Petite songfic offerte l'an passé à Christelle qui adore ce couple presqu'autant que le Alex Olivia.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de:
Dick Wolf. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Bon anniversaire
Eliott regardait son épouse et un sourire ému étincelait sur ses lèvres. Il ne se lassait pas de l’aimer, il ne se lassait pas de tenter de la protéger et il s’émerveillait encore, jour après jour, qu’elle lui ait enfin dit oui.
J´ai mis mon complet neuf, mes souliers qui me serrent
Et je suis prêt déjà depuis pas mal de temps
Ce soir est important, car c´est l´anniversaire
Du jour où le bonheur t´avait vêtue de blanc.
Il se souvenait encore de ce jour, comme si c’était la veille. Il leur avait fallu tant de temps pour enfin pouvoir être ensemble. Lorsque Kathy et lui s’étaient séparés, il aurait pu aller vers Olivia, mais il ne savait quoi l’en avait dissuadé. Puis ce bébé non attendu était venu et Kathy et lui avaient essayé de nouveau de reprendre une vie ensemble, reformer la famille autour des enfants qui avaient toujours besoin d’eux. Et entre lui et Olivia, l’écart s’était creusé un peu plus.
Pourtant il n’avait cessé de penser à elle, de vouloir être près d’elle, malgré ses sautes d’humeur, ses colères : c’est qu’elle avait aussi son caractère l’inspecteur Benson ! Comme ce soir où les choses n’allaient pas comme elle le souhaitait et qu’il la regardait, avec aux lèvres ce petit sourire qui, tôt ou tard, allait lui attirer l’ire de son amour.
Mais je te sens nerveuse au bord de la colère
Alors je ne dis rien, mieux vaut être prudent
Si je disais un mot, ton fichu caractère
M´enverrait sur les roses et l´on perdrait du temps
Ils en avaient tant vécu ensemble, tant vu, tant enduré ! Leur métier était l’un des plus dur qui soit au monde, l’un des plus beaux peut-être aussi lorsqu’ils arrivaient à sortir une victime de son enfer ou à lui rendre justice, mais finalement si peu souvent ou si tard, trop tard à de trop nombreuses reprises ! Alors ils avaient dû être forts jusqu’au jour où c’était lui qui avait craqué et qu’il était parti.
Finalement c’était peut-être ce qu’il avait fait de mieux : s’il était resté à l’USV qui sait si aujourd’hui ils en seraient là. Qui sait s’il se tiendrait à ses côtés, en train de chercher les mots pour lui dire que rien n’était grave, que tout allait rentrer dans l’ordre, d’une façon ou d’une autre.
Il est huit heures un quart et tu attends la robe
Qu´on devait te livrer ce matin au plus tard
Pour comble tes cheveux au peigne se dérobent
Tout semble se liguer pour qu´on soit en retard
Elle s’en était fait une telle joie de cette soirée rien qu’à eux ! Ils avaient déniché une baby sitter pour les jumeaux, planifié depuis longtemps leur emploi du temps, posé chacun de leur côté un congé pour ce soir-là en priant pour que rien ne vienne déranger leurs projets. Et miraculeusement, il n’avait pas été rappelé au bureau, elle n’avait pas été retenue par ses fonctions de commissaire de l’USV, prises deux ans auparavant.
Tout avait semblé se conjuguer au mieux dans leur vie professionnelle pour leur permettre cette parenthèse qui leur permettrait, l’espace de quelques heures de ne songer qu’à eux et de se retrouver à deux, à se souvenir de leur amour et de tout ce qu’ils avaient traversé ensemble.
Si tout va de ce train la soirée au théâtre
Et l´auteur à la mode, on s´en fera un deuil
Adieu pièce d´Anouilh, d´Anouilh ou bien de Sartre
Je ne sais plus très bien, mais j´ai deux bons fauteuils.
Ils s’en étaient fait une joie : leur restaurant préféré, puis cette pièce dont elle parlait depuis si longtemps, une traduction de grande qualité, contrairement à ce qui se faisait la plupart du temps, des critiques dithyrambiques, un vrai bon moment en perspective !
Il se souvenait de sa joie lorsqu’il lui avait offert les billets !
Bon anniversaire! Bon anniversaire!
Elle était belle son Olivia, belle de toute son expérience, de toute sa féminité, de toutes ses fêlures, de tous ses doutes…
Elle était belle comme ce jour où enfin ils avaient décidé d’unir leur vie et de s’engager pour ce qui leur restait à vivre, ce jour où, vêtue d’un tailleur blanc, elle était entrée à son bras à la mairie pour prendre son nom : Olivia Benson Stabler ! L’un des plus beaux jours de sa vie, de leur vie !
Ce jour, ils n’omettaient jamais de le fêter, depuis dix ans maintenant qu’ils partageaient le même lit, la même vie. Année après année ils voulaient se remémorer ce qui avait été à la fois un aboutissement et un commencement : l’aboutissement de toutes ses années à se dire qu’ils ne pouvaient, ne devaient pas, à voleter de bras en bras, de cœur en cœur, sans vraiment s’engager parce qu’ils refusaient de voir qu’ils n’étaient plus libres ; le commencement d’une vie nouvelle, une vie à deux, une vie où tout était possible pour eux, ensemble.
Ta robe est arrivée, enfin tu respires
Moi pour gagner du temps je t´aide de mon mieux
Tout semble s´arranger mais soudain c´est le pire
La fermeture arrête et coince au beau milieu
On s´énerve tous deux, on pousse et puis l´on tire
On se mêle les doigts, on y met tant d´ardeur
Que dans un bruit affreux le tissu se déchire
Et je vois tes espoirs se transformer en pleurs
Dieu qu’elle était belle avec ces larmes de rage, de dépit, de frustration dans les yeux. Dieu qu’elle était belle son Olivia, debout au milieu de la chambre, les bras ballants, maudissant le sort qui s’acharnait contre eux.
Est-ce qu’ils n’avaient pas le droit à un peu de bonheur ? Est-ce que c’était trop demander que d’avoir, pour une fois, le sort de leur côté ? Est-ce que lorsque tout s’arrangeait dans leur vie professionnelle si exigeante, il fallait vraiment que des petits détails de la vie courante viennent gâcher leur moment ? Une fois par an, c’était trop exiger ?
Tous ces mots se bousculaient sur les lèvres d’Olivia et il tentait de la réconforter, fouillait avec elle dans sa garde robe pour trouver une tenue de rechange, déposait un baiser sur le coin de ses lèvres pour la calmer, lui disait combien elle était belle et combien il l’aimait.
Aux environs de onze heures enfin te voilà prête
Mais le temps d´arriver, le théâtre est fermé
Viens, viens on ira souper tous deux en tête à tête
Non tu as le cœur gros, non tu préfères rentrer
Ils marchaient main dans la main, et il sentait ses doigts trembler dans les siens. Alors il lui parlait pour lui faire oublier sa frustration, la consoler de sa déception.
Il lui racontait toutes ces choses qu’elle savait si bien : sa collaboration avec Amaro et leurs liens un temps distendus tandis que de son côté il créait son agence de protection qui très vite était devenue renommée. Après tout, avec son expérience et ses contacts d’ancien flic, il inspirait confiance et très vite les clients s’étaient bousculés pour bénéficier de ses services. C’était alors qu’il avait repris contact avec Olivia : pour lui demander si cela l’intéresserait de venir travailler avec lui, reformer, comme il l’avait dit « le meilleur duo d’enquêteurs qui existaient à New York, voire aux Etats-Unis ! » Elle avait ri alors avant de décliner son offre.
Il se rappelait encore de sa jalousie à ce refus, soupçonnant une liaison entre elle et son nouvel équipier, ce qui lui avait d’ailleurs valu une belle algarade d’Olivia lorsqu’elle s’était aperçue de cela. « Mais pour qui tu me prends Stabler ? Je pourrai presque être sa mère ! » s’était-elle indignée.
C’est à ce moment-là qu’ils avaient décidé de cesser de perdre un temps précieux et d’enfin oser s’aimer. Il n’avait fallu que très peu de temps pour qu’ils comprennent qu’ils avaient enfin trouvé ce que certains passent leur vie entière à chercher.
Puis ils avaient décidé d’officialiser cette liaison qui n’était un secret que dans leur imagination, chacun de leurs collègues et amis ayant bien vite découvert le pot aux roses. Les cinq enfants d’Eliott, et même Kathy qui avait refait sa vie avec un banquier, avaient fort bien pris la nouvelle et il en était heureux. Bien sûr leur désapprobation ne l’aurait pas conduit à renoncer à son amour, mais elle l’aurait un peu terni. Et puis, trois ans plus tôt, il y avait eu cette grossesse non désirée qui avait tellement angoissé Olivia. « Je suis bien trop vieille pour être mère ! » avait-elle argumenté. Il lui avait laissé le temps, sans lui mettre la pression : cet enfant, il savait qu’il l’aimerait, autant que les cinq autres, il savait qu’il saurait le rendre heureux et qu’Olivia serait une merveilleuse mère, mais il ne souhaitait pas l’obliger à le garder si elle devait en avoir des regrets. Il avait beau être catholique pratiquant, il ne considérait pas l’avortement comme un crime, peut-être parce qu’il savait ce qu’était vraiment un meurtre d’enfant !
Finalement, Olivia avait décidé de garder son enfant et c’étaient des jumeaux qui étaient venus au monde après un peu moins de huit mois de gestation. Et depuis, à aucun moment ils n’avaient regretté ce choix : Diana et Franck étaient leurs rayons de soleil.
Maintenant elle souriait, ramenée à l’essentiel par les mots de son mari : oui, qu’importait la soirée ratée finalement ?
Par les rues lentement nous marchons en silence
Tu souris, je t´embrasse et tu souris encore
La soirée est gâchée mais on a de la chance
Puisque nous nous aimons l´amour est le plus fort.
Ils étaient rentrés et c’était comme si tout s’était déroulé selon leurs souhaits, comme s’ils avaient pu dîner en tête à tête, assister à la pièce de théâtre, sortir les yeux brillants de joie pour discuter encore et encore de ce qui les avait le plus interpelé.
Une petite promenade dans ces rues qu’ils connaissaient si bien, un petit détour dans le passé et tout s’était remis en place : l’important c’était leur amour, ces petits riens chaque jour renouvelés qui, mieux que les mots, tissaient leur complicité, leur complémentarité, leur accord, leur besoin l’un de l’autre.
Ce besoin qui, à cet instant, les poussait l’un vers l’autre, unissait leurs lèvres, faisait courir les mains sur les corps qui se dénudaient…
Et lorsqu’ils explosèrent dans une même apothéose de plaisir, Olivia sut que cette soirée était l’une des plus belles de sa vie.
Bon anniversaire! Bon anniversaire!
Bon anniversaire!
FIN
Chanson de Charles Aznavour