Reclassement d'une fic pour Tarma.
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Brad Wright & Robert Cooper. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Est-ce que tu le sais
- C’est non MacKay ! Est-ce que c’est assez clair pour vous ainsi ?
Le colonel Sheppard tourna les talons et quitta la coursive, laissant là le scientifique à la fois abasourdi et anéanti.
MacKay ! Il l’avait appelé MacKay, comme aux plus grands jours de leur défiance mutuelle ! Comme si depuis rien n’avait changé !
Mais finalement, les choses avaient-elles tant changé que cela ? Le colonel n’était-il au fond pas resté cet homme insaisissable auquel il avait si longtemps rêvé en se disant que jamais rien ne serait possible ?
Quand je pense je pense à toi
Si je danse, tu danses déjà
Je te croise quelquefois
Tu me toises même pas
L’amour à sens unique… L’amour qui vous consume de l’intérieur et que rien ne vient apaiser. L’amour que vous savez stupide et sans espoir et que pourtant vous ne pouvez pas vous empêcher de ressentir.
Il en avait fait le tour durant ces longs mois où il avait soupiré après un homme qui, lorsqu’il s’apercevait de son existence, était le plus souvent méprisant ou méfiant à son endroit.
Qu´elle est lourde cette croix
Je m´en mords encore les doigts
Si je plane je reste en bas
Quand je sors je meurs de froid
Il avait pourtant tout fait pour chasser cet amour impossible de son cœur. Lui-même n’avait pas pu comprendre comment, alors qu’il s’était toujours cru hétéro, il était tombé éperdument amoureux du seul homme qui, quoi qu’il fasse, ne serait jamais à lui.
Pourquoi ne s’était-il pas plutôt épris du gentil Carson, qui lui, même si au bout du compte, il l’avait rejeté, aurait été attentif et humain, ou de Lorne qu’il intimidait assez pour que celui-ci se montre même peut-être flatté…
Non, il avait fallu que son cœur le trahisse pour cet être égoïste, imprudent, colérique, impétueux, téméraire, soldat de l’extrémité des orteils à la racine du dernier de ses cheveux, et tout aussi hétéro d’ailleurs.
Tellement de temps passé à soupirer après ce qui ne serait jamais, à se demander s’il devait tenter sa chance malgré les apparences…
Est-ce que tu le sais?
Est-ce que tu le sens?
Est-ce que tu le sais?
Est-ce que tu le sens?
Même à moitié saoul
Sans toi en dessous
Je suis moitié moi
Et puis il y avait eu cette soirée qui avait tout bouleversé, cette soirée où il avait pu croire que son rêve prenait forme.
Son corps se souvenait encore de leur étreinte dans ses quartiers, de la fougue mêlée de tendresse qu’avait montrées le militaire, de ses mains sur sa peau, du goût de ses lèvres, de l’éclat de ses yeux dans la jouissance. Il se souvenait du plaisir partagé.
Son corps se souvenait et son cœur se languissait de cette première et dernière fois…
Et dans sa mémoire, rejouait, jour après jour, le moment où tout avait basculé, le moment où, dans le feu de la passion, il avait laissé fusé les trois mots qu’il aurait dû taire. Son amant s’était figé, l’avait regardé puis, sans un mot, il s’était relevé et était parti.
Le lendemain John était redevenu Sheppard, le colonel dur et tranchant. Et lui ne savait plus vraiment s’il avait rêvé ou si cela avait existé.
Quand je parle je parle bas
Si je marche c´est un faux pas
Quand je prie je prie pour toi
Si je crie je crie pourquoi?
En bon scientifique, il avait besoin de réponses et il les avait cherchées, tentant de confronter le militaire à ses sentiments, de démêler le vrai du faux…
Toujours John l’avait rejeté avec l’arrogance de celui qui sait où il va, où le portent ses pas. Il n’avait même jamais entrouvert la porte de son cœur, refusant d’aborder cette seule nuit.
Une nuit pour combler une vie ? Mac Kay ne pensait pas que cela lui suffirait. Ses regrets étaient encore plus forts maintenant qu’il savait concrètement ce qui pourrait être, ce qu’il n’aurait jamais, maintenant qu’il était conscient que l’homme de ses rêves n’était finalement pas si hétéro que cela.
Alors c’était juste lui dont il ne voulait pas ? Simplement lui, le scientifique un peu rondouillard, pas très bien fait de sa personne, trop imbu de lui-même, épuisant les autres de ses discours abscons ?
Comment savoir s’il n’y avait pas moyen de parler à cet homme.
Quand je sais je ne dis pas
Quand je brûle je ne brille pas
Si l´on ne meurt que deux fois
La première est loin déjà
Sheppard avait disparu au coin de la coursive et Rodney restait là, les bras ballants, le cœur en miettes et le cerveau en déroute.
Il avait juste proposé au colonel d’aller déjeuner ensemble, au calme sur la terrasse, pour parler, et celui-ci avait réagi comme s’il lui avait demandé de lui faire l’amour au milieu de la salle de conférence devant tout le personnel d’Atlantis réuni !
Comment trouver les phrases pour se faire entendre ? Lui qui pourtant n’était pas avare de mots n’arrivait simplement pas à trouver ceux qui ouvriraient le cœur de l’homme qu’il aimait, lui ferait comprendre le mal qu’il lui faisait en refusant de lui parler.
Si simplement John ne l’aimait pas, il serait capable de le comprendre… enfin… il le pensait. Parce que finalement, est-ce que son attitude ne montrait pas que le problème résidait justement là : John ne l’aimait pas, pas comme lui, l’aimait…
Est-ce que tu le sais?
Est-ce que tu le sens?
Est-ce que tu le sais?
Est-ce que tu le sens?
Je ne suis plus saoul
Juste à moitié fou
Juste à moitié moi
MacKay se détourna, rebroussant chemin et puis soudain il entendit des pas pressés, il sentit un corps se presser contre le sien tandis que des bras musclés l’enlaçaient.
- Pardon !!! Pardonne-moi ! Je suis un idiot ! Mais j’ai peur ! Tellement peur qu’on sache ! Tellement peur de ce qu’on dira ! Je suis terrifié par ce que j’ai ressenti cette nuit-là, par tous les sentiments qui m’ont assailli tandis que nous nous aimions. C’était tellement plus simple avant, quand je ne savais pas… Il y a tant de dangers autour de nous… tant de raisons de te perdre… Fermer mon cœur c’était ne pas souffrir… mais je me suis trompé…
Rodney s’était retourné, avait à son tour refermé ses bras sur le corps chaud du colonel, en retrouvant avec ivresse les contours qui semblaient être faits juste pour lui.
Et soudain tout était clair : la peur d’un homme qui ne s’est jamais perçu tel qu’il se voyait à cet instant, tout le poids d’une éducation militaire, mais aussi celle de perdre celui qu’il aimait malgré lui dans le monde dangereux qui était le leur.
- Je ne sais pas ce que sera l’avenir, susurra le scientifique. Alors justement, profitons du moment présent, profitons de toutes les possibilités d’être heureux avant que, peut-être, la vie ne nous sépare : construisons-nous des souvenirs à chérir…
Ils auraient beaucoup de choses à voir ensemble : comment vivre leur amour, comment le cacher ou le révéler, comment trouver l’équilibre entre leurs vies personnelle et professionnelle, mais pour le moment ils voulaient juste profiter de l’instant, de leurs lèvres qui se redécouvraient et de cet aveu qui passa enfin les lèvres du colonel :
- Je t’aime…
Une larme coula sur la joue de Rodney, une simple larme de joie : oui, parfois la vie vous fait de merveilleux cadeaux !
Fin
Chanson d’Elodie Frégé