Toujours en train de reclasser! Cette songfic était pour les 75 ans de Natasia!!!
Préambule :
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Léonard Freeman, Alex Kurtzman, Roberto Orci, Peter M. Lenkov. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
L’homme aux bras fermés
Danny entra dans la maison le cœur serré : il lui semblait que les lieux où il était si souvent venu, ces lieux si accueillants, si chaleureux étaient tout à coup vides et froid, comme si leur âme avait disparu avec leur propriétaire, comme si…
Non ! Arrête de penser comme cela, Steve va s’en sortir, il faut qu’il s’en sorte, ça ne peut pas se passer autrement ! s’invectiva-t-il tout en s’obligeant à aller de l’avant de pièce en pièce, rangeant ici, nettoyant là et surtout s’occupant de ce qu’il était censé faire : entasser quelques vêtements et affaires de toilettes dans un sac pour Steve, lorsqu’il se réveillerait.
S’il se réveillait, murmura alors cette petite voix qu’il détestait, dans un coin de sa tête.
- Bien sûr qu’il va se réveiller ! Steve est un battant ! Il ne va pas se laisser couler comme ça ! murmura-t-il pour entendre sa voix, se rassurer lui-même.
Mais le manque de conviction dans son intonation n’était pas fait pour lui redonner confiance et pour la énième fois depuis cet appel téléphonique quelques heures, une éternité, plus tôt, il se demanda comment on avait pu en arriver là, pourquoi Steve s’était ainsi jeté devant lui lorsque Farrell était sorti de nulle part avec son fusil d’assaut braqué sur eux. Un fusil d’assaut ! Danny revoyait encore le sourire sadique de l’homme lorsqu’il l’avait eu dans sa ligne de mire et que, le cœur serré, l’agent blond s’était dit qu’il allait finir sa vie à cet endroit, sur ce coin de plage, sur ce sable qu’il prétendait haut et fort détester et que pourtant, au fond de lui, il savait apprécier. Sinon il ne serait pas revenu avec Rachel et les enfants au lieu de s’installer dans le New Jersey.
Et bizarrement, à cet instant où il avait pensé mourir, ce n’est ni le nom de Rachel, ni celui de Grace, ni celui de Clyde qui lui étaient venus aux lèvres, non, c’était celui de Steve. Et comme appelé par cette pensée, celui-ci s’était matérialisé devant lui, l’avait violemment poussé sur le côté tout en tirant sur le criminel, dans un geste typiquement héros, typiquement SEAL, typiquement Steve ! telle était l’impression fugace qui lui avait traversé l’esprit avant que la réalité ne le rattrape : les héros ne peuvent rien contre des balles à tête creuse, même d’anciens marines, même lorsqu’ils portent un gilet pare-balles.
Et tandis que Farrell s’écroulait d’un côté, Steve était tombé de l’autre. Il était accouru à ses côtés voulant à tout prix se persuader qu’il n’avait rien, que le gilet avait rempli son office mais sachant déjà. Et lorsqu’il avait rapidement ouvert la protection, il avait hurlé en voyant la tache de sang s’agrandir sur la chemise blanche tandis que déjà une mare se formait, vite bue par le sable brûlant. Il avait regardé le visage livide de son ami et l’avait supplié de ne pas le quitter : un instant les paupières de Steve s’étaient entrouvertes et son regard s’était fixé sur lui, un regard où il avait lu tant de choses : la douleur bien sûr, mais aussi le chagrin, le regret et cet amour, cet amour immense auquel il aurait tant voulu pouvoir répondre mieux qu’il ne le faisait. Puis le capitaine avait exhalé un soupir dans lequel son équipier avait cru reconnaître son prénom, tandis que du sang roulait aux commissures de ses lèvres. Ensuite…
Ensuite il y avait comme un brouillard : des lumières, des voix, des mains qui lui reprenaient le corps sur lequel il appuyait frénétiquement, puis les sirènes au-dessus de sa tête, les néons de l’hôpital où il suivait la civière qui disparaissait et cette attente, cette attente interminable…
Il avait repris enfin pied dans la réalité lorsque le chirurgien, la mine grave, était venu leur faire son rapport : poumon perforé, aorte sectionnée… c’était un miracle qu’il soit encore en vie mais rien n’était gagné. Son ton était d’ailleurs loin d’être encourageant mais Danny voulait y croire : Steve n’abandonnerait pas, il n’abandonnerait jamais, il ne l’abandonnerait pas ! avait-il conclu.
Parce que personne ne savait ce qui les unissait en dehors de l’amitié qu’ils affichaient. C’était là-bas, dans le New Jersey, qu’il avait pris conscience combien il s’était attaché à cette île et à cette équipe, à cet homme surtout, cet homme pour lequel il était resté, le temps de l’innocenter et de le faire libérer. Cet homme dont il n’avait pas voulu voir la peine lorsqu’il s’était éloigné de lui, s’envolant pour rejoindre Grace, Rachel et ce bébé qu’elle attendait. Cet homme qui avait commencé à hanter ses nuits du jour où il avait été loin, jusqu’à ce moment où il avait décidé de revenir sur l’île avec sa femme et ses deux enfants. Steve et l’équipe l’avaient aussitôt accueilli parmi eux avec une joie non dissimulée. Et lorsqu’ils s’étaient pour la première fois retrouvés tous les deux il y avait eu cette étreinte, ce baiser, et depuis…
Il se secoua : ce n’était pas le bon moment pour penser à cela. De toute façon il y avait Rachel, Grace, si heureuse d’avoir de nouveau ses deux parents autour d’elle, et ce nouveau bébé, Clyde, qui n’avait rien demandé à personne ! Et puis Steve se contentait de ce qu’il pouvait lui donner, il était heureux ainsi, il le lui avait dit bien souvent… Il ferait mieux de se dépêcher de trouver ce qui lui serait nécessaire lorsqu’il reprendrait connaissance et de retourner auprès de lui pour l’inciter à se réveiller au plus vite.
Au moment où il allait quitter la chambre, il pensa prendre un livre : Steve allait devoir rester tranquille un moment, ce qui ne serait pas sans poser bien des problèmes à ceux devant veiller sur lui. Alors peut-être que s’il lui apportait sa dernière lecture, il résoudrait une partie des conflits à venir. Encore une chose qu’il avait découverte en se rapprochant de l’ex-SEAL. Lui qui l’avait toujours pris pour une tête brûlée, un sportif sans cervelle juste bon à aligner les kilomètres à pied ou à la nage, s’était aperçu de l’amour que son amant, et bien oui, il fallait se résoudre à appeler les choses par leur nom, portait aux livres et de l’immense culture qu’il cachait le plus souvent. Et il s’était alors dit que décidément le capitaine Mac Garrett recelait bien des surprises !
Il se pencha sur la table de nuit, pour trouver ce que le chef du 5-0 était en train de lire présentement et avisa alors le petit carnet à la couverture bleue. Il suspendit son geste : un journal ? Steve tenait un journal ?
Il ne sut pas pourquoi il le glissa dans le sac avant de repartir vers la camaro et de retourner à l’hôpital où il releva Chin resté au chevet de leur chef : il n’était pas question de le laisser seul une seule minute et le personnel de l’hôpital avait vite compris qu’il n’aurait pas gain de cause à ce sujet et fait contre mauvaise fortune bon cœur.
Après avoir rangé ce qu’il avait apporté, Danny s’installa dans le fauteuil auprès du lit, étudiant, les larmes aux yeux, l’appareillage qui maintenait Steve en vie. Et tandis qu’il le contemplait ainsi, son regard fut inconsciemment attiré par le carnet bleu, comme s’il se devait de l’ouvrir, de savoir ce qu’il renfermait.
Il savait qu’il n’aurait pas dû, qu’il n’avait pas le droit, que lorsque Steve l’apprendrait il allait passer un sale quart d’heure, mais il ne put s’en empêcher… C’était comme si soudain il entrait en communication avec lui, il le retrouvait vivant, en pleine possession de ses moyens. Une façon pour lui de le toucher, de le rejoindre peut-être dans ce monde où il dérivait actuellement, d’entrer en communion avec lui pour le ramener à eux.
Alors tant pis si Steve se fâchait, ou plutôt tant mieux ! S’il se fâchait c’est qu’il serait assez fort pour le faire, c’est qu’il serait vivant ! Il saisit la main froide du blessé et posa le carnet sur ses genoux, s’imprégnant des mots. Steve s’adressait au papier comme s’il pouvait lui répondre, lui donner des certitudes, le conforter dans ses choix… Danny sourit malgré lui en lisant les pages où il parlait de lui, d’eux…
Jusqu’à ce qu’il tombe sur ces lignes :
Mais tu sais
Il a sa vie, il est marié,
C’est comme un homme aux bras fermés
Le dimanche et les jours fériés.
Moi, c’est vrai,
Je suis bien dans ma parenthèse,
Je voudrais bien qu’il me déplaise
Mais je l’aime, je l’aime, je l’aime.
Il vient me voir avec trois fleurs,
On s’embrasse en regardant l’heure.
J’ai de l’humour,
Faute d’avoir de l’amour.
J’sais pas si tu as vu Back Street,
Rétrospective en 2008 (1)
Au cinéma :
C’est une histoire comme ça.
Il releva la tête, tenta de lire sur le visage trop pâle de son amant :
- Est-ce que c’est ça Babe ? Est-ce que tu as l’impression que tu n’es pour moi qu’un moment de ma vie ? Que tu n’as pas plus d’importance que ça ? Pourtant tu m’as dit et redit que ça t’était égal, que tout allait bien comme ça, que je me devais à Rachel, à Grace, à Clyde… Tu ne m’as jamais demandé plus, tu ne m’as même jamais fait croire que tu pouvais avoir besoin de plus !
Bien sûr ! se morigéna-t-il instantanément. Que croyait-il donc ? Que Steve avec sa probité, sa droiture, son cœur immense, allait l’inciter à quitter sa famille, une fois de plus ? Qu’il allait lui mettre en main le marché : eux ou moi… ou plutôt : elle ou moi, parce que jamais il ne tenterait de le séparer de ses enfants. Mais c’était peut-être justement là la clé de son silence : parce que si Rachel et lui rompaient de nouveau, rien n’assurait qu’elle resterait à Hawaï et si elle repartait pour le New Jersey il ne pourrait plus voir ses enfants que de loin en loin et cela lui serait intolérable.
Il secoua la tête, revint à la lecture :
Le dimanche,
Je vais chez ma sœur mais je flanche,
Je vais voir ailleurs si j’y suis :
C’est pas mal les halles sous la pluie.
Depuis lui, souvent j’me dis j’suis plus personne
J’me dis ça, mais dès qu’il sonne,
Je m’affole, (2)
J’ai le cœur qui s’envole.
Alors ça donne les taxiphones,
Les rendez-vous de chiens et loups,
Et son regard parmi les cris d’une gare.
Un geste au fond d’une fenêtre,
Des initiales au bas d’une lettre,
Et sans y croire, un peu d’espoir peut-être.
Finalement il n’était qu’un fieffé égoïste qui n’avait pensé qu’à lui ! C’était tellement facile, il avait tout : une jolie femme, deux enfants adorables et un amant qui ne demandait rien de plus qu’un peu d’attention de temps à autre, qu’un rendez-vous à la sauvette, qui ne se plaignait pas lorsqu’il décommandait à la dernière seconde, qui acceptait les rendez-vous manqués, les plans de dernière minute, les cinq à sept fiévreux et chronométrés où le corps exultait mais où l’âme dépérissait !
Il n’avait rien vu de tout cela, ou plutôt rien voulu voir. Il n’avait même pas été capable de regarder la vérité en face, celle qui lui explosait à la figure maintenant : il n’aimait plus Rachel, il ne l’aimait plus depuis bien longtemps. Leur nuit ensemble avait été une erreur, un désir de « normalité » alors qu’il se sentait de plus en plus attiré par son chef et s’en épouvantait, une envie de se rapprocher de Grace, un besoin de prendre une revanche sur l’homme que Rachel avait choisi après lui… un peu de tout ça, un peu d’autres choses sans doute, de ces liens inexplicables et inexpliqués qu’on tisse et dont on se demande un jour pourquoi on s’est ainsi ligoté… Bien sûr il y avait les enfants auxquels ils tenaient comme à la prunelle de ses yeux, mais son amour, son seul amour, celui qui faisait battre son cœur lorsqu’il approchait, celui qui faisait courir de délicieux frissons sur son corps lorsqu’il le touchait, celui qui affolait ses sens, c’était Steve !
Steve qui n’avait rien demandé, rien exigé, se contentant de ces miettes qu’il voulait bien lui jeter de temps en temps :
Mais tu sais,
Il a sa vie, il est marié,
C’est comme un homme aux bras fermés
Le dimanche et les jours fériés.
Moi, c’est vrai,
Je suis bien dans ma parenthèse,
J’aimerais bien qu’il me déplaise,
Mais je l’aime, je l’aime, je l’aime.
Oui je l’aime, tout en noir et blanc de tous les jours
J’ai mon ciné fauteuil velours,
Et c’est même, même une histoire d’amour
Oui d’amour, même les soirs où j’ai pas d’humour
Ou je sais pas comment noyer
Le dimanche et les jours fériés.
- Oh Babe ! Si j’avais su ! Si seulement j’avais su !
Les larmes se mirent enfin à couler sur ses joues, ces larmes qu’il retenait depuis que ce cauchemar avait commencé. Il n’avait pas voulu pleurer devant les autres, pas voulu afficher son chagrin, ce désespoir qui le taraudait à l’idée que peut-être plus jamais il ne pourrait prendre Steve dans ses bras, le serrer contre lui, lui parler, l’aimer…
Son amant lui avait sauvé la vie au prix de la sienne peut-être… Il avait fait ce sacrifice sans hésiter, sans se poser de questions. Certes il aurait sans doute fait de même pour Chin, Kono ou toute personne qu’il aurait pu écarter de la trajectoire mortelle, mais à cet instant, Danny se demandait si quelque part au fond de lui Steve n’avait pas vu là un moyen de résoudre définitivement son dilemme : lui disparu, Danny retrouverait une totale sérénité auprès de Rachel et des enfants.
- Mais sans toi Babe, sans toi la vie n’a plus de sel… Il faut que tu reviennes amour, il faut que tu me laisses te prouver que je suis autre chose que cet homme aux bras fermés : je veux les ouvrir grands pour toi et te serrer contre mon cœur. Je veux que nous proclamions au monde entier notre amour et que chacun sache que nous nous appartenons. Je me battrai pour les enfants si Rachel veut me les enlever… mais tu sais, je pense qu’elle a déjà compris que nous remettre ensemble était une erreur. On s’éloigne chaque jour un peu plus l’un de l’autre et je crois qu’on ne s’accroche que par habitude ou par entêtement, comme deux gamins qui n’aiment plus leur jouet mais le garde pour que d’autres n’en profitent pas. Je sais qu’elle a recommencé à voir son ex de temps à autre… alors… Et puis ça n’a pas d’importance : c’est toi que je veux et pour le reste on verra en temps utile ! Reviens Babe, reviens…
La main dans la sienne frémit et un gémissement emplit la pièce.
- Oui… Viens… Ouvre les yeux pour moi mon amour… Je sais que tu le peux…
Comme incapable de résister à ses mots, les paupières frémirent et se levèrent découvrant les orbes bruns emplis de confusion et de douleur. Les lèvres s’entrouvrirent, laissant échapper un nouveau gémissement où le blond eut l’impression d’entendre son prénom :
- Oui… Je suis là bébé… Je suis là et je ne te quitterai plus jamais !
Puis il ouvrit grand les bras pour envelopper l’homme de sa vie de son étreinte…
Certes ils avaient encore une longue route devant eux, mais désormais il savait très bien où il voulait aller et quel compagnon de route il choisirait.
FIN
Chanson d’Alice Dona
Paroles originales :
(1) Je l’ai vu quand j’étais petite
(2) Je suis folle