J'arrive petit à petit à la fin de mon reclassement, cette antépénultième fiction était destinée à Finleysf.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Léonard Freeman, Alex Kurtzman, Roberto Orci, Peter M. Lenkov. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Parce que
- Si c’est vraiment ce que tu penses, alors il vaut mieux qu’on arrête là !
La réplique de son amant coupa net la diatribe de Danny qui lui jeta un regard affolé. Arrêter là ? Mais arrêter quoi ? Arrêter de se voir, de s’aimer ? Comment pourrait-il jamais réussir à se passer de sa présence, de son corps, de tout ce qui l’aimait chez lui, tout ce qui l’énervait aussi ?
Soudain il s’aperçut qu’il était, une fois de plus, une fois de trop peut-être, allé un peu loin dans ses reproches. Mais aussi, pourquoi fallait-il que Steve arrive toujours à le mettre hors de lui ?
- Tu voudrais me quitter ?
- Non je ne le veux pas ! Mais on dirait que toi, c’est ce que tu veux ! Et je ne comprends pas pourquoi !
Parce que t´as les yeux bleus
Que tes cheveux s´amusent à défier le soleil
Par leur éclat de feu
- Pourquoi réagit-on comme cela amour ? Pourquoi arrive-t-on à se faire tant de mal alors que je t’aime comme un fou ?
- Je t’aime aussi, balbutia le lieutenant en se lovant dans les bras de son amant.
Pourquoi ? C’était la question à un milliard de dollars ? Pourquoi ?
Parce que tu es vivant (1)
Que tu croques la vie comme en un fruit vermeil
Que l´on cueille en riant
Leur histoire n’avait certes pas commencé sous les meilleurs auspices qui soient : rencontrer la personne que l’on va aimer au bout d’une arme n’est, a priori, chez tout individu doué d’un minimum de raison, la façon la plus académique de nouer une relation.
Mais petit à petit l’amitié avait remplacé la méfiance première, puis l’amour avait finit par avoir raison de l’amitié.
Ca ne s’était certes pas fait en un jour et bien souvent ils s’étaient heurtés, parfois violemment, luttant contre ce qui les poussait l’un vers l’autre, chacun aussi interloqué et terrorisé de découvrir chez lui quelque chose qu’il avait ignoré, ou voulu ignorer jusque là.
C’était Steve qui, le premier avait franchi le pas. Danny avait eu plus de mal, notamment à cause de Grace. Combien de fois alors avait-il fait mal à celui qui n’était pas encore son amant par un regard, une réflexion, un pas en avant suivi de trois en arrière ?
Tu te crois tout permis et n´en fait qu´à ta tête
Désolé un instant prêt à recommencer (2)
Tu joues avec mon cœur comme un enfant gâté
Qui réclame un joujou pour le réduire en miettes
Steve avait su se montrer patient. Il avait compris combien il était difficile pour son lieutenant préféré de s’avouer ce qu’il avait enfoui si profondément au fond de lui qu’il ne pensait pas pouvoir un jour le révéler aux yeux de tous.
Il avait attendu, se contentant d’opposer à l’homme qu’il aimait une attention continue, une tolérance bien peu dans son tempérament fougueux et ce malgré les petites blessures qui venaient le piquer au cœur comme autant d’aiguilles.
Parce que j´ai trop d´amour
Tu viens voler mes nuits du fond de mon sommeil
Et fais pleurer mes jours
Et puis les choses avaient semblé se normaliser : Danny avait réussi à franchir ce pas qui les séparait, à affronter cette nouvelle image de lui, d’eux…
Bien évidemment, pour le moment, leur liaison restait secrète : le blond n’était vraiment pas prêt à avouer ce changement de cap radical et le brun n’était pas tout à fait sûr d’être prêt à le faire.
Malgré ce secret, tout aurait pu être magnifique entre eux, mais les colères de Danny, ses hésitations, ses reproches de plus en plus fréquents finissaient par peser sur le cœur du commandant. Son amour suffirait-il toujours à colmater les brèches qu’ouvraient les scènes que lui faisait l’homme qu’il aimait ?
Mais prends garde, chéri, je ne réponds de rien
Si ma raison s´égare et si je perds patience
Je peux d´un trait rayer nos cœurs d´une existence
Dont tu es le seul but et l´unique lien
- Pardon ! Pardon !
Danny pleurait maintenant en découvrant l’ampleur du mal qu’il avait fait à son amant. Cette dernière scène avait fait s’effondrer les défenses du marine et il découvrait soudain que l’homme d’airain était tout aussi humain que lui, avec les mêmes peurs, les mêmes doutes, les mêmes angoisses…
Comment n’avait-il pas compris plus tôt ce que cette apparente solidité cachait de fragilité, d’appréhension ? A l’âge où on apprend à s’ouvrir au monde, Steve avait dû cacher ses sentiments, apprendre à ne jamais, jamais montrer la moindre faiblesse. Mais pour autant il restait un homme de chair et de sang, un homme qu’un mot pouvait faire souffrir, quand bien même il se refusait à l’afficher.
Pourquoi n’avait-il pas compris plus tôt ?
Parce que je n´ai que toi
Le cœur est mon seul maître et maître de mon cœur
L´amour nous fait la loi
Quelle était cette peur qui conduisait ses pas, cette lâcheté qui lui dictait ses actes ? Quelle était cette colère qui le consumait quand il aurait dû être heureux ?
Il savait que tout cela venait de sa terreur d’affronter une nouvelle vie, une vie à laquelle rien ne l’avait préparé. Il avait toujours eu peur des regards des autres, toujours tout fait pour ne pas sortir du rang. Comment accepter aujourd’hui d’être « différent » ? Qu’en diraient leurs amis ? Et Grace ? Grace ?
Mais cette peur qui le rongeait n’était rien auprès de celle que venait de soulever son amant en prononçant ces deux mots : « arrêter là » !
Parce que tu vis en moi
Et que rien ne remplace les instants de bonheur
Que je prends dans tes bras
« Arrêter là » !
Arrêter de lui sourire, de tenir sa main lorsqu’on ne les regardait pas, arrêter d’embrasser cette bouche tentante, arrêter de caresser ce corps magnifique !
« Arrêter là » !
Arrêter de ressentir cette douce sensation de plénitude lorsqu’ils s’étaient unis et que, dans les draps humides, ils se lovaient l’un contre l’autre. Arrêter de penser à lui lorsqu’il n’était pas là, de rêver de lui les week-end où la présence de Grace l’empêchait de le rejoindre ?
« Arrêter là » !
Autant arrêter de se nourrir, de s’abreuver, de respirer.
Autant arrêter de vivre !
Je ne me soucierai ni de Dieu, ni des hommes
Je suis prêt à mourir si tu mourrais un jour
Car la mort n´est qu´un jeu comparée à l´amour
Et la vie n´est plus rien sans l´amour qu´elle nous donne
- Je ne veux pas qu’on arrête ! Jamais ! Je t’aime !
- Alors si tu m’aimes, pourquoi me fais-tu, NOUS fais-tu tant de mal ?
- Parce que j’ai peur, peur comme jamais !
- Tu as peur de ce qu’on pensera de toi parce que tu es gay ?
- J’ai surtout peur qu’un jour tu partes !
- Je n’ai pas l’intention de partir.
- Peut-être pas partir de ton plein gré ! Mais tu es tellement téméraire, toujours prêt à te jeter au-devant du danger. Que deviendrai-je s’il t’arrivait quelque chose ?
Parce que je suis au seuil
D´un amour éternel je voudrais que mon cœur
Ne portât pas le deuil
Il avait enfin osé le dire, finalement réussi à l’exprimer cette angoisse profonde qui le ligotait depuis le début de leur liaison. Chaque matin il se levait avec cette incertitude : son amant serait-il encore à ses côtés le soir ? Et chaque soir il soupirait de soulagement plus que de contentement de le retrouver, parfois un peu cabossé, un peu égratigné, mais vivant, vivant !
Il était prêt à affronter le monde entier et même l’au-delà pour défendre ce nouvel amour mais comment réussir à affronter cette terreur de perdre celui qui avait capturé son cœur comme personne avant lui n’avait pu le faire. Même l’amour qu’il avait éprouvé pour Rachel paraissait tiède à côté de cette lave qui le parcourait quand il pensait à Steve !
La peur rend fébrile, la fébrilité rend amer, l’amertume rend injuste et l’injustice déclenche la colère. Soudain il comprenait.
Parce que
Parce que
Parce que
Doucement sa main vint épouser le visage tant aimé comme pour en redécouvrir le contour et son pouce essuya tendrement une unique larme qui avait roulé là, témoin du bouleversement de cet homme qui ne pleurait jamais.
- Ca n’arrivera plus Babe, plus jamais. Maintenant je sais ce que je veux, et je suis prêt à prendre le risque de te perdre un jour. Tout plutôt que te perdre maintenant.
- Tu ne me perdras jamais amour ! Jamais ! Je serai toujours là pour toi !
En plongeant ses yeux dans les prunelles de l’homme qu’il aimait, Danny comprit qu’il était sincère, plus qu’il ne l’avait jamais été peut-être et son cœur fit un bond dans sa poitrine.
Il aurait voulu que le temps s’arrête, à ce moment précis où leurs âmes se trouvaient enfin et où ils comprenaient que quoi qu’il arrive, quoi que leur réserve l’avenir, leur amour ne s’éteindrait jamais.
Il savait que désormais, cet amour ils le vivraient au grand jour et tant pis pour les regards des autres, tant pis pour ceux qui ne comprendraient pas !
Lui et Steve c’était une évidence, un cadeau du ciel et on ne refuse pas les présents de cette sorte.
- Je t’aime ! balbutia-t-il.
La bouche qui écrasa la sienne, le corps qui se pressa contre le sien, la main qui parcourut sa peau enfiévrée lui répondirent mieux que les serments que lui susurra son marine tandis qu’il l’aimait comme si c’était la première fois.
FIN
Chanson de Charles Aznavour
(1) : paroles originales :
Parce que tu as vingt ans
(2) : paroles originales :
Désolée un instant, prête à recommencer