Un petit OS pour l'anniversaire de Sweet, basée sur l'une de ses fictions.
Déclaration : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Ian Brenna, Brad Falchuk et Ryan Murphy. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Joue Moi De Toi
Quinn Fabray était une star : elle était née pour être le centre de l’attention, le point vers lequel devaient se diriger tous les regards. Depuis son plus jeune âge elle savait où elle voulait aller : au sommet, là où tout le monde pourrait l’admirer.
C’est donc peu dire qu’elle avait mal vécu sa mise à l’écart, son éviction des cheerleaders, cette grossesse non désirée… tous ces événements qui avaient totalement bouleversé sa vie en lui faisant emprunter un chemin auquel elle n’avait même jamais pensé.
Ca avait été dur les regards, les ricanements, les sirops sucrés qui engluaient ses cheveux blonds et piquaient ses jolis yeux bleus. Ca avait été dur de relever la tête, de tâcher de reprendre sa vie en main une fois l’enfant née et partie pour un futur qu’elle lui espérait meilleur que celui qu’elle aurait eu à ses côté. Ca avait été dur de perdre l’amour de Finn, de choir de son piédestal pour se retrouver parmi la foule vulgaire. Ca avait été dur de devenir l’égale de Rachel Berry, celle qui représentait à ses yeux le comble de la ringardise.
Mais elle s’était révélée à elle-même, elle avait trouvé la force de faire face, de se relever et aujourd’hui elle était plus forte, plus déterminée que jamais.
Aujourd’hui Quinn Fabray savait exactement ce qu’elle voulait et elle était prête à se battre pour l’avoir. Et ce qu’elle voulait plus que tout, c’était vivre enfin son amour au grand jour.
Tu es tout pour moi, l'envers et l'endroit
Tu es la rivière entre mes doigts
De tout ce qu’elle avait traversé durant cette année gravée à jamais dans sa mémoire, nul ne savait ce qui avait été le plus déroutant : s’apercevoir qu’après être sortie si longtemps avec Finn, après avoir fait un bébé avec Puck, la personne qui l’attirait, qui attisait son désir, qui rendait ses mains moites et emballait son cœur était une latina tout feu tout flammes, avec un caractère de cochon, un langage cash qui en déroutait plus d’un.
Elles avaient été équipières durant des mois, tantôt amies, tantôt ennemies, souvent rivales, rarement alliées. Elles s’étaient tour à tour encouragées et insultées, embrassées et giflées, admirées et exaspérées.
Lorsqu’elles s’étaient retrouvées toutes les deux au glee club, insensiblement les choses avaient changé entre elles.
Et aujourd’hui…
Tu me fais rêver, tu me fais partir
Tu me fais voler voler voler et tu me fais navire
Tu me fais le mal, tu me fais le bien
Tu te fais la malle mais je sais que tu reviens
Tu me fais l'hiver, tu me fais l'été
Santana serait toujours Santana : imprévisible, violente, aimante, détestable, mutine, amicale, insupportable, égoïste, généreuse, impitoyable, émotive…
Un cocktail détonnant et étonnant, une infinité de visages pour un seul être, tellement plus complexe qu’il n’y paraissait.
Il y avait longtemps que Quinn savait l’alchimie qui les poussait l’une vers l’autre, longtemps qu’elle la combattait, lorsque ce soir-là, épuisée et découragée elle avait échoué chez la latina. Premier soir, premier baiser qui n’avait rien d’amical, premières caresses et premiers émois provoqués non plus par la main d’un homme mais par celles plus fines mais diaboliquement habiles d’une femme.
Quinn Fabray avait fini par céder à ce désir qui pulsait au creux de ses reins et il n’y avait pas un jour où elle le regretta. Santana était devenu son soleil, son inspiration, sa source de vie.
Tu me fais la mer, la mer, la mer et tu me fais plonger
Tu me fais l'endroit, tu me fais l'envers
Tu fais la rivière qui passe entre mes doigts
Elles avaient caché leur liaison à tous, amis, parents, professeurs, membres du glee club… L’une et l’autre avaient bien trop peur que leur amour ne les relègue définitivement dans le camps des loosers, devenues has-been avant même d’avoir été. Quinn avait déjà tant à faire oublier qu’elle n’allait pas risquer sa réputation. Santana ne tenait pas non plus à devenir la lesbienne du lycée, celle qu’on montrerait du doigt, dans le dos de laquelle on ricanerait, dont ces abrutis de mecs, qui pensaient que leur queue est seule capable de procurer du plaisir à une femme, feraient leur bête noire. Elle les connaissait toutes les blagues débiles, les paroles fielleuses, les sous-entendus nauséabonds… Elle se refusait d’en devenir la cible.
Mais les semaines et les mois avaient passé. Et Quinn n’en pouvait plus de ces cachotteries incessantes : elle voulait pouvoir sortir avec la personne qu’elle aimait, prendre sa main devant les autres, l’embrasser à pleine bouche si l’envie lui en prenait sans avoir au préalable à jeter des regards prudents autour d’elles et à devoir sursauter au moindre bruissement.
Santana hésitait… Elle aussi était dévorée du désir de se dévoiler, d’autant que la dissimulation pesait à son tempérament entier. Il y avait cet amour qu’elle brûlait de crier au grand jour, mais il y avait aussi les autres, tous les autres, les imbéciles et les rieurs, les homophobes et les rétrogrades, les censeurs et les machos… Quinn en valait la peine, mais quelle chance aurait leur amour si on se déchaînait contre elles au point que leur vie devienne un enfer ? Etre membre du glee club était déjà assez compliqué.
Mais à cet instant précis, tandis que celle qu’elle aimait virevoltait autour d’elle en chantant cette mélodie choisie juste pour elle, Santana ne se posait plus de questions.
Tourne tourne tourne et danse moi
Roule roule roule roule moi
Coule coule coule coule toi
Joue Moi De Toi
Tourne tourne tourne et danse moi
Roule roule roule roule toi
Coule coule coule coule moi
Joue toi de moi
Lorsque M. Schuester avait proposé ce défi : chanter LA chanson d’amour que l’on adresserait un jour à l’être aimé, Quinn avait su que son moment était venu. C’était le signe qu’elle attendait : la preuve que le destin voulait qu’elle assume enfin aux yeux de tous ce qu’elle était et ce qu’elle voulait.
Du fond de son cœur elle espérait que Santana comprendrait, qu’elle ne lui en voudrait pas de briser ainsi leur silence, de faire éclater cette bulle qui les avait certes protégées longtemps mais où, désormais, elle étouffait et où leur amour, à terme, s’étiolerait et mourrait comme une plante privée de lumière.
Et puis elle savait que la latina l’aimait autant qu’elle l’adorait. Ce n’était pas un risque, ce ne pouvait pas en être un, encore moins une erreur. Il fallait qu’elle ait raison, parce que si elle se trompait son monde s’effondrerait, une fois de plus, mais cette fois-ci elle n’aurait plus le courage de se relever. Sans Santana, sa vie ne serait qu’un champ de ruines.
Alors, lorsque son tour était venu, elle s’était levé, avait pris la main de son amour, planté ses yeux dans ses prunelles brunes et elle chantait pour elle, oublieuse du reste du groupe qui les regardait, les yeux ronds, prenant conscience d’une vérité qu’aucun d’entre eux n’avait voulu voir.
Tu me fais l'avion, tu me fais le train
Tu fais le début et au milieu tu me laisses sur ma fin
Tu me fais le doigt, tu me fais la main
Tu dis toujours non même quand je ne veux rien
Tu me dis bonjour quand je veux m'en aller
Au revoir toujours, toujours, toujours lorsque je veux rester
Tu me fais le non, tu me fais le oui
Désormais elles dansaient collée l’une à l’autre, une danse toute d’amour et de sensualité, révélant même à l’être le moins observateur l’amour qui les unissait.
Après quelques instants de désarroi, les sourires avaient fleuri sur les lèvres des autres choristes : Kurt le romantique avait des étincelles plein les yeux, outre qu’il était heureux pour les deux jeunes filles, il lui semblait soudain être moins seul. Brittany souriait, d’aucuns auraient dit qu’elle avait l’intelligence trop courte pour s’apercevoir que la fille avec laquelle elle avait passé tant de délicieux moments lui échappaient définitivement, d’autres auraient simplement rétorqué qu’elle avait surtout le cœur assez gros pour se réjouir du bonheur de ses amies. Même Rachel arborait un immense sourire dans lequel les esprits mal intentionnés auraient peut-être vu le bonheur d’une adolescente qui voit s’effacer définitivement la rivale qu’elle redoutait. Puck et Finn se regardaient, mi-figue mi-raisin, leur rivalité et leur animosité réciproques depuis la grossesse de Quinn, définitivement rendues caduques par l’aveu public qui se déroulait sous leurs yeux. Certains applaudissaient, d’autres s’essuyaient discrètement les yeux et Will Schuester, ému, se disait, une fois de plus, que le glee club avait quelque chose de magique.
Mais Santana et Quinn n’avaient que faire des réactions des uns et des autres. Elles étaient dans leur monde, là où personne ne pouvait les atteindre, là où leur amour était le seul maître.
Tu fais la rivière qui coule dans ma vie
Corps contre corps, leurs lèvres réunies, Quinn Fabray et Santana Lopez venaient de franchir une étape : celle qui, les sortant de l’adolescence, faisait d’elles des femmes amoureuses, prêtes à se battre pour leur amour. En quelques mots, en quelques notes, elles venaient de s’engager l’une envers l’autre et rien au monde ne les amènerait jamais à renier cet engagement.
FIN
Chanson de Michel Polnareff