Stargate SG1 / Alex / Jack & Sam / PG13

Je n’en croyais pas mes yeux ! Il était là, dans son uniforme bleu marine, ses lunettes de soleil négligemment accrochée à sa chemise, de manière absolument pas protocolaire, la fixant de ses yeux marron, un léger sourire sur les lèvres…

Il ressemblait à un type qui avait tout compris à l’exposé de Carter, alors que nous savions tous au SGC que même s’il feignait la bêtise la plupart du temps, elle exposait à son esprit fragile des concepts bien trop complexes - et ce, même pour certains brillants scientifiques. La plupart d’entre eux prenaient des notes de ce qu’elle disait aux briefings pour aller vérifier ensuite les définitions des termes le plus abscons. Son cerveau travaillait deux à trois fois plus vite que la moyenne et elle intégrait des théories et postulats bien au-delà de la compréhension humaine. J’avais entendu, à mon arrivée, des stagiaires dire que son QI avoisinait les 160 - comme Einstein.

Et pourtant, l’homme se tenant fièrement non loin d’elle avait la mine du scientifique que des termes comme supercordes, supergravité et physique des hadrons ne dérangeaient nullement… et pourtant ! Je savais qu’il n’y comprenait rien, c'était impossible !

Enfin, elle croisa son regard et elle stoppa net en plein milieu d’une phrase. Le professeur d'université auquel elle était en train de parler lui demanda si elle se sentait bien et après un instant d’absence, elle lui assura que oui avec un sourire. Ils échangèrent leurs coordonnées et l’homme nous quitta.

Sam s’avança vers Jack.

”Bonjour mon Colonel, que faites-vous ici ?”

”Allons Carter, vous n’êtes pas contente de me voir ?”

”Bien sûr que si, Monsieur, je suis juste surprise.”

Et ça se voyait sur son visage ! Pour une fois, il lui avait été impossible de masquer ses émotions. 

Nous avons fait le tour du salon rapidement avant le déjeuner. Jack avait salué très poliment ma mère et James, puis il nous avait emboité le pas. Sam s'était arrêtée de nombreuses fois pour saluer des personnes qu'elle connaissait ou encore pour se présenter puis le Colonel l'avait invitée à déjeuner.

Je me suis donc retrouvée dans le carré VIP du salon, pendant que ma mère faisait la tournée des gens importants. James et moi nous sommes éclipsés dans un coin, loin de l'agitation politique coutumière qui entourait la Sénatrice.

"Tu ne l'as pas trouvé étrange ?" me demanda mon frère, avant de porter sa coupe de champagne à ses lèvres.

"Qui ?" demandais-je, en lançant un regard circulaire dans la pièce.

"Le Colonel O'Neill, voyons !"

Il m'était difficile de l'admettre devant James mais oui, je l'avais trouvé même carrément flippant ! Et vu ce qui pouvait arriver au SGC, je n'étais pas rassurée de le savoir seul avec Sam.

SJSJSJ

Comme Sam me le raconta par la suite, pour les besoins de mes mémoires, c'était le clone de Jack qui était venu à San Diego.

Il était physiquement la copie conforme de Jack mais question caractère, il était... moins compliqué. La vie l'avait épargnée en quelque sorte puisqu'il possédait les souvenirs de son modèle sans les sentiments ressentis. Il avait donc perdu son fils sans en avoir souffert, ce qui faisait de lui un être moins abîmé.

Il n'avait pas vraiment réussi à convaincre Jack de dire la vérité à ses amis. Ainsi, sachant que Sam serait seule et loin de lui, Jack bis avait décidé de partir la trouver et lui raconter toute l'histoire, qui durait depuis bien trop longtemps à son goût.

Il avait eu beaucoup de mal à la persuader qu'il disait vrai, de prime abord. Comme toute scientifique, malgré ce qu'elle voyait quotidiennement avec la Porte, elle ne croyait que ce qu'on pouvait lui prouver avec toutes les preuves matérielles disponibles.

"Mon Colonel, vous voulez essayer de me faire croire que les Asgards vous ont ENCORE dupliqué ? Et ce, quelques mois après la promesse de Thor qu'ils ne recommenceraient pas ?"

Jack avait attrapé ses mains sur la table, pour les serrer doucement. Sam avait été surprise par son geste, ouvertement intime.

"Sam, je n'ai jamais dit que nos petits amis gris étaient responsables. C'est leur machine qui est en cause. Quand Daniel et Alex ont cherché à faire marcher l'artefact de Thor, ils ne savaient pas que seul le gêne des Anciens pouvait l'activer."

"Gêne que vous possédez."

"Que Jack possède, oui, sauf qu'il a activé l'appareil sans le savoir. Il ne l'a compris que plus tard quand je me suis réveillé et que nos consciences se sont trouvées."

Ils étaient dans un restaurant non loin du parc des expositions. L'endroit était bondé, personne ne faisait donc attention à eux.

"Cette histoire devient de plus en plus..."

"Quoi ? Vous ne me croyez toujours pas, Carter ? Dans ce cas, appelez le SGC et demandez à parler avec le Colonel..."

Jack désigna le portable de Sam du bout de l'index.

Méfiante, mais sa curiosité piquée au vif, Sam ouvrit son portable et composa le numéro de la base. Une fois en communication, elle demanda à l'airman de la mettre en relation avec le bureau du Colonel O'Neill et l'homme transféra l'appel.

Au bout d'une sonnerie ou deux, Jack décrocha le téléphone, clairement mécontent d'avoir été dérangé.

"O'Neill !" aboya-t-il dans le combiné.

Comme Sam était restée muette de stupeur, il lança un "allô !" contrarié.

"Hum, bonjour mon Colonel, c'est Carter."

"Hey salut ! Comment ça se passe avec les rats de laboratoire ?"

"Bien, bien, je vous remercie" bafouilla-t-elle, perturbée par le son de sa voix alors qu'elle l'avait également en face d'elle.

"Et vous m'appeliez parce que..."

Si on cherchait une nouvelle preuve de sa vivacité d'esprit, elle nous en donna une : "Je ne sais pas encore à quelle heure notre retour est prévu avec l'avion de la Sénatrice, donc je voulais savoir si vous seriez en mesure de venir nous chercher, même si je vous prévenais au dernier moment ?"

"Bien entendu Carter, vous le savez bien. Dites-moi où et quand et je suis votre homme."

Ils raccrochèrent le téléphone juste après les salutations d'usage. Je ne connais pas les détails de la conversation qui a suivi mais le cerveau de Sam était déjà en ébullition afin de comprendre comment la machine marchait.

Ils regagnèrent le salon alors que Sam parlait et parlait, avec animation de tous les tests qu'elle aimerait faire sur le clone et la machine.

SJSJSJ

J'étais sur un stand consacré à l'Egyptologie, en grande conversation avec un professeur qui avait découvert de nouvelles méthodes pour dater encore plus précisément les objets antiques. La datation au carbone 14 version XXIème siècle en quelque sorte mais j'étais plus fascinée par un objet que par le discours du scientifique. D'ailleurs, il devait à Daniel bon nombre de ses théories... Il ne faisait qu'apporter de l'eau au moulin de mon ami.

"Alex, que regardes-tu comme ça ?" me lança Sam, gaie comme un pinson, toujours en compagnie du Colonel - ou en tout cas, c'était ce que je croyais.

Je lui montrais un objet du doigt. Elle regarda puis son regard se tourna vers moi.

"Et ?"

"Les écritures sur ce vase... c'est du Goa'uld ! J'aimerais bien savoir où ils ont trouvé ça !"

"Puisque nous savons que Râ est venu sur Terre, ça peut dater de cette époque lança Jack.

"Oui, c'est sans doute vrai mais... j'aimerais que Daniel vérifie."

Sam promis de lui en parler quand elle serait de retour au SGC. Je la trouvais trop joyeuse pour que ça soit naturel... quelque chose clochait, j'ignorais encore quoi !

J’avais contacté Daniel pour lui faire part de ma découverte - après avoir feint un intérêt pour la découverte de la nouvelle datation au carbone 14 sur le stand afin d’obtenir ce que je voulais - je lui avais envoyé par mail les photos et les descriptions des objets sensibles. J’avais également les coordonnées du professeur, au cas où Daniel - voire l’USAF - voudrait les récupérer.

Il m’assura qu’il allait faire le nécessaire afin de vérifier que le matériel était sans danger. Je lui faisais confiance et de toute façon, sa curiosité naturelle l’aurait de toute façon poussé à étudier les éléments dès réception.

Dans l’avion qui nous ramena vers le Colorado, j’observais Sam et Jack en grande conversation, à voix basse. Ma mère était dans son bureau, à organiser ses réunions et meetings, avec Lee, pour la semaine à venir. Quant à moi, je rédigeais un mémoire pour la fin de mon semestre. Je devais le faire relire par Sam et Daniel, puis par le Général pour avoir leur autorisation de le rendre à l’université, sans données critiques.

Au bout d’un moment, Sam me demanda de la rejoindre. Elle me désigna une place sur le canapé en cuir blanc du petit salon que ma mère avait mis à notre disposition. Le Colonel était dans un fauteuil, sur ma droite, alors que j’étais aux côtés de Sam.

Elle décida de me raconter l’histoire du clone. Bien entendu je n’ai pas cru un mot de son récit abracadabrant.

”Et vous voulez me faire croire qu’un clone humain peut apparaitre comme ça, presque par l’opération du Saint-Esprit ?” 

J’étais presque fâchée que Sam et Jack me fassent pareille blague. Sam tenta de me convaincre en m’expliquant qu’elle avait été méfiante aussi, mais qu’en appelant au SGC, elle avait eu la preuve de l’existence de deux Jack.

”Donc, admettons que je crois cette histoire de fous, comment la machine a-t-elle pu créer un clone sans matériel génétique, au moins basic ?” lançais-je.

”Je sais Alex, moi aussi je m’interroge. Mais pour le moment, là n’est pas la question.”

Je les dévisageais tour à tour.

”Et donc, il existe un lien télépathique entre le clone et le cloné ?”

Jack bis hocha la tête affirmativement.

”Donc, là vous êtes ici et l’autre le sait sans lever le petit doigt, c’est ça ?”

Sam ouvrit de grands yeux, visiblement, elle n’avait pas pensé à cela.

”Non, il ne le sait pas. J’arrive à bloquer mes émissions mais lui ne le peut pas. Pour le moment, il est en route pour venir vous chercher toutes les deux. Il ignore tout de ma présence à vos côtés et de mon initiative.”

Je nageais en plein délire mais ils paraissaient si sérieux tous les deux !

”Ainsi donc, la machine de Thor, si petite, leur servirait à fabriquer des clones mais… je croyais que des caissons avaient été utilisés par Loki…” dis-je, refusant encore de croire à leur histoire - mais m’interrogeant cependant sur le bien-fondé de cette théorie intéressante.

”J’avoue que c’est aussi ce que je me demande, Alex” avoua Sam.

”Bon ça c’est la partie technique, ton domaine, Sam mais…” commençais-je, très mal à l’aise à cause des paroles qui étaient sur le point de quitter ma bouche.

Même mon cerveau semblait réticent à formuler des pensées cohérentes à ce sujet. Ce que je m’apprêtais à dire était si horrible que je me détestais moi-même d’y avoir songé.

”Alex ?” interrogea Jack bis.

”Comment dire, c’est compliqué…”

”Comme tout ce qui touche de près ou de loin à la Porte ou aux Asgards” souligna Sam, pour m’encourager.

”Je sais, Sam” soupirais-je, incapable de trouver les mots.

J’étais vraiment dans l’impossibilité de formuler ma phrase. Je cherchais tous les synonymes existants, toutes les paroles réconfortantes du monde, dans ma langue mais également dans celles que je connaissais mais rien à faire, je ne pouvais pas le dire.

”Bon, le plus simple serait encore que tu le dises, sans trop y réfléchir, avec tes propres mots, peu importe si ça doit nous choquer” insista Jack.

”OK, que va-t-on faire de toi ?”

”Pardon ?” me demanda Jack bis alors que je le regardais dans les yeux.

”Quand Loki a cloné le Colonel, sa version ado est retournée au lycée dans l’espoir de recommencer une nouvelle vie. Mais toi ? Que va-t-on faire de toi ?”

Sam blêmit et Jack bis se décomposa. Elle se leva pour faire les cent pas.

Après plusieurs minutes de silence - relatif le silence puisque nous étions dans un avion, dans un salon proches des réacteurs - le gros cerveau de la magnifique Carter se mit à travailler bien plus vite que les nôtres.

”Bon, pas de problème d’entropie en cascade, puisque personne ne vient d’une dimension parallèle, n’est-ce pas ? Ca règle déjà le souci de temps, nous ne sommes donc pas pressés. Mais en effet, que faire du clone adulte d’un Colonel chevronné de l’USAF avec une expérience militaire à faire pâlir des généraux du Pentagone ?”

”Un jumeau ?” tentais-je.

”Un jumeau caché, séparé de sa famille à la naissance ? Oui pourquoi pas, en dernier recours.”

Jack bis semblait satisfait de cette proposition.

”Il faudra voir avec Janet. Il faut absolument que son ADN corresponde et soit aussi humain que possible, en cas d’examen de routine, en dehors du SGC.”

”Et que va-t-on dire à Thor s’il se pointe un jour et trouve deux Jack à la base ou je ne sais où? Il risque de ne pas apprécier qu’on ait joué avec ses affaires…”

Jack sourit en coin, comme à son habitude.

”Jack va pouvoir régler ça, il l’appellera et lui expliquera ce qui s’est passé” confirma son clone.

Je posais mes coudes sur mes cuisses et ma tête dans mes mains.

”Vous vous rendez compte à quel point c’est dingue tout ça ?”

Sentant que Lee et ma mère s’activaient non loin, Sam reprit mon mémoire. On pouvait confier beaucoup de choses à la Sénatrice mais ça… même nous ignorions qu’en penser alors… tout raconter à une tierce personne ??? Mauvaise idée, même si je l’aimais de tout mon coeur.

Une fois sur le tarmac, après les adieux avec ma famille, Jack se trouva face à face avec son clone. Il soupira et implora Carter du regard pour qu’elle le pardonne. Là, debout entre les deux Jack, j’étais bien obligée de croire et de constater qu’en effet, nous avions un problème !

Sur le chemin, j’avais appelé Daniel, Teal’c et Fred pour une réunion chez moi. Ils devaient apporter avec eux le maximum de document concernant le clonage précédent ainsi que tout ce qui concernait l’artéfact trouvé dans l’océan.

”Le Général ne laissera jamais Daniel sortir avec tout ça !” s’indigna Jack.

”Pourquoi crois-tu que j’ai également prévenu Fred ? Il va scanner les documents dont nous allons avoir besoin et les sortir sans qu’ils quittent vraiment le SGC” répondis-je avec malice.

”On peut faire ça ?” demanda le Colonel, étonné.

”Il n’y a pas que Sam qui s’y connaisse en informatique, tu sais !”

”Bien entendu, tout ça doit rester entre nous !” dit Sam, soucieuse du secret défense.

Nous avons souri à sa remarque, typiquement Carter. Puis, notre équipe se retrouva chez moi avec ses deux invités supplémentaires et nous avons commencé à essayer de comprendre comment ça avait pu marcher sans que personne ne s’y attende.

 ”Je t’avais dit de ne toucher à rien, Jack !” gronda Daniel.

”Mais je n’ai rien touché, Danny Boy…” feignit de se défendre Jack, mais personne n’était dupe.

”Je suis sûr que si, O’Neill” ajouta Teal’c.

”Merci T pour le soutien, j’apprécie !” marmonna le Colonel.

Nous étions tous réunis dans mon salon, avec bières, jus de fruits et pizzas, apportées par Teal’c, Daniel et Fred. Certains étaient assis à même le sol, comme Sam et Teal’c, assis en tailleur. Jack bis occupait un petit fauteuil, alors que j’étais sur le canapé en compagnie de Fred. Jack faisait les cent pas dans le salon et malgré nos demandes, il était incapable de rester calme et assis. 

”Je pense que quand tu as tripoté la machine qui était dans le bureau de Daniel, tu as dû l’activer grâce au gêne des Anciens que tu possèdes” dit Jack bis, pensif.

Il semblait capable de consulter les souvenirs de Jack à loisir, ce qui ne plaisait pas franchement au Colonel - et je le comprenais.

”Là, tout le monde est bien d’accord, mais ce que j’aimerais savoir c’est comment la machine a pu créer un clone sans matière organique et surtout, pourquoi il a été envoyé dans la maison du Colonel, directement…” lança Sam, pour remettre tout le monde dans le droit chemin. Elle avait senti - comme nous tous - l’agitation gagner son supérieur.

”Je pense que les Asgards avaient dû laisser un corps vierge dans une machine, reliée à l’artéfact” commença Jack bis. ”Et je suppose que le corps apparait au plus proche de l’original. Initialement, les Asgards se servent des clones quand un corps est sur le point de mourir, donc la conscience est transférée dans une nouvelle enveloppe pour remplacer le précédent.”

”Oui, Thor m’a raconté ça” déclara Sam, se souvenant de ce que le chef de flotte Asgard lui avait expliqué sur la mitose cellulaire renforcée. ”Mais Thor a bloqué l’ADN du Colonel pour empêcher que ça se reproduise !”

”Justement, je n’ai aucune idée ou explication à ce sujet” avoua Jack bis, dépité. ”Enfin, personne ne sait encore si j’ai une durée de vie limitée ou non.”

”Thor a bien réparé, en quelque sorte, l’ADN de Mini-Jack, il pourrait faire avec vous, si on lui demandait” dit doucement Fred.

”Ouais on pourrait mais je pense que notre petit ami gris va commencer à en avoir des Terriens et de leur ADN !” répondit Jack. Il était à cran mais Fred ne le prit pas pour lui, c’était l’ambiance générale qui voulait ça.

Sam soupira discrètement mais pas assez. Jack l’avait entendue faire et lui jeta un regard noir. Elle tourna la tête et fit comme si elle n’avait rien vu.

”Thor a bloqué l’ADN de Jack pour empêcher les Asgards de faire des tests sur lui mais la machine que nous avons en notre possession est Ancienne, pas Asgard” souligna Daniel.

”Mais pas seulement” ajoutais-je. ”On a eu du mal à décrypter les symboles qui étaient dessus.”

Je tendis à Jack bis les photos de l’appareil. Lui non plus ne semblait pas en mesure de comprendre ce qui figurait dessus, et pourtant, il avait accès aux connaissances des Asgards. Nous nous étions rendu compte que son savoir dépassait largement la conscience du Colonel O’Neill. Il avait parlé avec Sam de sursauts gammas, de vitesse subluminique, etc, alors que pour le Colonel les sursauts gammas s’apparentaient à une marque de lessive (!).

La conversation finit par dévier vers l’espace et les lumières de la technologie Asgard à ce sujet, ce qui fascinait toujours Sam. Daniel regardait encore et toujours les clichés de l’artefact, Teal’c s’était mis à méditer pendant que Fred et moi commencions à ranger un peu le salon.

Jack, lui, observait d’un oeil noir la conversation entre son clone et son second. Puis, Jack se tourna vers moi et me demanda si Jack bis pouvait squatter mon canapé. J’ai été prise par surprise mais je ne pouvais pas le laisser dormir dans la rue, j’ai donc accepté.

Il a été convenu que nous nous retrouverions tous - sauf Fred - en salle de briefing pour faire part au Général Hammond du ”petit problème” de Jack, le lendemain matin. J’accompagnerais le clone jusqu’au SGC où il ne devrait pas lui être trop difficile de rentrer même sans badge.

A l’heure convenue, je me suis retrouvée, un peu anxieuse - que dis-je, carrément flippée - au poste de contrôle du SGC. Fred avait passé la nuit avec moi et avait continué son chemin pour prendre son poste auprès du Dr Lee. J’avais pensé que si chacun agissait de manière normale, ça passerait mieux que s’il faisait le pied de grue avec nous devant l’airman.

Le clone de Jack avait joué son rôle à la perfection : il m’avait remerciée dans l’ascenseur d’être passée le chercher suite à sa panne de voiture, s’arrangeant pour que l’homme au contrôle l’entende. Quand il avait fouillé sa veste à la recherche de son badge, j’aurais presque pu croire qu’il avait réellement oublié sa carte d’accès chez lui.

”Ou dans ma voiture, si ça se trouve !” gronda-t-il, mécontent après lui-même.

C’était un acteur-né. L’airman lui demanda une pièce d’identité militaire - ce que Jack avait fourni la veille - afin de vérifier et Jack lui parla comme s’il était le Pape et que cet imbécile face à lui ne le reconnaissait pas - le Colonel O’Neill tout craché.

Le pauvre airman tout tremblotant finit par appeler le labo de Sam afin qu’elle vienne en personne confirmer l’identité de l’homme qui se disait être O’Neill.

Elle arriva et soupira en reconnaissant son supérieur et le jeune homme se confondit en excuses. Il était navré de l’avoir dérangé pour si peu mais il n’était pas là depuis très longtemps, blablabla et Sam le coupa d’un geste de la main.

”Vous avez bien fait de m’appeler, n’en parlons plus.”

Puis, elle lui conseilla de se faire relever, pour aller prendre un café et reprendre ses esprits. Jack profita du changement de garde afin de se présenter avec sa vraie carte, une fois la voie libre.

Je vous laisse imaginer la tête d’Hammond quand, en sortant de son bureau, il se trouva nez-à-nez avec non pas un, mais deux Colonels O’Neill !

Le pauvre homme se laissa tomber dans son fauteuil, en bout de table, pendant que Sam lui servait un verre d’eau. Une fois ressaisi - ce qui ne lui prit pas bien longtemps - il nous demanda des explications.

Daniel et Sam expliquèrent comme ils purent ce qu’ils savaient puis le regard du Général s’attarda sur les deux Colonels.

”Mais qu’est-ce que je vais faire de vous deux ?” dit Hammond, en secouant la tête.

 ”J’y ai bien réfléchi, mon Général et il se pourrait que j’aie une idée !” lança Jack.

”Et lequel des deux êtes-vous donc ?” questionna Hammond.

”Jack, l’original, le vrai, le seul, l’Unique quoi !”

Cela avait au moins eu pour effet de faire sourire le Général.

”Je vous écoute, Colonel.”

”Comme on peut difficilement garder un autre Jack ici, on pourrait l’envoyer dans un univers parallèle, non ?”

Hammond se tourna vers Sam pour avoir son avis.

”C’est une possibilité oui mais… il reste un tout petit détail de rien du tout” dit-elle, en rapprochant, parallèlement son index de son pouce.

”Qui est, Major ?” demanda Jack, mécontent.

”Bon, en fait deux détails qui sont 1/ de se servir à nouveau du miroir quantique et 2/ il restera toujours le problème de l’entropie.”

”J’y ai pensé, Carter et c’est là que j’ai été plus malin que vous ! Haha, que dites-vous de ça ?”

Tout le monde, moi y compris, le dévisagea et il prit son temps pour nous répondre, fier de lui. Il se leva et entama le tour de la table, les bras croisés dans le dos. Il aimait vraiment ménager son effet.

”On pourrait l’envoyer dans une dimension où ils n’ont plus de O’Neill !”

Il s’arrêta exactement en face de Sam et plongea dans ses yeux bleus. Elle ouvrit la bouche en grand, incapable de prononcer une parole. Elle semblait avoir compris ce qui m’échappait encore.

”Mon Colonel ! On ne peut pas l’envoyer comme ça dans un autre monde, sans avoir consulté le Dr Carter !”

”Ce que le rapport ne mentionne pas c’est que le Colonel a embrassé le Dr Carter avant de quitter sa dimension pour toujours” me confia Fred, alors que nous déjeunions en tête à tête.

Le Général Hammond m’avait très élégamment demandé de s’entretenir avec les membres   originels de SG1 uniquement - plus le clone - et vu l’heure, j’étais passée chercher Fred pour aller au mess. Le Dr Lee sembla surpris de me voir et laissa son stagiaire l’abandonner pour m’accompagner. Il n’avait sans doute pas envie de contrarier la protégée du Colonel O’Neill.

Nous nous étions donc rendu au réfectoire pour le déjeuner et nous profitions de cet instant pour parler du cas qui nous intéressait. Fred était décidément au courant de tous les potins de la base. Car si j’ignorais vraiment ce que voulait dire Hammond à SG1 à huis clos, Fred lui avait sa petite idée et m’avait demandé au début du repas si j’étais au courant de la mission du miroir quantique. Je lui avais dit que je savais ce que le rapport mentionnait et il avait décidé de combler les trous. Il connaissait toujours un garde ou un scientifique qui avait vu ou entendu ce que les rapports officiels ne disaient jamais…

”Attends, si je te suis bien, Sam et Teal’c sont restés de ce côté-ci du miroir, à cause de l’entropie, pendant que Jack et Daniel allaient aider l’autre Major et une seconde Sam Carter à sauver leur monde ?”

Fred hocha la tête.

”OK, là je comprends bien puisque c’est ce que Sam a écrit dans le rapport que j’ai lu. Mais elle ne parle jamais du fait qu’elle est restée devant le miroir avec Teal’c à attendre le retour du reste de leur équipe.”

”Non, c’est un détail mais ça devait aider Daniel à retrouver le bon monde une fois la mission accomplie.”

”Et donc, tu dis que quand les Asgards ont enfin fait fuir les Goa’uld, le Colonel a été plus qu’amical avec le Dr Carter ? J’ai du mal à te croire !” 

Là-dessus, je lui fis ma plus convaincante grimace de scepticisme et Fred ricana.

”Je pense que tu n’es pas consciente de la situation à ce moment-là.”

Je secouais la tête.

”Un an et demi auparavant, Daniel avait déjà franchi le miroir quantique. Quand il est rentré, Kinsey tentait de faire fermer le SGC et malgré ce que Daniel a dit, le Sénateur s’est acharné - mais ce n’est pas le propos” me dit-il, avant de reprendre. ”Bref, Daniel est rentré en racontant que le monde où il avait été abritait une Carter civile et un O’Neill Général. Autant te dire que tes deux copains étaient surpris. Au début c’était genre ”beurk, tout mais pas ça !” mais au fil du temps, on a vu le changement. Ils se sont peu à peu rapprochés. Elle a fait ses preuves et il a appris à la connaitre. Du coup, un second monde alternatif leur prouvait qu’ils pourraient - et devraient - être ensemble, ça a fait beaucoup. Le Dr Carter était mariée et son Jack est mort juste après leur premier anniversaire de mariage. Alors quand elle a vu le nôtre, ça l’a chamboulée.”

Il marqua une pause pour mordre dans une part de pizza.

”Notre Sam était super mal à l’aise et presque soulagée de voir partir sa copine aux cheveux longs. Sauf qu’avec Teal’c, ils ont vu Jack l’embrasser avant de revenir ici. Daniel leur tournait le dos, il ne l’a pas vu mais je suis sûr qu’il sait.”

J’étais sidérée parce que Fred semblait sincère et sûr de lui.

”Et tu sais comment elle a réagi en voyant ça ?”

”D’après le garde qui était devant la porte, elle est partie précipitamment, Teal’c sur les talons. Il a dit qu’elle semblait se retenir de pleurer mais bon… On y croit ou pas.”

J’avais du mal à finir mon assiette, cette histoire m’avait plombé l’estomac. Je jouais avec mon reste de lasagne tout en répondant : ”Je comprends mieux pourquoi ça arrange Jack d’envoyer son clone là-bas… D’une pierre, deux coups.”

Fred fronça les sourcils.

”Comment ça ?”

”D’un, il donne un nouveau mari à sa copine du monde parallèle, ce que je trouve… glauque et de deux, il se débarrasse d’un rival potentiel.”

Là, ce fut à son tour de me faire une moue peu convaincue.

”Je constate que tu n’es pas si observateur que je l’avais pensé” raillais-je. ”Un second Jack avec toutes les connaissances militaires terriennes et les souvenirs de notre Colonel mais avec le QI d’une Carter… Tu ne vois pas la menace toi ?”

”Oh, je comprends mieux pourquoi il refusait que son clone traine hier soir…”

”Oui parce que partie comme elle l’était, Sam aurait pu parler toute la nuit avec lui de ses connaissances sur l’espace…”

Fred se mit à rire. 

”Sauf que connaissant le fond du Colonel - et de n’importe quel mâle terrien - le clone n’aurait pas  forcément dit non à… disons, plus d’action.”

Je me mis à glousser quand une voix résonna dans mon dos.

”L’interdiction de glousser s’applique autant à Carter qu’à toi, Alex” dit Jack.

Fred était devenu bleu et je me demandais s’il n’avait pas avalé de travers. Qu’avait entendu Jack au juste ?

”Oui, pardon” dis-je en guise d’excuses. J’avais presque ajouté ”Mon Colonel” à la fin mais je m’étais rattrapée de justesse.

”Je plaisante, Alex ! Je ne sais pas ce que vous conspiriez tous les deux mais j’ai cru que c’était grave jusqu’à ce que je t’entende.”

J’ai retenu un soupir de soulagement en entendant ses mots.

”Si tu as fini de maltraiter ton repas, le Général Hammond requiert ta présence.”

Fred me fit signe de suivre le Colonel, histoire de ne pas avoir plus d’ennuis - si jamais Jack avait quand même entendu quelque chose.

”Jack, pourquoi est-ce toi qui viens me chercher ? Non pas que ça me dérange mais…”

Dans le couloir qui menait aux ascenseurs, Jack me répondit : ”J’avais besoin de prendre un peu l’air. Mon clone m’épuise presque plus que ma version ado ! Je te laisse imaginer !”

Je savais que son humour masquait un réel malaise mais connaissant le grand bonhomme à mes côtés, je ne me lançais pas dans une conversation trop intime.

”Tu sais, c’était malin de proposer d’envoyer ton clone auprès d’une Sam endeuillée.”

”Mouais, j’avoue que Carter a soulevé un point intéressant.”

”Qui est ?”

Jack appuya sur le bouton du niveau -27.

”Nous l’avons rencontrée il y a de ça environ quatre ans. Elle a peut-être rencontré quelqu’un, elle est peut-être même remariée avec des enfants… Qui sait ?”

Incapable de me contrôler, je me mis à ricaner doucement, mais j’avais attiré le regard de Colonel que tout le monde craignait. Ohoh, pas de regard…

”Quoi ? Qu’est-ce qui te fait rire ?”

”Jack, je ne vous connais pas depuis très longtemps Sam et toi mais…” J’étais allée trop loin pour reculer. ”Je n’imagine pas un seul univers où une Sam Carter amoureuse de toi pourrait te remplacer.”

Et je jure sur ma vie que j’ai vu Jack rougir. Une chance pour moi… nous étions seuls dans cet ascenseur, il ne serait pas obligé de tuer les témoins, à moins qu’il décide de m’assassiner…