Texte écrit pour Christelle72, dans le cadre des "cadeaux de Noël" 2013Disclaimer: : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction et ce fanart.
Cauchemar et nuit de rêve
Elle caressa la main qu’elle tenait encore. Longuement. Bien après que la petite fille ait poussé son dernier souffle. Elle ne voyait plus rien autour d’elle. Juste un brouillard.
Petit à petit, le bruit ramena son esprit dans la pièce qu’elle se mit à observer. D’abord les secouristes qui étaient arrivés trop tard. Puis son coéquipier.
« Olivia ? Viens… »
Il s’était penché vers elle. Délicatement, il l’entoura de ses bras et l’attira pour la relever, quand un énorme bang retentit. Ainsi qu’un cri.
Olivia se redressa promptement, sortant du cauchemar qui l’avait de nouveau assaillie. Comme toutes les nuits depuis environ un mois. Une fois encore, elle se trouvait assise dans son lit, trempée de sueurs froides. Réveillée par un cri. Son cri de désespoir.
Mais le bruit qu’elle avait entendu dans son mauvais rêve se fit entendre de nouveau. Un autre son de voix, bien plus masculine cette fois.
« Olivia ! Ouvre ! C’est Eliott »
Un semblant de sourire naquit néanmoins sur ses lèvres. Comme si elle ne pouvait pas le reconnaître ! Puis dans un éclair de lucidité, elle regarda son réveil. Elle était en retard. Elle n’était jamais en retard. Repoussant ses draps, elle se précipita vers la porte sans penser à passer quelque chose sur sa légère nuisette.
« Eliott ! Tu vas ameuter tout l’immeuble si tu continues ! »
« Enfin ! Tu vas bien ? »
Olivia se retrouva plaquée contre son coéquipier sans comprendre ce qui se passait. Son cœur tambourina, affolé par la senteur masculine qui se dégageait de lui. Elle inspira douloureusement, les yeux fermés.
« Oui… mais qu’est-ce qu’il te prend, enfin ? » Demanda-t-elle en cherchant à se dégager, sans succès.
Deux mains viriles mais étonnamment douces vinrent encadrer son visage. Deux yeux bleus inquiets sondèrent les siens.
« J’ai essayé d’appeler mais tu ne répondais pas à ton téléphone… et puis tu n’étais pas au bureau. »
« Et alors ? Je n’ai pas le droit à un petit écart de temps en temps ? C’est juste que… je… »
Les pouces de son partenaire passèrent délicatement sous les cernes légèrement bleutées de la jeune femme. Elle avait les traits tirés. Elle semblait si fatiguée. Derrière un apparent dynamisme, il la connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’elle leur mentait. Lui mentait. Elle n’allait vraiment pas bien et faisait tout pour le cacher. Mais pas à lui. Oh non, pas à lui. Il se débattait maintenant depuis un moment entre ses sentiments naissants pour Olivia et son sens des responsabilités et de l’honneur vis-à-vis de sa femme et de sa fille chérie.
« Que quoi, Olivia ? Vas-tu continuer à me raconter des salades ou vas-tu enfin accepter que je t’apporte mon soutien. On est une équipe. On se soutient ! »
Olivia tenta de détourner le regard, gênée par sa perspicacité. Troublée aussi. Elle ne devait pas, c’était un homme marié, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Surtout si près de lui. Traitée comme une petite chose fragile. Et bien qu’en temps normal elle déteste cela, dans ce cas de figure elle adorait se sentir ainsi à ses yeux. Le temps d’une petite faiblesse. Elle en avait besoin. Pour puiser un peu de sa force, pour oublier cette pauvre petite qu’elle revoyait chaque fois qu’elle fermait les paupières.
« Ok. J’ai pris quelque chose pour dormir et c’est tout, rien de grave, tu vois ! Pas de quoi en faire une affaire d’état »
« C’est à cause de la gamine que tu te reproches de ne pas avoir sauvée ? Tu sais qu’il était bien trop tard, Olivia. Tu n’aurais rien pu faire de plus. Ce.n’est.pas.de.ta.faute » Il martela exprès les derniers mots pour lui faire bien comprendre.
Au fond d’elle, elle savait qu’il avait raison mais elle continuait de se sentir coupable. Elle était si jeune et avait servi de jouet à un monstre. Personne n’avait rien vu et quand ils avaient compris, il était déjà trop tard.
« Tu ne peux pas tout résoudre dans l’univers, Olivia. Il faut accepter nos échecs. Tu n’es pas infaillible. Nous ne le sommes pas. Ce sont eux les criminels, pas toi. »
« Je le sais. S’il te plait, je ne veux plus en parler, d’accord ? Pas maintenant. »
« Très bien, mais promets moi que tu iras voir quelqu’un de compétent pour en parler ? »
« Je te le promets »
Il s’était mis à la bercer légèrement contre lui.
Elle frissonna. Elle était si peu vêtue. Et d’un coup, elle ne fut plus obnubilée que par leur étreinte. Le frottement de sa veste contre ses seins, les rendant sensibles. Comme s’il avait également senti un changement, il se raidit et desserra ses bras. La laissant vide, au milieu du couloir. Se reprenant quasi-immédiatement, elle lui proposa un café.
« J’ai besoin d’un café, moi »
Elle s’élança vers la cuisine, tandis qu’Eliott passa une main dans ses cheveux, cherchant à comprendre ce qui s’était passé. Quand ses yeux se posèrent sur la longue silhouette de la brune, il vit son corps en transparence à travers le fin vêtement. Elle était si… parfaite. Un corps de rêve et une femme si intelligente ce qui ne gâchait rien.
Il avança de quelques pas et jeta un coup d’œil sur le salon où il aperçut un petit sapin décoré, lui rappelant qu’il avait une famille pour réveillonner. Bien qu’il était absolument évident qu’il aimerait sûrement être ailleurs ce soir-là. Il avait une envie bien plus simple. Celle de le passer avec Olivia. Il les imaginait bien, tendrement blottis sur le canapé, s’échangeant leurs cadeaux et partageant ces divines minutes arrachées au quotidien.
A cette pensée, il se sentait comme un monstre vis-à-vis de sa fille, mais l’idée de faire la conversation à sa femme, ou du moins ce qu’il en restait, le répugnait plus encore au fil des jours. Sa relation avec elle était bel et bien terminée et s’ils tentaient de sauver les apparences, c’était uniquement pour leur enfant.
Il resta immobile un instant avant de se décider à la rejoindre.
Cette dernière trembla violemment en tenant sa tasse remplie d’un breuvage fumant et odorant, qui acheva de la réveiller mais pas de la raisonner. Chaque fibre de son corps semblait réclamer un peu plus de l’homme qui la fixait à présent depuis le pas de la porte. Les yeux dans les yeux, il avança lentement vers elle.
A cette seconde, la seule chose à laquelle elle désirait penser, c’était lui. Son sang qui pulsait dans son cœur et son ventre. Faisait-elle de nouveau un rêve ? Ou plutôt, cela pourrait être un cauchemar si jamais Eliott ne l’embrassait pas.
C’était bien mieux que de se faire pincer pour revenir sur terre. Un baiser. D’abord doux et délicat, peu appuyé, cherchant l’approbation de ses lèvres. Le souffle masculin se mélangeant délicieusement au sien. Elle sentit à peine que la tasse quittait ses mains réchauffées pour être posée sur le plan de travail. Elle n’entendit qu’à peine son prénom murmurée comme une question, une prière. A laquelle elle ne répondit pas.
Elle entrouvrit juste assez la bouche pour sentir la langue d’Eliott caresser entièrement celle-ci, faisant le tour, goûtant l’arôme du café sur sa peau. Aspirant et suçant de façon gourmande. Ses jambes commencèrent à se dérober sous elle et elle se retint au meuble derrière elle. Malgré elle, ses bras enlacèrent le cou de son partenaire. Elle ferma les yeux plus fort quand leurs langues se rencontrèrent et tournoyèrent à l’unisson.
Cela faisait si longtemps qu’elle l’espérait, qu’elle laissa échapper un long gémissement quand le baiser prit fin et qu’elle eut de nouveau froid. Elle était à découvert. Son corps la trahissait, il n’y avait qu’à observer sa poitrine fièrement dressée, sa bouche carmin et ses yeux brillants.
« Olivia ? »
« Ta… ta femme » Elle devait poser la question.
Une ombre passa sur le visage du flic, qu’il balaya d’un geste de la main. Inspira et répondit.
« C’est terminé avec elle. Il n’y a plus rien entre nous, que notre fille. Elle a un amant. Et je ne peux même pas lui en vouloir puisque je désire moi-même une autre femme. Il n’y a rien de plus à dire que… C’est toi que je veux, Olivia »
Il s’était lancé à l’eau. Il avait décidé de se faire confiance, de croire en ce baiser qu’ils venaient d’échanger.
La jeune femme se tourna, prit une gorgée de son café, pour se donner le temps de réfléchir. Et puis réfléchir à quoi ? Elle était là, il était là. Ils avaient une chance.
Elle se retourna vers lui, passa à ses côtés. Rendue à la porte, elle lui tendit la main qu’il prit sans hésiter, avant qu’ils ne se dirigent droit sur la chambre.
« Tu leur diras que j’étais souffrante »
…
La nuit était tombée. Olivia tenait de nouveau la main de la petite fille. Et elle ressentait de nouveau cette atmosphère lourde et angoissante. Puis le brouillard devint plus épais encore et les formes se gondolèrent jusqu’à disparaître, la laissant enfin sombrer dans un sommeil réparateur. Les mots murmurés à son oreille avaient suffi à la rassurer. Et les bras qui la retenaient certainement aussi, la blottissant plus étroitement contre un corps chaud.
Pour la première fois depuis longtemps, la jeune femme se réveilla reposée. Le corps comblé et l’esprit apaisé. Elle était là où elle devait être et avec qui elle devait être.
Elle avait reçu un cadeau magnifique pour ce Noël, même s’il était un peu en avance. Lors d’une de ces nuits magiques, où toutes les peurs s’évanouissent. Où l’amour rendait la vie plus belle et douce. Où les bras forts et rassurants permettaient d’oublier les cauchemars pour les transformer en de doux rêves.
FIN