Une songfic écrite pour l'anniversaire de Tyoris
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Donald P. Bellisario & Don McGill. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Ce qu’on sera
- Alors le bleu, nerveux ?
La voix mi-narquoise, mi-attendrie de Tony tira Tim de sa rêverie inquiète. Il adressa une grimace à son équipier. Par moment il aurait aimé le piler sur place ! D’un autre côté, c’était réconfortant de voir une personne qui semblait prendre les choses comme si tout était naturel, comme si ce jour-là n’était pas spécial.
- Tu ne le serais pas à ma place ? questionna-t-il d’une voix un peu sèche.
- Peut-être… Mais comme il y a bien peu de risques que je sois un jour à ta place… Surtout à te voir te liquéfier littéralement ! Allez, t’inquiète mon pote ! Elle va venir !
Mais quelle idée il avait eu de demander à Tony d’être son témoin ! D’un autre côté, à qui d’autre le demander ? Et s’il ne l’avait pas fait, nul doute que l’agent senior le lui aurait fait payer cher ! Et puis finalement, c’était rassurant de l’avoir auprès de lui : avec ses piques, ses plaisanteries douteuses et son air de tout dominer, il l’obligeait à rester dans une sorte de normalité dont il avait besoin.
- Mais pourquoi est-ce si long ?
- Hé Mac Grognon ! Tu sais que les filles aiment être belles ! Tu ne voudrais quand même pas que ta fiancée arrive en haillons non ?
Sa fiancée !!! Rien que d’entendre le mot suffit à ramener un sourire sur le visage encore un peu poupin du policier.
C'est de la chance que vient le beau
On veut toujours ce qui est si haut
On s'aime parfois lus que l'on vit
Ce qu'on sera sans illusion
Ces mots, ces gestes aussi complices
S'il y a des fois sans raisons
De drôle d'humeurs ou des questions
S'il est si dur de rester digne
Ce qu'on sera sans illusion
Ces mots, ces gestes aussi complices
Il lui en avait fallu du courage pour oser faire sa demande ! Durant tant d’années il s’était contenté d’être le bon copain, l’ami à qui l’on confie tout, y compris ses nuits échevelées ! Il était persuadé n’avoir aucune chance ! Elle était si belle, si brillante, si exceptionnelle ! Comment aurait-elle pu voir en lui autre chose qu’un gentil doudou pour se réconforter quand la vie pesait trop lourd ?
Sans Tony, aurait-il osé franchir le pas entre l’amitié et l’amour ? C’étaient les insinuations incessantes, les plaisanteries à deux balles de l’italo-américain qui avait parfaitement compris où le portait son cœur, qui avaient eu raison de sa détermination.
Un jour enfin, il avait osé s’agenouiller devant elle en lui présentant une bague. Certes, ça faisait un peu… beaucoup ! cliché ! Mais ça avait marché. Sous ses airs de femme libérée, elle n’était finalement encore qu’une petite fille qui rêvait du prince charmant ! Et là encore, bien qu’il déteste l’admettre, Tony avait raison !
Et tandis qu’il ouvrit l’écrin, les mots étaient venus tout simplement à ses lèvres :
Ce qu'on sera
De l'amour, de la tendresse
De la passion sans s'aimer trop
Ce qu'on sera
Des désirs, de la détresse
De la franchise pour être égaux
C'est évident que l'on s'empresse
De nos deux corps à fleur de peau
Ce qu'on sera
C'est de se dire qui nous empêche
Ce qu'on sera
Elle l’avait longtemps regardé, les yeux embués, indécise… Et il avait rassemblé ses forces pour entendre le non qu’elle allait prononcer, tenter au moins de ne pas perdre la face, de réussir à articuler « Ne m’en veux pas… Mais on reste amis n’est-ce pas ? » A ça il savait qu’elle donnerait une réponse positive, trop désolée de le décevoir pour lui infliger en plus la souffrance d’une rupture définitive.
Qu’est-ce qui l’avait rendu aussi présomptueux ? Certes elle lui avait ouvert son lit bien souvent durant les mois passés, certes dans la moiteur de la nuit ils s’unissaient avec fougue et lorsque leurs corps repus reposaient, lui se sentait chez lui, à sa place et il lui avait semblé qu’elle aussi avait trouvé son port d’attache.
Une liaison qu’ils avaient voulu cacher aux autres pour ne pas s’exposer aux grivoiseries de Tony, aux remarques parfois acerbes de Ziva, au regard qu’ils imaginaient incrédule de Gibbs, aux conseils paternalistes et interminables de Ducky !
Durant des semaines Tim avait pensé que ça lui suffisait, mais petit à petit le besoin d’être près d’elle de manière légitime, de ne plus la quitter, de faire savoir au monde entier qu’elle lui appartenait était venu le tarauder. Et Tony l’avait poussé à se déclarer officiellement.
Maintenant, tandis qu’il attendait sa réponse, cette réponse qui tardait tant à venir et qui, de fait, devait être négative pour que les mots soient si difficiles à formuler, il se demandait ce qui l’avait poussé à se ridiculiser ainsi, à compromettre ce fragile équilibre qu’ils avaient trouvé.
D'ouvrir les yeux, de faire le pas
Viennent des choses que l'on ne voit
Si on ne peut pas toujours écrire
Ce qu'on sera sans illusion
Ces mots, ces gestes aussi complices
- Oui… Oh oui !! Oui ! oui ! oui !!!!
Elle lui avait sauté au cou, folle de joie, proche de l’hystérie ! Et elle l’avait entraîné dans une folle farandole en l’embrassant à perdre haleine. Puis elle s’était arrêtée, avait tendu vers lui sa main tremblante et il avait eu toutes les peines du monde à y glisser l’anneau d’or serti d’une émeraude entourée de saphirs.
Elle avait tendu son bras pour observer ça main :
- Je l’adore !!! Oh ! Je l’adore !!! Et je t’adore !!!
Et de nouveaux leurs lèvres s’étaient jointes dans un baiser de plus en plus torride qui aurait bien pu finir en plus que ça si soudain un raclement de gorge ne les avait éloignés l’un de l’autre, lui gêné et rougissant, elle heureuse, courant vers le nouvel arrivant en criant :
- Gibbs ! Regarde !!! Regarde ma bague !!! Il m’a demandé en mariage ! Tu imagines ça Gibbs ! Moi ! En mariée !!!
- Et bien il était temps ! avait simplement dit le chef d’équipe avant d’enchaîner : j’ai besoin que tu m’analyse ça.
- Bien sûr ! Tout ce que tu veux !!! Tu imagines ! Je vais me marier !
Un sourire attendri avait adouci les traits de l’ancien marine tandis qu’il répliquait :
- Si ça peut attendre le résultat de mon analyse…
- Bien sûr ! Je m’y mets tout de suite ! Mariée !!! Moi !!! Tu es invité Gibbs ! Et c’est toi qui me conduiras à l’autel hein ? Dis-oui !!! Oh ! Dis-oui Gibbs !!! S’il te plaît ! Je ferai tout ce que tu veux !
- Pour le moment ce que je veux c’est que tu me fasses cette analyse ! Et pour le reste, je serai très honoré de te conduire à l’autel ! Mais pour le moment, j’ai besoin de…
- … de ces analyses ! Je sais ! J’y cours ! J’y vole !!! Je vais me marier !
D’un signe de tête, le chef d’équipe intima l’ordre à son subordonné de le suivre tandis que la jeune femme se penchait sur la tâche à accomplir. Entre deux étages il arrêta l’ascenseur :
- Vous êtes sûr de vous Tim ?
C’était la première fois que son supérieur l’appelait par son prénom et cela l’émut curieusement :
- Je n’ai jamais été aussi sûr de moi monsieur !
- Arrêtez de m’appeler monsieur ! Vous êtes conscient qu’elle n’est pas comme les autres ?
- C’est justement pour cela que je veux l’épouser mons… euh… chef !
- D’accord ! Mais je vous préviens, si vous lui faites du mal, vous aurez à faire à moi !
- Je n’ai nullement l’intention de lui faire du mal.
- Ca vaudrait mieux pour vous agent Mac Gee !
D’autres auraient tremblé du ton employé par Gibbs, mais lui se contenta de sourire aux anges, persuadé qu’il était que rien ne pourrait jamais entacher son bonheur.
Ce qu'on sera
De l'amour, de la tendresse
De la passion sans s'aimer trop
Ce qu'on sera
Des désirs, de la détresse
De la franchise pour être égaux
C'est évident que l'on s'empresse
De nos deux corps à fleur de peau
Ce qu'on sera
C'est de se dire qui nous empêche
Ce qu'on sera
Mais à cet instant précis il tremblait : déjà un quart d’heure qu’il attendait au pied de l’autel et sa promise ne venait pas ! Et si elle avait changé d’avis ? Et si, finalement, elle s’était aperçue qu’elle ne pourrait jamais passer le reste de sa vie auprès d’un être aussi falot, aussi ordinaire que lui ?
- Du calme Mac Panique ! Elle va arriver !
La main de Tony sur son épaule était réconfortante, et même le sarcasme dans sa voix le rassurait !
Avant qu’il puisse répondre, les premières notes de la marche nuptiale retentirent et l’assemblée se leva.
Alors elle avança, avec son port de reine mais semblant presque intimidée par tous ces gens venus pour elle, pour eux ! Elle s’accrochait fort au bras de Gibbs, droit comme un I et fier comme un père et elle regardait droit devant elle, comme si le fait de croiser d’autres regards allait la démunir de ce courage qu’il lui avait fallu pour enfin oser s’avancer dans l’allée.
Gibbs avait fini par la menacer d’une fessée et Ziva de la traîner de force dans l’église si elle n’arrêtait pas de dire qu’elle ne pouvait pas le faire, que Tim méritait mieux qu’elle et qu’elle ferait mieux de partir à Bora Bora pour soigner les gorilles plutôt que d’affronter cette union !
Entre les cajoleries et les menaces, son père de substitution et sa demoiselle d’honneur l’avaient convaincue de sortir de la pièce où elle s’était préparée et d’aller à la rencontre de l’homme qu’elle aimait.
Et maintenant qu’elle le voyait, à l’autre bout de la grande allée, il lui sembla que tout était évident : ses craintes s’envolèrent. Elle était là où elle devait être, au moment qu’il fallait, pour faire ce qu’elle était destinée à faire de toute éternité.
Ce qu'on sera
De l'amour, de la tendresse
De la passion sans s'aimer trop
Ce qu'on sera
Des désirs, de la détresse
De la franchise pour être égaux
C'est évident que l'on s'empresse
De nos deux corps à fleur de peau
Ce qu'on sera
C'est de se dire qui nous empêche
Ce qu'on sera
- Abigail Sciuto, voulez vous prendre Timothy MacGee comme légitime époux pour le chérir, l’épauler, pour le meilleur ou pour le pire, dans la richesse ou dans la pauvreté, la santé ou la maladie, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
Ils avaient rivés leurs regards l’un sur l’autre et y lisaient l’océan d’amour dans lequel ils baignaient.
- Oui, je le veux.
- Et vous, Timothy Mac Gee, voulez-vous prendre Abigail Sciuto comme légitime épouse pour la chérir, l’épauler, pour le meilleur ou pour le pire, dans la richesse ou la pauvreté, la santé ou la maladie, jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
- Oh oui ! Oui je le veux !
Et personne ne s’étant risqué à se lever pour s’opposer à leur union – quand bien même un quelqu’un l’aurait voulu, les regards conjugués de Gibbs, Tony et Ziva et leurs mains placées à l’endroit où ils cachaient leurs armes l’auraient vite découragé de se lancer, à moins d’être suicidaire – Mac Gee put enfin embrasser la mariée, celle qui était dorénavant sa femme !
Et dans les vivats de l’assemblée, ils comprirent que leur vie commençait vraiment, leur vie à deux… Pour le meilleur !
FIN
Chanson de Thierry Amiel