il voulait s'amuser avec mes nerfs. Quel imbécile ! Je le supportais de moins en moins. Vivement qu'il rentre chez lui.
- Et tu trouves ça drôle Jake ? lui demandai-je, tentant de garder mon calme.
- Ouais ! Même hilarant ! dit-il en explosant enfin de rire.
La lumière se ralluma enfin et je vis Don derrière lui. Mais je n'eus pas l'impression qu'il y était dès le début. On aurait plutôt dit qu'il venait d'arriver et qu'il coupait le jeu de son ami au vu de la tête de Jake.
- Don ! Qu'est-ce que tu fous ? J'étais en train de m'amuser avec Charlie ! lui dit Jake en se frottant l'arrière de la tête.
- C'est bon Jake ! Lâche-lui les baskets et rentre chez toi ! La série est terminée maintenant ! lui dit Don en ne le quittant pas des yeux.
- Comme tu veux ! On s'revoit la semaine prochaine pour un nouvel épisode ! lui dit Jake en s'approchant de lui pour aller vers la sortie.
- N'y compte pas trop Jake ! La semaine prochaine, je fais comme d'habitude, je regarderai X-files tranquillement dans mon salon avec Charlie ! lui répondit Don en me regardant droit dans les yeux.
Il avait l'air désolé pour ce soir. Je n'étais pas prêt à lui pardonner. En tout cas pas ce soir là. Fin du flasback
(à suivre)
Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage (S. Guitry) La bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence. L'intelligence, elle, a des limites, tandis que la bêtise n'en a pas (C. Chabrol)
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Ven 10 Fév 2012 - 8:48
Charlie s'en veut d'avoir encore jouer les despotes de service. Cela lui ravive ses souvenirs de l'époque où bien qu'il ne s'entendait pas avec son frère, celui-ci était toujours présent à le veiller. Il se rend compte que les choses n'ont pas changé entre son frère et lui même si maintenant, il y a une solide amitié fraternelle
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Sam 11 Fév 2012 - 18:24
Te voilà donc dans le défrichage des jachères, Cissy ! Quelques broussailles en moins et voilà que ce terrain là commence à avoir fière allure et qu’il donne envie de s’y promener.
Une mission de courte durée pour Don et Charlie saute sur l’occasion pour passer du temps avec son frère. La complicité et l’attachement entre ces deux là sont évidents, des liens fraternels basés sur l’amour, le respect mutuel et l’admiration. Les conditions climatiques sont épouvantables et mettent à rude épreuve les deux hommes et la concentration de Don qui assume parfaitement le rôle de grand frère protecteur, rassurant le petit génie.
J’aime beaucoup l’idée d’insérer des OS écrits par d’autres auteurs.
J’ai beaucoup aimé le chapitre écrit par Angie. Les réminiscences de Charlie, le rituel du jeudi soir, ces soirées qui n’appartiennent qu’à eux deux, ces épisodes de X-Files, parfois effrayants qu’il regarde presque sans peur tant la présence de Don à ses côtés est rassurante. Rituel entaché une seule fois par la présence importune d’un Jake plus effrayant encore que les images qui défilent à l’écran.
Cinq ans ce n’est rien, mais cinq ans c’est une différence d’âge très importante durant l’enfance et l’adolescence. Les moments de grande complicité entre membres d’une même fratrie sont donc rares et très précieux. Des moments que l’on n’oublie jamais lorsqu’on est adulte.
J’aime beaucoup et j’attends la suite avec impatience…
Cissy Moderatrice générale
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Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Sam 11 Fév 2012 - 22:48
Merci de vos commentaires Louzanes et Catouchka. Une petite suite...
Chapitre 4 : En équilibre
Avril 2006- 17 h 30 : Big Beart Montain
Mais bien sûr il avait pardonné, parce qu’il ne pouvait pas rester longtemps fâché contre son frère, mais aussi parce qu’avec le recul il avait comprit que celui-ci, ce soir-là, l’avait choisi plutôt que ses copains… Et en effet, plus jamais il n’avait invité ceux-ci pour visionner LEUR série… Don… Combien de fois avait-il cédé pour lui, s’était-il sacrifié ? Et encore cette fois-ci…
- Don…
- Quoi ?
La voix de son frère était tendue, il restait concentré sur la route…
- Rien… Juste… On est bien tous les deux…
Don tourna la tête vers lui, une fraction de seconde, l’air totalement abasourdi par cette réflexion incongrue dans ces circonstances. Puis il reporta son attention sur la route qui devenait de plus en plus glissante alors que les trombes d’eau s’abattaient de plus belle sur eux :
- Tu sais quoi Charlie ? dit-il au bout de quelques instants…
- Non…
- Tu es complètement cinglé vieux mais…
- Mais… ?
Charlie ne sut jamais ce que Don voulait dire, car tout bascula alors.
Une masse sombre apparut dans le faisceau des phares et Don freina pour éviter le cerf qui venait ainsi de se jeter sur sa trajectoire. Sur route sèche, cela n’aurait eu aucune conséquence, mais sur la patinoire qu’était devenu le chemin qu’ils empruntaient, et malgré toute l’habileté du conducteur, le lourd véhicule se mit à glisser irrémédiablement vers la pente.
- Accroche-toi Charlie !
Ce fut tout ce qu’entendit le mathématicien avant que le monde ne se renverse dans un fracas effrayant alors que les objets se mettaient à voler dans l’habitacle. S’il n’avait pas été aussi effrayé, Charlie n’aurait pas manqué de signaler que la voiture ne roula que trois fois sur elle-même durant quelques minuscules secondes. Mais, pour les deux hommes piégés dans le véhicule, cela sembla une éternité.
Pourtant le mouvement cessa bientôt : seul subsistait un léger balancement tandis que toute la carrosserie grinçait lugubrement, comme si elle pressentait sa fin prochaine.
Charlie ouvrit précautionneusement les yeux, étonné d’être encore en un seul morceau et de ne ressentir aucune douleur particulière, si ce n’est à la poitrine, vraisemblablement causée par la ceinture de sécurité. Mais celle-ci lui ayant, selon toute probabilité, sauvé la vie, il n’allait pas se plaindre s’il arborait un bel hématome durant quelques jours.
- Charlie… Tu vas bien ?
Le professeur tourna les yeux vers son frère se maudissant de l’avoir oublié pendant la poignée de secondes où il avait rassemblé ses idées.
- Oui… ça va… Et toi ?
- Ca va, t’inquiète. On a eu du pot sur ce coup-là mon pote !
- On a surtout eu la chance que tu sois au volant.
- Humm… Pas aussi sûr que toi…
Quelque chose dans la voix de son frère l’alerta et il se focalisa sur lui, se tournant plus franchement pour mieux le voir malgré la pluie qui entrait dans l’habitacle. C’est alors seulement qu’il s’aperçut que le pare-brise n’était plus là et que rien ne les protégeait des intempéries. Mais cela semblait secondaire.
- Don… Tu es sûr que tu vas bien ?
- Oui… Je me suis juste cogné la main sur le volant… Ca va aller…
Préoccupé, Charlie jeta un coup d’œil sur le bras que son frère tenait serré contre sa poitrine et il tressaillit à la vision du poignet déformé et déjà gonflé qu’il n’avait pas remarqué jusque là.
- Oh Don ! Il faut te faire soigner tout de suite !
- Il faut d’abord sortir de là frangin…
Charlie détacha sa ceinture et se pencha vers son frère pour examiner le membre blessé de plus près. Le mouvement qu’il fit engendra un léger glissement tandis que le gémissement lugubre de la carrosserie s’intensifiait.
- Ne bouge pas !
L’ordre le cloua sur place et il se rencogna sur son siège en cherchant à comprendre ce qui se passait.
- Charlie… Tu vas sortir doucement de la voiture, sans faire de geste brusque.
La tension dans la voix de Don fit comprendre au mathématicien que celui-ci avait vu quelque chose que lui-même n’avait pas remarqué.
- Que se passe-t-il ? interrogea-t-il.
- Ne discute pas Charlie, sors de cette voiture !
Plutôt que d’obéir, le professeur se focalisa sur leur entourage. C’est seulement à ce moment qu’il se rendit compte de leur position précaire : ils avaient dévalé une partie de la pente et était arrêtés, par miracle, sur un surplomb étroit. L’arrière de la voiture se balançait dangereusement dans le vide tandis que l’avant donnait sur la pente raide menant à la route qu’ils suivaient quelques instants plus tôt. Il étudia rapidement les possibilités et se rendit compte qu’il pouvait vraisemblablement ouvrir sa porte et se glisser sur la petite plate-forme, entre la paroi du rocher et la pente qu’ils venaient de dévaler. Il n’avait pas besoin de regarder vers Don pour savoir que celui-ci était du côté du vide et qu’il ne pourrait donc pas faire la même chose.
- Don… Si je sors de cette voiture elle pourrait être déséquilibrée et…
- Charlie ! Arrête de perdre du temps ! Il ne faut pas être grand mathématicien pour comprendre qu’on risque de basculer d’un moment à l’autre et que la chute sera raide ! Je ne peux pas sortir de mon côté, tu dois donc y aller en premier, je te suivrai !
- Il vaudrait mieux que tu sortes d’abord ! Ce serait beaucoup plus logique ! Ca allègerait la voiture du côté critique…
- Je ne peux pas Charlie ! Avec mon bras, je risque d’être maladroit et de faire un faux mouvement en te passant par-dessus ! D’ailleurs, il faudrait déjà que j’arrive à atteindre ma ceinture…
- Ca, je peux le faire…
Avant que son aîné ne puisse protester davantage, Charlie, en mesurant chacun de ses gestes, se pencha vers le mécanisme qui retenait son frère cloué à son siège et il l’actionna, libérant ainsi Don qui gémit malgré lui lorsque la boucle de la ceinture vint heurter au passage son bras blessé. Charlie comprit alors que, fidèle à son habitude, Don lui cachait sa souffrance, parce que ce gémissement était le signe qu’il avait mal bien plus qu’il ne l’admettait. Il retint cependant ses réflexions, sachant que le moment était mal choisi : il serait toujours temps de s’occuper de l’agent lorsqu’ils seraient tous les deux en sécurité sur la corniche.
- Est-ce que tu peux essayer de venir vers moi ? demanda-t-il.
- Pas question ! Charlie, tu sors d’ici d’abord et c’est non négociable !
- Donnie… ce n’est pas logique… c’est contre intuitif et…
- Merde Charlie ! Tu ne vas pas me faire une conférence ici et maintenant ! J’en ai ras le bol de tes arguments à la con ! A cause de toi on est dans la panade jusqu’au cou et je ne te dis pas la paperasse que je vais devoir remplir à cause de l’état de mon SUV ! Alors pour une fois, juste pour une fois, tu fais ce que je te dis, tu la fermes et tu vires ton cul de cette putain de bagnole, c’est clair ?
La colère dans la voix de Don masquait la frayeur qu’il ressentait à l’idée que la voiture bascule et que son petit frère puisse être tué. Il n’était pas dupe de leurs chances de s’en sortir tous les deux. Il savait très bien que Charlie avait raison, que les risques qu’il bascule dès que le contrepoids que représentait son frère n’agirait plus, mais son devoir était de sauver son cadet et il mettrait tout en œuvre pour ça, quitte à le mettre en colère contre lui ou à le blesser comme il venait sans doute de le faire, en espérant avoir l’occasion de lui faire comprendre qu’il n’était responsable de rien.
Charlie reçut l’algarade comme autant de coups et il tressaillit sous la violence du ton de son frère. Une fois de plus il eut l’impression que ce fossé qu’il croyait comblé entre eux, se rouvrait, comme à chaque occasion où ils n’étaient pas d’accord. Quelque part, son esprit cartésien lui murmurait que Don ne cherchait qu’à le mettre en colère pour l’obliger à quitter l’habitacle, mais il n’arrivait pas à l’écouter à ce moment précis, vexé par les mots grossiers que lui avait adressés son aîné.
- Très bien… Je sors… T’inquiète, je ne vais pas m’imposer plus longtemps !
Il se rendit compte du ridicule de ses mots à peine les eut-il prononcés, mais il n’avait pas envie de les reprendre. Après tout, si Don voulait jouer au héros, grand bien lui fasse !
- A la bonne heure… Et vas-y doucement…
- Je ne suis pas stupide ! rétorqua-t-il, en ralentissant cependant le mouvement pourtant déjà mesuré qu’il avait initié.
Il réussit à ouvrir la portière et se figea lorsqu’un long tremblement parcouru tout le véhicule qui glissa légèrement.
- Donnie !…, s’exclama-t-il, la frayeur chassant la colère. C’est trop dangereux pour toi… Il faut que…
- Non ! Charlie tu dois descendre tu m’entends ? Maintenant !!!!
L’urgence dans la voix de son aîné lui fit comprendre ce qu’il n’avait pas voulu voir avant. Il se tourna vers lui, hagard :
- Donnie… Non… Tu ne vas pas…
- Je n’ai pas l’intention de faire quoi que ce soit frangin. Je vais juste essayer de sortir dès que tu seras dehors.
Le calme de l’agent lui rendit le sien mais son cœur se serra quand il réalisa le peu de chances que son frère avait de sortir à son tour du véhicule avant qu’il ne bascule. Cependant, sa raison lui souffla aussi que plus il attendrait, plus il mettrait la vie de Don en danger.
- D’accord… Tu me suis, tu le promets ?
- Je vais faire de mon mieux…
Au moment où il se tournait de nouveau, la main valide de Don accrocha son poignet :
- Hé mon pote… Tu sais que je t’aime non ?
Plus que leur situation précaire, ces mots lui firent comprendre combien Don était conscient du danger qu’il courait et ce qu’il cherchait à faire depuis le début, à savoir : protéger son petit frère comme il le faisait depuis trente et un an ans maintenant. Un sanglot lui monta à la gorge, qu’il refoula : ce n’était pas le moment de se laisser submerger par l’émotion.
- Je sais… Je t’aime aussi Donnie.
Et sur ces mots qu’il espérait n’être pas les derniers, il sortit prudemment de la voiture, posant un pied précautionneux sur un sol détrempé mais stable.
- Ca y est… J’y suis… A toi maintenant…
A peine avait-il prononcé ces mots que, sous ses yeux horrifiés, la voiture se mit doucement à glisser dans le vide. La dernière chose qu’il vit ce fut le visage livide de son frère, couché entre les deux sièges et qui le regardait avec amour. Et tandis que le lourd véhicule roulait sur la pente dans un fracas effroyable, il se jeta à genoux pour suivre la chute tandis que les larmes roulaient sur ses joues. Le SUV fit plusieurs tonneaux, dévalant la pente presque à pic avant de venir heurter le sol, plusieurs dizaines de mètres plus bas, disparaissant à la vue du mathématicien tétanisé. Jusqu’au moment où une boule de feu embrasa l’obscurité ambiante tandis que le bruit de l’explosion montait jusqu’à Charlie. Le hurlement qu’il poussa alors surmonta le bruit de la tempête tandis qu’il se laissait tomber au sol en sanglotant.
(à suivre)
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Sam 11 Fév 2012 - 22:55
Je peux rien dire de plus. Tellement d'amour fraternel et de sacrifice
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Dim 12 Fév 2012 - 18:09
Oh oui, Charlie ne souhaite pas être ailleurs qu'auprès de son frère. Et alors qu'il se remémore tout ce qui les a rapprochés, voilà que l'inimaginable se produit. La colère de Don envers Charlie, en fait son insupportable angoisse face à ce qui va se produire et la peur de perdre son frère. L'entêtement de Charlie qui fait une analyse parfaite de la situation et qui ne veut pas abandonner Don. Ces mots d'amour fraternel avant que la voiture ne tombe dans le vide.
C'est un chapitre très intense Cissy, magnifique.
Charlie a débouclé la ceinture de sécurité de Don et le pare brise a volé en éclats lors des tonneaux précédents. J'espère que Don aura été éjecté de la voiture avant qu'elle n'explose et que le geste de Charlie aura sauvé son frère d'une mort certaine s'il avait encore eu sa ceinture attachée. Mais dans quel état va-t-il être près cette chute ?
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Dim 12 Fév 2012 - 21:25
Et c'est reparti, comment se fait-il que ton Donnie arrive toujours à se mettre dans des situations pas possibles.
Il a sauvé Charlie mais lui...
Donnie n'est pas resté dans la voiture au moins?
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Dim 12 Fév 2012 - 23:39
Merci de vos encouragements et de vos compliments... Comment fait Don pour se fourrer dans des situations impossible Ozias? Ben je n'en sais fichtrement rien en fait...
Chapitre 5 : Frère et base-ball
Avril 2006 – 17 h 40 : Big Bear Montain
Charlie restait anéanti, regardant le ravin où la voiture avait disparu et d’où s’élevaient encore quelques volutes de fumées qui indiquaient l’endroit où elle s’était écrasée, avec son frère…
Son frère ! Non ! Ce n’était pas possible !
Il ne pouvait pas imaginer ne plus jamais le voir, ne plus jamais l’entendre, ne plus se disputer avec lui… Sans cesse lui revenaient les derniers mots jetés par son aîné, ces accusations qu’il lui avait lancées à la figure ! Mais il savait que ce n’était que pour le mettre en colère, lui faire quitter le véhicule avant qu’il ne bascule. Don s’était sacrifié pour lui, comme toujours !
Quelque part, plus bas, dans un amas de ferrailles, le corps de son frère chéri gisait, disloqué, écrasé, méconnaissable sans doute. Qui veillerait sur lui désormais ? Qui l’obligerait à regarder la vie en face ? Qui l’encouragerait à suivre ses intuitions ? Avec qui partagerait-il ces moments si rares et d’autant plus précieux qu’ils partageaient depuis qu’ils s’étaient retrouvés ?
Tant de choses les avaient séparés à l’aube de leur adolescence. Il avait fallu tant de temps pour qu’ils reviennent l’un vers l’autre et ouvrent leur cœur pour se comprendre et s’écouter… Tout devait donc finir ainsi, sur les pentes raides d’une route de montagne, dans un déluge digne d’une punition divine ?
Ce n’était tout simplement pas juste : ils n’avaient pas eu assez de temps ensemble, pas partagé tout ce qu’ils avaient à partager. Cette virée entre frères, il en avait rêvé depuis longtemps, depuis qu’ils avaient perdu l’habitude de s’accorder des moments rien qu’à eux.
Et soudain il se souvint de l’une des premières fois où ils avaient été ensemble, même si à l’époque il aurait tout donné pour n’être pas obligé de suivre son grand frère.
Flasback (par Juliabaku)
Printemps 1981 : Pasadena
- Mais!!! hurla Charlie, six ans, à sa mère qui le regardait étonnée, pourquoi je dois aller avec Don au base-ball ?
- Ton père et moi allons faire des courses. Nous ne voulons pas te laisser seul. Alors je te demande de rester avec Don le temps que l'on soit partis.
Charlie essaya d'amadouer sa mère, mais rien n’y fit et elle l'envoya dans sa chambre pour se préparer. Il monta en trainant les pieds, et vit descendre son frère avec ses affaires de base-ball, content d'aller jouer un match qu'il n'allait pas oublier. C'était son premier match contre une équipe de l'extérieur. Il vit alors que son frère avait une drôle de tête.
- Qu'est-ce qu'il y a Charlie ? Tu fais une drôle de tête.
Charlie bouda et repartit vers sa chambre pour se préparer. Don le vit alors ressortir rapidement, emmitouflé dans un pull. En bas des escaliers leur mère les attendait pour partir en voiture. Sur le terrain Don s'amusait drôlement à faire ce match si attendu : il arrivait avec sa batte, et attendait que la balle soit lancée. Charlie, quant à lui, restait assis sur les bancs du stade, seul, en train de regarder le match. Don continuait à s'amuser comme un fou, en se dépensant de tout son être. Il était heureux. Le terrain était son domaine préféré. Il aimait cette sensation.
L’après-midi avançait. Charlie regardait son frère, et de plus en plus il s'intéressait à ce qu’il voyait. Il aimait voir son frère jouer, se dépenser, sa joie de vivre sur le terrain. Cela lui donnait encore plus envie de rester à l'observer, de regarder sa façon de frapper les balle. Il ne regretta alors pas un seul instant le fait que sa mère lui ait demandé d'accompagner son frère. Fier, il l'encourageait depuis les tribunes, avec les différents parents des autres joueurs.
Sur le terrain, Don avait entendu les encouragements de son frère. C'est vrai que ni son père ni sa mère n'étaient là. Et alors que d'habitude ils se disputaient, là, Charlie hurlait de toutes ses forces rien que pour lui. Il lui fit alors un clin d'œil et, ressourcé par ces encouragements, il se donna à 200% dans son sport, pour montrer qu'il était très fort. Il voulait donner l'exemple pour son petit frère.
Les autres joueurs s'étonnèrent de le voir jouer aussi bien, et gagnèrent rapidement le match. Heureux, ils firent une ovation à Don Eppes, le capitaine de leur équipe.
L'après midi n'était pas encore finie, mais tous les joueurs étaient déjà partis. Seuls dans les gradins, Don et Charlie mangeaient de petits gâteaux que leur avait préparés leur mère avant de partir. Elle leur avait dit de rester dans les gradins le temps qu'ils finissent les courses, et qu'après ils viendraient les chercher.
- Tu étais grandiose Don!!! Tu joues si bien!!! s'exclama le petit frère avec, dans les yeux, des étoiles d'admiration pour son aîné.
Légèrement gêné, mais content du compliment, Don sourit. C'était la première fois que son petit frère semblait être envieux d’un talent de son grand-frère. Fier de pouvoir avoir au moins quelque chose que Charlie n'avait pas, il finit son gâteau et dit:
- Si tu en as envie, je peux t'apprendre à lancer une série de balles.
- Oh oui!!! Oh oui!!! J'aimerais tellement que tu m'apprennes!!! J'aimerais que tu me montres comment tu fais!!! s'exclama Charlie, content que son frère puisse partager un peu de temps avec lui pour jouer.
Don était lui aussi heureux. Pour une fois, il allait apprendre à Charlie quelque chose. Il mit sa casquette de base-ball sur la tête de Charlie.
- Ok, tu restes là, je vais aller chercher une batte et une balle. Surtout tu ne bouges pas.
Charlie hocha de la tête positivement, et Don partit chercher les objets nécessaires à l'apprentissage de son petit frère. Celui-ci imaginait déjà tout se qu'il allait apprendre avec son grand frère. Il allait aimer ce moment.
Fouillant dans l'armoire de son vestiaire, Don récupéra une balle, une batte et un gant. Ils allaient s'amuser, et enfin, son petit frère allait apprendre quelque chose de lui.
Courant à toute allure, il se dirigea vers les gradins où son cadet l'attendait. Charlie finissait sa briquette de jus de fruit. Don se mit à hurler le nom de son petit génie. Tournant mécaniquement sa tête, avec la casquette qui était trop grande lui, il ouvrit des yeux pleins d'étoiles à l’intention de son aîné, en lui faisant de grands signes.
- Descends Charlie!!! hurla alors Don.
Charlie prit le sac de provisions que leur avait fait leur mère, et, tout en tenant la casquette, le petit garçon descendit les escaliers pour se diriger vers son frère.
- Tu vas m'apprendre à tirer ?! demanda Charlie impatient de mettre en pratique ce qu'il avait observé.
- Oui, on va d'abord s'installer sur le terrain, et tu vas apprendre à lancer des balles.
Ils se mirent alors tout d'abord à une distance raisonnable, pas trop éloignée pour commencer à envoyer des petites balles. Don ne mettait pas toute sa force, pour que Charlie puisse récupérer les balles. Ce dernier envoya des petites balles, peu puissantes. Don n'avait pas trop de mal à les rattraper. A plusieurs reprises, il avait montré à son cadet comment faire le geste pour que ses balles aient plus de puissance. Charlie dans un premier temps assimila la théorie, mais la pratique n'était pas encore là. Don ne lui en voulait pas. Tous les débutant avaient, et c'était normal, du mal à lancer de bonnes balles.
Puis, il lui donna la batte.
- Allez, maintenant je vais t'apprendre à tirer à la batte.
Don se mit derrière son frère, lui mettant la batte entre les mains, lui indiquant la position idéale à prendre pour ses pieds.
- Tu regardes devant toi, et quand tu verras la balle, tu feras ce geste.
Et tout en accompagnant la parole, Don montra le geste à faire : passer la batte de derrière en avant. Dans un premier temps, il faillit se prendre la batte. Charlie rigola bien de la grimace qu’il fit quand il faillit la recevoir en pleine figure. Mais c'était là le risque pour apprendre quelque chose qui l'intéressait.
- Ok, tu as compris ? Maintenant, je vais t'envoyer une série de balles et tu essayes de me les renvoyer. On va commencer doucement.
Mettant un casque, une protection, et son gant, Don s'apprêta à tirer. Mais Charlie n'était pas concentré, et rigolait.
- Qu'est ce qui te fait rire Charlie ?
- Ce que tu portes!!! répondit-il entre deux rires.
- Comme tu débutes, tu risques de me blesser plutôt qu'autre chose. Et je tiens à revenir en un seul morceau!
Après avoir repris son sérieux. Charlie, avec sa casquette sur la tête, se prépara à jouer, à recevoir cette série de balles que son grand frère lui avait promise. La première balle arriva. Ne la voyant pas bien arriver, Charlie laissa passer la balle et fit le geste après qu'elle soit passée.
- Ce n'est rien Charlie. On va recommencer. Tu regardes bien la balle, et dès que tu la vois arriver, tu fais le geste que je t'ai appris. Ne mets pas encore toute ta force. Essaye juste de me la renvoyer.
Charlie hocha de la tête, et après avoir rendu la balle à Don, il se remit en position. Don se prépara à envoyer la seconde balle. Cette fois, Charlie arriva à toucher la balle. Certes elle retomba très prés de lui. Mais il avait réussi à la toucher.
- Bien!! Maintenant, tu vas mettre un peu plus de force ! dit Don en reprenant la balle.
Se remettant chacun dans sa position initiale, Don mit toujours peu de force dans la balle pour que son petit frère ne soit pas trop déstabilisé.
Cette fois, Charlie mit toute sa force dans la batte. Il toucha la balle, et qui vint se loger en face de son grand frère, et si sa protection ne l'avait pas protégé, il aurait sans doute eu mal à l’œil droit.
- Tu vois, je t'avais dit que cela allait me servir ! argumenta Don en ramassant la balle avec sourire. Et ils continuèrent ainsi tout l'après-midi, suant à grosse gouttes pour pratiquer le sport du grand-frère.
Puis après une bonne série de balles, les deux frères s'assirent sur un banc, et burent une autre briquette de jus de fruit.
- Ouah !!! C'était génial !!! Il faudrait que l'on joue plus ensemble !!! demanda alors Charlie.
- J'aimerais bien aussi petit frère, répondit l'ainé en baissant sa casquette sur le front de son cadet, qui rigola à l'action de son aîné.
- Charlie ! Don ! On y va !!! hurla alors Margaret qui venait d'arriver.
Les deux frères se précipitèrent vers leur mère.
- Alors vous vous êtes bien amusés ? demanda-t-elle.
- C'était super ! répondit le plus jeune en tenant la main de son grand-frère. Fin du flasbhack
(à suivre)
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Lun 13 Fév 2012 - 19:32
Anéanti par ce qui vient de se produire, perdu au milieu de tous ses questionnements, Charlie est envahi par les souvenirs de moments de grande complicité partagés avec Don. Il est craquant le petit Charlie du haut de ses six ans, tellement heureux d'être l'objet de toute l'attention, de toute la patience de son grand frère qui lui apprend les rudiments du base ball. Craquant avec sa casquette trop grande pour lui. Ce flashback est magnifique...
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Lun 13 Fév 2012 - 19:38
Merci Cissy de remettre c'est pur moment de bohneur!!! Vais pas louper le reste de ta fics!!!
Vivement la suite!!!
Invité Invité
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Lun 13 Fév 2012 - 19:41
Magnifique chapitre sur les relations fraternelles
Cissy Moderatrice générale
Zodiaque : Signe Chinois : Messages : 18922 Date d'inscription : 20/06/2009 Age : 62 Localisation : Normandie
Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Lun 13 Fév 2012 - 21:58
Merci à vous trois pour vos commentaires... JB... c'est un peu "notre" fic non?
Chapitre 6 : Changement de voie
Avril 2006 – 17 h 50 : Big Bear Montain
Ils avaient encore joué plusieurs fois au base-ball ensemble, dans la mesure où les nombreux cours particuliers de Charlie leur en laissait l’occasion. Puis était venue l’époque du secondaire et Don s’était petit à petit éloigné de son frère. Jusqu’à cette année de terminale où, horrifié, il avait compris soudain que son cadet allait être dans la même classe que lui !
Il s’était alors complètement refermé sur lui-même, ignorant délibérément le plus jeune, restant à l’écart de la famille, comme s’il avait besoin de s’affirmer loin d’elle et surtout loin du petit génie qui lui faisait de l’ombre.
Un jour il était rentré en parlant d’un entraîneur qui lui avait demandé s’il aimerait signer avec les Stockton Rangers dès la saison suivante : ses études seraient ainsi financées et il pourrait améliorer son jeu, dans l’espoir d’être un jour appelée en ligue majeure.
Et puis il y avait eu cet autre jour, quatre ans plus tard, où Don avait lancé cette bombe en arrivant à l’improviste pendant le spring break, vacances de pâques qui marquait la dernière pause avant la ligne droite conduisant au diplôme..
Flasback
avril 1993 : Pasadena
- Donnie… encore un peu de tarte ?
Don leva la tête et sourit à sa mère :
- Non merci maman… J’ai mangé comme un ogre.
Margaret répondit au sourire de son aîné et le silence se réinstalla, pesant. Depuis que Don était arrivé en début de soirée, alors qu’on ne l’attendait pas, le jeune prodige sentait un malaise grandissant entre les membres de la famille. Ses parents avaient commencé par se réjouir de la venue de leur aîné puis l’inquiétude avait remplacé la joie. Qu’est-ce qui pouvait amener leur fils chez eux alors même que son équipe était en plein entraînement avant la reprise des championnats ? C’était d’ailleurs ce qui avait conduit le jeune joueur à leur annoncer qu’il ne pourrait vraisemblablement pas venir passer quelques jours chez eux, ce qui les avait d’autant plus déçus que Charlie au contraire avait indiqué qu’il serait là et que, durant un instant, ils avaient caressé le rêve d’avoir de nouveau leurs deux enfants sous leur toit pour quelques jours, ce qui n’était plus arrivé depuis Noël, et encore, puisque Don avait à peine passé quarante-huit heures sous le toit familial alors.
Bien sûr, ils savaient que c’était le prix à payer pour avoir un fils joueur de base-ball dans une bonne équipe, même si ce n’était qu’en ligue deux, et un autre génie des mathématiques qui, diplômé de Princeton l’année précédente, menait de brillantes études et était en train de se faire un nom dans son milieu. Mais parfois ils auraient eu envie de les retrouver comme avant, profiter un peu d’eux et cela leur était désormais de plus en plus compté.
Mais l’un comme l’autre pressentaient que la visite de Don n’était pas simplement due au désir de revoir ses parents et encore moins son jeune frère avec qui les relations étaient tendues depuis leur dernière année de lycée. Il y avait quelque chose dans l’attitude du jeune homme qui leur faisait comprendre que celui-ci était là pour une raison bien précise et qu’il ne savait pas trop comment aborder le sujet. Ni Margaret ni Alan n’avaient posé de questions : ils connaissaient assez leur aîné pour savoir qu’il était passé maître dans les réponses évasives. Mais la mère savait aussi que si quelque chose le tracassait vraiment, il finirait par leur ouvrir son cœur. Seulement, cette impression diffuse de malaise ne les avait pas quittés, plombant le repas malgré les tentatives des uns et des autres pour amorcer une conversation légère qui sonnait faux.
Finalement Don repoussa son assiette et, après s’être nerveusement mordu la lèvre, il dit :
- Maman, papa… J’ai quelque chose à vous dire.
- Apparemment je suis exclu de la conversation, rétorqua Charlie d’un ton un peu aigre, vexé du manque d’attention de son aîné.
Don haussa les épaules :
- Bien sûr que non Charlie, tu peux rester, c’est évident. Mais c’est vrai que ce que j’ai à dire ne te concerne pas du tout. D’ailleurs ça ne concerne pas vraiment non plus les parents : il s’agit juste de moi pour une fois.
- Pour une fois… Et qu’est-ce que tu entends par là ?
- Ce que j’entends ? Juste que tout ne tourne pas autour de toi figure-toi !
- Je n’ai jamais prétendu le contraire !
La voix du jeune prodige était dangereusement proche de la colère et Margaret soupira : où était passé la complicité de leur enfance, quand Don veillait sur son petit frère, adorant s’occuper de lui et qu’en échange, le plus jeune levait des yeux émerveillés vers son aîné, voulant toujours le suivre et faire comme lui ? La découverte des dons de Charlie n’avait pas amoindri cette relation, du moins pas au début : certes le petit garçon avait eu moins de temps à consacrer à d’autres activités que les études, mais chaque fois qu’il le pouvait il allait rejoindre son frère qui l’accueillait toujours avec plaisir. Et puis était arrivée l’adolescence et Don, petit à petit, avait pris ses distances, de façon naturelle, comme cela se produit lorsqu’un des enfants est encore trop jeune pour pouvoir se joindre à certaines activités des plus grands. Mais les capacités de Charlie avaient accentué cet état de choses : le fait qu’il suive les cours avec des élèves ayant trois ans de plus que lui, lui faisaient oublier que, s’il leur était souvent bien supérieur intellectuellement parlant, sa maturité affective restait celle d’un enfant de son âge, voire un peu inférieure, comme cela se voyait souvent chez les génies. Et il n’arrivait pas à admettre avoir les mêmes devoirs mais pas les mêmes droits que les adolescents qu’il côtoyait.
Les disputes avaient commencé à éclater entre les deux frères, l’un ne s’apercevant pas que son aîné avait grandi et avait besoin d’espace, l’autre s’indignant qu’un gosse de dix ans veuille systématiquement s’accrocher à ses basques et lui « pollue son air », comme il le disait parfois. Et puis était arrivé le lycée et cette année de terminale cauchemardesque qui avait vu les deux garçons dans la même classe. Parfois Margaret pensait qu’ils auraient dû être plus attentifs aux sentiments de Don. A cause des dons du plus jeune, ils avaient trop souvent négligé leur fils, privilégiant toujours les besoins de Charlie. Combien avaient-ils manqué de matchs importants, de remises de prix, d’expositions qui intéressaient leur aîné avec toujours la même excuse ? Mais Don n’avait jamais rien dit, jamais rien reproché, jamais rien demandé pour lui. Il avait appris à s’occuper de lui-même sans rien attendre en retour et ne s’était pas pour autant détourné de son cadet. Mais ce jour-là, lorsqu’il avait appris que Charlie allait entrer en terminale avec lui, il leur avait demandé de faire quelque chose, n’importe quoi : changer le petit génie d’établissement, l’envoyer plus loin, ne pas lui faire subir la honte d’avoir son frère plus jeune de cinq ans dans sa classe. Charlie s’était indigné : pourquoi aurait-il dû, lui, changer de lycée et non son frère ? Don ne pouvait pas partir : il était capitaine de l’équipe de base-ball, l’un des élèves les plus populaires, il avait une petite amie… comment aurait-il pu quitter tout ce qu’il s’était construit tandis que le monde de ses parents tournait presque exclusivement autour de leur dernier né ? Et comme d’habitude ils avaient choisi d’ignorer les besoins du premier au profit du second. Les tensions entre les deux frères étaient alors devenues palpables et les querelles éclataient au moindre prétexte, jusqu’à ce jour où Alan avait dû les séparer alors qu’ils se battaient pour la même fille ! Ridicule ! Charlie n’avait que treize ans ! Pensait-il vraiment qu’une fille de dix-huit pourrait l’accepter comme cavalier à la soirée de fin d’études, aussi gentille soit-elle envers lui ?
Depuis les liens ne s’étaient pas resserrés entre les deux garçons, à leur grand désespoir. Qu’en serait-il lorsqu’ils ne seraient plus là ? Leurs enfants allaient-ils être désormais des frères ennemis, chacun sur sa planète, sans que rien jamais ne les rapproche ? Les frères se voyaient peu depuis que Charlie était parti pour Princeton. Là encore, Margaret se demandait si c’était sa faute : elle avait abandonné Don en accompagnant Charlie. Certes l’aîné avait dix-huit ans, il allait intégrer une équipe professionnelle et suivre des études en parallèle, mais peut-on, du jour au lendemain, se passer de sa mère ? Aurait-elle dû faire autrement ? En attendant, chaque fois qu’ils se retrouvaient sous leur toit, il ne fallait que quelques heures pour qu’une dispute éclate entre eux et, visiblement, cette fois-ci semblait ne pas vouloir faire exception.
- Les garçons ça suffit ! coupa-t-elle d’une voix qui imposa aussitôt le silence aux garçons. Ils avaient beau être désormais, un jeune homme pour l’un et presqu’un adulte pour l’autre, lorsque leur mère employait un certain ton avec eux, ils redevenaient aussitôt des gamins qui filaient doux sous peine de récolter les fruits de leur désobéissance.
- Charlie, je présume que Don veut dire qu’il a pris une décision qui ne concerne que lui et qu’il vient nous l’annoncer. Ce qu’il veut dire, c’est que tu n’as pas à intervenir dans son choix… Enfin… je pense…, finit-elle en interrogeant son aîné du regard.
- Exactement, répondit-il d’un ton las. Tu peux évidemment rester Charlie, mais ce que j’ai à dire n’a rien à voir avec toi.
- Tant mieux ! De toute façon j’ai à faire !
Margaret soupira lorsque le jeune prodige recula sa chaise brusquement et s’élança dans l’escalier : elle ne tenta même pas de le retenir. Mais de nouveau elle se demanda si, à force de veiller sur ses besoins, ils n’avaient pas fini par faire de Charlie un gosse pourri-gâté qui se sentait agressé dès lors que l’attention se focalisait ailleurs que sur lui. Non… Elle n’avait pas le droit de penser ainsi. A plusieurs reprises son garçon avait démontré qu’il était attentif aux autres, capable d’abnégation… C’était…
Bon sang ! Ca recommençait ! Don avait visiblement quelque chose d’important à leur annoncer et elle concentrait son attention sur les réactions de son plus jeune ! Elle était décidément irrécupérable.
- Donnie… On t’écoute chéri. Qu’est-ce que tu as à dire ? interrogea-t-elle en focalisant son attention sur son aîné tandis qu’Alan se penchait vers lui, tout aussi attentif.
Ayant enfin capté l’attention de ses parents, le joueur de base-ball n’était plus sûr de ce qu’il allait dire. Bien sûr il savait qu’il devait leur annoncer la nouvelle, mais il appréhendait terriblement leur réaction, celle de son père surtout. Pourtant il n’avait pas le choix : sa décision était prise et il était hors de question qu’il revienne dessus. Ses parents devraient faire avec ou… ou… En fait c’était ça qui lui faisait peur, ce ou gigantesque derrière lequel il n’osait pas élaborer d’hypothèses tant il craignait ce qui pourrait arriver. De toute façon il ne pouvait plus reculer : désormais il lui fallait lâcher sa bombe et ensuite il aviserait pour les conséquences.
- Voilà, commença-t-il. Je voulais vous avertir que je vais quitter les Stocktons Rangers à la fin de la saison.
- Tu es recruté en ligue major ?
L’enthousiasme dans la voix de son père lui fit mal. Si seulement il avait pu répondre oui, voir, pour une fois, dans ses yeux la même fierté que celle qu’il y avait quand il parlait de Charlie. Mais ça ne serait pas le cas, non. Il avait pourtant essayé de toutes ses forces, mais il ne serait jamais le grand joueur dont pourrait s’enorgueillir son père. Il resterait toujours un joueur de seconde zone, plutôt doué, mais pas assez pour attirer les grands recruteurs.
Margaret n’avait rien dit : elle savait déjà que ce n’était pas ça. Don aurait exulté si ça avait été le cas et il le leur aurait annoncé à peine la porte franchie. Là, il semblait presque honteux, comme s’il allait leur annoncer une nouvelle terrible et elle commença à craindre ce qu’il avait à dire :
- Non papa… Non… Je n’ai pas été recruté et je ne le serai jamais…
- Je ne vois pas pourquoi ! Tu n’as que vingt-deux ans, tu as le temps !
- Alan ! le coupa-t-elle. Et si tu laissais Don nous expliquer.
D’un signe de tête, celui-ci la remercia.
- Comme je vous le disais, je quitte l’équipe. Le base-ball c’est terminé.
- Terminé ?
La voix d’Alan était pleine de stupéfaction, et, malgré la mimique de son épouse qui lui intimait de se taire et d’écouter, il enchaîna :
- Et pourquoi donc ? Ils t’ont renvoyé ?
- Non ! Bien sûr que non ! Ils voulaient me garder.
- Alors… Est-ce que… Donnie… Est-ce que tu aurais fait quelque chose qui t’oblige à abandonner, à gagner ta vie autrement…
- Comment ça ?
Visiblement le garçon ne comprenait pas où son père voulait en venir. Celui-ci lança un regard désespéré vers son épouse qui, après un petit soupir excédé, décida de lui venir en aide :
- Ce que ton père se demande chéri c’est si, par hasard, tu abandonnerais parce que tu vas avoir d’autres responsabilités qui t’empêcheraient de continuer à jouer pour les Rangers…
- Des responsabilités ? Mais…
Visiblement le jeune homme était à des années lumières de ce qui tracassait son père et celui-ci, le comprenant, réalisa aussi qu’il avait fait fausse route. Mais il fallait bien qu’il s’en explique :
- Excuse-moi fiston… Je me demandais si tu n’avais pas fait une sottise avec une fille et…
- Quoi ? Tu crois que je veux abandonner parce que j’aurais mis une fille enceinte ?
L’incrédulité dans le ton de son fils le fit se sentir encore plus bête. Il eut un sourire contrit en rétorquant :
- Désolé fiston… Mais c’est une telle surprise que…
- Attends ! Tu me prends pour qui ? Et puis de toute façon si vraiment c’était le cas, tu ne crois pas qu’il serait plus logique que je garde mon poste ? Parce qu’au moins je gagne ma vie, peut-être pas très bien, mais pas mal quand même, et pour entretenir une famille ce serait au moins un début non ?
Margaret réprima un sourire en écoutant son fils faire ainsi la leçon à son père : à cet instant il n’avait pas conscience de sa ressemblance avec son cadet et si on la lui avait fait remarquer, il s’en serait vraisemblablement offusqué.
- D’accord. On oublie les idées stupides de ton père, intervint-elle alors. Dis-nous pourquoi tu veux abandonner.
- Parce que je n’y arriverai pas maman. Je ne serai jamais un joueur de ligue majeure. Et je n’ai pas envie de passer ma vie à être un joueur de ligue 2, j’ai mieux à faire je crois.
- C’est stupide ! s’insurgea Alan. Tu n’as que vingt-deux ans…
- Presque vingt-trois, le coupa son fils.
- Vingt-deux, vingt-trois… Quelle importance ! Tu es un excellent joueur polyvalent et beaucoup d’équipes en recherchent.
- Ah oui ? Et depuis cinq ans aucune ne m’a trouvé ? Alors que d’autres, sortis l’an dernier, ont déjà été recrutés ? Il faut cesser de se voiler la face papa : je n’arriverai jamais au top niveau ! Désolé de te décevoir !
- Mais… Il ne s’agit pas de moi Don ! C’est ta vie ! Je veux juste t’empêcher de faire une erreur que tu regretteras pour le restant de tes jours ! Tu adores le base-ball !
- Mais pas au point de devenir un joueur médiocre s’accrochant à ses rêves de gloire ! Je peux réussir ailleurs et je vais m’en donner les moyens.
- Et qu’as-tu l’intention de faire ?
La question de Margaret lui valut un coup d’œil courroucé de son mari. Il n’avait pas renoncé à convaincre son fils de son erreur et elle semblait lui donner raison en le poussant à dévoiler son plan B. Mais elle lui répondit par l’un de ces regards implacables qui lui disait qu’il ferait mieux de se calmer et d’attendre. Lorsqu’elle le regardait ainsi, lui aussi filait doux. Margaret était la femme la plus gentille qui soit, mais lorsqu’elle se mettait en colère, il valait mieux faire profil bas. Et elle n’était jamais aussi redoutable que lorsqu’elle défendait ses enfants, y compris contre lui. Il ravala donc ses protestations et se tut, décidé à écouter son fils jusqu’au bout.
- Tu comptes continuer tes études ?
- Non… Enfin oui… Mais… Non…
- Donald Alan Eppes ! Est-ce que tu vas enfin nous dire ce que tu comptes faire !
La sévérité dans le ton masquait l’inquiétude de la mère : elle avait peur de ce que son fils allait leur annoncer, peur qu’il ne fasse une erreur monumentale qu’il regretterait, peur d’être passée à côté de quelque chose d’essentiel pour lui permettre de vivre une vie épanouie. Sous l’admonestation, Don se crispa, puis, après avoir inspiré profondément, il lâcha :
- Je rentre à Quantico à la prochaine session.
Un silence incrédule succéda à l’annonce, puis, la voix dangereusement douce d’Alan s’éleva :
- Quantico… Tu veux dire comme…
- Comme l’académie de formation du F.B.I., oui papa.
- Mais… Qu’est-ce que tu vas faire à Quantico ? questionna le père, visiblement décidé à ne pas comprendre.
Margaret, elle, avait réalisé, et elle fixait sur son fils un regard à la fois stupéfait et déjà inquiet, comme si elle anticipait les longs jours d’angoisse qu’elle connaîtrait lorsqu’il serait agent et qu’elle se demanderait où il était, s’il était en danger, s’il risquait sa vie.
- Je vais suivre la formation. Je vais devenir agent fédéral !
Dans le nouveau silence qui suivit, on put entendre un hoquet de stupéfaction, celui de Charlie, installé au coude de l’escalier, et qui ne perdait pas une miette de l’échange. Il avait certes été vexé par les mots de son aîné, mais il mourait d’envie de connaître la nouvelle, aussi il s’était installé là, à son poste d’observation qu’il croyait secret, et il écoutait de toutes ses oreilles. Il n’en revenait pas : son frère agent du F.B.I. ? C’était… En fait il ne savait pas vraiment ce que c’était, mais… en tout cas c’était… étrange… oui… excitant, bizarre, inattendu, super !…
- Il n’en est pas question !
La voix encolérée d’Alan coupa court à ses pensées et son cœur se serra à l’idée d’une scène entre les deux hommes. Il connaissait l’entêtement de Don qui ne le cédait en rien à celui de leur père et il savait très bien que la colère pouvait les conduire, l’un comme l’autre, à dire des choses qu’ils ne pensaient pas. Alors certes ses relations avec son frère n’étaient pas au beau fixe, mais il ne souhaitait pas qu’il s’oppose à leur père de telle manière qu’il ne puisse jamais revenir vers eux.
- Je suis majeur ! Tu ne peux pas me l’interdire !
La réponse de Don était tout aussi coléreuse et Margaret sentit venir la scène qu’elle redoutait. Elle savait que si elle laissait les deux hommes s’emporter, les choses pouvaient très vite dégénérer et elle ne le voulait pas. Mais avant qu’elle puisse intervenir, Alan reprenait :
- De toute façon, tu n’as aucune chance…
- Merci de ta confiance en moi ! rétorqua aussitôt Don. Et bien figure-toi que tu as tout faux ! J’ai déjà passé tous les tests, tous les entretiens et je suis reçu !
Alan recula sur sa chaise, comme s’il avait pris un coup :
- Tu veux dire que… tu as fait ça dans notre dos ?
Il n’y avait plus de colère dans la voix de son fils lorsqu’il répondit :
- Non… Je ne voulais pas le faire dans votre dos. Il y a déjà plusieurs mois que je pense à quitter l’équipe, mais… je ne savais pas quoi faire. Et puis il y a eu cette journée d’entretien et…
Il se replongea dans cette journée des métiers, là où les étudiants peuvent rencontrer des hommes et des femmes qui viennent partager leur expérience avec eux, leur ouvrir des perspectives d’avenir auxquelles ils n’ont pas forcément pensé. Et il revoyait cet agent d’une quarantaine d’années qui parlait de son métier, son sacerdoce, avec tellement de passion. Il s’était rendu compte que ce qu’il en disait lui parlait, que ça éveillait un écho chez lui. Une petite voix lui susurrait que là était son vrai chemin, celui où il serait bon, où il serait utile. Alors, lorsque les participants s’étaient retirés, il était resté pour parler au conférencier et celui-ci avait fini par lui donner les dates des prochains concours de recrutement. Il avait tourné et retourné l’idée plusieurs semaines. Il savait que ce ne serait pas facile : son père lui avait souvent parlé de ses démêlés avec l’agence gouvernementale, il n’accepterait pas facilement que son fils devienne un fèd, comme il disait avec mépris. Mais il sentait, au plus profond de lui, que c’était ce qu’il devait faire, ce à quoi il était destiné. Alors il s’était présenté, se disant que, peut-être, à cause du passé de ses parents, il serait recalé dès le premier entretien. Mais ça n’avait pas été le cas et deux semaines auparavant il avait reçu la lettre l’informant qu’il était attendu à la session qui s’ouvrait la dernière semaine de juillet, quelques jours après ses vingt-trois ans, l’âge minimum requis pour être admis. A la joie d’avoir réussi avait très vite succédé la peur de la réaction de ses parents. Sa mère, il pensait qu’elle pourrait comprendre, mais son père… Et la manière dont l’entretien se déroulait confirmait ses pires appréhensions.
- De toute façon tu es trop jeune ! avança alors Alan, s’accrochant à tout et n’importe quoi pour tenter de le dissuader de poursuivre son projet.
- Pas du tout ! Je vais avoir vingt-trois ans lors de la rentrée. C’est l’âge minimum !
- Tu vas te trouver avec des étudiants bien plus âgés, plaida-t-il alors. Je sais que ces sessions sont aussi ouvertes à d’anciens flics, des avocats, des juristes… Ils auront parfois une dizaine d’années de plus que toi…
- Et alors… Ca ne vous a jamais arrêté pour Charlie non ? Pourquoi en serait-il autrement pour moi ?
Ca, c’était un coup bas, pensa Alan en encaissant la réplique. Un coup bas, mais diablement efficace et surtout très vrai, finit-il.
- Chéri… Tu es sûr de toi ?
La question pleine de sollicitude de son épouse lui fit détourner sa frustration sur elle :
- Parce que s’il te répond oui, tu vas le laisser faire peut-être ! s’indigna-t-il.
- Alan… C’est sa vie…
- C’est sa vie ! Alors on peut le laisser la gâcher !
- Je ne vais pas gâcher ma vie parce que j’entre au F.B.I., s’insurgea Don. Je la gâcherais plutôt en m’accrochant à des rêves de gloire inaccessibles ! Je sais que je peux être bon dans ce domaine et…
- C’est hors de question ! le coupa Alan. Il n’y aura pas de fèd chez moi tu m’entends !
- Alan ! s’interposa Margaret.
Mais son mari était trop en colère pour l’écouter :
- Non ! Maintenant ça suffit les bêtises ! Il se retourna vers son fils. Tu vas renoncer à cette idiotie tu m’entends Donald ! Sinon…
- Sinon quoi ? Tu me mettras dehors ? Tu me renieras ?
A son tour Don était trop en colère pour raisonner.
- Tu sais quoi papa ? Ne te donne pas cette peine ! Je vais devenir agent du F.B.I., que ça te plaise ou non ! Et ne prends pas non plus la peine de me mettre dehors, je m’en vais !
- Donnie !
Le cri de Margaret se perdit dans le claquement de la porte et le rugissement du moteur de la voiture. Charlie sentit son sang se glacer dans ses veines : son frère était parti… son grand frère…
- Tu es content de toi ?
La voix accusatrice de sa mère s’adressant à son père lui fit craindre alors que la famille n’ait pas fini de se déchirer, il resserra ses bras autour de lui et se pencha, voulant à la fois partir mais incapable de quitter son poste d’observation.
- Non… Non… Je ne voulais pas en venir là… Maggie….
Il n’y avait jamais eu autant de chagrin et de lassitude dans la voix d’Alan et, un instant, elle fut tentée de le prendre contre elle, mais elle aussi lui en voulait.
- Alors il ne fallait pas lui parler comme ça. Tu sais pourtant que ça n’a jamais rien donné avec lui.
- Je sais. Mais j’ai été tellement surpris… Tellement… choqué… Enfin, c’est un excellent joueur de base-ball et il lâche tout pour… le F.B.I.
Le mot sonnait presque comme une insulte dans sa bouche.
- Mais si c’est ce qu’il veut.
- C’est ce dont je ne suis pas sûr Maggie… Et s’il ne faisait ça que pour se démarquer de nous, de toi, de moi… de Charlie…
- Même si c’est le cas, on n’a pas le droit de l’empêcher de faire ses choix. C’est un adulte Alan, ce n’est plus un petit garçon.
- Je sais.
Il y eut un silence avant que Charlie n’entende la voix de son père, presque inaudible :
- Mais ça me fait tellement peur.
- Moi aussi ça me fait peur, répliqua Margaret, toute colère envolée, posant sa main sur celle de son mari.
- C’est tellement dangereux, ajouta celui-ci.
- Je sais. Et c’est pour ça qu’on doit être là pour lui.
Alan se contenta de hocher la tête et Charlie, comprenant que la conversation s’arrêtait là, monta doucement vers sa chambre, la tête pleine d’interrogations, d’appréhensions, de doutes… Fin du flasback
(à suivre)
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Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 14 Fév 2012 - 17:23
C'est génial de découvrir ces moments de la jeunesse de Don et de Charlie qui vont conditonner ce qu'il deviendront plus tard .
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Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 14 Fév 2012 - 17:49
Souvenir .... Souvenirs.... C'est ce qui nous reste pour ne pas sombrer dans l'oubli
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Sujet: Re: Numb3rs - L'accident - Don & Charlie - G Mar 14 Fév 2012 - 17:51
L'adolescence a éloigné les garçons et la complicité s'en est allée avec. Don s'est senti isolé au sein de sa famille, Charlie prenant trop de place à ses yeux. Il a un peu perdu son statut de grand frère quand Charlie a envahi son espace personnel sur les rangs du lycée. Et là, il fait des choix de vie qui ne plaisent pas du tout à Alan. C'est surtout la peur de ce que cela implique qui fait réagir aussi durement son père. Travailler au FBI est potentiellement dangereux et Alan ne voudrait jamais avoir à s'inquiéter pour son fils. Mais Don est un adulte, il affirme ses choix et quels qu'en soient les conséquences, il doit poursuivre son chemin même si ce chemin ne plait pas à ses parents.
Cette une scène étonnante où la tension familiale est palpable. Don se sent encore isolé, il n'a pas le soutien qu'il attendait de la part de ses parents. Seul Charlie, dans son coin, semble à la fois étonné et excité par cette nouvelle. Il voit cela avec les yeux de son jeune âge, aventure, danger... Son grand frère, son héros au FBI...
Encore un magnifique flashback qui nous permet de mesurer le chemin parcouru par les deux frères, de leur enfance à leur adolescence, de leur complicité à leur éloignement. Quand on connait les liens fraternels si forts qui les unissent à présent, des années après, je trouve ces retours en arrière vraiment intéressants... J'adore...