Stargate SG1 / Alex / Jack & Sam / PG13

"Carter !"

"Oui, Monsieur ?"

"Daniel triche !"

"Daniel triche toujours, Monsieur, il compte les cartes !" répliqua Sam, amusée.

"Danny Boy !"

"Mon Colonel, pas si fort, vous allez réveiller Alex !"

J'étais déjà réveillée - consciente serait le bon mot - mais j'aimais écouter les bruits environnants. J'étais de toute façon trop faible pour ouvrir les yeux.

J'en déduisais que mes amis jouaient aux cartes… Euh… j'avais raté un épisode je pense. Je me suis évanouie, frigorifiée, dans un canot de sauvetage et maintenant, ils jouent aux cartes ? Au chaud en plus, si j'en croyais la couverture sur moi.

Deux voix, se rapprochant, m'ont paru familières, tout comme le bruit de la pièce où nous nous trouvions, ça ressemblait à une infirmerie, avec des haut-parleurs crachant des instructions, comme sur un porte-avions….

Oui donc la voix de mon père semblait plutôt logique ici mais celle de… mon frère ? Que faisait James ici ? Ou alors… j'étais morte…

"Que viens-tu faire ici, James, en plein conflit armé avec la Russie ?"

"C'est ta femme qui m'a envoyé ! Ta femme ! Tu te rappelles que tu en as une au moins ?"

Je sentis du mouvement, non loin de moi puis la voix grave de Teal'c résonner.

"Un problème, Amiral Roslin ?"

"Du tout, Teal'c, je vous remercie."

"Je pense qu'on devrait baisser d'un ton ou aller s'expliquer ailleurs…" proposa Sam, d'une voix douce - celle qui faisait faire n'importe quoi aux hommes qu'elle côtoyait.

"Trop tard, Alex Roslin est déjà réveillée" annonça Teal'c, se tournant vers moi.

Sans que je m'en rende compte, j'avais ouvert les yeux pendant qu'ils parlaient. Toutes les têtes convergèrent vers moi et je pris conscience de mon environnement. J'étais bel et bien vivante et effectivement à l'infirmerie de l'USS Valkyrie, entourée par une partie de ma famille et mes amis. Tout le monde semblait aller bien, mais je faisais un tour pour vérifier : Sam me souriait tout comme Daniel, Teal'c avait toujours le même air concentré - j'en déduisais qu'il allait bien - mais Jack portait un pansement sur la tempe. Je fronçais les sourcils en le voyant mais il me sourit, comme pour me dire 'rien de grave'. Mon père avait son air inquiet sur le visage et me regardait comme s'il avait vraiment eu peur de me perdre - ce qui a presque été le cas en y repensant… et James… que je n'avais pas vu depuis à peu près deux ans, essayait de soutenir à la fois mon regard et mon sourire.

"James ?"

"Alors ma puce, tu essaye les acrobaties aériennes sans moi ?" me dit-il, pour briser la glace.

Je tentais de me redresser mais il semblait que mon corps refuse de bouger comme je le voulais.

"Doucement" me dit le médecin, qui nous observait. "Dans la bataille, vos côtes ont souffert malgré tout. Et le froid n'a rien arrangé, ceci dit vous allez récupérer très vite."

Il nous quitta, nous laissant en famille. L'Amiral fut bientôt appelé à reprendre son poste, suivi par son fils.

Jack prit un tabouret pour s'installer près de moi.

"Alors, raconte, c'est quoi l'histoire entre Papa et son fiston ?"

Il semblait curieux comme un chat et Sam s'indigna : "Mon Colonel !"

Je tentais à nouveau de me redresser et Daniel vint à mon secours. Une fois assise, confortablement calée par mes nombreux oreillers, je tentais de leur expliquer ce que je savais.

"James est le fils que mon père a eu avec sa première femme, Ann. Il avait un jumeau mais il est mort dans l'accident qui a aussi tué sa mère. Elle conduisait pour les déposer à la crèche, ils avaient à peu près deux ans et James s'en est sorti - j'ignore comment. Quand mon père est rentré du Vietnam, il l'a récupéré chez sa soeur. Plus tard, il a rencontré Meg, sa seconde femme. Elle avait du mal avec mon frère et en grandissant, James en est venu à haïr mon père aussi bien que sa femme. Il était toujours en colère, même tout petit."

Je marquais une pause pour vérifier que tout le monde suivait. Puis, je repris.

"Mon père était déjà en instance de divorce quand il a rencontré ma mère. Meg buvait, il me semble. Je crois qu'il a confié James à ma mère pendant tout le cirque et pendant ses déplacements à l'étranger. Ils ont développé une relation très forte, ils se considèrent comme mère et fils. Il travaille avec elle, il est son conseiller militaire."

"Mais ? Il est toujours en colère après votre père ?" demanda Jack.

"Oui. Je pense qu'il lui reproche la mort de sa mère et de son frère."

J'ignore pourquoi mais les regards de mes amis masculins se portèrent sur Sam. Devant mon air perdu, elle m'expliqua : "nous avons un peu le même problème à la maison. Mon père devait passer chercher ma mère. Il était en retard, comme toujours, donc elle a pris un taxi et ils ont eu un accident. Mon frère et moi lui en avons voulu très longtemps."

"Tu as sans doute beaucoup de choses à dire à mon frère alors" dis-je, en voulant utiliser un ton léger.

"Le pardon n'est jamais simple à accorder, crois-moi" ajouta Jack, la mine sombre.

Il connaissait aussi un problème de culpabilité, pas vraiment différent de celui de Sam ou de James : il ne se pardonnait pas la mort de son fils, il vivait la même situation, d'un point de vue différent.

Jacob et mon père ne se pardonneraient sans doute jamais la perte de leurs épouses et leurs enfants étaient là pour leur rappeler tous les jours ce qu'ils avaient tous perdu. Jack lui était seul, ce qui devait renforcer son sentiment de culpabilité.

A choisir, je ne les enviais pas, aucun d'entre eux - même si je pouvais difficilement en vouloir à mon père, je n'étais pas concernée par tout ça.

Puis, je surpris un échange de regards entre Teal'c et Daniel, et sans vraiment savoir pourquoi, je compris qu'ils partageaient aussi un deuil…

"Quelqu'un peut me dire ce qui s'est passé après ma perte de conscience ?" demandais-je pour changer de sujet.

Jack entreprit de m'expliquer comment un autre hélicoptère était venu nous chercher. Nous avions tous été hélitreuillés, à commencer par moi.

J'avais été envoyée en urgence à l'infirmerie, le médecin avait peur que je perde mes orteils ou mes doigts - mais nous n'étions pas restés assez longtemps dans l'eau pour ça. Puis, ils ont tous parlé en même temps, racontant leur version de notre sauvetage, dans la meilleure ambiance possible, comme s'ils racontaient de vieux souvenirs joyeux.

Je finis par m'assoupir, comme protégée par SG1 et leur conversation.

James était revenu me voir plus tard dans la journée, il était assis près de moi.

”Alors ? Pourquoi Maman t’a envoyé ?” 

”Pour les relations diplomatiques ! Elle connait assez son mari pour savoir que ce n’est pas son fort. Elle voulait éviter ce qui est arrivé. Toute cette histoire est remontée jusqu’à la Maison-Blanche ! Tu te rends compte ?!”

”Oui je me rends bien compte, James ! C’est sur ordre du Président que nous sommes là ! Et lui, il nous laisse à la merci des Russes, sans lever le petit doigt !”

”Alex !” soupira mon frère. ”Ce n’est pas si simple.”

”Non mais tu plaisantes !” 

J’étais folle de rage.

”C’est pas le bureau de Maman, ici, James ! On aurait cru une scène sortie tout droit d’un film de guerre ! Encore un peu et j’aurais entendu les bombardements ennemis !”

”Alex, je sais, calmes-toi. J’ai vu ton hélicoptère se faire abattre, j'ai vraiment eu peur !”

James se leva et fit les cent pas dans la pièce. Il passa une main dans ses cheveux puis s’arrêta au pied de mon lit pour me regarder.

”J’imagine la peur que tu as dû avoir mais dès le départ c’était mal parti avec Papa aux négociations.”

J’allais répliquer et probablement donner des informations classées secret défense mais Sam me sauva.

”Capitaine Roslin, je peux vous dire un mot ?”

Il la dévisagea mais il la suivit - il y était un peu forcé puisqu'elle était Major et donc un grade supérieur au sien.

Jack était juste derrière, il fit mine de ne rien voir et s'approcha de moi.

"Tiens, j'ai volé ça au mess pour toi parce que ce qu'ils te donnent à manger ne va pas t'aider à guérir" dit-il, d'un ton amusé, en déposant un plateau devant moi.

Seulement, son sourire ne monta pas à ses yeux. Je le sentais inquiet...

"Merci, Colonel. Et vous, ça va ?" demandais-je, en pointant sa tempe.

"Oh ce n'est rien, je me suis cogné en sautant de l'hélicoptère."

Je me forçais à manger ce que Jack avait eu la gentillesse de m'apporter.

"Que va-t-il se passer avec les Russes, maintenant ?"

Jack soupira et tendit ses jambes, de manière à poser ses pieds sur le bout de ma couverture, sur mon lit. Il soupira et croisa ses mains derrière son crâne. 

"Honnêtement, je ne sais pas. Ton père s'entretient avec le Président depuis notre accident. Ta mère s'en est mêlée. Elle menace de venir à Washington et de brûler son bureau en personne s'il ne prend pas de mesures !"

Je reconnaissais bien là ma mère. Elle tolérait beaucoup de choses mais elle ne supportait pas qu'on s'en prenne à son mari ou ses enfants - dans ces cas-là, elle pouvait se transformer en ennemie redoutable.

"La tension monte, nos deux pays sont passés en DEFCON 2 et ce n'est pas bon parce qu'arrivés à 1... Ça risque de déclencher une guerre."

Il surveillait Sam du coin de l'œil. Je réussi à entendre quelques bribes de conversation, elle semblait expliquer à James que les Russes voulaient absolument récupérer ce que notre père avait repêché mais qu'il n'était absolument pas responsable de cette crise.

"D'ailleurs, pourquoi les Russes tiennent-ils tant à récupérer quelque chose que même Daniel ne sait pas faire fonctionner ?"

Jack me regarda et je vis presque son esprit travailler vite, afin de savoir ce qu'il pouvait me dire ou non...

"Comme on l'a expliqué à l'Amiral, il y a quelques années, un sous-marin russe a été coulé suite à un 'petit' problème de Réplicateurs. Nous avons toujours nié avoir vu leur appareil - car nous ne pouvions décemment pas tout leur avouer. J'imagine qu'ils cherchent des preuves de notre implication. Ils sont un peu paranos et doivent être sûrs que ce que ton père a trouvé est une pièce à conviction."

"Ils sont paranos... à juste titre si je comprends bien ?"

Encore une fois, Jack me dévisagea.

"Oui, tu n'as pas tort. Ils ont sans doute raison de nous soupçonner pour leur sous-marin mais ce qui est tombé dans la mer appartient à Thor, de toute façon, même s'ils l'avaient, ça ne prouverait rien..."

"Ca leur prouverait seulement que malgré vos accords, le SGC n'est pas aussi transparent qu'il aime à le faire croire. Désolée, je me fais l'avocat du diable, mais je me mets à leur place..."

"C'est Daniel qui t'a demandé de dire ça ?" demanda Jack, en souriant.

"Non, mais imaginez un peu si les rôles étaient inversés... Aimeriez-vous être tenu à l'écart ?"

"J'avoue que non... tu as raison... j'agirais comme eux !"

"Comme eux ?" demanda Daniel, qui venait d'arriver juste derrière Jack. "Tu ferais bien pire !"

Il semblait amusé par notre conversation, malgré la crise imminente.

"Alex, j'aimerais avoir ton avis, car justement je travaille avec l'Amiral sur une déclaration pour la Russie. Nous pensons que le Président pourrait s'en servir pour aplanir la situation avec son homologue."

Il prit un siège et me tendit des documents, ainsi qu'un crayon pour mes annotations.

Jack était resté à sa place, surveillant toujours Sam et James. Leur conversation semblait avoir pris une tournure plus légère car Sam souriait. "Oh oh" me suis-je dit... Si James commençait à marcher sur les plates-bandes du Colonel, il allait le sentir passer...

Je décidais de me concentrer sur le problème le plus grave et le plus urgent face à nous : la Russie et sa colère montante.

Daniel et moi avons corrigé son texte - avec l'aide de ce que j'avais appris auprès de ma politicienne de mère puis il l'a apporté à l'Amiral. James revint vers moi.

"Sam m'a dit que tu avais trouvé un super stage ?"

"Sam ?" demanda Jack, se redressant sur son siège. "Ce sera Major Carter pour vous, Capitaine !"

Sam blêmit mais je pouvais lire la fureur dans ses yeux. La jalousie de Jack n'allait sans doute pas passer, même si pour le moment, elle ne pouvait rien dire.

Le Colonel soutint son regard et elle finit par baisser les yeux, elle connaissait la limite à ne pas franchir avec son supérieur. James baissa également la tête - ce que je trouvais malin de sa part.

Je décidais de briser le silence devenu pesant.

"Oui, James. Mon stage est très intéressant, on ne s'ennuie jamais, n'est-ce pas Colonel ?"

Jack me sourit : "Oh tu sais, j'aime laisser un souvenir impérissable !"

Si j'espérais que toute cette histoire finisse en même temps que notre incident diplomatique, je me trompais, mais je ne l'appris que plus tard.

C'est bien plus discret dans la série mais c'est vrai que Jack n'aime pas qu'on s'approche trop de SA Carter :p

Merci pour ton message, tout de suite... un nouveau chapitre  

***

Quand le médecin - encore plus strict que Janet Fraiser, selon Jack - m'autorisa à me lever et à quitter son infirmerie, je décidais d'aller voir mon père dans ses quartiers.

J'entrais et le trouvais en grande conversation - engueulade serait le terme plus précis - avec mon frère, pour changer.

"James, si je me souviens bien, c'était encore moi son père jusqu'à récemment, non ?"

"Oui, tu te souviens bien mais quand ça t'arrange ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de stage dans une base militaire ?!? C'est toi qui lui as trouvé ça ? Tu la pousses à suivre une carrière dans l'armée, comme toi !"

"Crois-le ou non, je n'ai rien à voir là-dedans ! Demande à Mary ! Ce sont eux qui sont allés la recruter !"

Le ton montait crescendo et ils étaient tous deux rouges de colère... et si j'en croyais mes oreilles, ils se disputaient à cause de moi ! Jusque-là, ils n'avaient jamais eu besoin de moi pour ça.

"Euh... je peux savoir ce qui se passe ici ?"

Ils tournèrent la tête vers moi, surpris de me trouver dans la pièce.

"Ton frère a décidé que j'avais une mauvaise influence sur toi et que tu étais à deux doigts de t'engager dans l'armée !" me répondit mon père.

Je croisais les bras et les toisais, tous les deux.

"Et ça justifie ces cris ?"

Ils baissèrent la tête et je me retins de sourire. Je croisais mon reflet dans le miroir et je compris ce qui les impressionnait : j'étais le portrait craché de ma mère ! Les mêmes yeux verts qui lançaient des étincelles, les cheveux bruns qui tombaient en cascade sur mes épaules et mon air décidé.

"Honnêtement, James, je suis assez grande pour prendre mes propres décisions - même si j'ai demandé l'avis de Maman avant d'accepter ! Papa, tu n'as pas mieux à faire avec la Guerre Froide version 2.0 pour te prendre la tête avec ton fils ?"

"Alex, je te rappelle que je suis encore Amiral, je te prierais de changer de ton quand tu t'adresses à moi."

"Tu es Amiral, vraiment ? Alors vas faire ton travail de commandant et sors-nous de là !"

Je pointais le doigt vers la sortie de ses quartiers et il obéit... J'étais sidérée. 

James souriait comme un gosse mais je n’en n’avais pas fini avec lui.

"Et toi ? C'est ça, ta mission ? Venir ici et toujours mettre tout ce qui cloche sur cette planète sur le dos de ton père ?"

J'appliquais les conseils donnés par ma mère il y a bien longtemps : ne jamais prendre parti dans un conflit - tant je n'étais pas impliquée - mais rien ne m'empêchais de donner des conseils, comme je le faisais avec SG1. Cependant, James venait de me mettre au cœur de la guerre qui l'opposait à notre père et je ne pouvais le tolérer.

"Alex, s'il-te-plait, ne crois pas ça..."

"Non, James, tu es allé trop loin cette fois ! Réfléchis un peu et quand tu seras décidé à grandir, viens me voir !"

Je quittais la pièce d'un pas décidé. Je regagnais ma propre chambre. J'y trouvais Sam, travaillant sur un ordinateur portable.

"Alex, comment vas-tu ?" demanda-t-elle, en me souriant.

Elle perdit son sourire quand elle me regarda. Inquiète, elle se leva pour me rejoindre et fermer l'écoutille. Elle me guida ensuite vers une chaise, au centre de la pièce, puis elle reprit sa place, face à son PC posé sur la table, qu'elle ferma.

"Un problème avec le Capitaine Roslin ?"

"Sam... le Colonel n'est pas là, appelle-le James, si tu veux" soupirais-je.

J'ignore pourquoi, mais ce petit jeu commençait à me fatiguer aussi.

"D'accord" me dit-elle, calmement. "Donc, c'est James, c'est ça ?"

"Oui, il cherche toujours une bonne excuse pour se disputer avec notre père mais c'est la première fois qu'il se sert de moi pour ça !"

"Alex, tu sais rien n'est simple dans ce genre de situation. Quand j'ai appris que mon père avait un cancer, j'ai appelé mon frère, Mark. Je lui ai annoncé et tu sais ce qu'il m'a répondu ?"

Je fis non de la tête.

"Il m'a dit 'Appelle-moi quand ça sera fini.' Tu imagines un peu ? Il ne voulait rien savoir de sa maladie, ni même le voir avant sa mort. Tout ce qu'il attendait, c'était qu'il soit parti pour effacer son existence de sa mémoire. James est parti en croisade contre son père - pas le tien... mais à court d'arguments, il va trouver tout ce qu'il peut pour s'en servir contre lui."

"Pourquoi dis-tu son père et pas le mien ?"

"Parce que je suis sûre que ton frère t'aime et il veut que tu sois heureuse sauf que dans sa tête ton père et le sien ne sont pas vraiment la même personne... il nuira à son père, même s'il doit t'utiliser pour arriver à ses fins..."

"Et ça s'est arrangé entre Mark et Jacob ?"

"Oui, un peu. Ils se voient, mais Mark ne comprend pas bien les absences de notre père, puisqu'il n'est pas au courant pour Selmak. Ils ont fait la paix et ça permet à mon père de voir ses petits-enfants."

Des bruits dans le haut-parleur attirèrent notre attention. 

"Ici l'Amiral Roslin, nous changeons de cap, nous rentrons tous à San Diego, sur ordre du Président. L'équipe SG1 est invitée à me rejoindre dans mes quartiers pour de plus amples explications."

J'étais à deux doigts d'aborder un autre sujet avec Sam, plus délicat celui-ci, quand mon père m'a coupé dans mon élan. Je quittais nos quartiers, afin de rejoindre mon père dans les siens. Sam me suivait toujours dans les couloirs et comme à son habitude, elle ne remarqua pas les regards des hommes sur elle.

Le reste de l'équipe tarda à arriver, ce qui permit à Sam de parler avec James, qui était déjà là. L'Amiral se connectait à un serveur sécurisé pour lancer une conversation vidéo.

L'Enseigne Smith se présenta avec les trois membres masculins manquants de SG1 - oui, ils s'étaient perdus en venant... Jack ne sembla pas ravi de trouver James avec Sam mais ne fit aucun commentaire. Cependant, son regard ne passa pas inaperçu et mon frère s'approcha de moi. Il ouvrit la bouche pour me parler mais une voix, féminine, bien connue résonna dans la pièce.

"Bonjour Amiral !"

"Madame la Sénatrice !" répondit mon père, un large sourire sur les lèvres.

L'Amiral avait contacté ma mère pour qu'elle nous explique à tous la situation. J'étais agréablement surprise de voir son visage s'afficher sur l'écran géant. Elle n'avait pas changé depuis la dernière fois que je l'avais vue, ses cheveux bruns étaient détachés, ils bouclaient un peu sur les longueurs. Elle portait ses lunettes noires, sobres, ce qui lui donnait un air strict mais ça faisait ressortir ses yeux verts. Elle n'était que très peu maquillée, sa chemise était légèrement déboutonnée et ses manches relevées, ce qui me laissait penser que sa journée avait été longue.

"Bonjour à tous, pour ceux qui l'ignorent, je suis Mary Roslin" commença-t-elle, avec un grand sourire - un vrai, pas celui de la politicienne.

”Madame la Sénatrice, je vous présente le Colonel Jack O'Neill, le Major Samantha Carter, le Docteur Daniel Jackson et Murray" dit l'Amiral.

"Enchantée" répondit ma mère.

"Je ne vous présente pas nos enfants, Madame ?"

"Non, ça ne sera pas nécessaire, Amiral" dit ma mère en riant. "Bon, venons-en aux faits, si vous le voulez bien. J'ai bien reçu la lettre du Docteur Jackson, Amiral. Je l'ai transmise au Président et je l'ai menacé de représailles s'il ne réglait pas ce conflit au plus vite !"

"Et, il a cédé ?" demanda Daniel, surpris.

"Il me devait une faveur, il y a bien été obligé !" dit la Sénatrice, un sourire en coin.

"Ce que femme veut..." ajouta James.

"Tout ça pour vous dire que vous faites route vers San Diego, avec votre précieux chargement à son bord - quel qu'il soit... Mais, Colonel O'Neill ?"

"Oui, Madame ?"

"J'ai le regret de vous annoncer qu'à votre retour dans le Colorado, vous allez devoir recevoir votre homologue Russe et lui faire partager certaines de vos... découvertes en télémétrie..."

Elle savait ! Elle avait l'air d'une personne qui en sait bien plus qu'elle ne devrait. Je n'en revenais pas, ma mère était au courant pour le SGC et ses secrets... Mais que savait-elle exactement ??

"Si ça nous empêche de déclencher une nouvelle guerre internationale, alors je me plierais à votre volonté, Madame !" répondit Jack, sur le même ton qu'elle.

"Vous avez fait vite pour que le Président transmette le courrier et règle ce problème, Madame la Sénatrice" ajouta Daniel, très très curieux.

"Docteur Jackson, croyez-vous sincèrement que les appuis du Président Hayes se limitent à cet abruti de Kinsey ? Il me doit sa victoire, à moi et à personne d'autre ! Alors quand mon mari et mes enfants sont sous le feu ennemi, j'estime qu'il peut me renvoyer l'ascenseur !"

J'ignore où ma mère se situait dans l'estime du Colonel - et de SG1 globalement - mais la mention de 'cet abruti de Kinsey' la fit remonter au top niveau ! Je pouvais le lire sur le visage habituellement fermé de Jack.

"Amiral, James, Alex, je vous vois à San Diego ? Je vous laisse, j'ai encore du travail qui m'attend."

Nous l'avons tous saluée puis elle coupa la communication.

"Votre épouse semble dotée d'un très fort caractère, Amiral" souligna Daniel.

"Pour supporter le vieil amiral que je suis, il vaut mieux pour elle."

Nous discutions tous les uns avec les autres puis mon père nous proposa d’aller nous restaurer. Vu le visage de Teal’c, je compris qu’il avait faim et que cette idée le réjouissait. Je me demandais encore et toujours où il mettait tout ce qu’il ingurgitait.

James se chargea d’escorter Sam vers le mess et je surpris le regard déçu de Jack. Mais, ne lui avait-il pas dit lui-même qu’il aurait aimé qu’elle trouve un homme de son âge ? Ou avait-il dit cela juste pour se donner bonne conscience.

Je savais que c’était un homme droit et honnête mais je me demandais s’il se sacrifierait pour elle dans ce genre de situation. Sans doute que oui…

Après le dîner, je suis rentrée à mes quartiers avec Sam, suivie par James. Devant notre écoutille, il garda Sam un instant et lui demanda si une fois à San Diego, elle accepterait de boire un verre avec lui. Elle hésita et lui demanda un délai de réflexion. Il lui sourit et déclara qu’il lui laissait le temps qu’elle voulait.

Elle semblait gênée quand elle referma la porte.

"Sam, je ne veux surtout pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais j’aimerais te poser une question."

"Je t’écoute Alex."

"Est-ce qu’il se passe quelque chose entre Jack et toi ? Et ne crois pas que j’irai vous dénoncer, parce que je me fiche des protocoles militaires entre officiers."

Sam soupira et se laissa tomber sur une chaise.

"Je ne sais pas si tu pourras comprendre ça, car tu es jeune mais oui, nous avons une relation… en quelque sorte."

Je pris une chaise pour m’asseoir près d’elle. Elle continua.

"Nous ne couchons pas ensemble, ça n’est jamais arrivé mais nous partageons de forts sentiments. J’estime que c’est une relation."

"Je suis d’accord."

"Jack n’arrête pas de dire qu’il aurait préféré que je ne tombe pas amoureuse de lui, que je fasse ma vie avec un homme plus jeune et sans doute, moins abîmé mais…"

"Le cœur a ses raisons…."

Sam releva la tête et me sourit.

"Mais parfois, je me demande s’il n’a pas raison quand il dit que c’est l’interdit qui nous pousse l’un vers l’autre. Que si nous vivions une histoire, elle serait vite beaucoup moins grisante une fois ce frisson dépassé."

"J’ai fait un peu de psycho et une part de ça est vraie mais ça ne veut pas dire que cette histoire serait vouée à l’échec pour autant."

"Et comment on sépare le fantasme de la réalité ? Je veux dire, comment savoir si on peut aller quelque part ensemble ?"

"En essayant, Sam. Il faut se jeter à l’eau ! Mais si je peux donner mon avis, ça ne peut que marcher entre vous."

"Qu’est-ce qui te fait croire ça ?"

"Sam, ça se voit, ce n’est pas plus compliqué. Rien que les regards que vous vous échangez parlent pour vous. Il vous suffit de jeter un coup d’œil pour savoir ce que pense l’autre… La communication non verbale est parfois plus importante que le reste."

"Tu sais quoi, Alex ? Merci, en fait j’avais vraiment besoin d’en parler."

"Je t’en prie mais quoi que tu décides pour James, soit gentille avec lui."

"Ne t’inquiètes pas" me dit-elle avec un clin d’œil.
Nous nous sommes couchées peu après et je m’endormis assez rapidement.

Je pense que Sam avait dû sortir s’entretenir avec Jack à un moment dans la nuit car elle me réveilla – malgré elle – quand elle revint dans nos quartiers. J’étais trop fatiguée pour regarder ma montre – offerte par le SGC, celle avec le scratch – afin de savoir l’heure qu’il était et je décidais de me tourner sur mon côté préféré pour me rendormir.

J’entendis un léger bruit et je pensais que je l’avais imaginé. Je sombrais peu à peu quand un autre bruit se fit à nouveau entendre. Je tendis l’oreille et scrutais la pièce pour savoir ce que c’était.

Je me rendis bientôt compte que c’était Sam… qui reniflait ! Elle devait tenter de pleurer en silence dans sa couchette mais elle peinait à se retenir complètement. J’hésitais vraiment sur la démarche à suivre mais je préférais la laisser en paix. A sa place, je n’aimerais qu’on me surprenne. C’était une femme qui voulait se montrer forte dans un monde d’hommes et elle avait sa fierté. Pleurer comme une fille et devant témoin ne lui plairait sans doute pas mais j’avais de la peine pour elle.

Sam me réveilla le lendemain matin et mis à part ses yeux légèrement gonflés, elle n’avait pas la mine chiffonnée des femmes qui ont pleuré une partie de la nuit – et à mon avis, pas beaucoup dormi non plus.

Elle était prête pour se rendre au mess mais elle m’attendit patiemment en pianotant sur son PC. Une fois lavée et habillée, je l’ai conduite au mess, en silence. Elle ne semblait pas d’humeur à parler et je ne voulais pas la forcer. Ses équipiers étaient déjà là et Jack, lui, semblait d’une humeur de chien.

Daniel avait plongé la tête dans son bol de céréales et Teal’c mangeait en silence, la tête droite.

Nous les avons salués en nous installant à leur table mais le cœur n’y était pas. James arriva juste après et nous annonça gaiement que nous serions à San Diego pour la fin d’après-midi.

"Major Carter, avez-vous réfléchi ?" demanda James, respectant les grades devant le Colonel.

"Oui Capitaine et ça me ferait très plaisir !"

J’avais failli lâcher ma petite cuillère et Daniel aurait perdu sa mâchoire inférieure si elle n’avait pas été si bien accrochée… Jack tentait de garder un air neutre, limite je-m’en-foutiste… et Teal’c avait levé un sourcil.

James et Sam se souriaient. J’ai carrément failli recracher une gorgée de café quand, à la fin de son repas, James dit à Sam :

"Major, on peut voir des baleines en pleine mer à ce que disent les matelots, vous voulez m’accompagner sur le pont supérieur pour tenter de les apercevoir ?"

"J’en serais ravie !"

Sam et James s’excusèrent, déposèrent leurs plateaux sur le chariot prévu à cet effet et quittèrent le mess en discutant.

La scène était surréaliste : Teal’c fixait Jack, qui faisait mine de ne pas l’avoir remarqué et Daniel me lançait des regards désespérés… Quant à moi, j’ignore quelle tête je faisais mais ça inquiéta mon père, à son entrée au mess.

"Alex, qu’est-ce qui t’arrive ?"

Comme je restais muette, Jack se chargea de répondre tout en se levant.

"James a invité Carter à monter observer les baleines sur le pont supérieur."

Sa voix était froide mais posée. Il quitta le réfectoire – pour aller se perdre je ne sais où sur le porte-avions…

Mon père resta figé un instant, se servit un café et quitta les lieux également.

"Ça risque d’être l’enfer en mission à partir de maintenant" soupira Daniel.

"Comment ça ?" demandais-je.

"Tu as sans doute remarqué que Jack et Sam sont très proches" commença Daniel, en prenant des gants pour parler de leur 'relation'.

Je hochais la tête, en attendant la suite.

"Ils ne se prennent jamais vraiment la tête trop gravement et quand ça arrive, c’est vite oublié mais c’est surtout parce que c’est toujours professionnel… Quand ça prend une tournure plus personnelle, Jack ne peut s’empêcher de montrer qui est le patron. Il est dur en mission, exigeant et ne laisse rien passer – et pas seulement avec son second…"

"Avec toute l’équipe !" ajouta Teal’c.

"Même Hammond l’évite quand il est comme ça parce que ça finit toujours mal !"

"Ok… maintenant je me demande si j’ai bien fait de quitter Ben…"

"Disons que nous devons tous faire profil bas le temps que ça se tasse" conclut Daniel.

J’hésitais à me cacher à San Diego dans les jupes de ma mère quand nous serions arrivés. Elle devrait pouvoir me cacher et me protéger, j’en étais sûre !

Nous avons tous les trois finit notre petit déjeuner en silence, puis nous avons débarrassé notre table.

"Alex, tu crois que nous aussi on peut aller voir les baleines ?" demanda Daniel.

Je hochais la tête et guidais mes deux derniers amis vers le pont supérieur. Je voulais en savoir plus et je réfléchissais à une astuce pour poser des questions sans en avoir l’air. Mais Daniel avait dû deviner que j’étais aussi curieuse que lui.

Une fois sur le pont, il déclara : "je suppose que tu as des questions, Alex ?"

"Oui, je t'avoue que je suis perdue là..."

"Comme nous tous, Alex Roslin" dit Teal'c, d'un air contrarié.

Nous étions sur un pont, non loin de l’îlot assez peu fréquenté et je posais mes avant-bras sur une des rambardes de sécurité, pour regarder l'océan. Je ne savais pas par où commencer alors je me lançais.

"Hier soir, j'ai eu une petite conversation avec Sam. Elle m'a avoué qu'elle et le Colonel partageaient des sentiments très forts."

Daniel approuvé en hochant la tête, mouvement que je vis du coin de l'oeil.

"Et il m'avait semblé qu'elle n'était pas prête à sortir avec James mais dans la nuit, elle a quitté notre cabine et quand elle est revenue, je crois qu'elle pleurait."

A ma grande surprise, ce fut Teal'c qui parla pour me répondre.

"O'Neill a également quitté nos quartiers, après avoir reçu un message. Il est revenu une bonne heure plus tard et il semblait contrarié."

Le Jaffa marqua une pause puis il reprit.

"Je pensais bien qu'il était sorti rejoindre Samantha Carter."

"Ce que je ne comprends pas c'est le revirement de situation entre hier soir, où elle semblait à deux doigts de refuser l'invitation de James, et ce qui s'est passé ce matin !" dit Daniel, pensif.

"Je sais, moi, ce qui s'est passé !" déclara une voix dans notre dos.

Nous avons tous tourné la tête pour observer notre nouveau compagnon - mais sa voix m'était familière - je l'avais reconnu avant de le voir.

"Malgré moi, j'ai surpris la conversation entre le Colonel O'Neill et le Major Carter."

Je dévisageais notre interlocuteur, incapable de parler - et il semblait que Daniel était aussi médusé que moi. Pas besoin de dire que Teal'c était silencieux, comme toujours -  avec cependant, un sourcil au milieu du front…

"Ils ont dû s'éloigner de votre couloir, pour ne pas se faire surprendre mais ils se sont approchés de mes quartiers. Je laisse souvent ma porte ouverte le soir."

Daniel et moi étions pendus à ses lèvres, cet homme tenait entre ses mains les réponses à nos questionnements sur le revirement de situation.

”Apparemment, le Colonel a proposé à son Major de mettre un terme à leur relation - dans son intérêt à elle. Il semble convaincu de ne pas être assez bien pour elle - trop vieux, trop abîmé, etc. Il estime qu’elle trouvera mieux et plus jeune afin de faire sa vie. Il ne veut pas qu’elle sacrifie sa brillante carrière pour lui et il pense que leur mission et leurs ennemis nécessitent qu’il reste dans l’armée et aussi le leader de votre petite équipe.”

Daniel ouvrait de grands yeux et sa bouche faisait penser à un poisson rouge dans son bocal.

”Et elle a accepté ?” demanda-t-il finalement, en recouvrant l’usage de la parole.

”Bien sûr que non, mais il n’a pas écouté ses arguments” dit l’Amiral Roslin.

Mon père n’en dit pas plus mais je pense que Jack n’avait pas dû être tendre avec Sam dans ses propos et il refusa de nous en dire plus. Après tout, nous savions ce que nous avions besoin de savoir, non ?

”Merci Amiral” dit finalement Daniel. Même si c’était peu, ça nous éclairait plus sur la situation et le changement de Sam envers James.

”Ils sont au courant que tu les as surpris ?”

”Non je ne pense pas, je ne suis pas sorti et quand ils ont fini de parler, Sam est partie rapidement. Le Colonel semble avoir trainé un peu dans le couloir avant de partir à son tour.”

Le vent s’était levé et porta jusqu’à nous le rire d’une femme - de Sam. Elle était appuyée à la rambarde, plus loin et riait avec James. J’ignorais où était Jack mais j’espérais qu’il ne verrait pas ça.

Plus tard dans la journée, après un déjeuner avec seulement Teal’c et Daniel, j’étais avec mon père dans ses quartiers quand Sam se présenta.

”Vous avez demandé à me voir, Amiral ?” demanda-t-elle, presque au garde-à-vous.

Je dépannais son ordinateur portable, je n’écoutais donc que d’une oreille ce que mon père avait à dire à Sam - et de toute façon, j’étais déjà au courant. 

”La Sénatrice, enfin plutôt la mère d’Alex, a demandé à vous rencontrer à votre arrivée à San Diego. Elle vous déposera ensuite dans le Colorado, avec Alex.”

”Et qu’a dit le Colonel ?”

”Mon épouse vous a demandé vous et vous seule.”

”Hum, je… hum, d’accord” bafouilla Sam. 

Je me dis qu’elle devait être un peu nerveuse car ma mère était à la fois Sénatrice des Etats-Unis et ma mère justement…

”Ne vous en faites pas, elle veut juste rencontrer la tutrice du stage d’Alex et accessoirement la femme chargée de veiller sur sa fille en mission.”

”Et pourquoi c’est vous qui me prévenez, Monsieur ?”

”Parce qu’elle me l’a demandé.”

”Et vous faites toujours ce qu’elle vous demande ?” demanda Sam, un grand sourire sur les lèvres.

”Toujours, Major !”

”Parce qu’elle est sénatrice ?”

”Parce que c’est ma femme !” s’exclama mon père.

Je les observais rire tous les deux, comme de bons amis. Mon père expliqua ensuite à Sam qu’une voiture viendrait nous chercher toutes les deux pour nous conduire auprès de ma mère.

”Elle a de nombreux rendez-vous demain mais elle doit quitter la Californie et vous déposer dans le Colorado avant de reprendre sa route vers Washington. Le président l’a faite demander.”

Sam hocha la tête, prouvant qu’elle avait bien compris ce que l’Amiral venait de lui expliquer.

”Nous serons à San Diego plus tard que prévu. Tout le monde va dormir à bord et nous commencerons le débarquement demain matin. Le Colonel et le reste de votre équipe va partir pour votre base, le Général Hammond a organisé leur transfert avec leur précieuse marchandise.”

”Dois-je m’entretenir avec le Général concernant mon retard, Monsieur ?”

”C’est inutile, Major, la Sénatrice a déjà pris ses dispositions avec lui.”

Sam sourit et secoua très doucement sa joie tête blonde. Mon père la regarda avec ses yeux bleu acier et ajouta ”oui, elle obtient tout ce qu’elle veut tout en vous donnant l’impression que l’idée vient de vous. Une chance que ce super pouvoir ne lui serve qu’à faire le bien !”

Sam éclata de rire puis mon père nous invita à le suivre au mess pour le dîner - le dernier à bord de son vaisseau.

Quand nous sommes arrivés au mess, j’avais l’impression de rentrer dans un gymnase où se déroulait un tournoi de boxe ! Daniel et Teal’c faisaient la queue pour se servir à manger tandis que Jack était déjà installé avec son plateau, seul à une table. James était assis à une autre table, avec d’autres officiers, discutant avec eux. Mais, ils se jetaient de fréquents coups d’oeil assassins et c’était à celui qui baisserait les yeux en premier.

Bien entendu, du fait de son grade et de son caractère, Jack gagnait tout le temps mais l’ambiance était électrique. Je vis Daniel déglutir - comme s’il cherchait à avaler sa pomme d’Adam - et se diriger, suivit de Teal’c vers la table de leur leader et ami.

Ils s’installèrent en silence à sa table et Jack ne prit pas la peine de leur adresser ni un regard ni un mot, ce qui vu les circonstances était sans doute mieux pour les deux hommes.

Mon père me regarda en se demandant sans doute quelle attitude adopter.

”Méthode Suisse ?” proposais-je.

Mon père ouvrit de grands yeux et hocha la tête, comme si la neutralité était une évidence.

Sam nous suivit en silence. Une fois servis, nous nous sommes installés à une troisième table, juste assez en retrait pour garder les autres à l’oeil.

Pour combler le silence un peu trop pesant, Sam demanda à mon père s’il voulait bien lui raconter sa rencontre avec ma mère. Le sujet étant neutre, mon père s’exécuta avec plaisir.

”J’étais Vice-Amiral et j’étais convié à une soirée officielle à la Maison-Blanche, pour la remise d’une médaille d’honneur pour un ancien compagnon d’armes. Mary travaillait à l’époque au bureau du Gouverneur de Californie, elle s’occupait de l’enseignement supérieur. J’avais préparé un discours et elle est venue me féliciter après. Comme j’étais en pleine crise avec ma femme de l’époque, je n’ai pas été très galant avec elle. Elle ne s’est pas laissé impressionner, c’est ce que j’ai aimé immédiatement chez elle. Elle a réussi à briser ma coquille en quelques minutes - même si nous n’étions pas partis du bon pied. Elle m’a laissé sa carte avec son numéro personnel en me disant que si je passais en Californie, je n’avais qu’à lui téléphoner.”

Sam l’écoutait sans l’interrompre.

”Bien entendu je ne l’ai pas appelé mais nous nous sommes croisés un plus tard et nous avons commencé à nous voir plus régulièrement. Par la suite, c’est devenu très compliqué avec Meg. j’étais souvent absent et j’étais très préoccupé par la sécurité de James, alors Mary a proposé de le prendre avec elle, le temps que ça se tasse. J’étais un peu réticent au début mais quand j’ai vu Mary avec James, je me suis dit qu’il ne serait jamais entre de meilleures mains. Elle était faite pour être mère et elle l’a prouvé avec Alexandra.”