Un peu de douceur dans la vie si compliquée de cette pauvre Olivia, à l'occasion de l'anniversaire de Christelle, l'an dernier...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de:
Dick Wolf. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Je nous aime
Il la regardait dormir et son cœur se serrait de la voir ainsi abandonnée, si belle, si fragile dans son inconscience.
Il lui avait fallu tant de temps pour se rendre à l’évidence, pour accepter que le destin ait mis cette femme sur son chemin quand il pensait avoir déjà trouvé l’élue de son cœur, quand sa voie lui paraissait tracée entre une femme aimante et des enfants adorés.
Alors il s’était battu contre cet amour qui le poussait à renier ce qu’il avait bâti, à affronter ses serments, à s’opposer à tout ce en quoi il croyait. Il s’était battu jour après jour durant des années, souffrant d’être à ses côtés sans partager ses nuits, tentant désespérément de prétendre qu’il ne ressentait qu’une vive amitié et se mentant pour pouvoir se regarder jour après jour dans le miroir.
Mais un jour il avait baissé les armes parce qu’il avait compris que son combat était vain.
On est la pierre, on est le sable,
On est de glace et de soleil,
Un peu de sang, de sueur et de larmes
Et aussi la violence qui sommeille
On sait pourtant qu´il faut tenir
A chaque aurore, chaque matin,
Rêvant du bien et capable du pire
On suit comme on peut sa vie, son chemin
Qu’importaient les serments, les engagements ? Qu’importait qu’il ait cru à vingt ans avoir trouvé la femme de sa vie ? Qu’importait sa foi qui l’enchaînait à une épouse pour laquelle il n’avait plus qu’une infinie tendresse mais qui n’occupait plus dans son cœur la première place depuis bien longtemps ?
Il arrive un jour où il faut savoir affronter ses erreurs, ses mensonges, ses peurs. Il arrive un jour où l’homme doit oser proclamer ce en quoi il croit, ce qu’il désire, ce qu’il espère. Il arrive un jour où vous êtes à la croisée des chemins et où le moment est venu de choisir entre trainer une vie certes pas misérable mais qui ne vous convient plus et faire le grand saut dans l’inconnu, oser revendiquer le droit d’être heureux, d’être amoureux.
Etait-ce une seconde chance que ce second amour ? Etait-ce juste le moment d’enfin se dire les choses ? Y a-t-il quelque part écrit qu’on peut envoyer au diable tout ce en quoi on a cru simplement parce qu’on sait que le moment est venu de passer à d’autres croyances ?
Je nous aime et souvent je me demande
Pourquoi c´est de l´amour et pas de la haine
Je sais seulement que je nous aime,
Sans bien comprendre, sans réfléchir
Je nous aime, j´aime le dire
Il avait enfin osé parler, dire ce qu’il avait sur et dans le cœur, mettre des mots sur ses tourments, sur ses remords, sur ses espoirs. Il avait parlé et elle l’avait regardé, et il avait vu ses yeux s’illuminer au fur et à mesure qu’il lui disait ces heures passées à la désirer, ces mois à trembler pour elle, ces années à tenter de se mentir…
Bien sûr ça n’avait pas été si simple que cela : il y avait Kathy et les enfants, il y avait le poids de sa religion, le prêtre qui les avait mariés, les larmes des petits… Pourtant Kathleen avait compris, bien avant même sans doute que lui n’ose enfin s’avouer ses sentiments. Etait-ce elle qui avait parlé à ses frères et sœurs, leur avait fait comprendre que leur père ne cherchait pas à faire du mal à quiconque, qu’il avait aussi le droit au bonheur, quand bien même ce bonheur l’entraînait hors de chez eux ? Etait-ce Kathy qui avait certes accusé le coup mais s’était aussi montrée soulagée, heureuse qu’enfin les choses soient claires, elle qui, en épouse aimante, savait depuis longtemps que son mari n’était plus vraiment totalement à elle, qui avait parlé aux enfants, calmé leur colère, ouvert leurs cœurs et leurs esprits ?
Tellement de temps qu’ils auraient pu gagner mais qu’ils n’avaient pas perdu : il leur avait fallu toutes ces années pour être sûrs de ne pas se tromper, pour enfin se regarder comme un homme et une femme, comme deux âmes qui se retrouvent après avoir longtemps cherché.
On se rassemble et on se donne
Des coups de cœur, des coups de poing
Et comme on se ressemble, on se pardonne
On fait la paix au moins jusqu´à demain,
Rêvant du bien et capables du pire,
On suit comme on peut sa vie, son chemin
Ca ne s’était pas fait en un jour ; ça ne s’était pas fait facilement.
Il y avait eu des crises, des moments de doute, des reproches, des incompréhensions. Ils s’étaient si longtemps côtoyés qu’ils se connaissaient trop bien et pourtant devaient se redécouvrir d’une autre façon, apprendre les gestes qu’ils s’étaient si longtemps refusé, laisser filtrer les mots qu’ils avaient enterrés, libérer les sentiments qu’ils avaient bâillonnés.
Mais petit à petit ils avaient réussi, ensemble, parce que leur amour était plus fort que tout, plus fort que les préjugés, que les reproches, que la méchanceté… Plus fort que cet amour qui le liait encore à sa famille et que la culpabilité qui bouillonnait en lui malgré tout ce qu’on pouvait lui dire.
Ils avaient réussi et leur vie s’était illuminée de pouvoir enfin s’aimer au grand jour. Plus besoin de se cacher, plus besoin de se mentir : ils étaient eux-mêmes, enfin, et ils étaient en paix avec eux-mêmes et les leurs.
Je nous aime et souvent je me demande
Pourquoi c´est de l´amour et pas de la haine
Je sais seulement que je nous aime,
Sans bien comprendre, sans réfléchir
Je nous aime, j´aime le dire
Il la regardait dormir et il souriait tout en caressant sa main alanguie. Cinq ans maintenant, cinq longues années de bonheur à ses côtés.
Elle était belle son Olivia, belle comme l’espoir, belle comme la vie… cette vie qui palpitait en elle et qui bientôt scellerait leur union. Certes ils ne s’étaient pas mariés religieusement, l’église refusant de bénir cette nouvelle union, mais pour lui, la venue de ce nouvel enfant était simplement le signe que si ses servants étaient trop obtus pour le comprendre, son Créateur, lui, venait de donner sa bénédiction.
Depuis qu’Olivia lui avait appris la nouvelle, deux mois auparavant, un peu inquiète de sa réaction, il lui semblait vivre sur un petit nuage de bonheur. Il n’était pas naïf : il savait que rien ne serait facile, qu’un enfant n’est pas seulement un gage de joie, mais aussi une source d’inquiétude et parfois de souffrance. Mais peu importait : son Olivia portait le fruit de leur amour et cet enfant serait l’aboutissement de leurs sentiments.
Entre les rires et les larmes, il lui semblait que désormais, le rire l’emporterait.
Le soir, lorsque la nuit se lève,
On pose les armes en silence
On laisse aller son cœur qui se soulève
Et on retrouve un peu de son enfance
Et c´est pour ça que je nous aime
- Tu ne dors pas ?
Olivia avait ouvert les yeux, déjà inquiète en voyant que son mari la regardait, attendrie de l’amour qui brûlait dans ses prunelles.
- Non… Je te regarde. Tu es si belle.
- Idiot ! Demain tu seras crevé.
- Peu importe… Etre fatigué par toi c’est être heureux !
Elle cligna des paupières, refusant de laisser filtrer la petite larme qui menaçait aux mots et au ton de celui qu’elle aimait.
- Je t’aime, murmura-t-elle avant d’entourer son cou de ses bras pour l’attirer à elle.
- Je t’aime aussi mon Olivia… Tellement…, répliqua-t-il en lui offrant ses lèvres.
Leurs mains se firent plus fiévreuses sur leurs corps brûlant, leurs souffles se mêlèrent et leurs peaux se soudèrent. Et au moment où le plaisir les faucha, ils reçurent une nouvelle fois l’assurance qu’ils avaient fait le bon choix : celui de la vie, celui de l’amour.
FIN
Chanson de Michel Fugain