Chapitre 5
L’agent Sato observait sa collègue. Suzie semblait bien nerveuse, alors qu’il n’y avait pas quoi l’être. Leur supérieur avait pris une décision qui semblait appropriée vu les circonstances. Courser les bêtes à tête de loup n’était pas sans risque, mais jamais le leader ne mettrait en danger la vie d’un civil pour appréhender l’une de ces créatures. Jones n’avait pas cillé lors de l’annonce du Capitaine, lui faisant penser qu’il était rodé à cet exercice.
L’institut de Londres avait été détruit lors de l’invasion des Cybermens durant la bataille de Canary Wharf, l’agence de Glasgow avait été dissoute et la localisation de la filiale de Torchwood 4 était inconnue. Personne ne savait si cette dernière avait vraiment existé, aucune mention de recrutement de personnel n’y faisait référence dans les archives. La seule réponse évidente était Cardiff.
Tosh étouffa d’une main le cri qui s’échappa de sa bouche. Jones était membre de leur équipe, c’est pour cette raison qu’il les connaissait si bien ! Cependant, une donnée ne collait pas avec cette information. La Japonaise n’avait pas connaissance d’un recrutement dans l’équipe avant son arrivée au centre.
Suzie se tourna vers sa collègue et vit son visage pâlir subitement. Elle n’avait pas besoin d’une boule magique pour comprendre que l’informaticienne avait commencé à rassembler les pièces du puzzle. Il ne lui restait plus que quelques heures avant d’être confondu. L’agent Costello devait trouver un moyen de se sortir de ce guêpier dans lequel elle s’était fourrée. Plus facile à dire qu’à faire, mais la jeune femme ne renonçait pas, quitte à manipuler à nouveau l’objet en espérant qu’il marcherait encore.
L’ouverture de la dernière brèche avait endommagé les circuits internes du boîtier et elle ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour les remplacer. La logique aurait voulu qu’elle se dénonce au Capitaine. Ce dernier serait plus enclin à lui pardonner si elle avouait sa faute, mais la peur de tout perdre était bien plus forte que sa raison.
– Tu me préviens lorsqu’ils rentreront, lança Suzie en se dirigeant vers la passerelle.
– Où vas-tu ?
– Je retourne à mon atelier, tu n’as pas besoin de moi pour les guider.
– D’accord, branche ton oreillette.
Tosh, après avoir renseigné le Capitaine sur les mouvements des Weevils, se replongea dans ses recherches. Elle devait trouver un moyen de craquer le code qui rendait le dossier de Jones inaccessible. En règle générale, aucun protocole ne lui résistait et cela prendrait le temps qu’il faudra, mais elle aurait les renseignements sur le Gallois.
Ce qu’elle ignorait était que ledit Gallois n’était pas né de la dernière pluie et qu’il était également un crack en informatique, sachant déjouer les protections de réseaux et naviguer dans n’importe quel serveur sans laisser de trace. Après la chute de l’institut de Londres, Ianto avait lui-même bloqué l’accès à son dossier, ne voulant pas que les autorités d’UNIT fassent la relation entre la disparition de Lisa Hallet et lui.
Il avait tout fait pour mettre sa fiancée à l’abri des militaires qui n’auraient vu en elle qu’une menace, ce qu’elle était assurément. Le jeune homme se souvenait du fiasco de sa tentative d’inverser le processus de conversion, et de ce qui avait suivi, laissant dans sa mémoire une souffrance que même la présence et l’attention du Capitaine n’avaient pas pu faire disparaître.
Suzie avait regagné le local où elle faisait ses expériences, soulagée que la pièce ne possédât pas de système de surveillance vidéo. Jack n’avait aucune idée de ce qu’elle trafiquait à l’abri des regards. Il lui faisait confiance, lui donnant accès à des objets dont l’utilisation pouvait être dangereuse pour celui qui les manipulait.
Les artéfacts étaient entreposés dans une salle au sous-sol en attendant qu’un des membres les répertorie, ce qui n’était pas chose facile étant donné que les agents étaient très souvent en intervention. Seuls les minéraux et les organismes vivants étaient immédiatement analysés par le docteur Harper. La ferraille comme la qualifiait le médecin pouvait attendre, ne représentant pas, selon lui, un risque de contamination pour les humains.
L’agent Costello verrouilla le local puis se rapprocha de l’établi où étaient entreposées plusieurs pièces métalliques. Elle saisit le boîtier noirci et l’examina longuement. Les circuits étaient endommagés à la suite de la surcharge d’énergie de sa dernière tentative. Suzie soupira fortement, ne sachant pas comment les remplacer. Il y avait bien un moyen de les remettre en état de service, mais pour cela, elle devait informer son supérieur de l’existence de ce manipulateur de vortex. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête en le faisant fonctionner sans savoir ce que c’était ?
La jeune femme était fascinée par les perturbations lumineuses depuis qu’elle avait appris l’existence d’une faille spatio-temporelle sous la place Roald Dahl. Ouvrir un passage entre deux univers était quelque chose d’impensable et encore moins réalisable pour les humains, pourtant elle détenait un objet qui permettait de le faire. Était-il unique ? D’où provenait-il ? Suzie était, par hasard, tombée dessus en transposant des caisses au local des archives.
Sa structure était étrange, ressemblant à un scanneur sans en être un. Un faisceau était apparu lorsqu’elle avait activé la commande sur le côté et la pièce avait été parcourue d’un courant électromagnétique. Elle avait lâché l’artefact et s’était mise à l’abri des vibrations. L’onde s’était ensuite dirigée vers le plafond traversant plusieurs couches de ciment pour finir en zone centrale, où un vortex avait apparu, à l’endroit exact où se trouvait l’agent Jones, l’englobant sans que ce dernier comprenne ce qui se passait.
Cette découverte pourrait lui être utile lorsque Suzie saurait comment la maîtriser. Cette idée ne la quittait plus depuis l’incident. La jeune femme avait compris que le Gallois venait de leur futur, il suffisait d’observer ses réactions et la façon dont il les regardait. Jones connaissait chacun des membres de l’agence de Cardiff. Il devait sûrement être au courant pour les études qu’elle menait en secret sur les objets tombés de la faille.
– Que sait-il au juste ? se demandait-elle en reposant le boîtier sur l’établi.
Sur le terrain, les trois hommes avaient intercepté les créatures et les avaient maîtrisés avec les sprays paralysants. Par chance, il n’y eut aucun témoin de leur intervention et ils avaient pu embarquer les Weevils dans le coffre du SUV, les entassant dans l’espace réduit pour les ramener au centre.
Jack avait observé le Gallois durant la poursuite et avait été impressionné par sa technique. Même Owen avait été bluffé, reconnaissant que le jeune homme était doué. Il n’avait aucune blessure, alors que lui était couvert d’ecchymoses après avoir roulé sur le sol en attrapant la bête à tête de loup.
***
L’agent Cooper-Williams massa sa nuque douloureuse, avant de tourner la tête vers l’immortel. Ce dernier semblait perdu dans ses pensées. La Galloise se redressa, puis se dirigea vers la cuisine. Tout à ses recherches, Gwen n’avait pas vu les heures défiler et la faim commençait à se faire ressentir. Elle mordit à pleines dents dans un croissant avant de saisir la plaquette du traiteur du quartier. Quelques instants plus tard, elle passait commande pour deux. Jack s’apercevant de son absence la rejoignit quelques minutes plus tard.
– Toujours rien ? demanda-t-il en se servant une tasse de thé.
– Non, fit-elle en prenant un mug sur le comptoir. Sais-tu combien il y a d’artéfacts entreposés dans les sous-sols ?
– Une cinquantaine, lâcha-t-il sans y réfléchir.
– Tu es loin du compte, répliqua-t-elle, mais heureusement que Ianto a établi une liste. Je ne sais pas quand il a eu le temps de le faire, poursuivit-elle.
– Durant et après son service.
La jeune femme surprise par la remarque du Capitaine haussa les sourcils. Avec toutes les tâches que le plus jeune effectuait en dehors des missions, comment trouvait-il le temps de compiler toutes ces informations ? Il est vrai que Gwen quittait le centre la première et qu’elle n’avait aucune idée de l’emploi du temps de son collègue. Il était déjà en service lorsqu’elle arrivait le matin et toujours en poste lorsqu’elle partait rejoindre Rhys. À croire que l’agent Jones passait toutes ses heures libres au Hub. Connaissant la relation qu’il entretenait avec le leader, la Galloise n’en était pas étonnée, mais elle était persuadée que les deux hommes prenaient du bon temps, pas que le plus jeune continuait à travailler.
– Que croyais-tu que nous faisions lorsque vous étiez parti ?
– Vous expérimentiez différentes positions du Kâma-Sûtra…
La réponse de Gwen amena un sourire sur les lèvres du Capitaine. Il est vrai qu’ils s’étaient adonnés aux plaisirs de la chair très souvent au QG, durant et en dehors des heures de service, cependant l’agent Jones avait toujours trouvé le temps de mettre à jour les données du serveur. Jack plaisantait souvent avec son amant sur sa conscience professionnelle, trouvant qu’il en faisait bien plus que son contrat le mentionnait tout en gardant du temps pour lui.
Cet homme était une perle rare dont l’immortel avait bien du mal à se passer. Ianto en savait plus sur sa personne que quiconque sur cette planète. Il avait confiance en lui. Pourtant, l’immortel avait gardé certaines informations, ne jugeant pas utile de le mettre au courant des actes qu’il avait accomplis en tant qu’homme de main de l’institut Torchwood. Actes dont il n’était pas particulièrement fier, mais qui avaient été nécessaires.
– Même pas, nous avions d’autres préoccupations, confia le Capitaine.
Gwen déposa sa tasse sur le comptoir puis se tourna vers son supérieur. Ce dernier était de nouveau perdu dans ses pensées. La Galloise sentait qu’il en avait gros sur le cœur et elle ne savait pas comment l’aider. Pourtant, il fallait trouver un moyen de faire revenir l’agent Jones.
– Je sais qu’il te manque, Jack. Je n’imagine même pas continuer ce boulot sans lui.
– Moi non plus.
– Qu’aurait fait Ianto si c’était toi qui avais disparu ?
– Il n’aurait pas abandonné, souffla le leader. Il aurait cherché un dispositif pour ouvrir un vortex, continua-t-il, un soupir s’échappant de ses lèvres.
Gwen se rapprocha de l’immortel, prenant ses mains dans les siennes.
– Et c’est exactement ce que nous allons faire. Après le déjeuner, nous continuerons les recherches, même si pour cela nous devons retourner tout le local des archives, sourit-elle.
Jack lui rendit son sourire. Il était soulagé d’avoir la jeune femme à ses côtés. Seul, il aurait mis plus de temps à localiser un artéfact qui lui permettrait de créer une brèche dans la faille spatio-temporelle.
– J’ai commandé le repas, je monte attendre le livreur, lâcha-t-elle.
– D’accord. Sois prudente.
– Toujours, fit Gwen en quittant la pièce.
Jack la suivit des yeux jusqu’à la roue de fer qui se déverrouilla, laissant passer la Galloise. Il but une gorgée de son thé, grimaçant au goût acidulé. Cette boisson était loin d’être égale au nectar que lui préparait son compagnon, mais en attendant son retour, le Capitaine devait s’en contenter. Il saisit une viennoiserie sur le comptoir, puis quitta la cuisine pour retourner à son bureau.
En entrant dans la pièce, l’immortel jeta un regard à la cravate de Ianto qu’il avait laissé sur sa table de travail. Le jeune homme prenait grand soin de ses tenues et il aurait été contrarié de voir l’étoffe roulée en boule au milieu de la paperasse qui s’entassait en attendant que le leader les paraphe. Jack prit la cravate et la plaça sur le dossier de la chaise, là où le Gallois avait l’habitude de la poser lorsqu’ils étaient seuls.
L’immortel caressa la pièce d’étoffe du bout des doigts, se replongeant dans ses souvenirs. Durant toutes ces années, les membres avaient rapporté au centre de nombreux artéfacts tombés de la faille. Il devait bien y avoir un manipulateur de vortex parmi eux. Son intention était d’aller fouiller le local de l’agent Costello après le déjeuner. Ce lieu, laissé à l’abandon depuis le décès de Suzie, regorgeait d’objets divers. Ianto avait commencé à répertorier les articles, mais avec ses autres tâches, il n’avait pas eu le temps de ranger la pièce et d’inscrire tout son contenu dans la base de données.
Le Capitaine prit place dans son fauteuil, puis il activa la vidéo surveillance de l’office de tourisme. Gwen se trouvait dans le petit bureau et attendait la livraison de leur repas. La jeune femme avait les traits tirés et elle retenait à grand-peine ses larmes, ne voulant pas se laisser aller devant la caméra, persuadée que son supérieur était en train de l’observer.
Jack ne pouvait ignorer sa détresse et lorsque la Galloise passa l’accès menant au Hub, il quitta son emplacement et se dirigea vers la zone centrale, où l’agent apparut quelques minutes plus tard. Gwen posa les sacs sur la table basse puis elle ôta sa veste. L’immortel prit place à ses côtés et ils commencèrent à piocher dans les boîtes d’aliments. Le leader captait les pensées de la jeune femme et il se tourna vers elle.
– Dès que nous l’aurons trouvé, tu rentreras chez toi.
– Pourquoi ?
– Parce que tu es épuisée Gwen. Depuis quand n’as-tu pas eu une journée de repos ?
– Pas depuis ma lune de miel, reconnut-elle.
– Je suis persuadé que ton mari souhaite que tu ne passes pas autant de temps ici.
– Ne t’en fait pas pour lui, Rhys comprend la situation.
– Sait-il que Ianto a disparu ?
– Je ne pouvais pas lui cacher une nouvelle pareille. Il pourrait venir nous donner un coup de main après ses tournées, si tu es d’accord.
Le Capitaine prit quelques instants pour réfléchir, ne se sentant pas la force de refuser de l’aide alors qu’ils n’étaient plus que deux membres actifs. Jack espérait que les Weevils se tiendraient tranquilles tant que son compagnon se trouvait loin d’eux. Après le mariage de Gwen, l’immortel avait fait la paix avec Rhys. La Galloise avait besoin de stabilité et d’un foyer où un homme l’attendait tous les soirs. Une vie qu’il voulait avec Ianto avant que le destin les sépare. Jack ne se faisait pas d’illusions, il savait que la grande faucheuse lui ravirait un jour son amant, mais il priait pour que cela soit le plus tard possible.
– Au point où l’on en est, je n’y vois pas d’inconvénient, lâcha-t-il.
Gwen sourit, ravie que le dirigeant ait accepté qu’un civil entre dans leur univers. Son mari avait hâte de revenir à la base, n’ayant pas eu le temps de visiter le quartier général la seule fois où il avait mis les pieds au Hub. Jack était moins inflexible qu’au début de leur collaboration. Sa relation avec l’agent Jones avait largement contribué à le rendre plus… conciliant.
La Galloise avait vu le changement chez son supérieur qui semblait plus heureux depuis qu’il entretenait une liaison avec le plus jeune. Ce dernier l’était également et certainement très amoureux de l’homme du 51e siècle. Gwen avait eu des sentiments pour le Capitaine, seulement, elle avait compris qu’il ne serait jamais son compagnon. Il suffisait de voir les yeux de Jack briller lorsque le Gallois était près de lui, ce même regard que Rhys avait pour elle et qui lui donnait des frissons.
– Je vais l’appeler, fit-elle en saisissant son téléphone portable dans son sac.
Le leader continua à manger, laissant l’agent Cooper-Williams prévenir sa moitié. Au sourire qui s’afficha sur ses lèvres, l’immortel comprit que le correspondant accueillait la nouvelle avec plaisir et peut-être aussi soulagement. Jack pensa à son partenaire. Ce dernier avait pris une si grande place dans son cœur qu’il n’envisageait plus de vivre sans cet homme à ses côtés.
Auraient-ils également la chance de goûter au bonheur qui illuminait le visage de leur collègue ? Pourraient-ils avoir un lieu où se retrouver le soir, autre que la pièce sous son bureau où ils passaient la plupart de leurs nuits depuis quelques semaines ? Ianto avait, à plusieurs reprises, montré qu’il était prêt à partager plus qu’un lit, lui laissant de la place dans son armoire pour ces vêtements. Pourquoi n’avait-il pas emménagé chez l’agent Jones ? Qu’est-ce qui le retenait ?
***
Le retour se fit dans le silence. Owen était curieux d’en savoir plus sur le jeune homme assis à l’arrière du SUV. De temps en temps, il l’observait dans le rétroviseur et plusieurs fois il voulut le questionner, mais avait renoncé en croisant le regard du Capitaine. Ce dernier n’était pas prêt à révéler au médecin la nature de ses relations avec l’agent Jones.
Ce n’était pas encore d’actualité et livrer une information sur le futur n’était pas dans ses intentions. De plus, il voulait en apprendre plus sur le jeune homme, mais pour cela, il devait être seul avec Ianto. Ce dernier n’était pas dupe, il savait parfaitement à quoi s’attendre et n’était pas si pressé de se retrouver en tête à tête avec Jack qui n’était pas encore son Jack.
Le véhicule pénétra dans l’accès souterrain, puis stoppa à son emplacement sans que le Gallois prononce un mot. Combien de fois avait-il aidé le Capitaine et le médecin à boucler les Weevils ? Plus qu’il l’aurait pensé, cependant cette fois-ci c’était différent. Il n’était pas à sa place et même s’il était heureux de revoir ces anciens collègues, il voulait par-dessus tout retourner à la base d’où il avait été extrait.
Owen descendit du véhicule et il ouvrit la portière arrière, attendant que le jeune homme quitte l’habitacle pour les seconder, étant donné que les créatures avaient repris connaissance. Même ligotées, les bêtes à tête de loup restaient agressives et leurs morsures pouvaient être dangereuses.
– Tu nous donnes un coup de main. Jones ?
Ledit Jones leva la tête vers le docteur Harper qui le fixait. Perdu dans ses pensées, le Gallois n’avait pas prêté attention à la demande de son vis-à-vis qui attendait visiblement une réaction de sa part. Le Capitaine les observait captant les réflexions du médecin. Ce dernier voulait connaître les liens qui l’unissaient à Ianto.
– Tout va bien ?
– Oui.
– Tu semblais ailleurs, lâcha Owen. Alors, tu nous aides ?
– Bien sûr, fit le plus jeune en sortant du SUV.
Une fois les prisonniers enfermés dans les cachots, le docteur Harper se tourna vers le Gallois. Il avait vu les regards échangés avec le dirigeant de l’agence et il n’en pouvait plus d’attendre que l’un d’eux parle.
– Tu vas nous dire qui tu es, ou il va falloir que l’on te torture.
– Pardon ?
– Tu as bien entendu ! répliqua Owen. Et toi, fit-il en s’adressant au Capitaine, tu ne vas pas t’en tirer à si bon compte !
– Harper !
– Quoi ! Il y a quelques heures, tu voulais lui faire cracher le morceau et maintenant tu te comportes comme s’il faisait partie de notre équipe. Je reconnais qu’il est doué et visiblement ce n’est pas la première fois qu’il attrape ces bêtes, mais jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas membre de cette agence ! À moins que tu nous aies caché quelque chose ! Est-ce le cas ?
Le Capitaine était soufflé par la tirade de son subordonné. Ce dernier ne se préoccupait jamais de ce qui se passait autour de lui, à moins que cela ne le concerne directement. Combien de fois Jack avait-il cherché à l’impliquer dans l’organisation de l’institut depuis qu’il l’avait engagé, sans que le médecin y porte un quelconque intérêt ?
Là, Owen agissait comme si l’on avait empiété sur son territoire. Le Gallois cherchait un moyen de s’éclipser, sans y parvenir vu que la seule sortie se trouvait derrière le docteur Harper. Ianto croisa le regard de l’immortel, espérant que celui-ci lui viendrait en aide. Jack soupira fortement. Tout ce qu’il voulait était de passer une nuit tranquille, perché sur le toit d’un immeuble à contempler la cité illuminée, mais avec l’arrivée impromptue de l’agent Jones, il se retrouvait dans un imbroglio qu’il n’aurait pas souhaité à son pire ennemi.
A suivre…