Une petite songfic offerte l'an dernier à Fanncis.
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Genre : Songfic – Romance
Personnages : Abby/ ???
Résumé : Le cœur de qui Abby veut-elle conquérir en ce jour un peu particulier ?
L’esclave
Abby se regardait dans le grand miroir de sa chambre et elle laissa échapper un soupir de découragement à cette vue. Jusque là pourtant, elle se trouvait plutôt mignonne avec ses couettes haut perchées, son maquillage appuyé, ce style gothique qui faisait d’elle cette personne tellement remarquée sur son lieu de travail. Oui, jusque là elle se plaisait et elle se sentait bien.
Jusqu’à ce jour où elle s’était aperçue qu’elle n’était pour lui qu’une petite sœur, la bonne copine à qui on raconte tout, l’amie à laquelle on vient demander des conseils… tout ce qu’elle était si heureuse de représenter pour lui en espérant, du fond de son cœur, qu’un jour enfin il la verrait comme une femme, une vraie femme, une femme qu’on pouvait aimer, étreindre…
Et ce soir, soudain, elle comprenait qu’elle n’en pouvait plus de n’être que « cette chère Abby ». Elle voulait qu’il la regarde avec les yeux qu’il avait pour ses conquêtes, elle voulait sentir sa main sur sa peau, ses lèvres sur sa bouche… Elle voulait qu’il l’aime ou elle en crèverait !
Mais comment lui faire comprendre ? Comment passer à ses yeux de la fofolle adorée à la femme qu’il chérirait ? Quelles armes avait-elle contre toutes les superbes créatures qu’il côtoyait quotidiennement, à commencer par Ziva ?
Agacée de se sentir si vulnérable, Abby fourragea parmi les CD répandus en vrac sur la moquette et elle en saisit un au hasard, puis tandis que les premières notes s’égrenaient, elle se planta de nouveau devant la psyché, réfléchissant intensément à un plan d’action.
Et soudain, en écoutant les premières paroles de la chanson, elle sourit : elle savait ce qu’elle devait faire. Si ça échouait tant pis, elle serait fixée. De toute façon, elle n’avait rien à perdre.
Dans un harem byzantin
Où pour trouver le paradis
Je m'étais déguisé en chien
Une esclave m'a dit :
- Marylin…
- Non… Elle l’a déjà fait. Tu sais bien qu’elle ne se déguise jamais deux fois de la même manière.
- Une lolita ?
- Fait aussi.
- Une workwoman.
- Fait aussi. Mais dis donc le bleu… On dirait que tu es incapable de te souvenir de quoi que ce soit !
- C’est que je ne suis pas le super agent spécial Di Nozzo qui est capable de se remémorer les moindres détails des années plus tard, grinça MacGee, agacé de l’air de supériorité peint sur les traits de son collègue.
- Déjà en train de vous disputer ?
La voix tranchante de Gibbs arrêta les deux hommes qui pâlirent notablement à être ainsi de nouveau pris en flagrant délit de puérilité. Comme d’habitude, alors que le plus jeune cherchait désespérément une réplique, Tony colla un sourire insolent sur ses lèvres et se tourna vers leur supérieur avec cet aplomb de Tim pensait qu’il ne parviendrait jamais à égaler, dut-il rester agent du NCIS pendant trente ans encore.
- Mais non patron… On ne se disputait pas. On était juste en train de se demander comment notre Abby serait habillée aujourd’hui.
Un instant, leur chef fixa sur eux un regard plutôt vide, se demandant vraisemblablement si ses deux subordonnées avaient subitement perdu la raison simultanément. Puis soudain il comprit et sourit à son tour :
- C’est vrai, on est à Halloween.
Les trois hommes échangèrent un regard entendu tandis que Ziva s’énervait de ne pas comprendre :
- Et alors ? Où est le rapport ? s’enquit-elle.
Tony se tourna vers elle, adoptant ce ton docte qui l’agaçait prodigieusement :
- Il se trouve que, fidèle à la tradition, notre chère Abby se déguise chaque 31 octobre. Et à chaque fois elle nous surprend en adoptant une tenue aux antipodes de ce qu’elle porte habituellement.
- Ah bon… Je pensais que c’était tous les jours qu’elle était déguisée, laissa tomber la toute nouvelle Américaine avec un léger dédain.
Elle avait beau bien aimer Abby, formée à la rigueur de l’armée israélienne, elle avait toujours du mal à comprendre comment une personne si fantasque de tempérament et de mise pouvait travailler dans une agence fédérale.
Tony fronça les sourcils : il n’appréciait que très moyennement que l’on parle sur ce ton de son amie. Gibbs coupa court à la remarque venimeuse qu’il sentait poindre en enjoignant à ses équipiers de le suivre afin de découvrir quelle tenue extravagante porterait leur laborantine ce jour-là. Et tout le temps que dura la descente, les paris fusèrent. Pari qu’aucun ne gagna.
A peine eurent-ils posés le pied dans le laboratoire, qu’une odeur d’encens les saisit à la gorge tandis que la musique orientale qui résonnait jusque là à leurs oreilles était remplacée par une mélodie tout à fait occidentale, bientôt suivie de paroles.
Moi je voudrais des perles lourdes
Des perles noires, des émaux
Être muette et presque sourde
Pour que tu me berces de mots
Des mots qui ressemblent à la mer
Des mots où l'on voit à travers
Des mots d'amertume et d'amour
Des mots tendres et des mots lourds
Et devant leurs yeux ébahis, apparut une créature des mille et une nuit, vêtue d’un large sarouel et d’un soutien gorge, les chevilles et les poignets ceints de bracelets cliquetant, les cheveux longs dénoués dans le dos, un bandeau d’or autour du front et un voile léger dissimulant le bas de son visage.
Et la créature se dirigea droit vers eux en ondulant des hanches lascivement dans une danse envoûtante dont ils s’aperçurent très vite qu’elle ne s’adressait qu’à l’un d’entre eux, sur lequel ses yeux restaient rivés tandis qu’elle s’approchait plus près encore à le toucher, et que les effluves du lourd parfum qu’elle portait leur faisait tourner la tête.
Moi je voudrais des chambres pleines
Où je m'étendrais toute nue
Cerclée de chiennes et de chaînes
Buvant des boissons inconnues
Des boissons de vie et de mort
Des coupes pleines à ras bord
Où poser mes lèvres mouillées
Sur des sofas, agenouillée
Elle n’était plus elle… Elle n’était plus Abby Sciuto. Elle était cette femme amoureuse, prête à tout pour conquérir l’homme de ses rêves qui, actuellement, la regardait d’un air ébahi, n’en croyant pas ses yeux.
Il ne s’était jamais aperçue à quel point elle était belle et désirable : des attaches fines et déliées, une poitrine joliment arrondie, que mettait en valeur la soie du soutien-gorge, des jambes agréablement galbées, une taille fine et souple qu’il avait envie d’enlacer, des lèvres pulpeuses à souhait qu’il aurait aimées dévorer de baisers.
Et tandis qu’elle s’approchait de lui, dans cette danse que le moins averti des spectateurs aurait compris qu’elle lui était destinée, une foule de sentiments l’envahit au moment précis où il se rendait compte que cette femme, qui s’offrait ainsi à lui, sans aucune réticence, sans fausse pudeur, sans craindre le jugement du reste de l’équipe, cette femme-là, c’était sans doute celle qu’il cherchait depuis si longtemps et qu’il avait refusée de voir par peur de perdre une amie à laquelle il tenait.
Moi je voudrais un noir esclave
Aux dents blanches fortes et cruelles
Qui partagerait mes entraves
Et qui m'emmènerait au ciel
Dans la moite langueur du soir
Moi toute blanche lui tout noir
Il mordrait mon corps en rampant
Avec des lenteurs de serpent
Il ne la quittait pas du regard et elle pouvait y lire, comme dans un livre, les émotions qui l’assaillaient, ces émotions qu’elle ressentait elle-même.
Elle avait totalement oublié les trois autres et ne dansait que pour lui, s’approchant, l’effleurant, le frôlant, l’étourdissant de son parfum, l’enchantant par sa danse sensuelle, l’envoûtant de son regard souligné de khôl.
A ce moment précis elle le tenait en son pouvoir, comme une enchanteresse, celle qu’elle voulait qu’il voit enfin et qui se découvrait à lui sous les voiles dont elle était parée, comme, lors d’un mariage musulman, l’époux découvre le visage de sa promise en soulevant un à un les sept voiles qui la recouvrent.
Elle n’avait qu’un voile, mais à mesure qu’avançait sa danse, c’était comme si, une à une, elle enlevait toutes les étoffes qui avaient masqué les yeux de son amour et que désormais il la voyait : ELLE…
Une femme…
Moi je voudrais être une fille
Qu'on épuiserait de plaisir
Derrière des vitres et des grilles
Jusqu'à dormir jusqu'à mourir
Sous mes paupières violacées
Tu vois je n'ai qu'une pensée
Être une femme pour de vrai
Une vraie femme s'il te plaît
Les dernières notes s’étaient éteintes et ils se tenaient face à face : lui oppressé, en proie à un désir tel qu’il en avait rarement connu, elle essoufflée, sa poitrine se soulevant rapidement, la peau recouverte d’une fine pellicule de sueur, et leurs yeux ne se quittaient pas.
Ils ne s’étaient même pas rendu compte qu’ils étaient désormais seuls. Très vite, Gibbs avait compris ce qui se jouait et chacune de ses mains était venue saisir le bras d’une Ziva médusée et d’un Tim tétanisé pour laisser ensemble les deux êtres qu’il aimait comme ses enfants. Et tandis qu’ils remontaient tous les trois vers le bureau, il souriait en pensant qu’il était plus que temps que ces deux là s’avouent enfin leurs sentiments.
Brave Abby ! Il fallait avouer qu’elle avait du cran cette petite ! Oser se déclarer ainsi, devant tout le monde ! Mais il était rassuré : la réaction de Tony prouvait bien qu’elle avait eu raison. De toute façon il serait là pour veiller au grain : gare à lui si son agent sénior faisait souffrir la jeune femme.
Loin de se douter des pensées que ruminait son supérieur, Tony avait ouvert les bras pour accueillir contre lui une Abby frissonnant soudain, non pas de froid, mais de plaisir, et qui se lova dans ses bras en pensant qu’elle était à sa place : juste là, contre son cœur.
Et il pensait exactement la même chose, se traitant d’imbécile pour avoir mis si longtemps à comprendre, à oser… Que se serait-il passé si elle n’avait pas pris les devants ? Combien d’autres femmes aurait-il connues avant que ça ne finisse comme ça : elle contre lui et leurs cœurs battant à l’unisson ?
- N’y pense pas… Embrasse-moi…
Elle avait fixé ses prunelles sur les siennes et il y lut un désir égal au sien. Il resserra un peu plus son étreinte sur elle et la regarda encore, pour graver cet instant au plus profond de sa mémoire. Puis doucement il baissa la tête et ses lèvres vinrent se poser sur les siennes, dans un baiser qui fut d’abord doux et chaste avant de devenir très vite brûlant tandis que, pour la première fois, leurs langues se touchaient, se goûtaient, s’exploraient.
Abby s’accrocha à son cou et gémit tandis que son corps se tendait vers lui, frissonnait sous les caresses qui couraient sur sa peau. Elle se sentait vivante comme jamais : aujourd’hui elle avait gagné ! Aujourd’hui elle était enfin femme à ses yeux ! SA femme…
- Aime-moi…, murmura-t-elle contre sa bouche en se collant plus encore contre lui, pour sentir son désir, l’intensifier si c’était encore possible.
Puis il n’y eut plus que lui et elle… Un homme et une femme… Un couple, pour l’éternité.
FIN
Chanson de Serge Lama