Chapitre 7
L’immortel avait bien une idée, mais cela demanderait de la patience et du temps. Ramener auprès d'eux l’agent Jones était devenu sa priorité. Il allait devoir se pencher sur le module endommagé et tout entreprendre pour le faire fonctionner.
– Je vais essayer, lâcha-t-il.
– De quoi as-tu besoin ?
– Il y a des composants électroniques dans cette boîte, fit-il en désignant la caisse posée par terre.
La Galloise plongea ses mains dans le carton et en extirpa le contenu qu’elle plaça sur l’espace de travail. N’y connaissant rien en électronique, Gwen ne savait pas quels dispositifs pourraient aider le leader. Ce dernier avait bien quelques notions qui lui venaient de son passé d’agent du temps, cependant il n’avait jamais assemblé d’amplificateur d’ondes et regrettait l’absence de l’agent Sato qui excellait dans ce domaine de compétence.
Toutefois, le Capitaine ne renonçait pas même si la tâche lui semblait complexe. Il devait démonter le boîtier, ôter les composants défectueux et mettre à la place de nouveaux circuits, priant pour que le mécanisme fonctionne encore. Il n’avait droit qu’à un seul essai et le désir de revoir l’agent Jones le forçait à être attentif à ses gestes. La Galloise l’observait en silence, ne voulant pas gêner la concentration de l’immortel. Elle aussi espérait que ce dispositif permettrait de ramener le jeune homme auprès d’eux.
Les heures défilèrent sans qu’ils s’en rendent compte tant ils étaient tendus. Plusieurs fois au cours de l’entreprise, le leader faillit faire griller le modulateur générant la puissance requise pour ouvrir une brèche dans l’espace-temps. Gwen regarda l’horloge murale avant de se tourner vers son supérieur.
– Rhys ne va pas tarder, fit-elle en se redressant.
– Vous seriez mieux chez vous, lâcha-t-il en relevant les yeux du boîtier.
– Et te laisser tout seul ici ? N’y compte pas, nous resterons jusqu’à ce que Ianto revienne !
Jack n’eut pas le courage de renchérir, quand bien même il l’aurait voulu. La solitude ne lui pesait pas en général, mais depuis la mort de Tosh et Owen, il avait besoin d’avoir de la compagnie, même que pour quelques heures. Son amant lui manquait et il priait pour que ce dernier soit en sécurité. L’idée de le perdre avait effleuré son esprit, mais il avait vite balayé ses craintes. Le destin ne pouvait pas être si cruel.
Gwen lui adressa un sourire, soulagée que le Capitaine n’insiste pas pour qu’elle reparte chez elle avec Rhys. Une alarme retentit et ils virent le mari de l’agent Copper-Williams apparaître sur l’écran de surveillance devant l’entrée de l’office de tourisme. Ce dernier tenait une grande boîte de pizza entre les mains et attendait que sa femme vienne lui ouvrir.
– Pile à l’heure ! s’écria-t-elle en se dirigeant vers la sortie.
L’immortel la regarda franchir la roue de fer, puis il observa l’homme à l’écran. Rhys semblait nerveux, sans doute en raison de la disparition de l’agent Jones, à moins que revenir dans ce lieu le mît mal à l’aise. Il faut dire que la dernière fois, Jack n’avait pas été un hôte agréable et il avait fallu l’intervention de Ianto pour qu’il se montre plus aimable avec le fiancé de Gwen.
À ce moment-là, il entretenait des relations ambigües avec son subordonné, flirtant ouvertement avec lui sans pour autant avoir de relations intimes. Leur liaison avait débuté bien plus tard, après avoir transféré le corps de Suzie, une seconde fois, dans la crypte.
***
Le Capitaine se redressa, son visage se retrouvant à la hauteur de celui de l’agent Jones. Ce dernier, surpris, n’eut pas le temps de réagir que les lèvres du leader effleurèrent les siennes. Le cœur de Ianto battait à tout rompre dans sa poitrine, lui donnant le tournis. Instinctivement, il entrouvrit la bouche, laissant la langue de Jack caresser sa jumelle doucement avant de s’enrouler autour d’elle. Les mains de l’immortel se posèrent sur sa taille, les rapprochant un peu plus alors qu’il approfondissait le baiser.
Le Gallois savait que c’était mal et qu’il devait mettre fin à l’échange buccal, mais le leader avait toujours réussi à lui faire perdre ses moyens lorsqu’il l’enlaçait de la sorte. Lorsqu’il se sentit à l’étroit dans son sous-vêtement, Ianto repoussa doucement, mais fermement son vis-à-vis. Jack se résigna à relâcher le jeune homme, son regard se perdant quelques instants dans l’azur de celui de l’agent Jones.
– Je… n’aurai pas dû, fit-il avant de se rassoir dans son fauteuil.
Pourquoi n’avait-il pas réfréné ses pulsions ? Cette question vint s’immiscer dans son esprit d’immortel alors que Ianto restait immobile, ne sachant quoi dire ou faire après la déclaration du Capitaine. Était-il dérouté par le geste du leader, sans aucun doute, néanmoins il avait apprécié. Cependant, le Gallois savait que ce n’était pas correct vis-à-vis de son amant et qu’il devrait garder ses distances, car l’homme assis près de lui était Jack sans être son Jack. Tout cela devenait compliqué à gérer et il avait hâte de retrouver son quotidien.
– Nous devrions y aller, lâcha-t-il en s’éloignant du dirigeant.
L’immortel n’avait aucune envie de faire face aux membres de son équipe, pourtant il leur devait bien une explication. Donner trop de détails amènerait d’autres questions auxquelles le leader n’avait pas prévu de répondre. Pourquoi avait-il fallu que Suzie fasse des expériences sans avoir au préalable demandé son aval ? La faille était instable et laisser les humains la manipuler sans savoir la contrôler était dangereux. Il y avait déjà bien assez de visiteurs sur Terre ! L’homme du 51e siècle inspira profondément, puis se leva.
– Harper ne va pas lâcher le morceau si facilement.
– Owen n’est pas le problème, celle qui te doit des explications est Suzie, releva le Gallois.
– Dire que je lui faisais confiance, lui laissant accès à tous les objets et armes qui proviennent de la faille.
Jack s’approcha de l’agent Jones tout en restant à une distance raisonnable.
– Ai-je raison de la garder dans l’équipe ?
– Je ne… Il y a trop de paramètres qui peuvent modifier l’avenir.
– Ta présence ici influe déjà sur le futur… notre futur.
– Je le sais, souffla Ianto. Cependant, il existe un moyen pour éviter de…
– Tu n’y penses pas ! le coupa-t-il.
– As-tu une autre solution ?
– Non, avoua le leader au bout de quelques secondes.
– C’est le mieux pour eux… pour toi.
– Tu veux que je t’oublie également ?
– Oui. Ce n’est pas comme si cela changera grand-chose pour nous. Il n’y a pas d’autre alternative.
Jack soupira, il devait faire en sorte que les agents n’auraient plus aucun souvenir du passage de Jones en leur administrant du Retcon. Pourtant, l’immortel n’avait pas envie de l’effacer de sa mémoire, même s’il savait que ce n’était que partie remise. Sa seule consolation dans cette affaire était qu’un jour il ferait la rencontre de Ianto, sans savoir que cela n’aurait rien d’un conte de fées et qu’ils devraient affronter plusieurs obstacles avant d’être réunis. Le Gallois avait un avantage sur lui, connaissant déjà leur déroulement de leur histoire.
Le docteur Harper commençait à s’impatienter, regardant sa montre toutes les minutes comme si ce geste allait faire venir plus vite les deux hommes. La Japonaise était également désireuse de connaître le fin mot de l’histoire. L’agent Costello, sentant l’étau se resserrer autour de sa personne, stressait. Devait-elle avouer avant d’être accusée, se demandait Suzie lorsque la porte s’ouvrit soudainement, laissant apparaître le Capitaine et le jeune homme. Ce dernier la fixait, la rendant encore plus anxieuse sur son sort. Dans quelques minutes, le couperet tomberait et son avenir serait compromis à cause de cet incident !
– Vous voilà enfin ! Lança le médecin.
Owen prit place autour de la table et attendit que le leader en fasse autant, Ianto s’installa au côté de l’immortel, voulant avoir une vue sur l’ensemble des membres de l’organisation. Même s’il aurait aimé être à mille lieues de cette pièce, le Gallois gardait son calme, s’emporter ne servirait pas à grand-chose dans le cas présent. Ianto ignorait comment, mais il était sûr que les membres de l’équipe l’aideraient à retourner dans son espace-temps lorsqu’ils sauraient la vérité sur lui.
– L’agent Jones va faire partie de cette équipe dans un avenir plus ou moins proche, déclara le leader. Quand ? Je l’ignore, et cela n’a pas d’importance, le fait est qu’il est parmi nous à cet instant et qu’il ne devrait pas se trouver là.
Jack laissa quelques minutes à ses subordonnés pour intégrer l’information, captant leurs réflexions au passage. Il comprenait leurs craintes légitimement justifiées et était prêt à répondre à certaines de leurs questions, sachant que les agents ne s’en souviendraient plus une fois que cette affaire serait réglée.
– Comment a-t-il fait pour entrer dans la base ?
– Par un vortex, et avant que tu t’enflammes Owen, je tiens à préciser qu’il n’est pas responsable de cet incident. N’est-ce pas Suzie ?
Tous les regards se tournèrent vers la jeune femme qui n’en menait pas large.
– Qu’as-tu fait ? interrogea le médecin.
– Je ne savais pas, bredouilla l’agent Costello, ça c’est passé si vite, finit-elle dans un souffle.
– Bon sang Suzie à quoi tu pensais ! tonna son collègue. Tu imagines le désastre si un autre que lui était apparu au beau milieu du quartier général ! Tu es irresponsable !
Le Capitaine attendit quelques instants avant d’intervenir, observant les réactions des hommes et femmes autour de la table. Les deux autres membres étaient déconcertés par l’attitude de leur collègue. Cette dernière savait que leur activité comportait des dangers et pourtant elle n’avait pas hésité à leur faire courir des risques en ouvrant une brèche dans l’enceinte de la base !
Le Gallois restait également silencieux, se souvenant de son arrivée parmi eux. Il avait dû mentir pour pouvoir intégrer cette équipe soudée et n’était pas fier de ses actes. Son regard croisa celui de la Japonaise. Tosh était celle dont il avait été le plus proche après l’expédition dans la campagne galloise, à l’exception de l’immortel qui l’avait aidé à reprendre pied après sa traumatisante expérience avec les villageois cannibales.
Le leader tapa du poing sur la table, attirant l’attention de ses subordonnés. Il était temps de faire la lumière sur cet incident. Tout d’abord, il devait examiner l’artefact pour savoir s’il était en état de marche, et ensuite activer les commandes qui permettraient de renvoyer l’agent Jones chez lui. Seulement, avant d’exécuter la procédure, il devait être sûr que Ianto retournerait bien à son point d’origine. Son regard se posa sur la jeune femme qui se tordait les mains, s’attendant à être virée sur le champ.
– Où se trouve-t-il ?
– Dans l’atelier.
– Va le chercher. Et ne t’avise pas de quitter le centre !
Puis reportant son attention sur les deux autres membres il poursuivit :
– Nous allons devoir nous pencher sur la manœuvre à effectuer pour renvoyer l’agent Jones. Tosh, j’aurai besoin des enregistrements des dernières heures et des données sauvegardées dans le serveur…
– Minute, le coupa Owen. Je te signale que nous ne contrôlons pas la faille et que nous n’avons aucune idée de ce qu’elle pourrait rejeter si nous ouvrons un passage.
– Nous n’allons pas prendre de risque, c’est pour cela que j’ai besoin des relevés. Lorsque le vortex a été activé, des ondes ont circulé dans le bâtiment, et il en reste des traces. Nous allons devoir reproduire les émissions d’énergie temporelle avec le manipulateur que Suzie a activé.
– Comment ? s’inquiéta l’informaticienne.
Le Capitaine ne voulait pas livrer trop de détail, mais il savait que la Japonaise ne lâcherait pas l’affaire si facilement. L’agent Costello réapparut avec l’objet incriminé et le déposa devant son supérieur, avant de reprendre sa place. Ce dernier l’examina brièvement, reconnaissant le module, puis il détacha le bracelet qu’il avait autour du poignet et le plaça sur la table, découvrant ainsi le mécanisme aux yeux des agents.
– Ceci est un manipulateur de vortex, lâcha-t-il, conscient de l’impact de cette information sur les personnes présentes. La commande de téléportation est endommagée, cependant ce sont les mêmes circuits électroniques que ceux du boîtier, ajouta-t-il en le désignant.
– C’est aussi un manipulateur ? interrogea la Japonaise.
– C’est un amplificateur d’ondes qui permet de générer un flux suffisant pour ouvrir un vortex, ce module est un complément du bracelet, mais il peut aussi être utilisé seul s’il possède assez de puissance et vu ce qui s’est passé, je pense qu’il l’est.
– Comptais-tu nous en parler ? interrogea le docteur Harper suspicieux, en désignant le bracelet du Capitaine.
– À vrai dire, non, déclara le leader en soutenant le regard du médecin.
– Tu étais au courant ? demanda Tosh en s’adressant au jeune homme, et sans lui laisser le temps de répondre, elle poursuivit : alors, tu as voyagé dans le temps… incroyable !
– C’est la première fois, intervint Ianto. Ouvrir un passage entre deux univers est dangereux et nous savons quelles conséquences peuvent en découler…
L’agent Jones se rendit compte qu’il en avait trop dit en voyant la mine étonnée de ses anciens collègues. Le Capitaine qui l’observait attentivement captait les pensées du Gallois. Ainsi, ils avaient ouvert volontairement une brèche spatio-temporelle. Pourquoi ? Venant du 51e siècle, Jack était le seul parmi eux qui savait que cela pouvait conduire à l’anéantissement de la planète bleue si des créatures extra-terrestres avaient libre accès à la Terre.
Loin d’être impressionnée par la réponse de son vis-à-vis, l’informaticienne poursuivit son interrogatoire, voulant en savoir plus sur l’avenir. Ianto resta évasif, ne donnant que des détails sans conséquence, sachant pertinemment que les personnes présentes les oublieraient une fois qu’il serait parti. Le leader, ne souhaitant pas aborder certains sujets en présence des membres de l’équipe, décida de mettre fin à la réunion.
– Bien, maintenant que vous êtes au courant, au travail !
Les agents s’apprêtaient à quitter la pièce lorsque le Capitaine fit signe à son second de rester. Suzie pensait que le Gallois interviendrait en sa faveur, maintenant que son identité était connue, mais ce dernier ne voulant pas s’interposer entre elle et le dirigeant suivit le médecin et la Japonaise. Jack avait besoin de réponses que seule Suzie pouvait lui donner.
Avant cet incident, Ianto n’avait jamais entendu parler d’un manipulateur de vortex autre que celui que l’immortel avait en sa possession. Il espérait que ceux restés dans son présent retrouveraient l’objet en question, persuadé qu’il était toujours entreposé à la base. Il savait également que son amant n’abandonnerait pas avant d’avoir trouvé un moyen de le ramener près de lui.
***
Rhys Williams appréhendait sa rencontre avec le dirigeant de Torchwood. Il ne savait pas quoi lui dire et après réflexion, il se demandait si c’était une bonne idée de se mêler de leur activité. Il ne savait pas tirer et encore moins tenir une arme à feu. Pourquoi Gwen s’entêtait-elle à rester dans cette organisation ?
La mort rôdait autour d’eux tel un vautour et les derniers évènements le confortaient dans son opinion. L’agent Jones était jeune et avait déjà vécu tant d’atrocités. Qui serait le prochain à disparaître ? Le Gallois sentit une pression sur son bras et il tourna la tête vers sa femme.
– Comment va-t-il ?
– Jack tient le coup. Il a trouvé un mécanisme qui va nous aider à retrouver Ianto. J’espère que cela marchera.
– Et si cela échoue ?
– Il aura besoin de nous…
Gwen se tut lorsque les portes de la cabine s’ouvrirent sur le sas qu’ils franchirent quelques instants plus tard, accédant ainsi au quartier général. Le Capitaine salua Rhys d’une ferme poignée de main, le remerciant de leur prêter main-forte. Le mari de l’agent Cooper-Williams fut agréablement surpris par son accueil chaleureux étant donné les circonstances. Il déposa la boîte de pizza sur la table basse puis s’installa sur le canapé. La Galloise se rendit à la cuisine et revint avec des serviettes en papier et des boissons fraîches qu’elle avait placées sur un plateau.
– Gwen dit que vous aviez trouvé une solution pour ramener monsieur Jones.
– Oui, il ne reste plus qu’à réparer le module et prier pour qu’il génère assez de puissance.
Jack prit quelques secondes avant de poursuivre, se rendant compte que son interlocuteur ne devait pas saisir de quoi il parlait. Il est vrai que cette technologie n’existait pas encore au 21e siècle et que son utilisation avant l’heure pouvait être perçue au mieux comme de la science-fiction.
– C’est un amplificateur d’ondes qui émet des variations identiques à celles générées lors de l’ouverture d’un vortex. Relié à mon bracelet, ce module me permettra de recréer les fluctuations enregistrées au moment de la disparition de Ianto.
– Et ça va fonctionner ?
– Je l’espère, lâcha le Capitaine.
– Si j’ai bien compris, ce module et ton bracelet viennent de la même époque.
– Oui Gwen. J’ignore comment cet amplificateur d’ondes est arrivé ici, et cela importe peu, l’essentiel est que ce boîtier va pouvoir nous servir.
La jeune femme ne renchérit pas, persuadée que son supérieur arriverait à réparer le module. Elle avait bon espoir de revoir l’agent Jones et de pouvoir le serrer de nouveau dans ses bras, se doutant que c’était également de désir du Capitaine. Après avoir fini leur part, la Galloise ramassa la boîte vide et la jeta à la poubelle puis se dirigea vers la cuisine, suivie par son mari qui transportait les bouteilles vides.
Jack espérait que l’alarme ne retentirait pas durant les prochaines heures parce qu’il ne voulait pas perdre de temps à poursuivre des créatures à travers la cité. Rhys, installé à nouveau sur le canapé, observait les lieux attentivement, ébahi par la surface qui s’étendait sous ses yeux. Le cri du chien de garde le fit sursauter et son regard se perdit vers le sommet de la tour de verre.
– Je vais la libérer, annonça l’immortel.
– Crois-tu qu’il est prudent de le faire maintenant ? s’inquiéta Gwen.
– Il le faut bien, répliqua Jack, ne t’en fais pas, Myfanwy ne va pas vous attaquer.
Rhys restait silencieux, curieux de voir le fameux reptile volant dont sa femme avait si peur. Il allait enfin apercevoir une créature d’un autre temps. Il quitta la banquette sous le regard inquiet de sa compagne. Le Capitaine se rendit sur la plate-forme cimentée où il pouvait agir en toute sécurité. Une pression sur son bracelet annula le champ de force protégeant le Hub du chien de garde et ce dernier plongea vers la base de la tour poussant des cris stridents qui se répercutèrent contre les parois de l’édifice, faisant frissonner Gwen. L’immortel lança le contenu d’un seau par terre.
– Incroyable ! s’écria Williams
Rhys restait en retrait, observant le reptile piquer dans les carcasses de poisson avec son bec. Le Capitaine reculait lentement, gardant les yeux sur l’animal qui pouvait le déchiqueter à tout instant s’il n’y prenait pas garde, car, même nourri, le ptérodactyle restait dangereux.
– D’où vient-il ? demanda le Gallois.
– Nous ne savons pas, c’est Ianto qui l’a trouvé dans un hangar. Il a traversé un vortex et a échoué ici.
– Comment l’avez-vous attrapé ?
– Avec une seringue, une tablette de chocolat et de la ruse…
L’immortel sourit, se souvenant de la capture du reptile volant. Il avait décidé d’engager le Gallois, après avoir roulé avec lui sur le sol poussiéreux, évitant d’être écrasé par le ptérodactyle lors de la chute du reptile. Ensuite, il avait flirté ouvertement avec le nouveau venu, jusqu’à ce qu’il apprenne l’existence de la femme cybernétique. Cette nuit-là, Jack avait failli commettre l’irréparable et il avait fallu l’intervention des autres membres pour qu’il n’ôte pas la vie à l’agent Jones. Cet incident avait montré au Capitaine que les apparences pouvaient être trompeuses et que l’homme docile qu’il avait pris sous son aile n’était pas si inoffensif qu’il le pensait.
– Pourquoi du chocolat ?
– Il faudra le demander à Ianto.
Rhys ne renchérit pas, ne voulant pas raviver la peine de son hôte. Il comprenait que la disparition du jeune homme peu de temps après celles de l’informaticienne et du médecin était une épreuve pour le leader. Un regard à sa femme lui indiqua qu’il avait eu raison de ne pas poursuivre sur le sujet. Il aurait bien l’occasion d’en reparler au principal intéressé lorsqu’il serait de retour parmi eux.
A suivre…