Anniversaire de Joséphine
Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de: Hubert Besson, Georges Desmouceaux, Bénédicte Achard, Magaly Richard-Serrano & Olivier Szulzynger. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Florian/
ThomasGenre : Romance - songfic
Résumé : De vieux amis de
Thomas sont là en ce jour très particulier pour lui et Florian.
Vive le marié
Il y avait des sourires, des rires, et rien que des visages radieux, à commencer par celui de Florian dont
Thomas ne se rassasiait pas.
Ils étaient passés si près de la catastrophe ! Lorsque Romain avait frappé celui qui était à l’époque son ex compagnon, il avait cru que le monde s’écroulait devant lui. Il avait eu si peur ! Et au moment où le cœur de Florian s’était arrêté, il avait senti le sien se briser.
Mais tout cela était derrière eux désormais et la vie leur avait offert ce merveilleux cadeau, cette seconde chance qu’ils n’étaient pas sûrs de mériter, mais dont ils avaient décidé de profiter à fond.
Et leur première décision avait été ce mariage, certes qui ne serait pas reconnu au niveau national, mais ils s’en moquaient. Il y avait ce maire qui avait accepté de les unir et qu’importait si c’était plus pour soigner son électorat que par véritable engagement : pour eux c’était la consécration de leur amour.
Une violente bourrade dans le dos le fit se retourner et ils sourit en voyant les jumeaux qui le regardaient, goguenards.
Ben mon vieux y en a du monde
On est tous venus
Et de seconde en seconde
Y en a d'plus en plus
T'es quand même un peu livide
T'as l'air fatigué
Dans ton costume t'es splendide
Et vive le marié.
Archibald et Archambault ! Deux de ses complices de collège ! En avaient-ils fait des vertes et des pas mûres tous les trois, s’attirant l’ire de leurs aînés, parents, amis… Mais qu’importait ! Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils avaient la vie devant eux et se sentaient immortels.
Ils avaient été les premiers à qui
Thomas avait parlé de son homosexualité et ils ne l’avaient pas jugé. Archibald avait même dit quelque chose du genre :
- Au moins, avec toi hors course, on aura plus de minettes pour nous…
Tandis qu’Archambault prévenait :
- Mais ne t’avise pas d’essayer de me mettre la main aux fesses parce que je te préviens que je t’en colle une !
Ils avaient continué à « partir en chasse » tous les trois, ne traquant pas le même gibier. L’aîné des jumeaux, Archibald, ne jurait que par les brunes, Archambault ne voulait que des blondes dont le développement mammaire était inversement proportionnel au développement intellectuel, et lui fuyant comme la peste les seins auxquels il préférait sans contexte des attributs plus virils.
Ca avait été une époque d’insouciance, de jeu, de rires, d’égoïsme aussi en repensant à toutes leurs conquêtes laissées sur le chemin et aux cœurs qu’ils avaient brisés. Et puis l’entrée dans l’âge adulte avait fait son œuvre et ils s’étaient plus ou moins perdus de vue.
Alors qu’ils soient là aujourd’hui…
Il est encore temps pour toi
De v'nir avec nous
Surtout, surtout ne crois pas
Que l'on soit jaloux
Il est encore temps pour toi
De v'nir avec nous
Marie-toi une autre fois
Et viens boire un coup.
Ils n’avaient pas beaucoup changé malgré les années passées. Toujours pas casés et proclamant à l’envi qu’ils n’avaient nullement l’intention de se passer la corde au cou, depuis qu’ils avaient appris que
Thomas était bien décidé à passer par la case « mariage », ils n’arrêtaient pas de le charrier.
Ils s’étaient retrouvés par hasard, lors d’un festival auquel il avait traîné son juge convalescent et réticent. On ne pouvait pas dire que l’alchimie entre les trois avait fonctionné : Florian avait été plutôt choqué de leur attitude désinvolte, de leurs propos qui, à ses yeux, étaient ceux d’adolescents attardés. Quelque part, peut-être, il avait eu peur qu’ils réussissent à attirer de nouveau
Thomas dans leur sphère et à le détourner de lui.
Après tout, leur amour était encore si fragile. Ils avaient tant à se pardonner. Ils devaient réapprendre à s’écouter, à s’apprivoiser, à se regarder sans voir l’image des autres, ceux qui avaient traversé leur vie en partageant leur lit.
Mais parce que
Thomas était ravi de retrouver ses deux compagnons d’aventure, il avait accepté qu’il les invite à leur mariage. Il les regardait, de loin, tandis qu’ils parlaient à celui qui allait devenir son mari dans moins d’un quart d’heure. Il avait saisi des bribes de conversation par-ci, par-là et il imaginait bien ce qu’ils pouvaient lui dire.
Bien sûr l’marié t’ensorcèle*
Mais ça n'change rien
Y a ta belle mère qui t'appelle
Tiens ça commence bien
T'as même pas encore dit oui
Qu'elle est derrière toi
C'est pas nous qu'avons choisi
La vie c'est comme ça.
- En fait vous êtes jaloux… rigola
Thomas en écoutant ses amis dresser la liste de tous les inconvénients à cette union.
Ils pourraient dire ce qu’ils voulaient, les inconvénients il les connaissait mieux que quiconque et il les assumait pleinement. Pour certains le mariage n’était qu’une formalité inutile, une simple concession aux règles de la société judéo-chrétienne, qui n’apportait rien de plus.
En y réfléchissant c’était vrai : à quoi servait un bout de papier ? Renforçait-il les liens ? Exacerbait-il l’amour ? Développait-il la capacité à s’écouter, à se comprendre ?
Il avait été le premier à déclarer haut et fort que le mariage ça ne serait jamais pour lui, et pas seulement parce qu’il était PD, comme il le proclamait à l’époque dans sa volonté de choquer et de s’affirmer pleinement. Quand bien même il aurait aimé les courbes féminines, il ne serait pas passé par cette « absurdité ». Il se souvenait encore des arguments forts pertinents qui appuyaient sa démonstration face aux tenants des liens légaux.
Seulement ça c’était avant… Avant de rencontrer Florian… Avant de le perdre… Avant de se sentir mourir à l’idée qu’il ne reverrait plus jamais son sourire, ne plongerait plus dans ses yeux magnifiques, ne pourrait plus l’entendre gémir sous ses caresses.
Aujourd’hui il avait besoin de cette preuve, si dérisoire soit-elle, que le passé était mort et enterré et qu’ils commençaient une nouvelle existence, où ils ne referaient plus les mêmes erreurs.
Alors ils pouvaient toujours rigoler les deux clowns, ça ne changerait rien.
Si tu connaissais la peine
Qu'il y a dans nos coeurs
De te voir porter des chaînes
Tu parles d'un malheur
Sans toi elles seront sans charme
Toutes nos virées
Tiens regarde un peu nos larmes
Et vive le marié.
Le moment était venu de se diriger vers la salle des mariages et de se « passer la corde au cou », selon l’expression des jumeaux qui n’en finissaient pas de leur litanie alarmiste derrière laquelle il distinguait, finalement, le bonheur pour lui et peut-être une certaine envie, non pas de la formalité en elle-même, mais juste de la chance d’avoir trouvé son « âme sœur », quand bien même ils s’évertuaient à répéter qu’il y a trop de poissons dans la mer pour se contenter d’un seul.
- Bon les gars… Il faut y aller, déclara-t-il en se retournant.
Ils vinrent aussitôt l’encadrer, le saisissant par les bras.
Les trois mousquetaires… Il se souvenait de ce surnom stupide qu’on leur donnait lorsqu’on les voyait déambuler ainsi, jeunes, insolemment beaux, leurs cheveux aux épaules flottant au vent, partant à la conquête du monde et des cœurs d’un même pas martial, vivant l’instant présent sans se soucier de l’avenir.
Et tandis qu’ils marchaient, ils continuaient leur petit discours.
Il est encore temps pour toi
De v'nir avec nous
Surtout, surtout ne crois pas
Que l'on soit jaloux
Il est encore temps pour toi
De v'nir avec nous
Marie-toi une autre fois
Allez pense à nous.
Florian les regardait venir et son cœur se serrait un peu malgré lui. Et si
Thomas les écoutait ? Si finalement il décidait que ça n’en valait pas la peine. Après tout, cette union ne serait pas légale… Bien sûr ils allaient l’assortir d’un PACS, tout à fait reconnu, lui, mais ce mariage… finalement ce n’était que de la poudre aux yeux ou plutôt un pansement sur leurs blessures respectives.
Il ne savait pas s’il pouvait se fier à ces deux hommes qu’il connaissait à peine. Mais
Thomas avait semblé tellement heureux de les retrouver : depuis il les avait invités à plusieurs reprises et ensemble ils étaient allés passer quelques jours dans leur superbe maison familiale. Mais Florian restait un peu à l’écart, se sentant de trop lorsqu’ils évoquaient leurs souvenirs de jeunesse, leurs frasques, leurs conquêtes…
C’était un peu un autre
Thomas qu’il découvrait et ce
Thomas-là, il n’était pas sûr qu’il accepte de passer sa vie auprès d’un petit juge un peu coincé qui avait accumulé les bêtises en bien peu de temps.
Un instant il se demanda ce qu’il ferait si, à l’entrée de la salle,
Thomas décidait de tourner les talons pour suivre les amis qui continuaient à lui parler.
Il est encore temps pour toi
De v'nir avec nous
Surtout, surtout ne crois pas
Que l'on soit jaloux
Il est encore temps pour toi
De v'nir avec nous
Marie-toi une autre fois
Et viens boire un coup.
Ils étaient entrés. Les jumeaux s’étaient détachés et
Thomas avançait vers lui, magnifique dans son costume bleu-nuit. Leurs yeux se croisèrent, se soudèrent et soudain la peur disparut.
Quoi qu’on puisse leur dire, ils savaient qu’ils avaient raison.
Et quand, quelques minutes plus tard, chacun leur tour, ils prononcèrent le oui qui les engageait l’un envers l’autre, ils surent qu’ils venaient d’entamer un nouveau chapitre de leur vie et que celui-là, il serait beau.
Au moment où ils passaient entre les invités pour regagner la sortie, une nouvelle bourrade atterrit sur l’épaule de
Thomas alors qu’une autre était destinée à Florian.
- Sacré veinard ! félicita Archibald, tandis qu’Archambault menaçait le juge :
- Tu as intérêt d’en prendre grand soin, sinon…
Les nouveaux mariés se tournèrent vers eux en clignant de l’œil puis se firent face et à ce moment-là le monde autour d’eux s’effaça.
Alors, tandis que leurs lèvres se soudaient, éclatèrent les cris :
- Vive les mariés !
Mariés… Qui l’eut cru ? Pensèrent-ils en se séparant, à bout de souffle. Leurs mains s’étreignirent et, en silence, leurs yeux se répétèrent les promesses :
- Toi et moi, pour toujours…
- Toi et moi, pour toujours…
Un même sourire éclaira leurs visages tandis qu’au même moment ils se murmuraient : « Je t’aime. »
FIN
* Paroles originales : Bien sûr la mariée est belle
Chanson de Daniel Guichard