Petite songfic pour l'anniversaire de Jennifer
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Stéphane Giusti, Alain Robillard & Alain Tasma. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Yann/Kevin
Genre : P.O.V. – Romance – Songfic.
Résumé : Kevin n’est pas sûr que l’amour de Yann soit aussi fort que le sien. Petit moment d’intimité entre les deux hommes.
Derrière l’amour
- Quoi ?
Yann se retourna, conscient du regard de son amant sur lui. Il y avait déjà plusieurs jours, ou plutôt plusieurs semaines que le jeune lieutenant de police attachait ainsi sur lui ses prunelles bleues, sans rien dire, comme s’il voulait partager quelque chose qu’il n’osait pas dévoiler.
Et comme d’habitude, dès que Yann se retourna, Kevin sembla se plonger dans sa tâche, à savoir la préparation du petit déjeuner, lequel soudain devint d’une complexité absolue si on en jugeait par l’attention qu’il y prêtait.
Yann s’approcha doucement de lui, l’enlaça et posa son menton sur son épaule tout en murmurant tendrement :
- Kevin… Dis-moi ce qu’il y a dans ta petite tête.
Le blond se sentit fondre sous la tendresse de cette voix tant aimée : ce n’était pas si fréquent que Yann se laisse ainsi aller à un côté « fleur bleue » qui lui manquait si souvent. Mais comment lui, dire, comment lui faire part de ses inquiétudes, de ses doutes, de ses peurs ?
Derrière l'amour il y a
Toute une chaîne de pourquoi
Questions que l'on se pose
Il y a des tas de choses
Les pleurs qu'on garde sur le coeur
Et des regrets et des rancoeurs
Des souvenirs éblouissants
Et des visions de néant.
Il savait que son amant n’aimait pas ce qui était compliqué. C’était aussi cela qui l’avait éloigné de lui après son agression : il devenait trop difficile de gérer cette homosexualité qu’il ne pouvait pas assumer au grand jour.
Heureusement les choses avaient finalement évolué dans le bon sens, mais pour autant Kevin n’était jamais sûr qu’à un moment où un autre l’homme qu’il aimait n’allait pas revenir en arrière, repartir loin de lui, sans espoir de retour, le laissant le cœur déchiqueté et l’âme en lambeaux.
Alors, comme d’habitude, pour éviter d’avoir à parler de ce qui le rongeait, il se retourna, prit les lèvres de son amant, fit courir ses mains sur le corps musclé et très vite Yann ne se préoccupa plus de ce qui pouvait ainsi tourmenter son compagnon.
Donne-moi, donne-moi ton corps
Pour y vivre et pour y mourir
Aime-moi, aime-moi plus fort encore
Empêche-moi de me détruire.
- Tu sais que tu peux me parler Kevin…
Ils reposaient l’un contre l’autre, encore essoufflés de leurs ébats, leurs doigts enlacés reposant sur la poitrine du plus âgé. Celui-ci s’était tourné vers son ange, plongeant ses yeux dans les prunelles claires au fond desquelles il lisait toujours ce doute qui lui faisait si mal.
Derrière l'amour qu'est-ce qu'il y a ?
Qui est cet homme auprès de moi ?
Quand tu me dis : 'Je t'aime'
Est-ce bien moi que tu aimes ?
Et lorsque tu me fais l'amour
Est-ce que tu me fais vraiment l'amour ?
Derrière ce grand rideau noir
Je m'interdis d'aller voir.
Yann se redressa sur un coude, s’imprégnant de la vision de l’homme qu’il aimait nu à côté de lui, le corps recouvert d’une fine pellicule de sueur, la poitrine montant et descendant encore un peu rapidement.
Il savait que Kevin doutait et il ne pouvait lui donner tort. Que n’aurait-il donné parfois pour pouvoir se livrer plus facilement, lui dire enfin ces mots qu’il attendait et qui le rassureraient ? Comment réussir à lui faire comprendre, heure après heure, jour après jour, que désormais il n’y aurait plus que lui ?
Comment lui parler quand il était ainsi étendu à ses côtés, si désirable dans cette fragilité, si beau dans cette force, si tentant dans cet abandon ?
Est-ce que ses lèvres sur sa bouche, ses mains sur sa peau brûlante ne parlaient pas mieux que tous les mots maladroits qu’il aurait pu lui adresser ?
Donne-moi, donne-moi ton corps
Pour y vivre et pour y mourir
Aime-moi, aime-moi plus fort encore
Empêche-moi de me détruire.
- Et si tu partais un jour…
Il avait à peine entendu la petite phrase, échappée entre deux halètements, tandis que l’un et l’autre reprenaient un peu plus difficilement leur souffle après cette seconde étreinte plus torride encore que la première.
Il resserra ses bras autour de son amour, l’amenant tout contre lui. Kevin posa sa tête sur sa poitrine et il fit courir ses doigts dans les fins cheveux blonds : on n’avait pas idée de les couper aussi court, grogna-t-il en lui-même, frustré de ne plus sentir sous sa paume les mèches blondes.
- Je n’ai pas l’intention de partir Kevin… Je suis bien avec toi.
- Pourtant…
Il posa sa main sur les lèvres humides, empêchant son amant de continuer :
- Arrête de penser mon ange… Arrête d’imaginer ce qui pourrait arriver. Ne gâche pas le présent avec un hypothétique futur.
Kevin ne répondit pas, se contentant de se lover plus étroitement contre l’homme qu’il aimait et qui resserra son étreinte un peu plus encore, conscient que c’était ce dont avait besoin son amant à ce moment précis.
J'ai besoin de tes mains sur moi
Et de ton souffle et de ta voix
De tes joies de tes plaintes
De tes cris de tes craintes
Ils s’étaient endormis, enlacés, se rejoignant dans leurs rêves et un sourire illuminait le visage du plus jeune. Dans les bras de son homme il était en sécurité et ses songes s’en ressentaient. Il ne dormait jamais aussi bien qu’après l’amour, dans ces moments où ils se rejoignaient dans une autre dimension et où leurs âmes disaient les mots que leur pudeur masculine leur interdisait.
Dans la chaleur de cette présence, il savait qu’il ne risquait rien.
J'ai tant besoin de ton corps
C’était comme ça qu’il comprenait les week-end, songea Yann en se laissant aller en arrière, éreinté, repu, heureux : dormir, manger, faire l’amour….
Se donner à son ange, prendre ce qu’il lui offrait, sans fausse honte, sans pudeur, sans regrets…
Bien sûr leurs étreintes ne règleraient pas tout : il faudrait qu’ils se parlent enfin, que lui arrive à faire comprendre à son amour combien il comptait pour lui, combien il lui était précieux, indispensable même. Il faudrait que Kevin arrive à mettre des mots sur ses peurs, sur ses réticences, lui qui avait accepté depuis bien plus longtemps son homosexualité et la vivait au grand jour.
Oui, ils parleraient…
Quand le brasier serait éteint…
Quand le désir serait assouvi…
Donne-moi, donne-moi ton corps
Pour y vivre et pour y mourir
Aime-moi, aime-moi plus fort encore
Empêche-moi de me détruire
C’était trop difficile de dire ces sentiments qui l’agitaient : la peur, la joie, l’angoisse, la plénitude, les doutes, les certitudes et l’amour, cet amour si puissant, si dévastateur qu’il lui faisait peur parfois.
Que deviendrait-il si Yann s’en allait ? Comment se relèverait-il sans lui ?
C’était tellement stupide, tellement terrifiant que de s’apercevoir soudain que sa vie dépendait d’un seul être, qu’on se levait en pensant à lui, qu’on s’endormait en le revoyant, qu’il nous rejoignait dans nos rêves, qu’on mangeait pour lui, qu’on respirait par lui… C’était à la fois trop et pas assez… Trop d’envie de bien faire, et pas assez de temps pour tout faire. Trop de désirs inexprimés et pas assez de gestes pour les traduire. Trop de pensées qui se bousculaient et pas assez de mots pour les clarifier.
Il avait déjà aimé, certes, mais pas de cette manière quasi fusionnelle où l’union des corps ne lui suffisait pas : il avait besoin de Yann comme on a besoin d’eau ou d’oxygène. Sans lui il dépérirait aussi sûrement qu’une plante privée de soleil. Mais s’il lui disait ça, il lui ferait peur…
S’il lui disait ça…
Aime-moi, aime-moi plus fort encore
Empêche-moi de me détruire
- Je t’aime idiot ! Je ne pourrai jamais te faire de mal. Je suis bien avec toi, mieux que je n’ai jamais été.
Le regard de Kevin s’éclaira à ces mots et soudain le voile que Yann y lisait depuis tant de temps sembla disparaître. Alors il s’approcha de son amour, prit son visage en coupe dans ses mains et posa un baiser léger sur les lèvres tentantes, sans appuyer : juste de la tendresse, de la délicatesse, comme s’il tenait la chose la plus précieuse en ce bas monde et c’était bien le cas, réalisa-t-il soudain dans un coup au cœur. Il se recula et, plantant ses prunelles dans celles de Kevin, il lui dit d’une voix un peu altérée :
- Je t’aime Kevin Laporte. Je t’aime et je veux t’épouser !
Derrière l'amour qu'est-ce qu'il y a ?
Il n’y avait plus de doutes, plus de mais, plus de si…
Le cœur battant et l’âme au repos, Kevin se lova dans les bras de son amour en murmurant d’une voix émue :
- Je t’aime aussi Yann et je veux que tu m’épouses.
FIN
Chanson de Johnny Halliday.