Stargate SG1 / Alex / Jack & Sam / PG13

"On dirait que quelqu'un a bien fait ses devoirs !" lança Jack, ravi de voir Kinsey fuir face à la Sénatrice.

Elle se tourna vers lui, le détailla avec ses yeux verts brillants et déclara : "Certains parmi nous, Colonel, se donnent du mal pour défendre ceux qu'ils aiment."

Je pense que le Colonel avait bien saisi le sous-entendu. Il avala sa salive avec peine et du coin de l'oeil, je vis Sam baisser la tête. Daniel, en bon diplomate, relança le sujet de Kinsey.

"Merci Madame la Sénatrice de nous avoir débarrassé de lui."

"Je n'ai pas réussi à joindre le Président Hayes depuis son arrivée, malgré mes tentatives" soupira Hammond.

D'un geste il invita tout le monde à s'asseoir et il passa ses mains sur son crâne chauve. Il était las de ce combat et je le comprenais parfaitement - certains jours, je ne l'enviais vraiment pas !

Ma mère resta debout et Jack suivit son regard, à travers la vitre de séparation. Il la guida doucement, d'une main dans le dos, pour qu'elle se rapproche de notre Merveille.

"Je vous préviens, on peut rester là pendant des heures" lui glissa-t-il à l'oreille.

"C'est impressionnant !" dit la Sénatrice.

"Et encore, elle est inactive" dit Sam, se joignant à eux. En bonne spécialiste, elle expliqua à ma mère la composition de la Porte, ses deux anneaux dont seul un était mobile, les chevrons, le DHD maison, le "kawoosh", les combinaisons, etc.

"Est-ce que "Kawoosh" est un terme scientifique, Major ?" demanda ma mère en riant.

Sam l'imita, tout en répondant : ”Non, mais c'est un terme assez bien trouvé. Disons que c'est renversant et la première fois qu'on le voit, on recule tous d'un pas."

Ma mère dévisagea toutes les personnes présentes dans la pièce et ils hochèrent tous la tête pour confirmer, même moi.

"J'aimerais voir ça de mes propres yeux."

"Justement, SG12 doit faire son rapport quotidien dans quelques minutes, si vous voulez bien me suivre, Madame la Sénatrice" invita Hammond.

Il la fit descendre en salle de contrôle et SG1 suivit. A l'heure prévue, la Porte s'activa et ma mère resta figée face au spectacle - toujours très impressionnant. Quand la flaque se forma, instinctivement, la Sénatrice recula d'un pas. Elle était fascinée par cet engin et par la lumière bleutée qui était produite.

Nous la regardions tous avec fierté, ma mère n'avait masqué ni son étonnement ni son admiration pour la Porte.

"C'est tout bonnement fascinant ! S'habitue-t-on réellement un jour à ce spectacle ?"

"Non, Madame !" dit malicieusement Daniel.

Après le rapport de SG12, le Général Hammond nous invita tous à partager un déjeuner peu formel au mess. Ma mère accepta mais demanda une faveur à Hammond.

"J'ai rendez-vous à la Maison-Blanche, j'aimerais appeler le Président pour le prévenir du contretemps.”

Hammond la guida vers son bureau et invita SG1 à les devancer au mess, ce que bien entendu, aucun d'entre nous n'était disposé à faire.

"Hammond a essayé de joindre Hayes toute la matinée sans succès, si elle y arrive du premier coup, je veux voir ça ! Et je meurs d’envie de savoir ce qu’elle va lui dire de Kinsey !” s'exclama Jack, comme un gamin surexcité.

"Mon Colonel !" gronda gentiment Sam.

"Quoi, Carter ? Vous n'êtes vraiment pas curieuse ?" lança Jack, plongeant dans ses yeux bleus et à ma grande surprise, il lui fit un clin d’oeil.

Sam rougit mais sourit en baissant la tête. Jack nous guida en silence vers la porte du bureau d’Hammond, sur laquelle nous avons tous collé une oreille. Teal’c étant le plus grand, il était tout en haut, juste sous lui, se tenait le Colonel puis Daniel. Comme J’étais la plus petite, j’étais à quatre pattes pour écouter également et Sam, au départ réticente, se glissa entre le Docteur Jackson et moi.

J’étais sûre que nous étions ridicules ainsi, tous les cinq, les uns au-dessus des autres. A un moment, Daniel se déplaça un peu et m’écrasa les doigts. Je me retins de hurler et Sam lui colla son poing dans la jambe, pour le faire bouger.

D’un seul coup, la porte s’ouvrit et le Général Hammond nous toisa sauf qu’avec le ”choc” nous sommes tous tombés - enfin les quatre autres sont tombés sur moi.

Encore un peu et je suis sûre qu’on ressemblait au Scooby-Gang tombé face à face avec le fantôme de l’épisode du jour !

Dans la pièce, Madame la Sénatrice se tenait debout, à côté du bureau : une main sur la hanche, les mollets croisés avec un de ses orteils relevés, son pied en équilibre sur le talon pointu de sa chaussure. Son autre main, la droite, reposait sur le bureau, non pas à plat mais plutôt comme une araignée, les doigts écartés. Elle aussi nous toisait de sa hauteur avec son air le plus sévère.

Nous avons tous relevé la tête, en même temps, en commençant par ses pieds et remontant le longs de ses jambes galbées. Jack sembla les détailler avec plus de minutie que les autres, il appréciait le spectacle. 

Une voix nous parvint depuis le haut-parleur du téléphone rouge : ”Mary, Mary ? Vous êtes toujours là ?”

”Oui, Henry, je suis là. Je voulais juste vous prévenir que je vais déjeuner avec le Général Hammond au SGC. Je serais à la Maison-Blanche ce soir, pour le dîner si ça vous convient ?”

Mes équipiers de SG1 semblèrent surpris par l’utilisation du prénom du Président, ils ouvrirent de grands yeux. Jack et Daniel répétèrent silencieusement son prénom ”Henry ?”

”Mary, j’aurais pensé que vous me feriez des infidélités avec votre époux, pas que vous me laisseriez tomber pour le Général Hammond” dit Henry Hayes, pour taquiner ma mère.

Elle sourit et répondit sur le même ton : ”Que voulez-vous Henry ? J’avais envie de voir la Porte et aussi de me débarrasser de Kinsey, j’ai fait d’une pierre deux coups !”

”Oh non ! Je sens qu’il va débarquer dans mon bureau pour se plaindre ! Encore !”

”Si vous vous étiez débarrassé de lui comme je vous l’avais dit, ça ne serait pas un problème, Henry !” gronda ma mère. ”Vous vous rendez compte qu’il vient martyriser le personnel de cette base, exigeant un droit de regard sur leurs activités off world et allant jusqu’à pirater leur base de données ! Pouvez-vous vraiment laisser vos hommes endurer ça ?!”

"Mary" soupira le Président, "Je sais bien mais je ne peux pas le virer comme ça, il serait encore pire après. Je pare au plus urgent pour le moment."

Ma mère grimaça, elle ne semblait pas convaincue par les paroles de son vieil ami mais décida sans doute de ne pas se battre avec lui, par téléphone, en présence de témoins.

"Je vous vois ce soir au dîner. Au fait, James est arrivé."

"A ce soir, Henry" dit simplement ma mère puis Hammond raccrocha pour elle. Ma mère avait la mine sombre mais elle se secoua intérieurement et décida qu'il était d'aller se restaurer.

Au mess, j'aperçus Fred avec nos amis et leurs tuteurs respectifs. En principe, quand je n'étais pas en déplacement avec SG1, je déjeunais avec eux ou Fred se joignait à nous - mais aujourd'hui, escortée du Général Hammond en personne ainsi que d'une sénatrice des Etats-Unis (oui, les nouvelles vont vite dans cette base, tout le monde savait qui elle était), je ne leur fis qu'un rapide signe pour les saluer. Fred avait compris ma gêne et me sourit sans pour autant bouger de sa place.

J'aurais été mortifiée de devoir présenter mon petit-ami à ma mère en plein milieu du réfectoire, devant SG1 en prime - donc sa décision de se tenir à l'écart me convenait, elle me rassurait même un peu sur ses intentions. S'il se servait de moi pour obtenir des faveurs ou ses entrées dans la sphère politique, il serait venu se présenter à ma sénatrice de mère, sans tenir compte de ce que je voulais... Non ?

Le chef n'avait pas eu le temps de préparer un menu très élaboré et ma mère avait décidé que ça ne la gênait pas. Sous les yeux des militaires, médusés, elle attrapa un plateau dans la pile et se servit une entrée, un plat et une part de tarte aux pommes, comme le commun des mortels. Ceci dit, 1/ c'était un humain ordinaire, donc ça n'avait rien de surprenant et 2/ elle venait de se mettre, consciemment ou non, tout le SGC dans la poche en ne faisant aucune manière.

"La tarte aux pommes est, ici, mon dessert préféré, Madame la Sénatrice" lui dit Jack, pendant que nous prenions place autour d'une table.

"Je sais" répondit-elle, avec malice. Ses yeux pétillaient quand elle lançait une phrase anodine, dans le but de surprendre son interlocuteur.

"Comment savez-vous ça, Madame ?"

"J'ai pris la liberté de feuilleter quelques rapports de mission, quand le Président Hayes m'a mise dans la confidence du projet Stargate. Et votre folle aventure avec votre ami imaginaire figurait dans la liste."

"Urgo !" s'exclamèrent en choeur les quatre membres de SG1.

Le déjeuner se passa très bien, animé par les bons souvenirs de l'équipe star du SGC, racontant à ma mère les détails les plus comiques de leurs explorations. Dans chaque mission, ils avaient toujours trouvé un bon souvenir à conserver, même parmi les plus catastrophiques - et je pense que c'est sans doute ce qui les aidait à tenir bon et à garder le moral. Ils n'avaient pas toujours vécu que des aventures drôles ou calmes, ils avaient beaucoup perdu mais ils restaient positifs. Et si un membre de l'équipe flanchait, les autres étaient là pour le soutenir. Ils étaient soudés, plus que n'importe quelle famille et ils se connaissaient si bien que j'étais encore surprise qu'ils se passent le sel ou les sauces les uns aux autres, sans prononcer la moindre parole à ce sujet.

Chacun reprit le cours de ses occupations et ma mère demanda à Jack un entretien privé. Le Général leur proposa d'utiliser son bureau, plus lumineux et spacieux - et entre nous, également mieux rangé - que celui du Colonel.

J'ignore tout de leur conversation, même si je me doutais que ça devait avoir un rapport avec Sam car leur entretien dura un bon moment.

J'étais avec Carter, en salle de contrôle quand nous sommes remontées vers la salle de briefing. Elle avait besoin de s'entretenir avec le Général au sujet d'un problème mineur sur le DHD et pensait le trouver à son bureau. Nous étions toutes deux très surprise de trouver la porte fermée et ma mère, assise dans le fauteuil du commandant de la base pendant que Jack faisait les cent pas devant elle.

Fred arriva dans la pièce au même moment et nous salua. N'ayant pas réalisé la présence de la Sénatrice dans la pièce adjacente - mais fermée - il s'approcha. Devant Sam, il n'avait jamais de geste intime ou de paroles trop personnelles. Il prit de nos nouvelles, nous raconta les derniers exploits de Felger à la base.

La porte du bureau d'Hammond s'ouvrit et Jack prit presque la fuite en nous voyant - hum, en voyant Sam serait plus exact. Ma mère sortit quelques instants plus tard, le temps pour elle de se composer un visage neutre. Je la sentais tendue. Elle sourit en voyant Fred et s'avança pour se présenter, la main tendue.

Mon ami se figea sur place quand elle donna son nom :" Bonjour, je suis Mary Roslin, la mère d'Alex."

Fred se reprit et lui serra la main en se présentant également : "Je suis Fred Wesley, je suis en stage aussi."

Ma mère tourna juste le visage vers moi et me fit un sourire appréciateur, puis elle regarda à nouveau mon ami : "Ravie de faire votre connaissance, Fred. Qu'étudiez-vous ?"

"Je suis astrophysicien, enfin je passe mon doctorat sous peu. J'étudie avec le Docteur Lee, qui conduit des expériences en parallèle des recherches du Docteur, non pardon, du Major Carter."

"Alors, je vous souhaite bonne chance pour votre doctorat, jeune homme."

"Merci, Madame" répondit Fred, impressionné par Maman.

Ma mère s'excusa et me prit à part.

"Hum... j'ai pris la liberté de te prendre un appartement meublé en ville. Ton père et moi préférons te savoir en sécurité plutôt que dans un hôtel."

Elle me donna les clefs de mon appartement, ainsi que le dossier avec l'adresse. Mes parents avaient pris un duplex avec deux grandes chambres, dans un des quartiers les plus huppés du centre-ville.

"Merci Maman" dis-je, la gorge serrée.

"Je vais y aller, ma chérie. J'aimerais que tu consultes le Docteur Fraiser au sujet du check-up qu'elle t'a proposé, je serais rassurée."

Comme je hochais la tête, elle déposa un baiser sur mon front.

"Je t'aime, prends soin de toi et appelle-moi en cas de besoin, je suis toujours libre pour toi."

"Je sais, Maman. Moi aussi je t'aime." Elle me serra dans ses bras et quitta le SGC. Fred me sourit et repartit car le Docteur Lee l'appelait dans les haut-parleurs de la base.

Le Major Carter se proposa de raccompagner la Sénatrice à son avion - rebaptisé le "Roslin One" par les membres du SGC - et le Général donna sa bénédiction. Ils devaient se voir à son retour à propos du DHD.

Au retour de Sam et après son rapide entretien avec Hammond, nous nous sommes tous retrouvés en salle de briefing.

"Il parait que nous avons une crémaillère à pendre ?!" lança Daniel, tout joyeux, alors que Jack arrivait sur ses talons, la mine sombre.

"Quoi ?" demanda le Colonel, surpris.

"Hum oui" dis-je gênée. "J'ai un appart' en ville."

"Super, j'apporte la bière !"

"Et moi, les jus de fruit !"

"Je vais passer chez le traiteur voir ce qu'on peut encore avoir à cette heure !" proposa Sam.

"Je m'occupe des pizzas !" lança Daniel.

"Hein ? Quoi ?" lançais-je incrédule.

"Tu ne croyais tout de même pas t'en sortir si bien ?!" me dit Jack, un sourire narquois aux lèvres.

Alors que nous nous levions pour quitter la base, le Général nous interpella : "Pas si vite, SG1 !"

Comme un seul homme, nous nous sommes arrêtés à la porte de la salle de briefing puis nous nous sommes tournés vers Hammond. Il n'avait pas l'air content et nous avons tous compris pourquoi.

"La Sénatrice Roslin est certes une femme charmante, acquise à la cause du SGC - et la mère d'Alex au passage, mais elle n'en mérite pas moins votre respect, à tous ! Ecouter aux portes comme de vulgaires…"

Le Général était tellement en colère qu'il en bafouillait.

"Major Carter, je m'attendais à mieux de votre part !" gronda-t-il et Sam baissa la tête en murmurant des excuses.

"C'est de ma faute, mon Général, c'était mon idée. Je les ai forcé à me suivre !" lança Jack, comme toujours pour défendre sa Carter.

Et Hammond comprit sa manoeuvre. Il se détendit et nous annonça qu'il n'y aurait aucune sanction puisque "Madame Roslin n'en a pas émis le souhait."

Nous avons finalement quitté la base et nous nous sommes retrouvés chez moi pour une soirée tranquille, entre amis.

Et c'est ainsi que mon appartement s'est rempli à une vitesse vertigineuse. Mes amis de SG1 avaient invité Janet et Cassandra, ce qui ne me gênait pas mais également, mes amis stagiaires du SGC - qui eux-mêmes avaient invité des connaissances à eux !

Encore une chance que Teal'c soit assez intimidant pour les empêcher de retourner l'appart' !

Le lendemain matin, j'ai eu beaucoup de peine à ouvrir les yeux. Je sursautais légèrement en sentant un corps chaud contre le mien… Je me suis retournée doucement afin de savoir qui partageait mon lit tout neuf. J'eus la grande surprise de me trouver nez à nez avec… Sam.

Elle dormait à poings fermés et je me tournais sur le dos afin d'écouter les bruits de l'appartement - tout semblait calme. Un coup d'oeil à ma montre m'indiqua qu'il était 7h du matin, ce samedi, et les militaires n'allaient pas tarder à s'éveiller - car à mon avis, si Sam était là, les autres aussi.

Je me suis levée et j'ai attrapé ma brosse à dents, dans les affaires que j'étais passée récupérer à l'hôtel la veille. J'ai quitté ma chambre, direction la salle de bain. Une petite douche plus tard, je me sentais un peu mieux. En quittant la pièce et me dirigeant vers les escaliers, une agréable odeur de café me parvint. Un autre humain semblait être levé et déjà actif. En arrivant dans le salon et voyant Daniel bavant sur le canapé, j'ai compris que le Colonel avait pris possession de la cuisine.

L'archéologue était couché sur le ventre, un bras plié dans son dos, ses lunettes de travers sur son nez, la bouche grande ouverte et les cheveux en bataille. Je réprimais un petit rire.

Alors que j'entrais dans la cuisine, j'entendis Jack dire à Teal'c : "Mais Teal'c, si vous voulez vraiment manger de la pizza au petit-déjeuner, faites-la au moins réchauffer au micro-ondes !"

Et je vis Teal'c basculer sa tête en arrière et enfourner un quart de pizza - froide, donc - dans sa bouche. Il semblait ravi de son repas matinal. Jack secouait la tête de gauche à droite, refusant de croire visiblement que son ami venait de faire ça.

"C'est un repas tout à fait acceptable, O'Neill. C'est complet avec les sucres lents dans la pâte, les fibres dans les légumes et les protéines de la viande."

Jack soupira avant de porter une tasse de café noir à ses lèvres. En buvant, son regard croisa le mien.

"Salut Alex !"

"Bonjour, Alex Roslin !"

"Salut les gars !" répondis-je en m'approchant d'eux pour me servir également un café.

"Bien dormi ? Carter ne ronfle pas trop ?"

"Je ne me suis rendu compte de sa présence qu'à mon réveil" avouais-je, penaude de ne pas me souvenir de la soirée, dans son intégralité.

"J'avoue que je préfère que nous ayons tous passé la nuit ici. J'aurais été incapable de conduire jusqu'à la base ou même jusque chez moi hier !"

"J'ai proposé de vous raccompagner, O'Neill" souligna Teal'c, d'une voix neutre.

"Je sais, T, c'est gentil à vous mais je me méfie. C'est quand même Danny Boy qui vous a appris à conduire…"

Je ricanais doucement, tout en mélangeant le sucre et le lait dans ma tasse de café. Une tête blonde se présenta quelques instants plus tard et Jack poussa une tasse pleine vers elle. Elle le remercia d'un sourire et d'un hochement de tête.

Nous nous tenions tous les quatre, debout, autour du plan de travail central, perdu dans nos pensées.

"J'ai un peu de mal à me rappeler de tout" soupirais-je, finalement.

Les trois autres levèrent la tête vers et deux d'entre eux avouèrent aussi leurs lacunes. Un seul - et je vous laisse deviner lequel - nous déclara être resté sobre et avoir une mémoire parfaite des évènements de la veille.

Je notais dans un coin de la cuisine quelques sacs poubelles remplis.

"J'ai fait le tri ce matin, Alex Roslin" déclara Teal'c.

"Oui, on a jeté tous les cadavres de bouteilles ainsi que les gobelets afin d'aller au recyclage dès que possible" confirma Jack.

"Merci, c'est gentil à vous."

"Faut dire qu'on t'a un peu forcé à organiser cette soirée donc… C'était normal qu'on aide à ranger" répondit le Colonel.

Un grognement se fit entendre et Sam prépara une tasse de café noir pour le dernier membre de SG1. Daniel se dirigea vers nous, j'ignore comment avec ses yeux fermés et attrapa la tasse que Sam lui tendit. Comme à son habitude, il but en silence son premier café de la journée avant de nous parler.

"Comment ça va ?" demanda-t-il, en se servant un second breuvage chaud, tandis que Teal'c mangeait un nouveau quart de pizza, froide.

Tout le monde répondit que ça allait mais le bruit de nos voix sembla réveiller sa migraine. Il fouilla dans la poche de son jean et en sortit un cachet, qu'il avala.

"Flirter avec les médecins une partie de la soirée, ça fait au crâne, hein Danny Boy ?" railla Jack.

"Quoi ?" s'exclama Sam, sur le point d'éclater de rire.

"Moi je voudrais bien voir la tête du Doc ce matin !" ajouta Jack. "Oh, on devait appeler Cassie et lui demander de prendre des photos !"

"Jack !" gronda Sam, riant à moitié.

"Jack ?" nota Daniel, dessoulant d'un coup. "Parce que c'est Jack, maintenant ?"

L'arrivée de Fred dans la cuisine dispensa Jack et Sam de répondre mais je sentais la gêne de la jeune femme.

"Tu as dormi ici, mais où ?" demandais-je à mon ami, après qu'il ait déposé un chaste baiser sur mes lèvres.

"Hum, avec moi je le crains" avoua Jack. "Comme on avait pris tous les endroits possibles pour dormir, je lui ai proposé de partager ta chambre d'amis."

"Oui, Daniel dormait dans le canapé et Sam était déjà montée te rejoindre dans ton lit."

"On n'allait quand même pas le laisser rentrer en voiture" dit Jack, montrant que Fred faisait maintenant partie de la bande et qu'il veillerait sur lui au même titre qu'un membre de SG1. J'espérais qu'il savait quel honneur on lui faisait car Jack n'acceptait pas tout le monde, voire personne, d'extérieur à son petit monde aussi facilement.

Puis, en mettant nos souvenirs en communs, voici ce que nous nous souvenions de ma pendaison de crémaillère :

J'étais passée à mon hôtel pour libérer ma chambre et récupérer mes affaires. Au moment de payer, on m'informa qu'un certain Amiral W. Roslin avait déjà soldé.

J'étais alors rentrée à mon nouveau domicile, fais le tour du propriétaire et appelé mon père pour le remercier. Mes amis étaient arrivés peu après, chargés de nourriture et de boissons - de quoi nourrir tout le SGC pendant une bonne semaine !

D'autres personnes étaient arrivées plus tard, amenant aussi à boire et à manger. Nous avions mis un peu de musique, juste en fond sonore.

Janet et Cassie - dont j'avais beaucoup entendu parler sans jamais la rencontrer - étaient arrivées après la fin de la garde du médecin. La jeune fille avait sauté dans les bras de Jack, Sam et Daniel - et même de Teal'c à ma grande surprise. J'avais noté pour la première fois, les échanges de regards entre Daniel et Janet. Ils se dévoraient des yeux et bientôt, on les avait trouvés dans les bras l'un de l'autre, lovés dans le canapé, comme un couple d'ados à leur première boom !

Tous mes invités avaient passé une bonne soirée et certains avaient apporté des jeux, ce qui avait beaucoup amusé Teal'c, une fois qu'il avait appris les règles.

"J'ai beaucoup aimé le jeu où il faut prétendre être quelqu'un d'autre et avoir perdu la mémoire" déclara le Jaffa.

"Amnésia, T" soupira Jack.

On a même réussi à apprendre que Jack et Sam avaient eu un entretien privé et comme ils étaient tous deux restés à la fête, nous supposions tous que ça s'était bien passé. Le fait que Sam appelle le Colonel par son prénom ce matin nous donnait un indice supplémentaire.

"Jurez-nous de garder ça pour vous !" dit Sam, dans la cuisine, devant notre café.

"J'ai reçu quelques conseils d'un membre haut placé d'un membre du gouvernement" dit Jack, un air taquin sur le visage.

Nous étions tous tellement ravis que nos amis se décident enfin à passer à l'action que chacun d'entre nous aurait menti à un détecteur de mensonges afin de les protéger. J'ignorais ce qu'ils allaient faire mais les mots de ma mère semblaient avoir secoué Jack. Assez en tout cas pour qu'il parle avec Sam et qu'ils décident ensemble de la conduite à tenir.

La plupart des invités étaient partis sur les coups de minuit / une heure du matin mais Fred, SG1 et moi avions veillé plus tard, évoquant des souvenirs de mission.

Certains détails m'étaient connus, pour avoir lu certains rapports donnés par Sam - dans le cadre des traductions que je faisais pour elle - comme la venue D'Hathor au SGC ou encore, Sam et Jack perdus en Antarctique…

D'autres, en revanche, m'étaient parfaitement étrangers : Une mission où Sam aurait fini par danser sur les tables, la fois où Sam, Daniel et Jack avaient été transformés en hommes et femmes des cavernes, la mission où Jack avait vieilli de manière extrêmement rapide - j'ignore ce qu'il avait fait mais Sam ne semblait pas ravie à l'évocation de ce souvenir.

Leur histoire préférée - et j'étais bien placée pour le savoir, car je l'entendais à chaque soirée que l'on faisait ensemble - était celle où ils avaient voyagé dans le temps. Beaucoup de leurs références - private joke, si vous aimez mieux - étaient liées à 1969. Ils en gardaient un vrai bon souvenir - un des rare à mon avis.

Celle qu'ils détestaient, et j'avais eu du mal à avoir le fin de mot de l'histoire, était quand on avait effacé leur mémoire et fait travailler sous un dôme, sous la glace d'une planète lointaine. J'avais fini par comprendre que ça avait été pénible surtout pour Jack et Sam, car libérés des contraintes militaires, ils s'étaient rapprochés. J'ignorais jusqu'à quel point mais je pouvais comprendre la peine qui animait Sam à chaque contact physique avec le Colonel par la suite.

Et puis, comme tout le monde tombait de sommeil, nous avions décidé de nous mettre au lit. Daniel dormait déjà dans le canapé et j'étais montée dans ma chambre, les invitant à faire comme chez eux. C'est ainsi que Sam était montée après moi. Teal'c avait suivi Jack et Fred dans la chambre d'amis, ne nécessitant qu'un petit espace pour sa méditation.

SG1 a quitté mon appartement, le samedi dans la matinée, après un ménage de fond en comble. Chacun avait aidé à ranger, nettoyer, passer le balai et la serpillère.

Teal'c et Jack avaient descendu les poubelles en partant, avec Sam et Daniel.

Fred avait passé le weekend chez moi, nous avions regardé des films, mangé des bonbons et du pop-corn en buvant du soda - un vrai weekend d'ados ou de jeunes adultes… Nous nous sommes bien amusés le samedi et le dimanche.

Lundi matin, nous avons tous repris le chemin de la base et j'ai été réquisitionnée par Daniel, afin de travailler sur l'artefact de Thor.

Sam, de son côté terminait des expériences sur le Naquadah pour le Président, pendant que Jack et Teal'c s'entrainaient - les choses étaient étonnamment calmes au SGC ces temps-ci, ce qui laissait au Colonel le loisir de faire du sport, en attendant l'arrivée du Russe, l'émissaire du Kremlin.

Je pense que Daniel et moi ne sommes pas sortis du labo de l'archéologue pendant près d'une semaine. Teal'c, Jack et Fred se relayaient afin de nous nourrir - et Sam au passage, absorbée de son côté par ses propres travaux.

Nous étions épuisés quand nous avons finalement abandonné. Oui, Daniel et moi avons finalement baissé les bras ! Jack est arrivé ce lundi matin, avec des cafés et des beignets. Il nous a trouvés endormis sur le bureau, la tête dans les bras. Daniel s'est réveillé en premier quand Jack a commencé à toucher à l'appareil Asgard.

"Jack !" gronda-t-il, en se frottant les yeux, ses lunettes posées face à lui, sur le bureau.

Il me réveilla ainsi et j'accueillis avec plaisir le café offert par le Colonel. Gourmande, j'ai pioché dans la boite pour prendre un beignet au chocolat.

"Daniel, si c'était dangereux, tu le saurais mais tu n'as rien trouvé sur cet engin. Tu ne sais même pas où est le bouton ON !"

"Je sais" grogna Daniel, entre ses dents. Il n'appréciait visiblement pas que Jack lui rappelle ses échecs. "Mais tu pourrais le casser et que dirait-on à Thor ?"

"C'est sa machine, il saura quoi faire pour la réparer, et puis de toute façon, elle n'est même pas cassée !" bougonna Jack.

"Alors, on fait quoi ?" demandais-je.

"On va appeler notre copain gris et lui demander de venir chercher son… truc !" me répondit Jack, en désignant la machine de l'index.

Fred et Teal'c se joignirent à nous et nous racontèrent les derniers potins et événements de la base.

"Et Felger a mélangé du sulfure d'hydrogène et de l'ammoniac au moment même où Chloé allumait un bec Bunsen… Elle a les sourcils brulés, ainsi que tout le dessus du crâne ! Elle a été obligée de raser tout le reste de sa tête. Elle porte une perruque !" expliqua Fred, peinant à contenir son fou rire.

"La pauvre, moi je la plains !" m'exclamais-je, outrée qu'on se moque de cette femme.

"Non, je ris pour ce qui va suivre : de rage, elle s'est jetée sur lui, en le frappant ! Teal'c et moi avons été obligé de les séparer. Enfin, Teal'c a soulevé Chloé pendant que j'aidais Felger (qui se protégeait le visage avec ses avant-bras) à se relever" termina Fred.

Jack pouffa presque de rire mais parvint à avaler sa gorgée de café.

"Comme le Général Hammond passait par là, tout le monde a dû remplir un rapport d'incident."

"Pauvre Chloé, elle va avoir des ennuis ?" demanda Daniel.

"Non, mais Felger oui. D'après le Major Carter, il n'a pas respecté les consignes de sécurité, il est en tort et en plus il a manqué de blesser sévèrement son assistante" ajouta Fred.

"Tiens, en parlant de Carter, elle devait nous rejoindre ici pour le café, où est-elle ?"

"Jack, à mon avis, elle est toujours dans son labo, à faire ce qu'Alex et moi faisions avant ton arrivée" répondit Daniel.

Le Colonel maitrisa sa hâte et nous quitta comme si de rien n'était pour retrouver son second. Je savais très bien qu'il se retenait de courir pour la rejoindre et je souris intérieurement à cette idée.

J'ai rassemblé mes notes et me suis étirée pour détendre mes muscles groggy. Fred me caressait le dos pour m'aider à me dénouer.

En tournant la tête, j'ai surpris les regards complices de Daniel et Teal'c.

"Quoi ?"

"Non, rien" dit l'archéologue, en cachant mal son sourire.

Fred a déposé un fin baiser sur mon front et a rejoint son propre labo.

Teal'c avait proposé de ranger l'artefact en lieu sûr quand nous avons été appelé en salle de briefing.

Au niveau voulu, Jack était déjà présent et jetait des regards noirs à un homme inconnu. Sam arriva presque au pas de course, sa blouse blanche toujours sur le dos.

"SG1, laissez-moi vous présenter le Major Ivan Miroslav" nous annonça Hammond, d'un ton neutre.

"Déjà ?" lança Daniel.

Suite au regard du Russe, Daniel se reprit et se présenta avant de faire pareil pour le reste de l'équipe.

J'étais intimidée par le regard froid de cet homme. Je priais intérieurement mes coéquipiers de ne jamais, jamais, jamais me laisser seule avec lui. Ceci dit, étant donné que Jack devait le materner pour la durée de son séjour, je n'étais pas vraiment susceptible d'être dans ce cas de figure mais… J'étais stagiaire au SGC, il ne fallait douter de rien !

De l'autre côté de la ville, Jack O'Neill se réveilla dans son lit, un peu désorienté.

"Mais qu'est-ce que…" commença-t-il, avant de prendre conscience de quelque chose.

Il secoua la tête, se rendant compte que c'était impossible. Même pour lui et avec son expérience, ce qu'il semblait vivre relevait du domaine du surnaturel. Il faudrait demander à Carter ce qu'elle en pensait. Elle aurait la réponse ou une théorie… Oui, une théorie, c'était bien ça.

"Okay, on appelle Carter… ou pas ! Non, je pourrais avoir des problèmes !"

Devant ses interrogations, Jack se leva afin de vérifier une chose.

"Chaque chose en son temps, un pas à la fois" se raisonna-t-il.

Arrivé dans la salle de bain, le constat était sans appel : face au miroir se tenait la réplique exacte du Colonel Jack O'Neill, pourtant il arrivait presque à entendre ses pensées - enfin, celles de l'Autre O'Neill… Celui qui était au SGC !

Oui, en effet, à croire qu'il le fait exprès :p

Merci pour ton message et pendant que j'y suis, voici la suite ;)

*****

Quand le Général Hammond a demandé à son second de faire la visite guidée détaillée au Major Miroslav, mes équipiers et moi avons échangé des regards inquiets.

Même si ma mère avait insisté auprès du Colonel pour obtenir sa pleine et entière collaboration sur ce projet diplomatique, nous le connaissions bien et chacun redoutait sa réaction.

On s'attendait à tout : explosion de colère, gémissements, un prétexte sorti de son imagination pour ne pas faire ce qu'on lui demandait… à tout, sauf à ça…

Il a accepté, sans broncher, presque comme s'il agissait en pilote automatique. Même Sam a levé un sourcil sceptique avant d'afficher une grimace horrifiée. Elle-même n'en croyait pas ses yeux.

Le Colonel a guidé le Major Russe vers les premiers niveaux du SGC, sous le NORAD, respectant ainsi la promesse faite à la Sénatrice.

Hammond regarda la scène avec des yeux exorbités, puis il tourna la tête vers le Major Carter. Leurs expressions étaient similaires.

Daniel et moi étions médusés, autant que les deux militaires restant dans la pièce. Si Teal'c avait été capable d'afficher une émotion sur son visage de marbre, je suis sûre que ça aurait été la même que la nôtre.

D'un signe de tête, Hammond lui fit signe de suivre O'Neill. Le Jaffa se mit donc en marche, les mains croisées dans le dos.

"Il prépare quelque chose !" dit Daniel, inquiet.

Sam se laissa tomber dans un fauteuil.

"Impossible, Docteur, j'ai appris la visite du Major quand il s'est présenté au poste de surveillance du SGC ! Même si le Colonel O'Neill préparait quelque chose pour l'accueillir, comme une mauvaise farce, rien ne pourrait être prêt si rapidement."

"Le Colonel sait très bien que ça serait une mauvaise, une très mauvaise idée de jouer un sale tour à nos "alliés" russes" ajouta Sam. "Il a promis à la Sénatrice Roslin d'y mettre du sien afin de calmer les tensions avec le Kremlin."

"En effet, ça ne serait pas malin de sa part de tout faire rater juste pour une vendetta personnelle."

"Général, est-ce une manière courante de se présenter à vous ? Je veux dire comme ça, à l'improviste ?" demandais-je au commandant de la base.

Tous me dévisagèrent.

"Que veux-tu dire, Alex ?" demanda Daniel.

"Qui d'autre est au courant de cet arrangement ? Est-ce que le Président a été prévenu, ou même la Sénatrice ? Ce que je veux dire c'est qu'en dehors de l'attitude étrange de Jack, je trouve tout ça très étrange."

"Et il arrive juste quand on cesse de travailler sur l'appareil Asgard…" marmonna Daniel.

Je haussais les sourcils pour souligner que la remarque était pertinente. Hammond se rendit dans son bureau et s'y enferma, probablement afin de joindre la Maison-Blanche et ma mère.

"Alex tu ne penses quand même pas que…" commença Sam, sans avoir l'air de vraiment vouloir finir sa phrase. Elle savait très bien ce que je sous-entendais, même si c'était très grave.

Daniel nous dévisagea tour à tour, dans l'incompréhension la plus totale.

"Les filles, j'ai du mal à vous suivre."

Voyant que Sam restait muette, je m'approchais de Daniel afin de n'être entendue que de lui.

"Kinsey est venu il y a un peu plus d'une semaine, tu te souviens ?"

Daniel hocha la tête, mais fronça les sourcils.

"Bon, tu sais mieux que moi le mal qu'il veut au SGC, je ne te fais pas de dessin… Mais imagine un peu : il souhaite prendre le contrôle de la Porte et on sait qu'il a le bras long - assez en tout cas pour être une épine dans notre pied. On sait aussi, par ma mère, que son père est originaire d'Europe, probablement de l'Est…"

"Attends, Alex, tu ne penses quand même pas que Kinsey a manigancé tout ça ?!" s'exclama Daniel, outré.

"Tu devrais parler encore un peu plus fort, Daniel !" gronda Sam.

Elle se leva et nous invita à la suivre. Elle nous guida vers son labo, elle ferma la porte, coupa les caméras et lança un programme sur son ordinateur.

"Voilà, nous sommes à l'abri des oreilles indiscrètes."

Je repris donc le cours de mes pensées : "Je ne suis sûre de rien, Daniel, bien entendu mais ça serait tellement logique !"

"Elle a raison" dit Sam. "Qui d'autre aurait eu une bonne raison de lancer les Russes sur les traces de l'artefact - dont personne ou presque n'avait entendu parler ? Qui d'autre voudrait nous voir mort, à défaut, nous mettre hors-service ? Réfléchis un peu Daniel."

"C'est un Sénateur, Sam ! Je refuse de croire qu'un membre assermenté du gouvernement puisse être aussi machiavélique !"

"Daniel, deux choses : la première, pendant ton Ascension, il quand même cherché à faire accuser le Colonel de son assassinat."

"C'était un coup monté, tu me l'as dit toi-même !"

"Daniel !" gronda Sam, mécontente d'avoir été coupée. "Certes c'était un coup monté mais ça l'arrangeait bien qu'un membre du SGC porte le chapeau ! Ensuite, le Colonel et moi en avons parlé la semaine dernière. Son instinct lui dit que Kinsey n'abandonnera pas si facilement la partie, même si Mary a marqué des points et qu'elle est une alliée de poids."

"Sam, je te l'accorde, Kinsey ne va pas baisser les bras mais…" Il se pinça l'arrête du nez, avant de remettre ses lunettes en place. "Jack a un très bon instinct… Mince, s'il te dit que quelque chose cloche, alors…"

Sam fit oui de la tête : "tu dois lui faire confiance. Il nous a déjà sortis de situations périlleuses sur son seul sixième sens."

Daniel acquiesça mais semblait refuser de croire qu'un Sénateur des Etats-Unis puisse aller si loin. 

Un sourire éclaira son visage peu après.

"Alors, comme ça, Jack et toi, vous... parlez ?"

Sam tourna la tête vers moi comme voulant dire "Mais je rêve ?!" puis elle reporta son attention sur son ami.

"Oui Daniel, on parle. C'est un problème ?"

"Non mais... depuis le temps, il serait temps de passer à autre chose que la conversation..."

Sam afficha une mine outrée, prête à hurler le prénom de l'archéologue mais le téléphone sonna.

"Carter. Oui, mon Général, c'est normal, j'avais un entretien avec Daniel et Alex. Compris, Monsieur."

Sam raccrocha et rebrancha sa caméra de surveillance. Daniel et moi avons compris que la conversation devrait rester neutre dorénavant.

"Et on parle de l'attitude étrange de Jack, ou pas ?" lança Daniel.

"Il n'y a pas grand-chose à en dire, tu sais" soupira Sam. "Il est venu me voir ce matin avec un café et un beignet. Nous avons discuté de choses et d'autres et puis, il a semblé se souvenir de quelque chose d'important et il a quitté mon labo. Je ne l'ai revu que lorsque nous avons rencontré le Major Russe."

Je ne les connaissais pas depuis très longtemps mais je savais que le comportement du Colonel était plus que bizarre. Daniel et Sam étaient inquiets et c'était contagieux.